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        Xavière, Geneviève Comeau
         ( Xavière, Geneviève Comeau est enseignante au Centre Sèvres (Facultés jésuites de Paris). Co-auteur de Le pari de l’espérance (Lessius 2016) - Extrait d'une interview diffusée par le journal numérique la Croix du 22 avril 2020)
"Le tombeau vide me parle beaucoup. L’espérance, c’est quand la pierre qui bouche l’avenir est roulée. Le tombeau est vide – ce n’est pas là qu’il faut chercher Jésus – et en même temps il est ouvert. Les femmes au tombeau sont des disciples de la première heure. (...) Elles ont suivi Jésus jusqu’au bout dans une fidélité incroyable. Quand, le matin, elles viennent voir le tombeau, il y a en elles comme une supplication muette : « Que même la mort ne me sépare pas de Toi. » L’ange leur annonce la résurrection de Jésus et les envoie vers les autres. Et c’est alors qu’elles se trouvent en chemin, en route, que leur prière est exaucée : Jésus vient à leur rencontre. 
Dans nos manières de vivre, il y a sûrement des lieux où nous nous rétrécissons, où nous perdons courage. L’ange nous invite à nous détourner de ces lieux tout en restant dans notre situation de confinement. La liberté extérieure est réduite. C’est le moment de cultiver notre liberté intérieure et d’y être vigilants. Quand je sens que mon horizon intérieur s’assombrit et se rétrécit, ne pas m’y complaire. Résister pour ne pas m’y laisser enfermer. C’est nécessaire tous les jours, et parfois, plusieurs fois par jour. Cette ascèse n’est pas du volontarisme. Il ne s’agit pas d’être crispé mais de demander au Seigneur de nous aider à avoir cette liberté intérieure. L’espérance nous invite à faire un premier pas intérieur avec cette audace confiante qui ouvre dans la mer un passage. 
Jésus leur dit : « La paix soit avec vous. » J’ai perdu une amie très chère dans ce contexte du Covid-19. Bien sûr, je n’ai pas pu me rendre à son enterrement. Mais j’ai pu assister à sa retransmission par Internet. Le début de la célébration était très difficile à vivre pour moi. Et peu à peu, j’ai senti un apaisement. Le rituel de la liturgie, l’écoute de la Parole de Dieu me donnaient la paix. Dans ce temps de confinement, peut-être que l’espérance est liée à cette paix intérieure donnée pour accepter ce que nous ne pouvons pas changer. Car nous avons aussi à discerner ce que nous ne pouvons pas changer, et ce contre quoi nous devons lutter et résister pour laisser le passage ouvert."
 

2420

        pape François
         ( Homélie du 19 avril 2020 - 2ème Dimanche de Pâques - Dimanche de la Miséricorde Thomas/ la miséricorde)
Dimanche dernier, nous avons célébré la résurrection du Maître. Aujourd’hui, nous assistons à la résurrection du disciple. Une semaine s’est écoulée, une semaine que les disciples, bien qu’ayant vu le Ressuscité, ont passée dans la peur, « les portes verrouillées » (Jn 20, 26), sans même réussir à convaincre de la résurrection l’unique absent, Thomas. Que fait Jésus face à cette incrédulité craintive ? Il revient, il se met dans la même position, « au milieu » des disciples et répète la même salutation : « La paix soit avec vous !» (Jn 20, 19.26). Il recommence tout depuis le début. 
La résurrection du disciple commence ici, à partir de cette miséricorde fidèle et patiente, à partir de la découverte que Dieu ne se lasse pas de nous tendre la main pour nous relever de nos chutes. Il veut que nous le voyions ainsi : non pas comme un patron à qui nous devons rendre des comptes, mais comme notre Papa qui nous relève toujours. Dans la vie, nous avançons à tâtons, comme un enfant qui commence à marcher mais qui tombe. Quelques pas et il tombe encore ; il tombe et retombe, et chaque fois le papa le relève. La main qui nous relève est toujours la miséricorde : Dieu sait que sans miséricorde, nous restons à terre, que pour marcher, nous avons besoin d’être remis debout. Et tu peux objecter : ‘‘Mais je ne cesse jamais de tomber !’’. Le Seigneur le sait et il est toujours prêt à te relever. Il ne veut pas que nous repensions sans arrêt à nos chutes, mais que nous le regardions lui qui, dans les chutes, voit des enfants à relever, dans les misères voit des enfants à aimer avec miséricorde. 
Aujourd’hui, dans cette église devenue sanctuaire de la miséricorde à Rome, en ce dimanche que saint Jean-Paul II a consacré à la Miséricorde Divine il y a vingt ans, accueillons avec confiance ce message. Jésus a dit à sainte Faustine : « Je suis l’amour et la miséricorde même ; il n’est pas de misère qui puisse se mesurer avec ma miséricorde » (Journal, 14 septembre 1937). Une fois, la Sainte a dit à Jésus, avec satisfaction, d’avoir offert toute sa vie, tout ce qu’elle possédait. Mais la réponse de Jésus l’a bouleversée : « Tu ne m’as pas offert ce qui t’appartient vraiment ». Qu’est-ce que cette sainte religieuse avait gardé pour elle ? Jésus « lui dit avec douceur » : ‘‘Ma fille, donne-moi ta misère’’ » (10 octobre 1937). Nous aussi, nous pouvons nous demander : ‘‘Ai-je donné ma misère au Seigneur ? Lui ai-je montré mes chutes afin qu’il me relève ?’’ Ou alors il y a quelque chose que je garde encore pour moi ? Un péché, un remords concernant le passé, une blessure que j’ai en moi, une rancœur envers quelqu’un, une idée sur une certaine personne… Le Seigneur attend que nous lui apportions nos misères, pour nous faire découvrir sa miséricorde. 
Revenons aux disciples ! Ils avaient abandonné le Seigneur durant la passion et ils se sentaient coupables. Mais Jésus, en les rencontrant, ne fait pas de longues prédications. À eux qui étaient blessés intérieurement, il montre ses plaies. Thomas peut les toucher et il découvre l’amour ; il découvre combien Jésus avait souffert pour lui qui l’avait abandonné. Dans ces blessures, il touche du doigt la proximité amoureuse de Dieu. Thomas, qui était arrivé en retard, quand il embrasse la miséricorde, dépasse les autres disciples : il ne croit pas seulement à la résurrection, mais à l’amour sans limites de Dieu. Et il se livre à la confession de foi la plus simple et la plus belle : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (v. 28). Voilà la résurrection du disciple : elle s’accomplit quand son humanité fragile et blessée entre dans celle de Jésus. Là, les doutes se dissipent, là Dieu devient mon Dieu, là on recommence à s’accepter soi-même et à aimer sa propre vie. 
Chers frères et sœurs, dans l’épreuve que nous sommes en train de traverser, nous aussi, comme Thomas, avec nos craintes et nos doutes, nous nous sommes retrouvés fragiles. Nous avons besoin du Seigneur, qui voit en nous, au-delà de nos fragilités, une beauté indélébile. Avec lui, nous nous redécouvrons précieux dans nos fragilités. Nous découvrons que nous sommes comme de très beaux cristaux, fragiles et en même temps précieux. Et si, comme le cristal, nous sommes transparents devant lui, sa lumière, la lumière de la miséricorde, brille en nous, et à travers nous, dans le monde. Voilà pourquoi il nous faut, comme nous l’a dit la Lettre de Pierre, exulter de joie, même si nous devons être affligés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d’épreuves (cf. 1P 1, 6). 
En cette fête de la Miséricorde Divine, la plus belle annonce se réalise par l’intermédiaire du disciple arrivé en retard. Manquait seul lui, Thomas. Mais le Seigneur l’a attendu. Sa miséricorde n’abandonne pas celui qui reste en arrière. Maintenant, alors que nous pensons à une lente et pénible récupération suite à la pandémie, menace précisément ce danger : oublier celui qui est resté en arrière. 
Le risque, c’est que nous infecte un virus pire encore, celui de l’égoïsme indifférent. Il se transmet à partir de l’idée que la vie s’améliore si cela va mieux pour moi, que tout ira bien si tout ira bien pour moi. On part de là et on en arrive à sélectionner les personnes, à écarter les pauvres, à immoler sur l’autel du progrès celui qui est en arrière. Cette pandémie nous rappelle cependant qu’il n’y a ni différences ni frontières entre ceux qui souffrent. Nous sommes tous fragiles, tous égaux, tous précieux. Ce qui est en train de se passer nous secoue intérieurement : c’est le temps de supprimer les inégalités, de remédier à l’injustice qui mine à la racine la santé de l’humanité tout entière ! 
Mettons-nous à l’école de la communauté chrétienne des origines, décrite dans le livre des Actes des Apôtres ! Elle avait reçu miséricorde et vivait la miséricorde : « Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun ; ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun » (Ac 2, 44-45). Ce n’est pas une idéologie, c’est le christianisme. 
Dans cette communauté, après la résurrection de Jésus, un seul était resté en arrière et les autres l’ont attendu. Aujourd’hui, c’est le contraire qui semble se passer : une petite partie de l’humanité est allée de l’avant, tandis que la majorité est restée en arrière. Et chacun pourrait dire : « Ce sont des problèmes complexes, il ne me revient pas de prendre soin des personnes dans le besoin, d’autres doivent y penser !’’. Sainte Faustine, après avoir rencontré Jésus, a écrit : « Dans une âme souffrante, nous devons voir Jésus crucifié et non un parasite et un poids… [Seigneur], tu nous donnes la possibilité de pratiquer les œuvres de miséricorde et nous nous livrons à des jugements » (Journal, 6 septembre 1937). Cependant, elle-même s’est plainte un jour à Jésus qu’en étant miséricordieux on passe pour un naïf. Elle a dit : « Seigneur, on abuse souvent de ma bonté ». Et Jésus a répondu : « Peu importe, ma fille, ne t’en soucie pas, toi, sois toujours miséricordieuse envers tout le monde » (24 décembre 1937). Envers tous : ne pensons pas uniquement à nos intérêts, aux intérêts partisans. 
Saisissons cette épreuve comme une occasion pour préparer l’avenir de tous. En effet, sans une vision d’ensemble, il n’y aura d’avenir pour personne. Aujourd’hui, l’amour désarmé et désarmant de Jésus ressuscite le cœur du disciple. Nous aussi, comme l’apôtre Thomas, accueillons la miséricorde, salut du monde. Et soyons miséricordieux envers celui qui est plus faible : ce n’est qu’ainsi que nous construirons un monde nouveau.

2394

    Maurice Zundel
     (
Silence, parole de vie, transcription d'une retraite donnée en 1959, Anne Sigier, 1990, p. 129.)
Selon Maurice Zundel, en demandant à Marie Madeleine de ne pas le toucher, Jésus indique qu'une fois la résurrection accomplie, le lien entre l'humanité et sa divine personne n'est plus physique, mais passe désormais par le lien de cœur et la communion eucharistique. « Il faut qu'Il établisse cet écart, il faut qu'elle comprenne (et avec Marie Madeleine, toute l'humanité) que la seule voie possible, c'est la Foi, que les mains ne peuvent atteindre la personne et que c'est du dedans, du dedans seulement, que l'on peut s'approcher de Lui.
De même, plus tard, lorsque l'apôtre Thomas tiendra à toucher les plaies de Jésus (et Il lui permettra de le faire à cause de son incrédulité première), Il lui déclarera néanmoins : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu », car « Il sait que cela ne sert de rien».

2393

    pape François 
     (
Homélie du Dimanche de Pâques -16 avril 2017)
"Aujourd'hui, l'Église continue de dire : "Arrête-toi, Jésus est ressuscité". Et ce n'est pas une fantaisie, la Résurrection du Christ n'est pas une fête avec beaucoup de fleurs. C'est beau, mais ce n’est pas seulement cela, c’est beaucoup plus ; c'est le Mystère de la pierre écartée qui finit par être le fondement de notre existence. Et nous aussi, les cailloux sur le sol, dans cette terre de douleur, de tragédie, avec la foi dans le Christ ressuscité ont un sens, au milieu de tant de calamités. Le sentiment de regarder au-delà, le sentiment de dire : "Regarde, il n'y a pas de mur ; il y a un horizon, il y a la vie, il y a la joie, il y a la croix avec cette ambivalence. Regarde devant toi, ne t’arrête pas. Tu es un caillou, mais ta vie a un sens parce que tu es un caillou près de cette pierre, cette pierre que la méchanceté du péché a jetée". Frères et sœurs, voilà ce que je voulais vous dire. Rentrez chez vous aujourd'hui, en répétant dans vos cœurs : "Le Christ est ressuscité".

2392

    pape François 
     (
Audience générale du 17 mai 2017)
« Qu'il est beau de penser que la première apparition du Ressuscité - selon les Évangiles - s'est déroulée de façon si personnelle ! Qu'il y a quelqu'un qui nous connaît, qui voit notre souffrance et notre déception, et qui est ému pour nous, et nous appelle par notre nom.
C'est une loi que l'on retrouve sculptée dans de nombreuses pages de l'Évangile.
Autour de Jésus, il y a beaucoup de gens qui cherchent Dieu ; mais la réalité la plus prodigieuse est que, bien plus tôt, il y a d'abord Dieu qui prend soin de notre vie, qui veut la relever, et pour ce faire, Il nous appelle par notre nom, reconnaissant le visage personnel de chacun.
Chaque homme est une histoire d'amour que Dieu écrit sur cette terre. Chacun de nous est une histoire de l'amour de Dieu. Les Évangiles nous décrivent le bonheur de Marie : la résurrection de Jésus n'est pas une joie donnée au compte-goutte, mais une cascade qui investit toute la vie."

2389

    Saint Augustin (354-430)
     (Lettre à Sapida
)
"Nos corps même ne périront pas pour l'éternité, pas un cheveu de notre tête ne périra, et les âmes reprendront leur corps déposé pour un temps ; elles ne s'en sépareront plus, et la condition de ces corps sera meilleure que l'actuelle : il faut donc bien plus se féliciter dans l'espérance d'une éternité d'un prix infini, qu'il ne faut s'affliger dans une chose d'un temps si court; C'est là l'espérance que n'ont point les païens, qui ne connaissent pas les Écritures ni la puissance de Dieu ; car Dieu peut rétablir ce qui a péri, vivifier ce qui est mort, renouveler ce qui est corrompu, rapprocher ce qui est séparé, et conserver sans fin ce qui est périssable et fini. "

2388

    Charles Gay (1815-1892)
     (Sermon du 3 août 1851)
"Nous sommes déjà ressuscités en Jésus Christ ; nos âmes le sont, nos corps vont l'être. Est-ce que déjà, de leur tête à leurs pieds, l'éternelle vie ne les pénètre pas par tous nos sacrements ? Tressaille donc d'espoir et d'allégresse, ô ma chair, membre de Jésus Christ, corps de Dieu ! Dieu t'aime comme soi-même : Il peut bien consentir que la douleur et la mort te purifient ; il ne consentira pas que la mort te garde. Tout en toi, jusqu'à tes cheveux, est sacré ; et, de ces cheveux de ta tête, il ne s'en perdra pas même un seul.
Rien ne périt pour Dieu ; rien ne se dérobe à son œil infini ; rien ne sort de sa main ; et, nos restes fussent-ils dispersés aux quatre coins du monde, les quatre coins du monde obéiront à Dieu quand viendra l'heure, et rendront fidèlement leurs débris."

2387

    Charles Gay (1815-1892)
     (90e élévation)
"Un jour, dans votre histoire, ô Dieu, vous avez eu un tombeau sur la terre, et selon cette nature que vous nous aviez empruntée, justement pour y pourvoir et souffrir et mourir, ce tombeau vous a renfermé.
Ce corps n'était point du tout un cadavre ; car pour défait qu'il fût et déchiré par tant d'affreux supplices, ce corps ne subissait ni ne pouvait subir l'ombre d'une corruption. La mort avait bien eu licence de frapper Jésus d'un premier coup, et c'est Jésus même qu'elle avait reçu cette permission, mais, parce que là finissait sa fonction, là aussi s'arrêtait son pouvoir. La victime une fois immolée, le tombeau où on la déposait devenait un vrai Tabernacle.
Était-ce donc un lieu de mort que ce tombeau de Jésus ? Tout tombeau est un lieu de mort. Mais au fond, en réalité, pour la Foi qui est la vraie lumière, était-ce la vie ou la mort qu'abritait cette tombe ? C'était la vie, une vie silencieuse, si l'on veut, une vie cachée et comme semée, attendant son moment pour éclore et paraître au monde, mais c'était bien la vie, et quelle vie ! Une vie haute, pleine, royale, maîtresse absolue d'elle même, et qui, éclipsée trois jours pour l'avoir librement voulu, allait tout à l'heure éclater au dehors et peu à peu tout envahir, plus forte que le temps, plus vaste que l'espace, plus profonde que l'enfer.
Oui, ce qui est mort en vous, ô mon Dieu, est plus vivant que tout le reste qui vit au ciel et sur la terre. Le grain de froment va refleurir en épi ; ce n'est pas même seulement un épi qu'il devient, c'est une moisson immense devant remplir la terre, persister jusqu'au dernier jour et nourrir divinement toute notre pauvre humanité.
Toute la vie de l'Eglise jusqu'à la fin des temps, toute vie surnaturelle donnée aux créatures, jaillit de ce rocher creusé où votre sacré corps a reposé trois jours : votre sépulcre est le grand baptistère où tous les enfants d'Adam se plongent, pour en renaître enfants de Dieu."

2386

    Pape François 
    (Homélie lors de la Veillée Pascale (A)-  12 avril 2020) 
« Après le sabbat » (Mt 28, 1) les femmes allèrent au tombeau. C’est ainsi qu’a commencé l’Evangile de cette Veillée sainte, par le sabbat. C’est le jour du Triduum pascal que nous négligeons le plus, pris par la frémissante attente de passer de la croix du vendredi à l’alléluia du dimanche. Cette année, cependant, nous percevons plus que jamais le samedi saint, le jour du grand silence. Nous pouvons nous retrouver dans les sentiments des femmes en ce jour. Comme nous, elles avaient dans les yeux le drame de la souffrance, d’une tragédie inattendue arrivée trop vite. Elles avaient vu la mort et avaient la mort dans leur cœur. A la souffrance s’ajoutait la peur : leur arriverait-il, à elles aussi, la même fin qu’au Maître ? Et puis les craintes pour l’avenir, tout à reconstruire. La mémoire blessée, l’espérance étouffée. Pour elles c’était l’heure la plus sombre, comme pour nous. 
Mais dans cette situation les femmes ne se laissent pas paralyser. Elles ne cèdent pas aux forces obscures de la lamentation et du regret, elles ne se renferment pas dans le pessimisme, elles ne fuient pas la réalité. Le jour du sabbat, elles accomplissent quelque chose de simple et d’extraordinaire : dans leurs maisons elles préparent les parfums pour le corps de Jésus. Elles ne renoncent pas à l’amour : dans l’obscurité du cœur, elles allument la miséricorde. La Vierge, le samedi, jour qui lui sera dédié, prie et espère. Dans le défi de la douleur, elle a confiance dans le Seigneur. Ces femmes, sans le savoir, préparaient dans l’obscurité de ce sabbat « l’aube du premier jour de la semaine », le jour qui aurait changé l’histoire. Jésus, comme une semence dans la terre, allait faire germer dans le monde une vie nouvelle ; et les femmes, par la prière et l’amour, aidaient l’espérance à éclore. Combien de personnes, dans les jours tristes que nous vivons, ont fait et font comme ces femmes, semant des germes d’espérance ! Par de petits gestes d’attention, d’affection, de prière. 
A l’aube, les femmes vont au tombeau. Là l’ange leur dit : « Vous, soyez sans crainte. Il n’est pas ici, il est ressuscité » (vv.5-6). Devant une tombe, elles entendent des paroles de vie… Et ensuite elles rencontrent Jésus, l’auteur de l’espérance, qui confirme l’annonce et dit : « Soyez sans crainte » (v. 10). N’ayez pas peur, soyez sans crainte : voici l’annonce d’espérance. Elle est pour nous, aujourd’hui. Ce sont les paroles que Dieu nous répète dans la nuit que nous traversons. 
Cette nuit nous conquerrons un droit fondamental, qui ne nous sera pas enlevé : le droit à l’espérance. C’est une espérance nouvelle, vivante, qui vient de Dieu. Ce n’est pas un simple optimisme, ce n’est pas une tape sur l’épaule ou un encouragement de circonstance. Non. C’est un don du Ciel que nous ne pouvons pas nous procurer tout seuls. Tout ira bien, disons-nous avec ténacité en ces semaines, en nous agrippant à la beauté de notre humanité et en faisant monter de notre cœur des paroles d’encouragement. Mais, avec les jours qui passent et les peurs qui grandissent, même l’espérance la plus audacieuse peut s’évaporer. L’espérance de Jésus est différente. Elle met dans le cœur la certitude que Dieu sait tout tourner en bien, parce que, même de la tombe, il fait sortir la vie. 
La tombe c’est le lieu d’où celui qui rentre ne sort pas. Mais Jésus est sorti pour nous, il est ressuscité pour nous, pour apporter la vie là où il y avait la mort, pour commencer une histoire nouvelle là où on avait mis une pierre dessus. Lui, qui a renversé le rocher à l’entrée de la tombe, peut déplacer les rochers qui scellent notre cœur. Par conséquent, ne cédons pas à la résignation, ne mettons pas une pierre sur l’espérance. Nous pouvons et nous devons espérer, parce que Dieu est fidèle. Il ne nous a pas laissé seuls, il nous a visité : il est venu dans chacune de nos situations, dans la douleur, dans l’angoisse, dans la mort. Sa lumière a illuminé l’obscurité du tombeau : aujourd’hui il veut rejoindre les coins les plus obscurs de la vie. Sœur, frère, même si dans ton cœur tu as enseveli l’espérance, ne baisse pas les bras : Dieu est plus grand. L’obscurité et la mort n’ont pas le dernier mot. Courage, avec Dieu rien n’est perdu. 
Courage : c’est un mot qui dans l’Evangile sort toujours de la bouche de Jésus. Une seule fois d’autres la prononcent, pour dire à une personne dans le besoin : « Courage ! lève-toi, [Jésus] t’appelle » (Mc 10, 49). C’est lui, le Ressuscité, qui nous relève nous qui sommes dans le besoin. Si tu es faible et fragile sur le chemin, si tu tombes, ne crains pas, Dieu te tend la main et te dit : “Courage!”. Mais tu pourrais dire, comme don Abbondio : « Le courage, personne ne peut se le donner » ( I Promessi Sposi [d’Alessandro Manzoni, ndlr]- Les fiancés, XXV). Tu ne peux pas te le donner, mais tu peux le recevoir, comme un don. Il suffit d’ouvrir ton cœur dans la prière, il suffit de soulever un peu cette pierre mise à l’entrée de ton cœur pour laisser entrer la lumière de Jésus. Il suffit de l’inviter : “Viens, Jésus, dans mes peurs et dis-moi aussi : Confiance”. Avec toi, Seigneur, nous serons éprouvés mais non ébranlés. Et, quelle que soit la tristesse qui habite en nous, nous sentirons de devoir espérer, parce qu’avec toi la croix débouche sur la résurrection, parce que tu es avec nous dans l’obscurité de nos nuits : tu es certitude dans nos incertitudes, Parole dans nos silences, et rien ne pourra jamais nous voler l’amour que tu nourris pour nous. 
Voilà l’annonce pascale, une annonce d’espérance. Elle contient une deuxième partie, l’envoi. « Allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée » (Mt 28, 10), dit Jésus. « Il vous précède en Galilée » (v. 7), dit l’ange. Le Seigneur nous précède, il nous précède toujours. C’est beau de savoir qu’il marche devant nous, qu’il a visité notre vie et notre mort pour nous précéder en Galilée, c’est-à-dire dans le lieu qui pour lui et pour ses disciples rappelait la vie quotidienne, la famille, le travail. Jésus désire que nous portions l’espérance là, dans la vie de chaque jour. Mais la Galilée, pour les disciples, c’était aussi le lieu des souvenirs, surtout du premier appel. Retourner en Galilée c’est se souvenir d’avoir été aimés et appelés par Dieu. Chacun de nous a sa propre Galilée. Nous avons besoin de reprendre le chemin, nous rappelant que nous naissons et que nous renaissons d’un appel gratuit d’amour, là, dans ma Galilée. C’est le point d’où repartir toujours, surtout dans les crises, dans les temps d’épreuve. Dans le souvenir de ma Galilée. 
Mais il y a plus. La Galilée c’était la région la plus éloignée d’où ils se trouvaient, de Jérusalem. Et pas seulement géographiquement : la Galilée était le lieu le plus distant de la sacralité de la Ville sainte. C’était une région peuplée de gens divers qui pratiquaient des cultes variés : c’était la « Galilée des nations » (Mt 4, 15). Jésus envoie là-bas, il demande de repartir de là-bas. Qu’est-ce que cela nous dit ? Que l’annonce de l’espérance ne doit pas être confinée dans nos enceintes sacrées, mais doit être apportée à tous. Parce que tous ont besoin d’être encouragés et, si nous ne le faisons pas nous, qui avons touché du doigt « le Verbe de vie » (1 Jn 1, 1), qui le fera ? 
Qu’il est beau d’être des chrétiens qui consolent, qui portent les poids des autres, qui encouragent : annonciateurs de vie en temps de mort ! En chaque Galilée, en chaque région de cette humanité à laquelle nous appartenons et qui nous appartient, parce que nous sommes tous frères et sœurs, apportons le chant de la vie ! Faisons taire le cri de mort, ça suffit avec les guerres ! Que s’arrêtent la production et le commerce des armes, parce que c’est de pain et non de fusils dont nous avons besoin. Que cessent les avortements, qui tuent la vie innocente. Que s’ouvrent les cœurs de ceux qui ont, pour remplir les mains vides de qui est privé du nécessaire. 
Les femmes, à la fin, « embrassèrent les pieds » de Jésus (Mt 28, 9), ces pieds qui pour venir à notre rencontre avaient fait un long chemin, jusqu’à entrer et sortir de la tombe. Elles embrassèrent les pieds qui avaient piétiné la mort et ouvert le chemin de l’espérance. Nous, pèlerins en recherche d’espérance, aujourd’hui nous nous serrons contre toi, Jésus Ressuscité. Nous tournons le dos à la mort et nous t’ouvrons nos cœurs, toi qui es la Vie.

2384

    Pape François 
    (Homélie du 13 avril 2020 - Lundi dans l'Octave de Pâques - A- 
le Pape François a commenté l’Évangile de ce jour (Mt 28, 8-15)
" L’Évangile d’aujourd’hui nous présente un choix, un choix de tous les jours, un choix humain mais qui tient depuis ce jour-là, entre la joie, l’espérance de la résurrection de Jésus et la nostalgie du tombeau.

Les femmes vont de l’avant pour apporter la Bonne Nouvelle -Dieu commence toujours avec les femmes, elles ouvrent la route. Elles ne doutent pas, elles savent, elles l’ont vu, elles l’ont touché. Elles ont vu le tombeau vide. C’est vrai que les disciples ne pouvaient pas le croire. Ils se disaient que ces femmes avaient peut-être trop de fantaisie… Je ne sais pas… Ils avaient des doutes, mais pas elles, elles étaient sûres et elles sont allées de l’avant jusqu’à aujourd’hui pour dire que Jésus est ressuscité, qu'il est vivant parmi nous. Puis, il y a une autre option : c’est mieux de ne pas vivre avec un tombeau vide. Ce tombeau vide créera beaucoup de problèmes. Il y a la décision de cacher les faits. Et comme toujours : quand on ne sert pas Dieu, le Seigneur, nous servons l’autre dieu, l’argent.

Rappelons ce que Jésus a dit, il y a deux seigneurs, le Seigneur Dieu et le maître argent. On ne peut les servir tous les deux. Pour sortir de cette évidence, de cette réalité, les prêtres et les docteurs de la loi ont choisi l’autre route, celle qu’offrait leur dieu : l’argent, et ils ont payé le silence des témoins. Un des gardes avait confessé, à peine Jésus était-il mort, «vraiment, celui-ci était le fils de Dieu !». Ces pauvres gardes ne comprennent pas, ils ont peur parce qu’il en va de leur vie. Ils sont allés voir les docteurs de la loi et ces derniers les ont payés, ils ont acheté leur silence. Et cela est pure corruption.

Si tu ne confesses pas que Jésus Christ est le Seigneur, demande-toi pourquoi, (demande-toi) où est le sceau de ton tombeau, où est la corruption. Il est vrai que beaucoup de gens ne confessent pas Jésus parce qu’ils ne le connaissent pas, qu’on ne leur a pas annoncé avec cohérence, c’est notre faute. Mais quand, devant les évidences, on prend un autre chemin, c’est le chemin du diable, la route de la corruption. On paie, toi, sois silencieux.

Aujourd’hui encore, devant la fin qu’on espère prochaine de cette pandémie, nous avons deux options : est-ce que notre pari sera la vie, la résurrection des peuples ou ce sera le dieu argent : retourner au tombeau de la faim, de l’esclavage, des guerres, de la fabrication d’armes, des enfants sans éducation... Là est le tombeau.

Que le Seigneur, dans notre vie personnelle ou sociale, nous aide toujours à choisir l’annonce : l’annonce qui est un horizon ouvert, toujours, qui nous pousse à choisir le bien des gens et à ne jamais tomber dans le tombeau du dieu argent."

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    Saint Augustin (354-430)
    (Sermon pour la semaine de Pâques)
"C'est sur la résurrection du Christ qu'est établie notre foi. Les païens, les impies et les juifs croient bien la Passion du Sauveur, mais les chrétiens seuls croient sa résurrection. Le Christ est source de Vie. C'est vers nous que s'est dirigée cette source, c'est pour nous qu'elle est morte."
au jour du baptême, cette source a jailli en nous :
" où est maintenant la mort ? Cherche dans le Christ, elle n'y est pas ; elle y a été, mais elle est morte en Lui. Ô Vie suprême, vous êtes la mort de la mort. Courage, mes frères, en nous aussi la mort mourra. Ce qui s'est fait d'abord dans le Chef se fera aussi dans les membres ; en nous aussi la mort mourra. 

2208

    Saint Jean Eudes (1601-1680)
   (La Vie et le Royaume de Jésus)
"Jésus-Christ a dessein de perfectionner en nous le Mystère de sa Passion, de sa mort et de sa Résurrection, en nous faisant souffrir, mourir et ressusciter avec Lui et en Lui. La vie que nous avons sur la terre ne nous est donnée que pour l'employer à l'accomplissement de ces grands desseins que Jésus a sur nous. C'est pourquoi nous devons employer notre temps, nos jours et nos années à coopérer et travailler avec Jésus à ce divin ouvrage de la consommation de Ses Mystères en nous."

1941

      Saint Thomas d'Aquin 
(Somme théologique - Prologue de la troisième partie)

« Notre Sauveur, le Seigneur Jésus […] s'est montré à nous comme le chemin de la vérité, par lequel il nous est possible désormais de parvenir à la résurrection et à la béatitude de la vie immortelle. Dieu s'est incarné (qu. 1-26) ; Il a souffert dans sa chair pour les hommes (qu. 27-59). Nous accédons à la Vie éternelle et aux Sacrements par et dans le Christ.

1891

     pape François 
(Catéchèse du 8 janvier 2014)
"Le baptême est-il vraiment nécessaire pour vivre en chrétiens et suivre Jésus ? N’est-ce pas, au fond, simplement un rite, un acte formel de l’Église pour donner un nom au petit garçon ou à la petite fille ? C’est une question qu’on peut se poser. Et ce qu’écrit l’apôtre Paul à ce propos est éclairant :
« Ne le savez-vous donc pas : nous tous, qui avons été baptisés en Jésus Christ, c’est dans sa mort que nous avons été baptisés. Si, par le baptême dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. » (Rm 6,3-4).
Ce n’est donc pas une formalité ! C’est un acte qui touche notre existence en profondeur. Un enfant baptisé ou un enfant qui n’est pas baptisé, ce n’est pas la même chose. Ce n’est pas la même chose, une personne baptisée, ou une personne qui n’est pas baptisée. Par le baptême, nous sommes immergés dans cette inépuisable source de vie qu’est la mort de Jésus, le plus grand acte d’amour de toute l’histoire ; et grâce à cet amour, nous pouvons vivre une vie nouvelle, non plus à la merci du mal, du péché et de la mort, mais dans la communion avec Dieu et avec nos frères."

1790

     Saint Bernard (1090-1153)
       (traité de l'Amour de Dieu)
"Il s'agit de l'arrivée de la belle saison pour celui qui est passé du gel de la mort à cette douce Vie nouvelle et printanière. L’Époux nous dit : Voici que je fais toute chose nouvelle pour celui dont la chair a été semée dans la mort et refleurit dans la résurrection." 

1683

     Catéchisme de l'Eglise Catholique
       (numéro 1359)
« L’Eucharistie, sacrement de notre salut accompli par le Christ sur la croix, est aussi un sacrifice de louange en action de grâce pour l’œuvre de la création. Dans le sacrifice eucharistique, toute la création aimée par Dieu est présentée au Père à travers la mort et la résurrection du Christ. Par le Christ, l’Église peut offrir le sacrifice de louange en action de grâce pour tout ce que Dieu a fait de bon, de beau et de juste dans la création et dans l’humanité. »

1678

     Saint Augustin (354-430)
       (Sermon pour la semaine de Pâques)
" Où est maintenant la mort ? Cherche dans le Christ, elle n'y est pas ; elle y a été, mais elle est morte en Lui.Ô vie suprême, vous êtes la mort de la mort. Courage, mes frères, en nous aussi la mort mourra. Ce qui s'est fait d'abord dans le Chef se fera aussi dans les membres ; en nous la mort mourra." 

1677

     Saint Jean Chrysostome (350-407)
       (Première homélie sur la Croix et le bon larron)


"Nous voyons l'antique tyrannie du démon renversée, la mort détruite, le fort enchaîné et sa puissance abattue, le péché ôté du monde, la malédiction effacée, le paradis rouvert, l'accès du ciel redonné à l'homme, les hommes unis aux anges, le mur de séparation enlevé, le voile déchiré, le Dieu de paix pacifiant les Cieux et la terre." 

1645

     André Sève
30 minutes pour Dieu - page 95

"Depuis la mort et la Résurrection du Christ, qui rendent tout possible, le Règne arrive là où un homme reconnaît assez Dieu pour lui dire : « Ma liberté, c’est d’être totalement livré à Toi, de vivre pour Toi. »"

1578

      saint Bernard de Clairvaux 
— Sermon 33 sur le Cantique, trad. inédite de Max Huot de Longchamp pour Magnificat.
« Avec sa résurrection, le Christ apporta une lumière plus belle et plus intense que la lumière habituelle ; car si nous le connaissons d'abord selon la chair, ce n'est plus ainsi que nous le connaissons maintenant. 
Il est écrit par le prophète : Il s'est revêtu de beauté, il a revêtu la force, et en a fait sa ceinture (Ps 92, 1), repoussant les infirmités de la chair comme n'importe quel nuage, et revêtant un habit de gloire. Alors, oui, le soleil s'est élevé, et répandant doucement ses rayons sur la terre, il a commencé peu à peu à paraître plus clairement, et s'est fait sentir avec plus de chaleur.
Ici-bas, sa lumière ne sera cependant jamais celle de midi, et il ne sera pas vu en toute sa plénitude comme nous le verrons ensuite, au moins pour ceux auxquels il voudra donner cette vision.
Ô midi véritable ! Plénitude de chaleur et de lumière ! Permanence du soleil ! Disparition des ombres, assèchement des marécages et pureté de l'air ! Ô solstice continuel d'un jour sans déclin ! Ô lumière de midi et douceur du printemps ! Ô splendeur de l'été et abondance de l'automne ! Et pour rien oublier, ô repos et loisir de l'hiver ! Ou si vous préférez, l'hiver seul, alors, s'en ira et disparaîtra ! »



Jésus disait à ses disciples : "Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai Aimés." (Jn 15, 12)