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St Pio de PietrelcinaLettre au père Agostino de San Marco, 10-X-1915
En ce qui me concerne, je ne m’arrêterai plus de pleurer pendant tout le temps qu’il me reste à vivre : vous savez en effet combien j’ai le cœur déchiré à la vue de tant de pauvres aveugles qui fuient comme la peste cette douce invitation de notre divin Maître : "Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive".
C’est une torture atroce pour mon âme que de se trouver devant ces vrais aveugles qui n’ont aucune pitié pour eux-mêmes, car les passions leur ont fait perdre la raison et ils ne pensent pas même à venir boire l’eau véritable du paradis.
Un regard, mon Père, puis dites-moi si j’ai raison de me rendre malheureux pour la folie de ces aveugles. Voyez comme les ennemis de la croix triomphent chaque jour davantage. Oh ciel ! Ils ne cessent de brûler de mille désirs de satisfactions terrestres.
Jésus les invite à se désaltérer à l’eau vive. Il connaît parfaitement notre besoin de boire à de cette eau nouvelle à satiété ; il la tient prête pour ceux qui ont réellement soif, afin qu’ils ne périssent pas au milieu des flammes dont ils sont dévorés.
Jésus leur adresse cette tendre invitation : "Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive". Mais, mon Dieu, quelle réponse obtenez-vous de ces malheureux ? Ils n’ont pas l’air de vous entendre, ils vous fuient et, ce qui est pire, ces misérables habitués depuis longtemps à vivre dans le feu des satisfactions terrestres et qui ont vieilli dans ces flammes n’écoutent plus vos invitations amoureuses et ne s’aperçoivent même plus du grand danger, de l’horrible danger, dans lequel ils se trouvent.