2429
Anonyme
(sur l'Ascension)
L’Ascension nous apprend d’abord à ne pas mettre la main sur Jésus. Le Christ échappe aux disciples, il échappe aussi à nos mainmises possessives et égoïstes. S’il esquive ainsi nos griffes, c’est pour nous obliger à croire en sa nouvelle manière d’être présent. L’Ascension nous découvre le sens profond de l’Eucharistie. Jésus n’a plus à être à nos côtés puisqu’il veut être en nous. Il n’a plus à être notre compagnon de route, puisqu’il est notre force pour marcher. Il n’a plus à être un copain que l’on peut embrasser et toucher, puisqu’il devient notre vie. Il n’a plus à être vu puisqu’il devient notre regard. Il n’a plus à être notre ami puisqu’il est devenu notre force d’aimer. Il n’a plus à être notre interlocuteur, puisqu’il est devenu notre parole, plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes. Jésus monté aux cieux, nous plante solidement en terre. Nous sommes, désormais, son unique présence auprès de nos frères. Louis Evely disait : “Dieu nous laisse entre hommes. Pas moyen de le rencontrer autrement que par l’homme. Dieu est intérieur à l’homme et ne peut se manifester que par chacun d’entre nous. L’homme est donc seul responsable du silence ou de l’absence apparente de Dieu.” Accueillons la joyeuse mission qui nous est donnée. « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création... ».L’Ascension du Seigneur est l’achèvement de son Incarnation. Saint Athanase, rappelait avec force que « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu.» Par la venue du Fils de Dieu dans le monde, c’est tout le cosmos, tout le monde des vivants et tout le peuple des humains qui sont épousés par Dieu. En rentrant dans le sein du Père, mais avec tout son poids de chair et d’humanité, Jésus nous divinise. Il nous fait partager l’amour de Dieu. Le pape saint Léon écrit cette phrase lumineuse : « L’Ascension du Christ est notre promotion. » Dans ce grand corps que forme le Christ total, la tête est déjà dans les cieux. Les membres bénéficient déjà de ce bonheur divin dans laquelle elle baigne. C’est la fête de l’espérance. Car là où la tête est passée, là aussi le corps tout entier passera.
L'Ascension du Seigneur - Giotto di Bondone (1266 ou 1267 - 1337 à Florence (Italie)