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    Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)
    (Dialogue CXI)
"Avec quel œil dois-tu regarder ce Mystère et le toucher ? L’œil du corps ne voit que la blancheur de ce pain, la main ne touche rien d'autre, le goût ne ressent que la saveur du pain. Ainsi les sens grossiers du corps sont-ils abusés, tandis que le sens de l'âme ne peut l'être sans qu'elle le veuille, c'est à dire sans qu'elle veuille éteindre par son infidélité la lumière de la très sainte foi.
C'est donc avec l’œil de l'intelligence de la foi que vous devez regarder ce Sacrement. Qui le touche ? La main de l'amour qui touche ce que l’œil de l'âme en a vu et connu. Le goût du corps goûte la saveur du pain, mais le goût de l'âme me goûte, moi (Jésus), Dieu et homme.
Tu vois donc que ce n'est pas seulement avec le sens du corps que vous devez recevoir et voir ce Sacrement, mais avec le sens spirituel ; vous devez disposer ce sens de l'âme avec amour pour voir, recevoir et goûter ce Sacrement. "

1975

      Sainte Catherine de Sienne 
(Les dialogues 63 - chapitre XXXV - Du moyen que doit employer l'âme pour parvenir à l'amour pur et libre)

Voilà donc l'âme entrée en elle-même. En suivant la doctrine du Christ crucifié, par un véritable amour de la vertu et par la haine du vice, elle est arrivée, à force de persévérance, à la cellule de la connaissance d'elle-même. Elle s'y tient recluse dans les veilles et les prières continuelles, complètement séparée de la conversation du siècle (Mt 6,6). Elle s'y est enfermée elle-même, par crainte, connaissant bien son imperfection, et par le désir qu'elle a d'atteindre à l'amour épuré et libre. Voyant et sachant bien qu'il n'est point d'autre moyen pour elle d'y parvenir, elle y attend, avec une foi vive, ma venue par un accroissement de grâce en elle.
Mais à quel signe reconnaître la foi vive? - A la persévérance dans la vertu, à l'application continuelle dans la sainte oraison, quoiqu'il arrive; car, à moins que l'obéissance ou la charité n'en fassent une obligation, l'on ne doit jamais quitter l'oraison.
Il n'est pas rare en effet, que le démon choisisse de préférence le temps de l'oraison, pour tourmenter l'âme et lui donner l'assaut. Il cherche ainsi à (217) lui inspirer l'ennui de la sainte prière. Cette oraison ne te vaut rien, lui souffle-t-il souvent; car dans la prière tu ne dois pas penser à autre chose, avoir d'attention à autre chose, qu'à ce que tu dis. Le démon lui insinue de semblables idées pour lui donner du dégoût, jeter la confusion dans son esprit, et l'amener à abandonner l'exercice de l'oraison. Car l'oraison est une arme avec laquelle l'âme se défend contre tous ses ennemis, quand elle est tenue par la main de l'amour et brandie par le bras du libre arbitre, dirigé par la lumière de la très sainte Foi (218).

1974

      Sainte Catherine de Sienne 
(Les dialogues 64 - chapitre XXXIV - Comment, lorsqu'on aime Dieu imparfaitement, l'on aime aussi le prochain imparfaitement, et des signes de cet amour imparfait)

"Sache-le bien, toute imperfection ou toute perfection dans l'amour se manifeste et s'acquiert vis-à-vis de Moi, et aussi pareillement à l'égard du prochain. Elles le savent bien, les âmes simples, qui souventes fois aiment les créatures d'un amour spirituel. Si elles m'aiment d'un amour épuré et désintéressé, c'est purement aussi et avec désintéressement qu'elles aiment leur prochain.
Il en est comme du vase que l'on remplit à la fontaine. Si on le retire de la source pour boire, il est bientôt vide. Mais si on le tient plongé dans la source, on peut y boire toujours, il demeure toujours plein. Ainsi en est-il pour l'amour du prochain, spirituel ou temporel: il le faut boire en Moi, sans autre considération. Car je vous demande de m'aimer du même amour dont je vous aime (Jn 15,12).
En vérité vous ne le sauriez faire complètement. Moi je vous ai aimés, avant d'être aimé, et dès lors, tout amour que vous avez pour moi, est une dette que vous acquittez, non une grâce que vous (214) me faites, tandis que l'amour que j'ai pour vous est une faveur que je vous accorde, mais que je ne vous dois pas. Vous ne pouvez donc me rendre, à Moi, l'amour que je vous réclame. Mais je vous ai placés à côté de votre prochain, pour vous permettre de faire pour lui ce que vous ne pouvez faire pour moi: l'aimer par grâce, et avec désintéressement, sans en attendre aucun avantage. Je considère alors comme fait à moi ce que vous faites au prochain.
N'est-ce pas ce que montre ma Vérité quand elle dit à Paul qui me persécutait: Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu? (Ac 9,4) - Il parlait ainsi, parce qu'il estimait que c'était me persécuter que de persécuter que de persécuter mes fidèles.
Ainsi donc cet amour doit être pur, et c'est avec ce même amour dont vous m'aimez, que vous devez aimer votre prochain. Et tu sais à quoi reconnaître que l'amour est imparfait? Celui-là n'aime pas parfaitement, qui, même en aimant d'un amour spirituel éprouve de la peine et s'afflige, quand la créature qu'il aime ne paraît pas répondre à son amour, ou ne semble pas l'aimer autant qu'il croit aimer lui-même; ou encore, quand il se voit séparé de son intimité et de la consolation qu'il en attendait, ou qu'il sent qu'elle en aime une autre plus que lui. A ces signes et à d'autres encore, l'on peut conclure que l'amour qu'il a pour moi et pour le prochain est encore imparfait. Cet amour il a bien pu le puiser en (215) moi, mais il en a bu la coupe en dehors de la source. L'amour qu'il avait pour moi était encore imparfait, imparfait aussi est l'amour qu'il témoigne à celui qu'il aime d'un amour même spirituel.
Tout cela vient de ce qu'il n'a pas complètement arraché la racine de l'amour-propre spirituel. Souvent je le laisse aux prises avec cet amour, pour qu'ainsi il prenne bien conscience de son imperfection. Je lui retire le sentiment de ma présence, pour qu'il s'enferme dans la maison de la connaissance de soi-même, où il acquérera toute perfection. Puis je reviens à lui, par une lumière plus abondante, par une intelligence si approfondie de ma Vérité, qu'il estime désormais comme une grâce, de pouvoir tuer pour moi sa volonté propre.
Il ne lui reste plus alors qu'à sarcler et à parer la vigne de son âme, à en arracher les épines de ses pensées, à y disposer les pierres des vertus fondées dans le sang du Christ et qu'il a trouvées dans la traversée du Pont qui est le Christ crucifié, mon Fils unique. Je t'ai dit, s'il t'en souvient, que sur le Pont, qui est la doctrine de ma Vérité, étaient ces pierres fondées dans la vertu de son sang, parce que les vertus ne vous donnent la vie, que par l'efficace de son sang."

1973

      Sainte Catherine de Sienne 
(Les dialogues 63 - chapitre XXXIII)

Telle est la voie (208) que suit celui qui désire parvenir à l'amour parfait, je veux dire à l'amour de l'ami et du Fils.
Je dis que l'amour filial est l'amour parfait, parce que c'est à lui que va l'héritage, mon héritage à Moi, Père éternel. Comme l'amour du fils suppose l'amour de l'ami, c'est pour cela que je t'ai dit que c'est l'ami qui devient fils. Comment s'opère donc cette transformation?
Voici. Toute perfection et toute vertu procède de la charité, et la charité se nourrit de l'humilité; l'humilité à son tour dérive de la connaissance et de la sainte haine de soi-même, ou de sa propre sensualité.
Une fois parvenu là, il faut persévérer et continuer à demeurer dans la cellule de la connaissance de soi-même. C'est là que l'âme connaîtra ma miséricorde, par le sang de mon Fils unique. Qu'elle attire sur elle par son amour, ma divine charité; qu'elle s'exerce à extirper toute volonté perverse, soit spirituelle, soit temporelle; qu'elle se cache dans sa maison, pour y pleurer, comme firent Pierre et les autres disciples, après avoir commis la faute de renier mon Fis.
Cependant la douleur de Pierre était encore imparfaite, et elle demeura imparfaite, quarante jours durant, jusqu'après l'Ascension. Mais quand ma Vérité fut retournée vers moi selon son humanité, Pierre et les autres disciples se retirèrent dans leur maison, pour attendre l'avènement de l'Esprit-Saint, que ma Vérité leur avait promis. Ils s'y étaient enfermés par peur, parce que l'âme est (209) toujours en crainte, tant qu'elle n'est pas parvenue au véritable amour (Ac 1,13-14 Jn 20,19 1Jn 4,18). Mais, en persévérant dans les veilles, dans les humbles et continuelles prières, ils reçurent l'abondance de l'Esprit-Saint, et désormais délivrés de toute crainte, ils suivaient et prêchaient le Christ crucifié (Ac 2,14-36).
Ainsi fait l'âme qui veut parvenir à la perfection. Après être sortie du péché mortel et s'être reconnue elle-même telle qu'elle est, elle commence à pleurer, par crainte du châtiment; puis elle s'élève à la considération de ma miséricorde, où elle trouve satisfaction et avantage. Mais elle est, dis-je, toujours imparfaite, et pour l'amener à la perfection, après les quarante jours, c'est-à-dire après ces deux états, je me retire d'elle, non par la grâce, mais par le sentiment.
C'est ce que vous enseigna ma Vérité quand dit à ses disciples: "Je m'en irai et je retournerai vers vous." (Jn 14,3) Tout ce qu'il disait s'adressait en particulier aux disciples, mais aussi généralement et communément à tous les hommes présents et futurs. A ceux donc qui devaient venir il a dit pareillement: "Je m'en irai et je retournerai vers vous." Et ainsi fut fait, puisqu'il retourna ensuite, lors de l'avènement de l'Esprit-Saint. Le Saint-Esprit ne vient pas seul: il vient avec ma puissance et avec la sagesse de mon Fils qui est une même chose avec moi, et avec la clémence de l'Esprit-Saint qui procède de Moi, le Père, et du Fils.
Or, je te le dis, c'est ainsi que j'en agis moi-même. Pour faire sortir l'âme de son imperfection, je me (210) retire d'elle, en la privant de la consolation qu'elle ressentait auparavant. Quand elle était dans l'état du péché mortel, elle s'était séparée de moi, et je l'avais privée de la grâce à cause de sa faute, parce qu'elle m'avait fermé la porte du désir. Le soleil de la grâce avait disparu de cette âme, non de lui-même, mais par le fait de la créature qui lui avait fermé la porte du désir. Mais elle a reconnu ce qu'elle était, elle a pris conscience de ses ténèbres, elle a ouvert sa fenêtre à la lumière et vomi sa souillure par une sainte confusion. Dès lors je suis retourné dans l'âme par ma grâce, et si je me retire aujourd'hui, ce n'est pas ma grâce que je lui enlève, mais la jouissance qu'elle en éprouvait.
Si je le fais, c'est pour l'exercer à me chercher Moi-même en toute vérité, pour l'éprouver à la lumière de la foi et lui apprendre la prudence. Si elle aime avec désintéressement, avec une foi vive, avec la haine d'elle-même, elle est en joie dans le moment même qu'elle souffre, parce qu'elle se juge indigne de la paix et du repos de l'esprit.
Des trois conditions que j'avais promis de t'exposer pour arriver à la perfection, c'est là la seconde. Voilà ce que fait une âme qui y est parvenue. Toute ma conduite envers elle est pour lui faire sentir que, si je me retire d'elle, elle ne doit pas cependant regarder en arrière, mais persévérer avec humilité dans ses exercices, et demeurer enfermée dans la connaissance d'elle-même et de moi, pour attendre avec une foi vive l'avènement du Saint-Esprit, c'est-à-dire Moi-même qui suis (211) le foyer même de la charité. Elle m'attend, non dans l'oisiveté, mais en prière continuelle, et dans les veilles, non seulement dans les veilles corporelles, mais dans les veilles de l'intelligence. Car l'intelligence doit avoir l’œil ouvert et, à la lumière de la foi, veiller, pour arracher du coeur par la haine les vaines pensées, veiller, dans le sentiment de ma charité pour reconnaître que je ne veux rien d'autre que sa sanctification. Tout cela est certain, tout cela est attesté par le sang de mon Fils.
Pendant que l'intelligence se tient ainsi éveillée dans la connaissance d'elle-même et de moi, l'âme, par la disposition d'une bonne et sainte volonté, s'adonnera continuellement à l'oraison. Cette oraison continue ne l'empêche nullement de se livrer à la prière extérieure, dans les temps prescrits et déterminés par l'ordre de la sainte Eglise. Voilà ce que fait l'âme qui se dégage de l'imperfection pour atteindre à la perfection, et c'est pour qu'elle y arrive que je me sépare d'elle, non par la grâce, mais par le sentiment qu'elle en éprouve.
Je me retire d'elle encore pour qu'elle voit et connaisse son péché. En se voyant en effet privée de la consolation, elle en éprouve une peine qui l'afflige, elle se sent faible, incertaine, prête au découragement, et cette expérience lui fait découvrir la racine de l'amour-propre spirituel qui est en elle. Ce lui est un moyen de se connaître, de s'élever au-dessus d'elle-même, de siéger au tribunal de sa conscience, pour ne pas laisser passer ce sentiment (212) sans lui infliger réprimande et correction, en arrachant la racine de l'amour-propre avec le couteau de la haine, avec la haine de cet amour même, par amour de la vertu (213).

1972

      Sainte Catherine de Sienne 
(Les dialogues - chapitre XXXV)

"O combien douce à l'âme et combien agréable à Dieu l'oraison sainte faite dans la cellule de la connaissance de soi-même et de Dieu, l’œil de l'intelligence grand ouvert aux lumières de la foi, le coeur tout rempli de l'abondance de la divine Charité."

1866

     Sainte Catherine de Sienne (1347-1380) 
     (Lettre à Raymond de Capoue)
" Se voyant tant aimée, l'âme ne peut s'empêcher d'aimer aussi. Et alors l'âme devient parfaite ; car ce qu'elle aime, elle l'aime pour Dieu et elle n'aime rien hors de Lui ; et elle devient ainsi un autre Lui-même par ce désir, car elle n'a pas d'autre volonté que celle de Dieu." 

1610

   sainte Catherine de Sienne 
(Citée par saint Jean Paul II lors du discours de Clôture des XV Journées Mondiales de la Jeunesse, 20 août 2000)
« Si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde entier ! »

1609

   sainte Catherine de Sienne 
(Dialogue, Hurtaud, 1913, II - page 327-328)
" Ô Trinité éternelle ! (...)Vous êtes une mer sans fond où plus je me plonge, plus je Vous trouve, et plus je Vous trouve, plus je Vous cherche encore. De Vous, jamais on peut dire : c'est assez ! L'âme qui se rassasie dans vos profondeurs Vous désire sans cesse, parce que toujours elle est affamée de Vous, Trinité éternelle ; Lumière au dessus de toute lumière ; c'est cette lumière qui communique à l'oeil de l'intelligence une clarté surnaturelle, si abondante et si parfaite que la lumière de la foi en est éclairée, cette foi, par laquelle je vois que mon âme à la Vie, et dans cette clarté Vous reçoit, Vous, la Lumière.
Par la lumière de la foi, je possède la sagesse dans la sagesse du Verbe votre Fils. Par la lumière de la foi, je suis forte, constante et persévérante. Par la lumière de la foi, j'espère et je ne me laisse pas défaillir en route. Cette lumière m'indique le chemin et, sans cette lumière, je marcherais dans les ténèbres.
C'est pourquoi je vous ai demandé, Père éternel, de m'éclairer de la lumière de la très sainte foi. Cette lumière est vraiment un océan, car elle plonge l'âme en Vous, l'Océan de paix, ô Trinité éternelle ! L'eau de cette mer n'est pas trouble ; l'âme n'y a pas peur, car elle y connaît la Vérité. Elle est transparente et laisse voir les choses qu'elle recèle en ses profondeurs. Aussi là où abonde la resplendissante lumière de la foi, l'âme a pour ainsi dire, l'évidence de ce qu'elle croît."


1261

 sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

(Dialogue XXXVII)

"Si le pécheur doit être condamné, ce ne sera pas pour avoir péché, mais pour n'avoir pas cru en ma miséricorde, dit le Seigneur.

Ne pas vouloir et mépriser ma miséricorde, voilà le péché qui ne se pardonne ni ici-bas, ni dans l'au-delà, péché plus grave à mes yeux que tous ceux que ce pécheur a pu commettre. C'est pourquoi le désespoir de Judas m'a plus offensé et a été plus pénible à mon Fils que sa trahison même."


999

DIALOGUE DE SAINTE CATHERINE DE SIENNE SUR LA PROVIDENCE
Le plan d'amour de Dieu.
Le Père éternel, avec son inexprimable bonté, tournait son regard vers Catherine et lui disait :
"Ma très chère fille, j'ai absolument décidé de faire miséricorde au monde et de secourir de toute manière l'humanité. Mais l'homme, dans son ignorance, croit voir la mort dans ce que je lui donne pour sa Vie, et il devient ainsi cruel envers lui-même. Pourtant ma Providence l'assiste toujours. Aussi, je veux que tu le saches : tout ce que je donne à l'homme provient de ma souveraine Providence.
Et c'est pourquoi, lorsque je l'ai créé par ma Providence, j'ai regardé en moi-même et j'ai été saisi d'amour par la beauté de ma créature. J'ai voulu la créer à mon image et à ma ressemblance, en y employant largement ma Providence. En outre, je lui ai donné la mémoire pour qu'elle garde le souvenir de mes bienfaits : car je voulais qu'elle participe à ma puissance de Père éternel.
Je lui ai encore donné l'intelligence, pour que, dans la sagesse de mon Fils unique, l'homme connaisse ma volonté, car c'est moi qui donne toutes les grâces avec un brûlant amour de Père. Et je lui ai donné aussi la volonté pour aimer, en participant à la douceur du Saint-Esprit, afin qu'il puisse aimer ce que son intelligence ne pouvait connaître et voir.
Voilà ce que ma douce Providence a fait, uniquement pour que l'homme soit capable de me comprendre et de me goûter avec une joie parfaite, dans l'éternelle vision qu'il aurait de moi. Et, comme je te l'ai déja dit, le ciel était fermé par la désobéissance d'Adam votre premier père. C'est de cette désobéissance que sont venus tous les maux, à travers le monde entier. ~
Afin que l'homme soit délivré de la mort amenée par cette désobéissance, ma Providence a eu la bonté de vous donner mon Fils unique pour secourir votre misère. ~ Je lui ai imposé la grande obéissance pour que le genre humain délivré du poison que la désobéissance de votre premier père avait répandu dans le monde. Aussi, comme saisi d'amour, vraiment obéissant, Il courut sans retard à la mort ignominieuse de la très sainte Croix et sa mort vous donna la Vie, par la force non pas de son humanité mais de sa divinité."
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DIALOGUE DE SAINTE CATHERINE DE SIENNE
SUR LA PROVIDENCE
L'amour incompréhensible de Dieu pour l'humanité

Mon très doux Seigneur, de grâce, tourne tes regards miséricordieux vers ton peuple et le corps mystique de ton Église. Car une plus grande gloire s'attachera à ton nom, si tu pardonnes à une telle multitude de tes créatures et non pas à moi seule, misérable, qui ai tellement offensé ta majesté. ~ Comment pourrais-je me consoler en croyant que je possède la vie, alors que ton peuple serait dans la mort, en voyant les ténèbres des péchés envelopper ton épouse tout aimable, à cause de mes défauts et de ceux de tes autres créatures ?

Je veux donc et je demande comme une grâce sans pareille que tu lui fasses miséricorde, par cet amour incompréhensible qui t'a poussé à créer l'homme à ton image et ressemblance. ~ Quel motif avais-tu d'établir l'homme dans une telle dignité ? Certainement, c'est uniquement l'amour incompréhensible par lequel tu as considéré ta créature en toi-même et tu t'en es épris. ~ Mais je sais bien que la faute du péché lui a fait perdre, en toute justice, la dignité dans laquelle tu l'avais établie. ~

Mais toi, poussé par le même amour, en voulant réconcilier gracieusement le genre humain avec toi, tu nous as donné la parole de ton Fils unique, qui a vraiment été entre nous et toi un réconciliateur et un médiateur. Il a été notre justice parce qu'il a châtié en les prenant sur lui toutes nos injustices et nos crimes, en vertu de l'obéissance que toi, Père éternel, lui as imposée lorsque tu as décidé qu'il revêtirait notre humanité. ~ Abîme incompréhensible de ton amour ! Quel cœur pourrait être assez dur pour rester indifférent et ne pas être déchiré en considérant qu'une telle grandeur est descendue jusqu'à une telle profondeur, une telle bassesse, celle de notre humanité !
Nous sommes ton image et tu es devenu notre image par ton union avec l'homme, Tu as voilé ta divinité éternelle en prenant la chair d'Adam, misérable et pécheresse. D'où vient cela ? Uniquement de ton amour inexprimable. C'est donc par cet amour incompréhensible que j'implore humblement ta majesté, de toutes les forces de mon âme, pour que tu fasses gracieusement miséricorde à tes misérables créatures.

020


Ste Catherine de Sienne
Le Dialogue, chap. 146
O ma fille bien-aimée ! tu vois dans l'Evangile ce que fit Pierre, mon apôtre, lorsque ma Vérité lui ordonna de jeter les filets à la mer ; il répondit : " Maître, nous avons travaillé toute la nuit et nous n'avons rien pris ; mais sur votre parole je jetterai le filet. Il le fit, et il prit une si grande quantité de poissons, qu'il ne le pouvait tirer tout seul, et qu'il appela ses compagnons pour lui aider. " (St Luc, 5, 5-7).
Si tu médites ce passage, tu verras une figure sous la réalité, et cette figure te conviendra ; car tous les actes et les mystères accomplis par ma Vérité dans ce monde avec ou sans les disciples, étaient des figures pour instruire et sauver les âmes. Vous pouvez toujours y voir une règle et une doctrine en les étudiant à la lumière de la raison : les personnes ignorantes et grossières comme les intelligences supérieures pourront y puiser des exemples, et tous, pourvu qu'ils le veuillent, y trouveront leur salut et leur consolation.
Je t'ai dit que Pierre, sur l'ordre de Jésus-Christ, jeta les filets dans la mer : il fut donc obéissant. Il crut fermement qu'il prendrait du poisson, et il en prit en effet une grande quantité ; mais ce ne fut pas pendant la nuit. Quelle est cette nuit? C'est la nuit obscure du péché mortel, où l'âme est privée de la lumière de la grâce. Pendant cette nuit on ne prend rien de bon, parce que le désir jette le filet, non pas dans une mer vive, mais dans, une mer morte, où il trouve le péché qui n'est que néant et les plus grandes fatigues ne sont d'aucune utilité.

394

Ste Catherine de Sienne
Lettre XLV, au comte de Fondi
Personne ne peut ouvrir ou fermer la porte de la volonté, si le libre arbitre ne le veut pas. La lumière de l'intelligence lui est donnée pour connaître les amis et les ennemis qui veulent entrer et passer par la porte ; et à cette porte est placé le chien de la conscience, qui aboie quand il entend venir, s'il est levé et ne dort pas. Cette lumière fait voir et discerner le fruit à l'ouvrier ; il ôte la terre, pour que le fruit soit pur, et il le met dans sa mémoire comme dans un grenier, où s'entasse le souvenir des bienfaits de Dieu. Au milieu de la vigne est placé le vase de son cœur plein du précieux Sang, pour arroser les plantes afin qu'elles ne se dessèchent pas. C'est ainsi qu'est créée et disposée cette vigne, qui est aussi, nous l'avons dit, le temple où Dieu doit habiter par sa grâce.

318

Ste Catherine de Sienne
Le Dialogue, chap. 9
Les œuvres douces et saintes que je réclame de mes serviteurs sont les vertus intérieures d’une âme éprouvée, plutôt que les vertus qui s’accomplissent au moyen du corps, par les abstinences et les mortifications : ce sont là les instruments de la vertu plutôt que la vertu. Celui qui les emploie sans la vertu me sera peu agréable, et même, s’il les emploie sans discrétion en s’attachant d’une manière exagérée à la pénitence, il nuira véritablement à la perfection.
Le fondement de la perfection est l’ardeur de mon amour, une sainte haine de soi-même, une humilité vraie, une patience parfaite... C’est avec cette discrétion qu’on doit faire pénitence : la vertu est le but principal ; la pénitence n’est qu’un moyen pour l’atteindre, et il faut toujours l’employer dans la seule mesure du possible.

019

Ste Catherine de Sienne
Le Dialogue, chap. 136
Je suis le bon et parfait Médecin, qui connaît ce qui est nécessaire à votre faiblesse et ce qui est utile à votre salut ; je vous rendrai une santé parfaite et je vous la conserverai. Ma providence ne fera jamais défaut à celui qui voudra la recevoir et qui placera toute son espérance en moi. Celui qui espère en moi, qui frappe et qui appelle véritablement, non seulement avec la parole mais avec l'élan et la lumière d'une sainte foi, celui-là me goûte dans ma providence, mais non celui qui frappe et m'appelle en disant seulement : Seigneur, Seigneur.
Celui qui me cherche ainsi et me demande sans autre mérite, je ne le connaîtrai pas dans ma miséricorde, mais dans ma justice. Tu sais que l'homme ne peut espérer en deux choses opposées ; la Vérité incarnée a dit dans l'Evangile : "Nul ne peut servir deux maîtres, car, s'il en sert un, il méprisera l'autre" (S. Luc. XVI,13). On ne peut servir sans espérance : le serviteur qui sert son maître le fait dans l'espoir de lui plaire ou dans l'attente de quelque récompense, de quelque avantage. Il ne servira jamais l'ennemi de son maître, parce qu'il ne peut en retirer quelque profit, et parce qu'il perdrait même ce qu'il a droit d'attendre de celui dont il est le serviteur. Apprends, ma fille bien-aimée, qu'il en arrive ainsi pour l'âme.

006

Ste Catherine de Sienne
Le Dialogue, chap. 10
L’arbre de la Charité se nourrit donc dans l’humilité ; cet arbre porte un rejeton latéral qui est la vraie discrétion. La moelle de cet arbre de la charité c’est la patience qui est le signe certain de la présence dans une âme et de l’union de cette âme avec moi.

002

Ste Catherine de Sienne
Le Dialogue, chap. 4
Aucune vertu, ma fille, ne peut avoir la vie en soi, sinon par la charité, et par l’humilité qui est la mère nourricière de la charité. La connaissance de toi-même t’inspirera l’humilité, en te découvrant que par toi-même tu n’es pas, et que l’être tu le tiens de moi qui t’aimais, toi et les autres, avant que vous ne fussiez. C’est cet amour ineffable que j’eus pour vous qui, voulant vous créer à nouveau en grâce, me fit vous laver et régénérer dans le sang de mon Fils unique, répandu avec un si grand feu d’amour. C’est ce sang qui enseigne la Vérité à celui qui a dissipé la nuée de l’amour-propre par la connaissance de soi-même. Point d’autre moyen de la connaître.

Jésus disait à ses disciples : "Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai Aimés." (Jn 15, 12)