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2444

        Pape François
       (Message pour la 57ème journée mondiale de prière pour les vocations du 3 mai 2020 - Les paroles de la vocation)
Chers frères et sœurs!
Le 4 août de l’année dernière, lors du 160ème anniversaire de la mort du saint Curé d’Ars, j’ai voulu offrir une lettre aux prêtres qui, chaque jour consacrent leur vie à l’appel que le Seigneur leur a adressé, au service du peuple de Dieu.
A cette occasion, j’avais choisi quatre paroles-clés – souffrance – gratitude – courage et louange – pour remercier les prêtres et soutenir leur ministère. J’estime qu’aujourd’hui, en cette 57ème Journée Mondiale de Prière pour les Vocations, ces paroles peuvent être reprises et adressées à tout le Peuple de Dieu, sur le fond d’un passage évangélique qui nous raconte la singulière expérience survenue à Jésus et Pierre, durant une nuit de tempête sur le lac de Tibériade (cf. Mt 14, 22-33). 
Après la multiplication des pains, qui avait enthousiasmé la foule, Jésus ordonna à ses disciples de monter dans la barque et de le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. L’image de cette traversée sur le lac évoque, en quelque manière, le voyage de notre existence. La barque de notre vie, en effet, avance lentement, toujours agitée parce qu’à la recherche d’un lieu d’accostage favorable, prête à affronter les risques et les opportunités de la mer, mais aussi désireuse de recevoir du timonier un virage qui conduise finalement vers la bonne direction. Mais parfois, il peut arriver qu’elle s’égare, qu’elle se laisse aveugler par les illusions, au lieu de suivre le phare lumineux qui la conduit à bon port, ou d’être défiée par les vents contraires des difficultés, des doutes et des peurs.
Il en est de même aussi dans le cœur des disciples, lesquels, appelés à suivre le Maître de Nazareth, doivent se décider à passer sur l’autre rive, en choisissant avec courage d’abandonner leurs sécurités et de se mettre à la suite du Seigneur. Cette aventure n’est pas tranquille : la nuit arrive, le vent contraire souffle, la barque est ballotée par les vagues, et la peur de ne pas y arriver et de pas être à la hauteur de l’appel risque de les dominer. 
L’Evangile nous dit, cependant, que dans l’aventure de ce voyage difficile, nous ne sommes pas seuls. Le Seigneur, presqu’en forçant l’aurore au cœur de la nuit, marche sur les eaux agitées et rejoint les disciples, il invite Pierre à venir à sa rencontre sur les vagues, il le sauve quand il le voit s’enfoncer, et enfin, il monte dans la barque et fait cesser le vent. 
La première parole de la vocation, alors, est gratitude. Naviguer vers le juste cap n’est pas une tâche qui relève de nos seuls efforts, et ne dépend pas seulement des parcours que nous choisissons de faire. La réalisation de nous-mêmes et de nos projets de vie n’est pas le résultat mathématique de ce que nous décidons dans un "moi" isolé ; au contraire, elle est avant tout la réponse à un appel qui vient d’En-Haut. C’est le Seigneur qui nous indique le rivage vers lequel aller et qui, bien avant, nous donne le courage de monter sur la barque ; alors qu’il nous appelle, c’est lui qui se fait aussi notre timonier pour nous accompagner, nous montrer la direction, nous empêcher de nous échouer dans les écueils de l’indécision et nous rendre même capables de marcher sur les eaux agitées.
Toute vocation naît de ce regard aimant par lequel le Seigneur est venu à notre rencontre, peut-être alors même que notre barque était en proie à la tempête. « Plus qu’un choix de notre part, la vocation est la réponse à un appel gratuit du Seigneur » (Lettre aux prêtres, 4 août 2019) ; c’est pourquoi, nous réussirons à la découvrir et à l’embrasser, quand notre cœur s’ouvrira à la gratitude et saura saisir le passage de Dieu dans notre vie.
Quand les disciples voient Jésus s’approcher en marchant sur les eaux, ils pensent d’abord qu’il s’agit d’un fantôme et ils ont peur. Mais aussitôt Jésus les rassure par une parole qui doit toujours accompagner notre vie et notre chemin vocationnel : « Courage, c’est moi, n’ayez pas peur ! » (v.27). Justement c’est la seconde parole que je voudrais vous confier : courage. 
Ce qui souvent nous empêche de marcher, de grandir, de choisir la voie que le Seigneur trace pour nous, ce sont les fantômes qui s’agitent dans notre cœur. Quand nous sommes appelés à laisser notre rivage de sûreté et à embrasser un état de vie – comme le mariage, le sacerdoce ordonné, la vie consacrée –, la première réaction est souvent représentée par le "fantôme de l’incrédulité" : ce n’est pas possible que cette vocation soit pour moi ; s’agit-il vraiment du juste chemin ? le Seigneur me demande-t-il vraiment cela ?
Et, peu à peu, croissent en nous toutes ces considérations, ces justifications et ces calculs qui nous font perdre l’élan, qui nous troublent et nous paralysent sur le rivage de départ : nous pensons avoir fait fausse route, ne pas être à la hauteur, avoir simplement vu un fantôme à chasser. 
Le Seigneur sait qu’un choix fondamental de vie – comme celui de se marier ou de se consacrer de façon spéciale à son service – nécessite du courage. Il connaît les interrogations, les doutes et les difficultés qui agitent la barque de notre cœur, et c’est pourquoi il nous rassure : "N’aie pas peur, je suis avec toi !". La foi en sa présence, qui vient à notre rencontre et nous accompagne, même quand la mer est en tempête, nous libère de cette acédie que j’ai déjà eu l’occasion de définir comme une « douce tristesse » (Lettre aux prêtres, 4 août 2019), c’est-à-dire ce découragement intérieur qui nous bloque et ne nous permet pas de goûter la beauté de la vocation. 
Dans la Lettre aux prêtres, j’ai parlé aussi de la souffrance, mais ici je voudrais traduire autrement ce mot et me référer à la fatigue. Toute vocation comporte un engagement. Le Seigneur nous appelle parce qu’il veut nous rendre comme Pierre, capables de "marcher sur les eaux", c’est-à-dire de prendre en main notre vie pour la mettre au service de l’Evangile, dans les modes concrets et quotidiens qu’il nous indique, et spécialement dans les diverses formes de vocation laïque, presbytérale et de vie consacrée. Mais nous ressemblons à l’Apôtre : nous avons le désir et l’élan, cependant, au même moment, nous sommes marqués par des faiblesses et des craintes.
Si nous nous laissons emporter par la pensée des responsabilités qui nous attendent – dans la vie matrimoniale ou dans le ministère sacerdotal – ou par les épreuves qui se présenteront, alors nous détournerons vite notre regard de Jésus et, comme Pierre, nous risquerons de couler. Au contraire, même dans nos fragilités et nos pauvretés, la foi nous permet de marcher à la rencontre du Seigneur Ressuscité et de vaincre même les tempêtes. En effet, il nous tend la main quand, par fatigue ou par peur, nous risquons de couler, et il nous donne l’élan nécessaire pour vivre notre vocation avec joie et enthousiasme.
Enfin, quand Jésus monte sur la barque, le vent cesse et les vagues s’apaisent. C’est une belle image de ce que le Seigneur opère dans notre vie et dans les tumultes de l’histoire, spécialement quand nous sommes dans la tempête : Il commande aux vents contraires de se calmer, et les forces du mal, de la peur, de la résignation n’ont plus pouvoir sur nous.
Dans la vocation spécifique que nous sommes appelés à vivre, ces vents peuvent nous épuiser. Je pense à ceux qui assument d’importantes charges dans la société civile, aux époux que, non pas par hasard, j’aime définir comme "les courageux", et spécialement à ceux qui embrassent la vie consacrée et le sacerdoce. Je connais votre fatigue, les solitudes qui parfois alourdissent le cœur, le risque de l’habitude qui petit à petit éteint le feu ardent de l’appel, le fardeau de l’incertitude et de la précarité de notre temps, la peur de l’avenir. Courage, n’ayez pas peur ! Jésus est à côté de nous et, si nous le reconnaissons comme l’unique Seigneur de notre vie, il nous tend la main et nous saisit pour nous sauver. 
Et alors, même au milieu des vagues, notre vie s’ouvre à la louange. C’est elle la dernière parole de la vocation, et elle veut être aussi l’invitation à cultiver le comportement intérieur de la sainte Vierge Marie : reconnaissante pour le regard de Dieu qui s’est posé sur elle, confiant dans la foi ses peurs et ses troubles, embrassant avec courage l’appel, elle a fait de sa vie un éternel chant de louange au Seigneur. 
Chers frères et sœurs, spécialement en cette Journée, mais aussi dans l’action pastorale ordinaire de nos communautés, je désire que l’Eglise parcoure ce chemin au service des vocations, en ouvrant des brèches dans le cœur de chaque fidèle, pour que chacun puisse découvrir avec gratitude l’appel que Dieu lui adresse, trouver le courage de dire "oui", vaincre la fatigue dans la foi au Christ et, enfin, offrir sa vie comme un cantique de louange pour Dieu, pour les frères et pour le monde entier. Que la Vierge Marie nous accompagne et intercède pour nous.
Rome, Saint Jean de Latran,
8 mars 2020, deuxième dimanche de Carême.

2443

        Pape François
       (Message pour la journée mondiale de prière pour les vocations du 3 mai 2020)
« Je désire que l'Eglise parcoure ce chemin au service des vocations, en ouvrant des brèches dans le cœur de chaque fidèle, pour que chacun puisse découvrir avec gratitude l'appel que Dieu lui adresse, trouver le courage de dire "oui", vaincre la fatigue dans la foi au Christ et, enfin, offrir sa vie comme un cantique de louange pour Dieu, pour les frères et pour le monde entier. Que la Vierge Marie nous accompagne et intercède pour nous. » 

2405

        Concile Vatican II
         (Constitution dogmatique Lumen Gentium du 21 novembre 1964- paragraphe 11)
"Tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur condition et leur état de vie, sont appelés par Dieu, chacun dans sa route, à une sainteté dont la perfection est celle même du Père."

2404

        Concile Vatican II
         (Constitution dogmatique Lumen Gentium du 21 novembre 1964- paragraphe 11)
"Par la vertu du sacrement de mariage, qui leur donne de signifier en y participant le mystère de l’unité et de l’amour fécond entre le Christ et l’Église (cf. Ep 5, 32), les époux chrétiens s’aident mutuellement à se sanctifier dans la vie conjugale, par l’accueil et l’éducation des enfants ; en leur état de vie et leur ordre, ils ont ainsi dans le Peuple de Dieu leurs dons propres (cf. 1 Co 7, 7) [21]. De leur union, en effet, procède la famille où naissent des membres nouveaux de la cité des hommes, dont la grâce de l’Esprit Saint fera par le baptême des fils de Dieu pour que le Peuple de Dieu se perpétue tout au long des siècles. Il faut que par la parole et par l’exemple, dans cette sorte d’Église qu’est le foyer, les parents soient pour leurs enfants les premiers hérauts de la foi, au service de la vocation propre de chacun et tout spécialement de la vocation sacrée.
Pourvus de moyens salutaires d’une telle abondance et d’une telle grandeur, tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur condition et leur état de vie, sont appelés par Dieu, chacun dans sa route, à une sainteté dont la perfection est celle même du Père."
[21] 1 Co 7, 7 : « Chacun reçoit de Dieu son don particulier, l’un celui-ci, l’autre celui-là. » cf. Saint Augustin, De Dono Persev. 14, 37 : PL 45, 1015s. : « Ce n’est pas la continence seule qui est don de Dieu, mais aussi la chasteté des époux.»

2402

        saint Paul VI (1897-1978)
         (Exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi du 8 décembre 1975-  - L'Esprit de l'évangélisation - paragraphe 70)
"Les laïcs, que leur vocation spécifique place au coeur du monde et à la tête des tâches temporelles les plus variées, doivent exercer par là même une forme singulière d’évangélisation.
Leur tâche première et immédiate n’est pas l’institution et le développement de la communauté ecclésiale — c’est là le rôle spécifique des Pasteurs —, mais c’est la mise en oeuvre de toutes les possibilités chrétiennes et évangéliques cachées, mais déjà présentes et actives dans les choses du monde. Le champ propre de leur activité évangélisatrice, c’est le monde vaste et compliqué de la politique, du social, de l’économie, mais également de la culture, des sciences et des arts, de la vie internationale, des mass media ainsi que certaines autres réalités ouvertes à l’évangélisation comme sont l’amour, la famille, l’éducation des enfants et des adolescents, le travail professionnel, la souffrance. Plus il y aura de laïcs imprégnés d’évangile responsables de ces réalités et clairement engagés en elles, compétents pour les promouvoir et conscients qu’il faut déployer leur pleine capacité chrétienne souvent enfouie et asphyxiée, plus ces réalités sans rien perdre ou sacrifier de leur coefficient humain, mais manifestant une dimension transcendante souvent méconnue, se trouveront au service de l’édification du Règne de Dieu et donc du salut en Jésus-Christ."

2290

    Saint Josémaria Escriva (1902-1975)
     (Quand le Christ passe, 33)
"Avant tout, primauté à la vocation. Dieu nous aime avant même que nous sachions nous adresser à Lui, et c’est Lui nous donne l’amour qui nous permet de correspondre.
La bonté paternelle de Dieu vient à notre rencontre. Notre Seigneur n’est pas seulement juste, Il est beaucoup plus que cela. Il est miséricordieux. Il n’attend pas que nous allions vers Lui; Il s’avance, avec des signes inéquivoques de son amour paternel."

2271

    François Garagnon
     (Extraits - Réussir dans la vie, ou réussir sa vie - Editions Monte-Cristo)
"Réussir sa vie, c’est d’abord réussir la rencontre. Avec son destin. Avec l’autre. Avec les autres. Avec Dieu. Avec les événements providentiels. Avec tout ce qui mérite d’être aimé.
Réussir c’est ne pas se laisser entraîné loin de soi-même. Ne pas errer en périphérie mais approcher le centre de plus en plus. Ne pas manquer la cible. Être dans le mille. S’ajuster à sa vocation.
L’attente est bonne au cœur de l’Homme, car c’est souvent l’impatience qui nous empêche de mener nos projets à leur terme. L’attente permet de creuser le désir, d’éprouver la solidité de nos mobiles et de nos engagements, de garantir la pertinence de nos élans spontanés. Et de valider nos espérances, nos projets et nos rêves en vérifiant qu’ils ne s’évaporent pas dans la durée.
Une vraie réussite ne saurait se concevoir sans ce respect des saisons intérieures grâces auxquelles peuvent surgir les plus belles éclosions et les jardins les mieux ordonnés." 

1862

     Saint Jean-Paul II (1920-2005)
     (Familiaris Consortio)


"Dieu est amour et Il vit en Lui-même un mystère de communion personnelle d'amour. En créant l'humanité de l'homme et de la femme à son image et en la conservant continuellement dans l'être, Dieu inscrit en elle la vocation, et donc la capacité et la responsabilité correspondantes, à l'amour et à la communion. L'amour est donc la vocation fondamentale et innée de tout être humain." 

1852

     André Hamon (1795-1874)
        (Méditation pour l'Épiphanie)
"pourquoi ne correspondons-nous pas comme eux à notre sainte vocation ? Pourquoi tant tenir au monde ? Pourquoi ne pas le quitter, au moins d'affection, méprisant ce qu'il estime, estimant ce qu'il méprise, haïssant ce qu'il aime et aimant ce qu'il hait ? 

1761

     Saint Jean d'Avila (1499-1569)
       (Sermon pour la Pentecôte)
"Une fois que Dieu vous a mis en un état, c'est en cet état que vous vous sauverez. Appliquez-vous à y faire tout ce que vous devez, car c'est là qu'il vous donnera la grâce qui vous mènera au ciel."

1759

     Jean-François de Reims (+1660) - prêtre
       (La vraie Perfection)
"Tenons donc pour une maxime très véritable de la perfection, que nous devons par préférence à tout autre bien, quel qu'il soit, nous appliquer bien sérieusement aux devoirs de notre vocation, et que toute notre perfection consiste à bien faire le métier auquel la divine Providence nous a destinés." 

1758

     Louis du Pont (1554-1624)
       (Vie du père Alvarez)
"Dieu appelle ceux qu'Il veut, quand Il veut et comme Il veut ; il n'y a pas pour cela ni lieu, ni année, ni temps déterminé, tout dépend de sa volonté très sainte, à lui qui trouve "ses délices à converser avec les enfants des hommes". 

1728

    Vble François Liberman - prêtre (1802-1852) 
( Lettre du 13 février 1846)
 "Souvenez-vous qu'il y a une grande différence entre la sainteté de Notre Seigneur et celle de saint Jean-Baptiste ; et, cependant, ce grand saint a eu une vie bien plus mortifiée que son Maître. C'était sa vocation, la grâce le demandait de lui, et il a obéi ; mais ce n'est pas là, évidemment, ce qui constitue la sainteté, mais seulement lorsque Dieu nous y appelle et nous l'inspire."

1545

     Benoît XVI
(le 2 novembre 2007)

"Au début du christianisme, les membres de l'Église étaient également appelés les "saints"... Le chrétien est déjà saint, car le Baptême l'unit à Jésus et à son Mystère Pascal, mais il doit dans le même temps le devenir, en se conformant à Lui toujours plus profondément. On pense parfois que la sainteté est une condition privilégiée réservée à quelques élus. En réalité, devenir saint est la tâche de chaque chrétien, et nous pourrions même dire de chaque homme ! ...
Dieu invite chacun à faire partie de son peuple saint. Le "Chemin" est le Christ, le Fils, le Saint de Dieu : personne ne parvient au Père sans passer par Lui". 

1534

     Mgr Jérôme Beau, ancien directeur de l’Œuvre des Vocations, Archevêque de Bourges -

(extrait de Paris Notre-Dame du 5 septembre 2018)


"À travers la vie en maisons situées en paroisse, les séminaristes sont amenés, aujourd’hui, à admirer ce que font les laïcs. Et donc à mieux comprendre leur ministère de prêtre, à savoir : servir la communauté qui leur est confiée. Les laïcs ne sont pas les exécutifs du prêtre. Ils doivent discerner, avec les prêtres, sur la vie et l’avenir de la communauté ecclésiale. C’est tout l’objet du travail mené avec le cardinal André Vingt-Trois autour des conseils pastoraux. Je pense qu’une partie du cléricalisme, critiqué aujourd’hui par le pape, vient de la tentation identitaire de notre époque. Dans l’Église, on peut parfois être tenté de se donner sa place dans la communauté au lieu de la recevoir."

1518

   Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus
De Pauline (sœur Agnès de Jésus) à Thérèse. LC 66 23 novembre 1887 réponse à LT 36

Dieu doit être aimé pour lui-même et ce qu’il attend de la part de Thérèse, c’est la gratuité. C’est le sens de la lettre que Pauline, en son langage un peu difficile pour notre époque, envoie à Thérèse. Cela nous montre aussi comment, très tôt, Thérèse a été façonnée par Pauline.

« Mais il ne veut rien, il ne désire rien, il ne demande rien que son petit jouet : Thérésita de l’Enfant Jésus… Avec sa petite balle chérie il sèche toutes ses larmes ! Quand il s’endort elle est là près de lui, toujours sa petite main la presse sur son cœur, toujours il la regarde, toujours… Mais mon petit Jésus, qu’avez-vous donc fait aujourd’hui de votre petite balle ? Comment, vous qui l’aimez tant, l’avoir ainsi percée ? Regardez, elle ne va plus rebondir, vous ne pourrez plus vous amuser, mais c’est votre faute. - Ce que j’ai fait de ma petite balle, ah ! répond le Divin Enfant, c’est tout simple, j’ai voulu voir ce qu’il y a dedans !….. - Et qu’avez-vous vu mon Jésus ? - J’ai vu, j’ai entendu un soupir, et ce soupir m’a dit : Jésus, je t’aime. Non jamais ma petite balle ne m’avait fait tant de plaisir, jamais ; je l’ai déjà piquée plusieurs fois et à chaque fois c’était un doux zéphir qui caressait mes boucles blondes ; aujourd’hui j’ai fait un trou plus grand et j’ai appris que ma petite balle n’était gonflée que de mon amour. J’ai appris qu’elle veut bien souffrir pour moi, j’ai appris qu’elle ne désire que moi, enfin j’ai tout appris !… A présent je vais la raccommoder et voici comment je vais faire ! Je vais la prendre dans mes deux petites mains et souffler dedans bien fort. Puis pour la fermer je ne vais pas faire autre chose que de déposer un baiser sur le trou que j’ai fait. Ce baiser sera le cachet de mon cœur, personne ne le pourra briser, personne… Oh ! que je suis content ! que j’aime ma petite balle ! je puis la percer, je puis en faire tout ce que je veux et toujours elle répète : Jésus je t’aime ! Jésus je t’aime ! Jouir, souffrir, souffrir encore ! tout ce que tu voudras mon petit Jésus chéri. O ma Thérèse chérie n’es-tu pas fière, n’es-tu pas heureuse de la préférence marquée que Jésus te témoigne. Aussi jeune, à 15 ans, il te trouve digne déjà de porter sa croix, il te trouve digne de souffrir ! Quel honneur pour toi ! Si tu savais ce que ces épreuves font avancer ton âme dans la voie de la Sainteté ! Tu veux être sainte, grande sainte, sois tranquille Jésus le veut aussi, il en donne la preuve aujourd’hui. »

1517

   Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus
(voir le récit MsA 63r)

Face à l’échec, sans autres ressources possibles, sainte Thérèse de l'Enfant Jésus trouve encore la force de consentir à l’évènement bien que cette épreuve soit grande (rencontre avec le pape au sujet de son entrée au Carmel. Loin de lui donner son approbation, le Saint Père lui dit : si le Bon Dieu veut, vous entrerez !" Elle a 15 ans) :
“Oui, je veux bien tout ce qu’il veut.“ “Oh ! Pauline, si tu avais pu lire dans mon cœur tu y aurais vu une grande confiance

1516

   Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus
(voir le récit MsA 63r)

Thérèse on le voit est résolue, bien qu’elle ait besoin de se sentir confirmée dans son choix et la lettre de Pauline vient pour l’encourager. Thérèse y voit donc la volonté de Dieu et bien souvent c’est par Pauline qu’elle s’exprime. Or l’entrevue avec le Pape s’est mal passée…

« Ma chère petite Pauline, (LT 36 20 nov 87) Le bon Dieu me fait passer par bien des épreuves avant de me faire entrer au Carmel. Je vais te raconter comment la visite du Pape s’est passée. Oh ! Pauline, si tu avais pu lire dans mon cœur tu y aurais vu une grande confiance ; je crois que j’ai fait ce que le Bon Dieu voulait de moi, maintenant il ne me reste plus qu’à prier. 
Monseigneur n’était pas là, M. Révérony (Vicaire général de l’évèque Mgr Hugonin) le remplaçait ; pour te faire une idée de l’audience il aurait fallu que tu sois là. Le Pape était assis sur une grande chaise très haute. M. Révérony était tout auprès de lui, il regardait les pèlerins qui passaient devant le Pape après lui avoir embrassé le pied, puis il disait un mot de quelques-uns. Tu penses comme mon cœur battait fort en voyant mon tour arriver, mais je ne voulais pas m’en retourner sans avoir parlé au Pape. J’ai dit ce que tu me disais dans ta lettre, mais pas tout car M. Révérony ne m’en a pas donné le temps, il a dit aussitôt : Très Saint Père, c’est une enfant qui veut entrer au Carmel à quinze ans, mais ses supérieurs s’en occupent en ce moment. (Le bon Pape est si vieux qu’on dirait qu’il est mort, je ne me le serais jamais figuré comme cela, il ne peut dire presque rien, c’est M. Révérony qui parle). J’aurais voulu pouvoir expliquer mon affaire mais il n’y a pas eu moyen. Le Saint-Père m’a dit simplement : Si le bon Dieu veut vous entrerez. Puis on m’a fait passer dans une autre salle. Oh ! Pauline, je ne puis te dire ce que j’ai ressenti, j’étais comme anéantie, je me sentais abandonnée, et puis je suis si loin, si loin… Je pleurerais bien en écrivant cette lettre, j’ai le cœur bien gros. Cependant le Bon Dieu ne peut pas me donner des épreuves qui sont au-dessus de mes forces (1 Co 10,13) . Il m’a donné le courage de supporter cette épreuve, oh ! elle est bien grande… Mais Pauline, je suis la petite balle de l’Enfant Jésus ; s’Il veut briser son jouet Il est bien libre, oui je veux bien tout ce qu’Il veut. »

1515

   Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus
(LT 32 A Mme Guérin. 14 novembre 1887)

Commençons par entrer dans les sentiments de Thérèse. Elle écrit à Mme Guérin de 
Milan : 

« Nous avons reçu toutes les lettres du Carmel, il ne s’en est pas trouvé d’égarée. Je ferai ce que Pauline me dit dans sa lettre, je ne sais comment je m’y prendrai pour parler au Pape. Vraiment si le Bon Dieu ne se chargeait pas de tout, je ne sais comment je ferais. Mais j’ai une si grande confiance en lui qu’il ne pourra pas m’abandonner, je remets tout entre ses mains. Nous ne savons pas encore le jour de l’audience. Il paraît que pour parler à tout le monde le St Père passe devant les fidèles mais je ne crois pas qu’il s’arrête ; malgré tout je suis bien résolue à lui parler car, avant que Pauline m’ait écrit, j’y pensais mais je me disais que si le Bon Dieu voulait que je parle au Pape, il me le ferait bien savoir… »

1513

   Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus 
(MsA 6r)
" J’étais bien fière de mes deux grandes sœurs, mais celle qui était mon idéal d’enfant, c’était Pauline… Lorsque je commençais à parler et que Maman me demandait : - "A quoi penses-tu ?" la réponse était invariable - "A Pauline !…" Une autre fois, je faisais aller mon petit doigt sur les carreaux et je disais - "J’écris : Pauline ! …" Souvent j’entendais dire que bien sûr Pauline serait religieuse, alors sans trop savoir ce que c’était, je pensais :" Moi aussi je serai religieuse." C’est là un de premiers souvenirs et depuis, jamais je n’ai changé de résolution !… Ce fut vous ma Mère chérie, que Jésus choisit pour me fiancer à Lui, vous n’étiez pas alors auprès de moi, mais déjà un lien s’était formé entre nos âmes… vous étiez mon idéal, je voulais être semblable à vous et c’est votre exemple qui dès l’âge de deux ans m’entraîna vers l’Époux des vierges…"

Jésus disait à ses disciples : "Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai Aimés." (Jn 15, 12)