St Grégoire de Nysse
Homélie sur l’Ecclésiaste
Il y a un temps pour enfanter, et un temps pour mourir. Je voudrais bien qu’il soit possible d’enfanter au moment voulu et de mourir au bon moment ! (...) Il me semble qu’il y a un enfantement opportun et non prématuré lorsque, selon Isaïe, on a conçu par la crainte de Dieu et que, par les douleurs que l’âme éprouve dans l’enfantement, on a engendré son propre salut. Nous sommes en effet, pour ainsi dire, nos propres pères lorsque, par notre préférence pour le bien, nous nous sommes formés nous-mêmes, engendrés et mis au monde.
C’est ce que nous réalisons du fait que nous accueillons Dieu en nous. Nous devenons alors enfants de Dieu, enfants de sa puissance et fils du Très-Haut. En revanche, nous faison de nous-mêmes des prématurés, des êtres incomplets et inconsistants si le Christ n’est pas formé en nous, comme dit saint Paul. Il faut, en effet, dit-il ailleurs, que l’homme de Dieu soit un être accompli.
Si l’on voit clairement comment nous sommes enfantés au moment voulu, il est clair aussi pour tous comment nous mourons au bon moment. C’est ainsi que, pour saint Paul, tout moment était opportun pour une bonne mort. Il le crie en propres termes, il en fait une sorte d’engagement, lorsqu’il dit : Chaque jour, je meurs, oui, pour votre fierté. Et encore : C’est pour toi, Seigneur, qu’on nous frappe de mort chaque jour. Et enfin : Nous avons reçu en nous-mêmes notre arrêt de mort.
On voit très clairement comment Paul meurt chaque jour, lui qui ne vit jamais pour le péché, qui mortifie sans cesse les membres de son corps, qui porte en lui-même l’agonie du corps du Christ, qui est san cesse crucifié avec le Christ vivant en lui. A mon avis, c’est là une mort au bon moment, celle qui est devenue l’introductrice de la vraie vie.
C’est moi, dit Dieu, qui fais mourir et qui fais vivre, afin de faire comprendre que c’est vraiment un don de Dieu que d’être mort au péché et de vivre par l’Esprit. C’est parce qu’il fait mourir que sa parole promet de faire vivre.