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440

St Jérôme
Lettre à un malade, §1
Je suis persuadé que vous n'avez pas besoin de la consolation des autres, puisque la force de votre esprit soutient la faiblesse d'un corps abattu et exténué. Cependant l'on cherche et l'on désire naturellement des secours dans l'adversité, des remèdes dans la maladie, des consolations dans l'inquiétude et une planche dans le naufrage. La consolation que reçoit un frère de son frère est sans doute un des plus puissants remèdes, et la satisfaction que l'on retire des paroles et de la douceur de l'entretien apporte du soulagement aux personnes accablées. Quoiqu'elle n'agisse sur aucune des parties du corps, néanmoins elle rétablit intérieurement un homme par une vertu secrète ; elle rend la santé comme un médecin, et aide les forces naturelles à résister à la violence de la douleur. C'est pourquoi il est écrit : Un frère sera élevé pour avoir assisté son frère.

437

St Jean Chrysostome
Homélies sur l'évangile de St Matthieu, 16, 5
Si la loi ancienne cesse de sauver les hommes, ce n’est pas qu’elle soit mauvaise, mais c’est que maintenant le temps est venu d’une vertu plus parfaite. (...)
Car on ne nous promet plus une terre coulante de lait et de miel, ni une longue vieillesse, ni un grand nombre d’enfants, ni beaucoup de blé ou de vin, ou de grands troupeaux de brebis et de boeufs ; mais le ciel même, et les biens dont on y jouit ; l’honneur d’être les enfants adoptifs de Dieu, les frères du Fils unique du Père, les héritiers de sa gloire, de son royaume ; et d’une infinité d’autres biens.

423

St Jean Cassien
Collationes Vl, XVII
Ne pensez pas que ceux qui se perdent sont victimes d'un échec subit ; chacun d'eux s'est égaré au début de son parcours, ou a négligé son âme pendant longtemps, si bien que la force de ses vertus s'étant affaiblie progressivement, et celle des vices ayant au contraire grandi petit a petit, il s'est lamentablement effondré... Une maison ne s'écroule pas d'un seul coup à la suite d'un accident imprévisible : ou bien ses fondations étaient déjà défectueuses, ou bien l'incurie de ceux qui y habitaient s'est prolongée trop longtemps, de sorte que les détériorations, très petites au début, ont attaqué progressivement la solidité de la charpente ; du coup, quand l'orage est survenu ou que les pluies torrentielles ont redoublé, la maison s'est irrémédiablement effondrée, mettant en évidence que la négligence venait de loin.

403

St Jean de la Croix
Sentences spirituelles, 4
Il vaut mieux être chargé de peines en la compagnie de celui qui a de grandes forces, que déchargé de souffrances en la compagnie de celui qui a beaucoup de faiblesse. Lorsque vous souffrez, vous êtes proche de Dieu, qui est votre force, car il est près de ceux qui ont le cœur affligé (Ps XXXIII, 19). Mais lorsque vous êtes exempt de croix, vous êtes très-proche de vous-même, qui êtes votre propre faiblesse, parce que la vertu et la force de l'âme s'augmentent et s'affermissent dans les afflictions les plus dures.

365

Concile Vatican II
Lumen gentium, n° 12
En outre, le même Esprit-Saint non seulement sanctifie le Peuple de Dieu, le conduit et l'orne de vertus au moyen des sacrements et des ministères mais, "en distribuant à chacun ses dons comme il lui plaît" (I Cor. 12, 11), il dispense également, parmi les fidèles de tout ordre, des grâces spéciales qui les habilitent à assumer des activités et des services divers, utiles au renouvellement et à l'expansion de l'Eglise, suivant ces paroles : "A chacun la manifestation de l'Esprit est donnée en vue du bien commun" (I Cor. 12, 7). Ces charismes, qu'ils soient extraordinaires ou plus simples et plus répandus, sont ordonnés et adaptés d'abord aux besoins de l'Eglise : ils doivent donc être accueillis avec gratitude et joie spirituelle. Cependant, il ne faut pas demander imprudemment les dons extraordinaires, pas plus qu'il ne faut en attendre présomptueusement les fruits des travaux apostoliques.

361

St Cyprien de Carthage
De la mortalité, 13
La fournaise, dit l’Esprit-Saint, éprouve les vases du potier et la tribulation éprouve les hommes justes (Eccl., XXVII).
Voilà où se trouve la différence entre nous et ceux qui ne connaissent pas Dieu : ceux-ci, dans l'adversité, se plaignent et murmurent ; nous, les contrariétés ne nous écartent pas de la vertu, mais nous y confirment.

318

Ste Catherine de Sienne
Le Dialogue, chap. 9
Les œuvres douces et saintes que je réclame de mes serviteurs sont les vertus intérieures d’une âme éprouvée, plutôt que les vertus qui s’accomplissent au moyen du corps, par les abstinences et les mortifications : ce sont là les instruments de la vertu plutôt que la vertu. Celui qui les emploie sans la vertu me sera peu agréable, et même, s’il les emploie sans discrétion en s’attachant d’une manière exagérée à la pénitence, il nuira véritablement à la perfection.
Le fondement de la perfection est l’ardeur de mon amour, une sainte haine de soi-même, une humilité vraie, une patience parfaite... C’est avec cette discrétion qu’on doit faire pénitence : la vertu est le but principal ; la pénitence n’est qu’un moyen pour l’atteindre, et il faut toujours l’employer dans la seule mesure du possible.

306

Michel Gasnier
Les silences de saint Joseph, chap. 26
Ainsi donc, pensait Joseph, les épreuves ne m'ont point manqué, mais Dieu pourtant m'a fait belle ma part de joies.
Il se redisait la parole que Tobie avait entendue (12, 13) : Parce que tu étais agréable à Dieu, il fallait que la tentation t'éprouve !Bien loin de protester, il avait trouvé en ces douleurs crucifiantes l'occasion d'accroître ses vertus et d'enrichir son amoureuse fidélité.
Quant à ses joies, il disait à Dieu qu'il n'en avait pas tant méritées, qu'il l'avait traité avec trop de magnificence et d'égards, et qu'il n'aurait pas assez de toute sa vie pour rendre grâces. Que, par ailleurs, il était le serviteur de ses desseins, et que s'il estimait que sa tâche était terminée, c'est avec la même soumission totale qu'il acceptait de quitter la terre...

287

St Léon le Grand
Sermon 1 sur le grand Carême
Bien-aimés, dans l'intention où je suis de vous parler du saint jeûne du carême, puis-je mieux commencer ce sermon que par les paroles de l'Apôtre qui était l'interprète de Jésus Christ, et qu'en répétant ces paroles que nous venons de lire : " Voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le jour du salut " (2 Co 6,2) ? Quoique le Seigneur nous comble de ses Grâces en tout temps et que sa divine Miséricorde vienne sans cesse à notre secours, il faut cependant que l'âme se livre avec plus de zèle à la pratique de la vertu et qu'elle conçoive de plus grandes espérances dans ces temps où l'accomplissement des mystères de notre rédemption nous invite spécialement à exercer de nombreux actes de piété, afin que nous puissions célébrer avec une grande pureté de cœur et d'esprit le saint et incomparable mystère de la Passion de notre Seigneur. Nous devrions toujours adorer ces divins mystères avec la même piété, avec le même amour, et rester toujours devant Dieu aussi purs que nous devons l'être pendant la fête de Pâques. Mais peu de personnes possèdent assez de ferveur pour cela ; la fragilité de la chair nous empêche de persister dans la stricte observance des divins préceptes ; et les embarras et les inquiétudes de cette vie causent de si grandes distractions que les âmes les plus vertueuses elles-mêmes ne peuvent se garder d'être souillées par la poussière du monde ; aussi Dieu dans sa Sagesse nous a donné le carême pour purifier nos âmes, pour racheter par de bonnes œuvres et le jeûne de la piété les fautes que nous avons pu commettre dans le cours de l'année.

276

St Jean Chrysostome
Homélies sur l'évangile de St Matthieu, 29,3
Lors donc que vous voyez quelque ennemi de la vérité, faites tous vos efforts pour le guérir ; ménagez-le, tâchez de l’attirer au bien, exhortez-le à la vertu, montrez-lui l’exemple d’une vie pure, parlez-lui d’une manière édifiante ; témoignez-lui dans tous ses besoins une charité parfaite. Tentez toutes sortes de voies pour le ramener à la santé. Enfin imitez en cela les plus habiles médecins du corps : ils ont divers remèdes pour guérir leurs malades. S'ils pausent une plaie, lorsque ce qu’ils y ont mis d’abord ne réussit pas, ils y appliquent un nouveau remède, et passent ainsi de l’un à l’autre. Ils sont même quelquefois contraints de lier les malades, d’employer le fer et le feu, et de guérir la douleur par la douleur, et une plaie par d’autres plaies.

261

St Thomas d'Aquin
Somme de Théologie, II-II, q.129, a.1, c
En vertu de son nom, la magnanimité implique une âme qui tend à la grandeur. Or on reconnaît la nature d’une vertu à deux choses : à la matière que son action concerne ; à son acte propre qui consiste à traiter cette matière de la façon requise. Et parce que l’habitus de la vertu se détermine au premier chef par son acte, on appelle un homme magnanime parce que son âme est orientée vers un acte plein de grandeur. Or un acte peut être appelé grand de deux façons : relativement ou absolument. Un acte peut être appelé grand de façon relative alors même qu’il consiste à employer une chose petite ou médiocre, mais de façon excellente. Mais l’acte simplement et absolument grand est celui qui consiste dans l’emploi excellent d’un bien supérieur.

255

St Bernard
Sermons sur le Cantique des Cantiques, 61, 5
La miséricorde du Seigneur est donc la matière de mes mérites. J'en aurai toujours tant qu'il daignera avoir de la compassion pour moi. Et ils seront abondants si les miséricordes sont abondantes. Je me sens coupable de plusieurs péchés, il est vrai, mais la grâce a surabondé où le péché abondait auparavant (Rom. 5, 20). Si les miséricordes du Seigneur sont éternelles pour moi, je chanterai éternellement les miséricordes du Seigneur. (Ps 102, 27 et Ps 138, 1). Sera-ce ma propre justice que je célébrerai ? Non, Seigneur, je me souviendrai de votre seule justice. Car la vôtre est aussi la mienne, parce que vous êtes devenu vous-même ma propre justice. Dois-je craindre qu'une seule ne suffise pas pour deux ? Ce n'est pas ce manteau dont parle le Prophète, qui est si court que deux ne s'en peuvent couvrir (Ps 16). Votre justice est la justice éternelle (Ps. 28, 20). Qu'y a-t-il de plus long que l'Éternité ? Votre justice donc qui est éternelle et si étendue nous couvrira tous deux amplement. En moi elle couvrira la multitude de mes péchés, mais couvrira-t-elle en vous, Seigneur, des trésors de clémence, des richesses de bonté ? Ce sont ces richesses qui sont cachées pour moi dans le trou de la pierre. Que la douceur qu'elles enferment est grande et excessive ! Elles sont cachées à la vérité, mais c'est pour ceux qui périssent ; car pourquoi donner le saint aux chiens, ou les perles aux pourceaux ? Mais Dieu nous les a révélées par son Saint-Esprit. Il nous a fait entrer dans son sanctuaire par les portes de ses plaies. Quelle source de douceur n'y trouve-t-on point, qu'elle plénitude de grâces, quelle abondance de vertus.

250

St Jean Chrysostome
Eloge de saint Paul, 2ème homélie

Saint Paul est de tous les hommes celui qui a le mieux montré quelle est la grandeur de l'homme, quelle est la dignité de notre nature, à quelle vertu nous pouvons atteindre...
Quelle en est la preuve ? Saint Paul lui-même, qui, étant homme, courait plus volontiers aux peines qu'aux plaisirs. La seule chose qu'il redoutait et qu'il évitait, c'était d'offenser Dieu ; comme la seule chose qu'il désirait était de plaire à Dieu. Aucun des biens présents, je dis même aucun des biens futurs, ne lui semblait désirable ; car ne me parlez pas des villes, des nations, des princes, des armées, des armes, des richesses, des principautés et des puissances : tout cela n'était pas même à ses yeux une vile poussière ; mais considérez le bonheur qui nous est promis dans le ciel, et alors vous verrez tout l'excès de son amour pour Jésus. La dignité des anges et des archanges, toute la splendeur céleste n'étaient rien pour lui, en comparaison de la douceur de cet amour : l'amour de Jésus était pour lui plus que tout le reste. Avec cet amour, il se regardait comme le plus heureux de tous les êtres ; il n'aurait pas voulu, sans cet amour, habiter au milieu des trônes et des dominations il aurait mieux aimé, avec la charité de Jésus, être le dernier de la nature, se voir condamné aux plus grandes peines, que sans elle d'en être le premier, et d'obtenir les plus magnifiques récompenses. Etre privé de cette charité était pour lui le seul supplice, le seul tourment, le seul enfer, le comble de tous les maux : posséder cette même charité était pour lui la seule jouissance ; c'était la vie, le monde, les anges, les choses présentes et futures, c'était le royaume, c'étaient les promesses, c'était le comble de tous les biens.

248

Compendium du Catéchisme de l'Église Catholique
350. Pourquoi la famille chrétienne est-elle aussi appelée Église domestique ?
Parce que la famille manifeste et révèle la nature de l’Église comme famille de Dieu, qui est d’être communion et famille. Chacun de ses membres, selon son rôle propre, exerce le sacerdoce baptismal, contribuant à faire de la famille une communauté de grâce et de prière, une école de vertus humaines et chrétiennes, le lieu de la première annonce de la foi aux enfants.
Source : www.vatican.va

245

St Grégoire de Nysse
Vie de Moïse, 27 et 243-244
Le grand Moïse, devenant toujours plus grand, n 'arrête nulle part son ascension ni ne propose de limite à son mouvement vers les hauteurs, mais, ayant mis le pied à l'échelle sur laquelle Dieu se tenait, il ne cesse de monter à l'échelon supérieur, continuant toujours de s'élever parce que chaque marche qu'il occupe dans la hauteur débouche toujours sur un au-delà. Tout le désir du Beau qui entraîne à cette ascension ne cesse jamais de s'étendre à mesure qu'on avance dans la course vers le Beau. Et c'est là réellement voir Dieu que de ne jamais trouver de satiété à ce désir. Mais il faut, regardant toujours à travers ce qu'il est possible de voir, être enflammé du désir de voir davantage par ce qu'il est déjà possible de voir. Et ainsi nulle limite ne saurait interrompre le progrès de la montée vers Dieu.
Mais cette course, à un autre point de vue, est stabilité. En effet je t'établirai sur le roc. C'est là la plus paradoxale de toutes choses que stabilité et mobilité soient la même chose. Car d'ordinaire celui qui avance n 'est pas arrêté et celui qui est arrêté n 'avance pas. Ici il avance du fait même qu'il est arrêté. Plus quelqu'un demeure fixé et inébranlable dans le bien, plus il avance dans la voie de la vertu.
En effet celui qui est chancelant et instable quant au fondement de ses convictions, parce qu'il n'a pas une assiette ferme dans le bien, flottant et ballotté, comme dit l'Apôtre, incertain et ondoyant dans ses conceptions sur la nature des choses, comment s'avancerait-il vers la cime de la
vertu ? Ceux qui font l'ascension d'une dune ont beau faire de grandes enjambées, c'est en vain qu'ils se donnent du mal, car le sable en s'éboulant les ramène toujours en bas : il y a du mouvement dépensé, mais aucun progrès dans ce mouvement.
Si quelqu'un au contraire a retiré ses pieds de la vase de la fosseet les a affermis sur le roc - le roc ici, c'est le Christ, la plénitude de la vertu -, sa course est d'autant plus rapide qu'il est plus ferme dans le bien ; sa stabilité est pour lui comme une aile et dans son voyage vers les hauteurs, son cœur est comme ailé par sa fixité dans le bien. Ainsi en montrant le lieu à Moïse, Dieu l'encourage à courir ; et en lui promettant de l'établir sur le roc, il lui indique la façon de courir cette course divine.

204

St Augustin
La Cité de Dieu, 22, 30
Là sera la véritable gloire ; personne n’y sera loué par erreur ou par flatterie ; les vrais honneurs ne seront ni refusés à ceux qui les méritent, ni accordés aux indignes ; d’ailleurs nul indigne n’y prétendra, là où ne seront admis que ceux qui sont dignes. Là régnera la véritable paix où nul n’éprouvera d’opposition ni de soi-même ni des autres. De la vertu, Dieu Lui-même sera la récompense, Lui qui a donné la vertu est S’est promis Lui-même à elle comme la récompense la meilleure et la plus grande qui puisse exister : « Je serai leur Dieu et ils seront mon peuple » (Lévitique 26, 12)… C’est aussi le sens des mots de l’Apôtre : « Pour que Dieu soit tout en tous » (1 Corinthiens 15, 28). Il sera Lui-même la fin de nos désirs, Lui que nous contemplerons sans fin, aimerons sans satiété, louerons sans lassitude. Et ce don, cette affection, cette occupation seront assurément, comme la vie éternelle, communs à tous.

164

St Jean Chrysostome
Homélies sur l'évangile de St Matthieu, 16, 5
Cela nous fait voir que si la loi ancienne cesse de sauver les hommes, ce n’est pas qu’elle soit mauvaise, mais c’est que maintenant le temps est venu d’une vertu plus parfaite. (...) Puis donc que les récompenses promises y sont plus grandes que dans l’ancienne, et que la grâce du Saint-Esprit y est plus abondante, c’est avec juste raison qu’on nous demande plus de vertu.
Car on ne nous promet plus une terre coulante de lait et de miel, ni une longue vieillesse, ni un grand nombre d’enfants, ni beaucoup de blé ou de vin, ou de grands troupeaux de brebis et de bœufs ; mais le ciel même, et les biens dont on y jouit ; l’honneur d’être les enfants adoptifs de Dieu, les frères du Fils unique du Père, les héritiers de sa gloire, de son royaume ; et d’une infinité d’autres biens.

146

Ste Thérèse d'Avila
Le Château Intérieur, cinquièmes demeures, III, 11
Quand je vois des âmes s’adonner diligemment à examiner leur oraison, si encapuchonnées qu’elles n’osent ni bouger ni détourner leur pensée pour éviter qu’un peu de leur plaisir et de leur ferveur ne se dérobe, j’en conclus qu’elles comprennent bien mal par quel chemin on atteint à l’union, et qu’elles pensent que toute l’affaire se réduit à cela. Mais non, mes sœurs, non : le Seigneur veut des œuvres ; si tu vois une malade à qui tu puisses apporter certain soulagement, peu doit t’importer de perdre cette ferveur, aie pitié d’elle ; si elle souffre, souffre toi aussi ; et si c’est nécessaire, jeûne pour qu’elle mange à ta place : moins pour elle que parce que tu sais que le Seigneur veut qu’il en soit ainsi. Telle est la vraie union avec Sa volonté ; et si tu entends vivement louer une personne, réjouis-toi beaucoup plus que si on te louais toi-même. C’est facile, à la vérité, car l’humilité, si elle existe, serait plutôt peinée de s’entendre louer. Mais nous réjouir qu’on reconnaisse les vertus de nos sœurs est une grande chose, de même que, si l’on voit en l’une d’elles un défaut, le déplorer comme s’il s’agissait de nous-même, et le cacher.

118

St Grégoire le Grand
Règle pastorale, II, 9
Le pasteur doit savoir aussi que fréquemment les vices se donnent l’apparence des vertus. Par exemple l’avarice se déguise souvent en souci de l’épargne, tandis que la prodigalité se cache sous le faux nom de libéralité. L’indulgence excessive est estimée souvent bonté, et le déchaînement de la colère, vigueur du zèle spirituel. On prend souvent la précipitation pour la promptitude à exécuter, et la lenteur à agir pour la prudence de la sagesse. Il est donc indispensable que le guide des âmes soit très attentif à distinguer vertus et vices.

076

Réginald Garrigou-Lagrange
Les trois âges de la vie intérieure, vol. I, p. 195-196
Éd. du Cerf, Paris, 1938-1939
L’objet propre de la vertu est-ce surtout le difficile (arduum) ? N’est-ce pas plutôt le bien (bonum honestum) ? Tout acte difficile n’est pas moralement bon ; c’est parfois un tour de force téméraire. Et si le bien est souvent difficile, il ne l’est pas toujours ; il y a des actes d’amour de Dieu et du prochain accomplis sans difficulté, avec un grand élan surnaturel, et qui sont manifestement très méritoires, puisqu’ils procèdent d’une grande charité.

Jésus disait à ses disciples : "Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai Aimés." (Jn 15, 12)