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    Pape François
     (Homélie du 25 mars 2020 - Sainte Marthe - L'Annonciation du Seigneur)
" L’évangéliste Luc ne pouvait savoir cela que par un récit de la Vierge Marie. En écoutant Luc, nous avons écouté la Vierge Marie qui raconte ce mystère. Nous sommes devant le mystère. Le mieux que nous puissions faire maintenant c’est peut-être de relire ce passage, en pensant que c’est la Vierge Marie qui le raconte. 
En ce temps-là,
l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu
dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,
à une jeune fille vierge,
accordée en mariage à un homme de la maison de David,
appelé Joseph ;
et le nom de la jeune fille était Marie. 
L’ange entra chez elle et dit :
« Je te salue, Comblée-de-grâce,
le Seigneur est avec toi. »
À cette parole, elle fut toute bouleversée,
et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. 
L’ange lui dit alors :
« Sois sans crainte, Marie,
car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.
Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ;
tu lui donneras le nom de Jésus.
Il sera grand,
il sera appelé Fils du Très-Haut ;
le Seigneur Dieu
lui donnera le trône de David son père ;
il régnera pour toujours sur la maison de Jacob,
et son règne n’aura pas de fin. » 
Marie dit à l’ange :
« Comment cela va-t-il se faire,
puisque je ne connais pas d’homme ? » 
L’ange lui répondit :
« L’Esprit Saint viendra sur toi,
et la puissance du Très-Haut
te prendra sous son ombre ;
c’est pourquoi celui qui va naître sera saint,
il sera appelé Fils de Dieu. 
Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente,
a conçu, elle aussi, un fils
et en est à son sixième mois,
alors qu’on l’appelait la femme stérile.
Car rien n’est impossible à Dieu. » 
Marie dit alors :
« Voici la servante du Seigneur ;
que tout m’advienne selon ta parole. »
Alors l’ange la quitta. 
Voilà le Mystère »

L'Annonciation - by Fra-Angelico

2276

    Pape François
     (Homélie du 24 mars 2020 - Sainte Marthe - L'acédie, un brouillard qui empêche de vivre)
La liturgie de ce jour nous fait réfléchir sur l’eau, l’eau comme symbole de salut, parce que c’est un moyen de salut, mais l’eau est aussi un moyen de destruction : pensons au Déluge… Mais dans ces lectures, l’eau est pour le salut. Dans la première lecture, cette eau qui conduit à la vie, qui assainit les eaux de la mer, une eau nouvelle qui assainit. Et dans l’Évangile, la piscine, cette piscine où allaient les malades, pleine d’eau, pour guérir, parce qu’on disait que parfois les eaux bouillonnaient, comme un fleuve, parce qu’un ange descendait du ciel pour les agiter, et le premier, ou les premiers, qui se jetaient dans l’eau étaient guéris. Et beaucoup – comme le dit Jésus – « étaient couchés une foule de malades, aveugles, boiteux et impotents », là, attendant la guérison, que l’eau soit agitée. Cela fait réfléchir, non ? C’est un peu trop… parce que celui qui veut être guéri s’arrange pour avoir quelqu’un qui l’aide, il se lève, il est un peu rapide, et aussi un peu malin… mais celui-ci, là depuis 38 ans, au point qu’on ne sait pas s’il est malade ou s’il est mort… Le voyant couché là, et connaissant la réalité, le fait qu’il était là depuis très longtemps, Jésus lui dit : « Veux-tu guérir ? ». Et la réponse est intéressante : il ne dit pas oui, il se plaint. De la maladie ? Non. Le malade répond : « Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine quand l’eau est agitée. En effet, pendant que j’y vais – que je prends la décision d’y aller – un autre descend avant moi ». Un homme qui arrive toujours en retard. Jésus lui dit : « Lève-toi, prends ton brancard et marche ». À l’instant, l’homme fut guéri.
L’attitude de cet homme nous fait réfléchir. Était-il malade ? Oui, peut-être, il avait une sorte de paralysie, mais il semble qu’il pouvait marcher un peu. Mais il était malade dans son coeur, il était malade dans son âme, il était malade de pessimisme, il était malade de tristesse, il était malade d’acédie. Voilà la maladie de cette homme : « Oui, je veux vivre, mais… », il était là. Mais la réponse est-elle : « Oui, je veux être guéri ! » ? Non, il se plaint. « Ce sont les autres qui arrivent les premiers, toujours les autres ». La réponse à la demande de Jésus pour le guérir, c’est une plainte contre les autres. Et ainsi, 38 années de plainte contre les autres. Et sans rien faire pour guérir.
C’était un samedi : nous avons entendu ce qu’on fait les docteurs de la loi. Mais la clé, c’est la rencontre avec Jésus, après. Il le trouva dans le Temple et lui dit : « Te voilà guéri. Ne pèche plus, il pourrait t’arriver quelque chose de pire ». Cet homme était dans le péché, mais il n’était pas là parce qu’il avait fait quelque chose de grave, non. Le péché de survivre et de se plaindre de la vie des autres : le péché de la tristesse qui est la semence du diable, de cette incapacité à prendre une décision sur sa vie, mais oui, regarder la vie des autres pour se plaindre. Pas pour les critiquer, pour se plaindre. « Ils y vont avant, je suis la victime de cette vie » : les plaintes, elles respirent la plainte, ces personnes.
Si nous comparons avec l’aveugle-né que nous avons entendu dimanche dernier, l’autre dimanche : avec quelle joie, avec quelle détermination il avait pris la guérison, et aussi avec quelle détermination il est allé discuter avec les docteurs de la Loi ! Il y est simplement allé et il a informé : « Oui, c’est cela ». Point. Sans compromis avec la vie… Cela me fait penser à beaucoup d’entre nous, à beaucoup de chrétiens qui vivent dans cet état d’acédie, incapables de faire quelque chose, mais se plaignant de tout. Et l’acédie est un venin, c’est un brouillard qui enveloppe l’âme et ne l’empêche de vivre. Et c’est aussi une drogue parce que si tu la goûtes souvent, cela te plaît. Et tu finis comme un « dépendant triste », un « dépendant de l’acédie »… C’est comme l’air. Et c’est un péché assez habituel parmi nous : la tristesse, l’acédie, je ne dis pas la mélancolie, mais c’est proche.
Cela nous fera du bien de relire ce chapitre 5 de Jean pour voir comment est cette maladie dans laquelle nous pouvons tomber. L’eau est pour nous sauver. « Mais je ne peux pas me sauver ! – Pourquoi ? – Parce que c’est la faute des autres ». Et je reste là pendant 38 ans… Jésus m’a guéri : on ne voit pas la réaction des autres qui sont guéris, qui prennent leur brancard et qui dansent, chantent, rendent grâce, le disent à tout le monde ? Non, il avance. Les autres lui disent qu’il ne faut pas faire cela, et il dit : « Mais celui qui m’a guéri m’a dit que c’était possible », et il va de l’avant. Et puis, au lieu d’aller trouver Jésus, le remercier et tout, il informe : « C’était comme cela ». Une vie grise, mais grise de ce mauvais esprit qu’est l’acédie, la tristesse, la mélancolie. 
Pensons à l’eau, à cette eau qui est le symbole de notre force, de notre vie, l’eau dont Jésus s’est servi pour nous régénérer, le baptême. Et pensons aussi à nous-mêmes, si l’un de nous risque de glisser dans cette acédie, dans ce péché neutre : le péché du neutre, c’est cela, ni blanc ni noir, on ne sait pas ce que c’est. Et c’est un péché que le diable peut utiliser pour annihiler notre vie spirituelle et même notre vie personnelle.
Que le Seigneur nous aide à comprendre combien ce péché est mauvais et dangereux.
pape François ce 24 mars 2020 - Bénédiction du Saint Sacrement, après la Messe et un temps d'adoration

 

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Frère Adrien Candiard, dominicain, couvent du Caire
Extraits des méditations du 09, 11 & 13/02/2015
Signe dans la Bible

Déconcertante logique du Royaume, qui vient nourrir tant de paraboles de Jésus : ce qui est partagé vit et grandit, quand ce qu’on garde pour soi est perdu. Une logique si loin de notre expérience quotidienne, où ce que nous donnons, nous ne l’avons plus. Cela est vrai, du moins, pour les choses matérielles la logique comptable de l’argent. Mais notre erreur, c’est de croire que tout fonctionne comme cela. N’expérimentons-nous pas qu’il en va autrement pour les choses essentielles ? Que la joie, l’amitié, l’amour, la confiance, la foi en Dieu aussi, grandissent quand ils sont partagés et qu’ils ne diminuent, précisément, que lorsqu’on les garde pour soi ?

Il ne s’agit pas, bien sûr, de chercher dans la prière une excuse à la paresse ou à l’indifférence aux besoins des autres ; mais pour les servir utilement, il est bon de n’être pas dépassé par les événements. (...) Sans cela, nous nous exposons à la mésaventure qu’évoque Isaïe : (...) brasser du vent sans résultat, sans voir que c’est Dieu qui donnera Vie à tout ce que nous faisons, si nous nous mettons à son diapason, sur sa longueur d’ondes. Quand nous prétendons devoir sauver le monde par notre seule énergie, souvenons-nous que nous ne le sauverons pas, pour une très bonne raison : il a déjà été sauvé, Jésus l’a déjà sauvé.

Réjouissez-vous aussi, vous qui n’avez pas connu Jésus quand il parcourait les routes de Galilée, parce que vous le connaissez aussi, parce qu’il se tient là, Vivant, à la porte de votre cœur. Réjouissez-vous, d’une joie qui n’est pas un simple lieu commun de sacristie, d’une joie qui ne supprimera pas comme par magie les épreuves et les chagrins, mais qui les traversera, comme le Christ a traversé la mort. Réjouissez-vous, parce que vous n’êtes plus seuls. Réjouissez-vous, parce que vous êtes Aimés.


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Père Timothy Radcliffe -
Conférence du 13 octobre 1998 sur la vie religieuse

« Il ne suffit pas de s’asseoir et d’attendre la venue du Règne. Les frères les plus jeunes ne sont parfois pas d’accord avec moi, mais il faut bien se sortir du lit chaque matin pour faire quelque chose. (…) Je me souviens avoir demandé un jour à un frère particulièrement paresseux ce qu’il faisait. Il m’a répondu qu’il était un « signe eschatologique », attendant la venue du Règne » 
« Quand nous étions chez vous, nous vous donnions cet ordre : si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. Or, nous apprenons que certains d’entre vous mènent une vie déréglée, affairés sans rien faire. À ceux-là, nous adressons dans le Seigneur Jésus Christ cet ordre et cet appel : qu’ils travaillent dans le calme pour manger le pain qu’ils auront gagné. » (2 Th 3, 10-12)
L’espérance est une vertu dynamique qui s’accorde mal avec une attitude de passivité, de défaitisme, d’apitoiement sur moi-même où l’on se considère comme victime. « Ma vie nul ne la prend, c’est moi qui la donne » (Jn 10,
18). C’est un peu comme la multiplication des pains : si on apporte 0, cela fera toujours 0. Jésus est prêt à multiplier ; encore faut-il qu’on lui donne quelque chose à multiplier ! 

463

St Jean de la Croix
Montée du Carmel, 1,11
Qu'importe que l'oiseau soit retenu par un fil léger ou par une corde ? Le fil qui le retient a beau être léger, l'oiseau y reste attaché comme à la corde et, tant qu'il ne l'aura pas rompu, il ne pourra voler... Et cependant il suffirait d'un bon coup d'aile pour rompre le fil qui l'attachait.

446

Bible - Ancien Testament
Proverbes 24, 30-34
J'ai passé près du champ d'un paresseux, et près de la vigne d'un insensé. Et voici, ... les épines y croissaient partout, les ronces en couvraient la surface, et le mur de pierres était écroulé. J'ai regardé, et j'ai appliqué mon cœur, j'ai considéré et j'ai tiré cette leçon : « Un peu de sommeil, un peu d'assoupissement, un peu croiser les mains pour dormir, et ta pauvreté viendra comme un rôdeur, et ton indigence comme un homme armé. »

211

Bible - Ancien Testament
Proverbes 10, 26-29
Ce que le vinaigre est aux dents et la fumée aux yeux, tel est le paresseux pour ceux qui l'envoient. La crainte de Yahweh augmente les jours, mais les années des méchants sont abrégées. L'attente des justes n'est que joie, mais l'espérance des méchants périra. La voie de Yahweh est un rempart pour le juste, mais elle est une ruine pour ceux qui font le mal.

169

St Jérôme
Comment. sur St Matthieu II, p .221
J’ai eu peur et je suis allé cacher mon talent (Mt 25, 14-30).
La parole de l’Écriture "pour trouver des excuses à ses péchés" (Ps 140,4) s’applique vraiment aussi à ce serviteur : à la paresse, à la négligence, s’ajoute la faute d’insolence. Au lieu de confesser tout simplement son inaction, comme il l’aurait dû, de supplier le maître de maison, au contraire il l’accuse, prétend avoir agi avec prudence par peur de s’exposer à perdre le capital en cherchant à le faire fructifier.

158

La Didaché, XII
Que quiconque vient au nom du Seigneur soit reçu. Puis, après l'avoir mis à l'épreuve, vous le connaîtrez, car vous aurez l'intelligence de la droite et de la gauche [du bien et du mal]. Si l'arrivant est de passage, aidez-le autant que vous pouvez ; mais il ne restera chez vous que deux ou trois jours, s'il y a nécessité. S'il veut, ayant un métier, se fixer parmi vous, qu'il travaille et qu'il mange ; s'il n'a pas de métier, veillez selon votre intelligence à ce qu'un chrétien ne vive pas parmi vous sans rien faire. Mais, s'il ne veut pas agir ainsi, c'est un trafiquant du Christ ; tenez-vous en garde contre de tels gens.

150

St Jean Chrysostome
Homélies sur l'évangile de St Matthieu, 44, 3
Une autre partie de la semence tomba dans une bonne terre, et elle fructifia; quelques grains rendant cent pour un, d’autres soixante, et d’autres trente. Que celui-là l’entende qui a des oreilles pour entendre.
Il n’y a que cette quatrième partie de toute la semence qui se sauve, et encore même avec beaucoup d’inégalité et de différence. Jésus-Christ voulait dire par là qu’il offrait indifféremment à tous les instructions de sa parole. Car comme un laboureur ne choisit point en semant, et ne fait aucun discernement d’une terre d’avec une autre, mais répand sa semence également partout, Jésus-Christ de même, en prêchant, ne faisait point de distinction entre le riche et le pauvre, entre le savant et l’ignorant, entre l’âme ardente et celle qui était lâche et paresseuse. Il semait de même sur tous les cœurs, et il faisait de son côté tout ce qu’il devait faire, quoiqu’il n’ignorât pas quel devait être le succès de son travail.

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Réginald Garrigou-Lagrange
Les trois âges de la vie intérieure, vol. I, p. 83
Éd. du Cerf, Paris, 1938-1939
Ces vertus morales consistent dans un juste milieu entre deux extrêmes, l’un par excès, l’autre par défaut. (...) Les épicuriens et les tièdes entendent garder un juste milieu, non par amour de la vertu, mais par commodité, pour fuir les inconvénients des vices contraires. Ils confondent le juste milieu et la médiocrité, qui se trouve, non pas précisément entre deux maux contraires, mais à mi-cotê, entre le bien et le mal. La médiocrité ou la tiédeur fuit le bien supérieur comme un extrême à éviter ; elle cache sa paresse sous ce principe : "le mieux est parfois l’ennemi du bien" , et elle finit par dire : "le mieux est souvent, sinon toujours, l’ennemi du bien". Elle finit ainsi par confondre le bien avec le médiocre.

Jésus disait à ses disciples : "Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai Aimés." (Jn 15, 12)