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2477 - pape François - Lettre aux prêtres - 31 mai 2020, en la solennité de Pentecôte

Cher frères,
En ce Temps pascal, je pensais vous rencontrer et célébrer avec vous la messe chrismale. Comme une célébration diocésaine n’est pas possible, je vous écris cette lettre. La nouvelle phase, nous commençons requiert sagesse, prévoyance et engagement commun, afin que tous les efforts et les sacrifices consentis jusqu’à présent ne soient pas vains.
Pendant cette période de pandémie, beaucoup d’entre vous ont partagé avec moi, par courriel ou par téléphone, ce que signifiait cette situation inattendue et déconcertante. Ainsi, sans pouvoir sortir ou avoir un contact direct, vous m’avez permis de connaître «de première main» ce que vous étiez en train de vivre. Ce partage a nourri ma prière, dans de nombreux cas pour remercier du témoignage courageux et généreux que j’ai reçu de vous; dans d’autres, c’était une supplication et une intercession confiante dans le Seigneur qui tend toujours la main (cf. Mt 14, 31). S’il était nécessaire de maintenir la distanciation sociale, cela n’a pas empêché de renforcer le sentiment d’appartenance, de communion et de mission qui nous a aidés à faire en sorte que la charité, en particulier avec les personnes et les communautés les plus défavorisées, ne soit pas mise en quarantaine. J’ai pu constater, dans ces dialogues sincères, que la distance nécessaire n’était pas synonyme de repliement ou de fermeture sur soi qui anesthésie, endort et éteint la mission.
Encouragé par ces échanges, je vous écris car je veux être plus proche de vous pour accompagner, partager et confirmer votre chemin. L’espérance dépend aussi de nous et exige que nous nous aidions à la maintenir vivante et active; cette espérance contagieuse qui se cultive et se fortifie par la rencontre des autres et qui, en tant que don et tâche, nous est donnée pour construire la nouvelle « normalité » que nous désirons tant.
Je vous écris en regardant la première communauté apostolique, qui a également connu des moments de confinement, d’isolement, de peur et d’incertitude. Cinquante jours se sont écoulés entre l’immobilité, la fermeture et l’annonce naissante qui allait changer leur vie pour toujours. Alors que, par peur, les portes de l’endroit où ils se trouvaient étaient fermées, les disciples ont été surpris par Jésus qui « se tint au milieu et leur dit: « La paix soit avec vous! ». Cela dit, il leur montra ses mains et son côté. Et les disciples se réjouirent à la vue du Seigneur. Jésus leur dit encore: « La paix soit avec vous! Comme le Père m’a envoyé, je vous envoie aussi. » Ceci dit, il souffla et il leur dit: « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20, 19-22). Nous aussi, laissons-nous surprendre!
« Alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples
étaient verrouillées par peur » (Jn 20,19)
Aujourd’hui comme hier, nous sentons que « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur » (Gaudium et spes, 1). Comme nous savons bien tout cela! Nous avons tous entendu les chiffres et les pourcentages qui nous ont assaillis jour après jour; nous avons touché du doigt la douleur de notre peuple. Ce qui est arrivé n’était pas loin: les statistiques avaient des noms, des visages, des histoires partagées. En tant que communauté sacerdotale, nous n’avons pas été étrangers à cette réalité et nous ne sommes pas restés à la regarder par la fenêtre; trempés par la tempête qui faisait rage, vous vous êtes ingéniés à être présents et à accompagner vos communautés: vous avez vu arriver le loup et vous n’avez pas fui ni n’avez abandonné le troupeau (cf. Jn 10, 12-13).
Nous avons subi la perte soudaine de membres de nos familles, de voisins, d’amis, de paroissiens, de confesseurs, de points de référence pour notre foi. Nous avons vu les visages désolés de ceux qui n’ont pas pu être proches et dire adieu à leurs proches au cours de leurs dernières heures. Nous avons vu la souffrance et l’impuissance d’agents de santé qui, exténués, se sont épuisés en des journées de travail interminables, soucieux de satisfaire tant de demandes. Nous avons tous ressenti l’insécurité et la peur des travailleurs et des bénévoles qui s’exposaient quotidiennement pour que les services essentiels soient assurés; et aussi pour accompagner et soigner ceux qui, du fait de leur exclusion et de leur vulnérabilité, souffraient encore plus des conséquences de cette pandémie. Nous avons entendu et vu les difficultés et les désagréments du confinement social: solitude et isolement surtout des personnes âgées; anxiété, angoisse et sentiment de non-protection face à l’incertitude liée à l’emploi et au logement; violence et détérioration des relations. La peur ancestrale de la contagion est revenue frapper avec force. Nous avons également partagé les préoccupations inquiétantes de familles entières qui ne savent pas quoi mettre dans l’assiette la semaine prochaine.
Nous avons fait l’expérience de notre propre vulnérabilité et de notre impuissance. Tout comme le four teste les vases du potier, nous avons été éprouvés (cf. Siracide 27, 5). Abasourdis par tout ce qui se passait, nous avons ressenti de manière amplifiée la précarité de notre vie et de nos engagements apostoliques. L’imprévisibilité de la situation a mis en évidence notre incapacité à vivre ensemble et à faire face à l’inconnu, à ce que nous ne pouvons ni gouverner ni contrôler et, comme tout le monde, nous nous sentions confus, effrayés, sans défense. Nous vivons également cette colère saine et nécessaire qui nous pousse à ne pas baisser les bras face aux injustices et qui nous rappelle que nous avons été rêvés pour la vie. Comme Nicodème, de nuit, surpris parce que « le vent souffle où il veut et que vous entendez sa voix, mais vous ne savez pas d’où il vient ni où il va », nous nous sommes demandé: « Comment cela peut-il arriver? »; et Jésus nous a répondu: « Tu es un maître en Israël et tu ne sais pas ces choses? » (Cf. Jn 3,8 à 10).
La complexité de ce à quoi il fallait faire face ne tolérait pas des recettes ou des réponses de manuel; cela exigeait bien plus que de faciles exhortations ou des discours édifiants, incapables de s’enraciner et d’assumer consciemment tout ce que la vie concrète exigeait de nous. La douleur de notre peuple nous a faisait mal, ses incertitudes nous affectaient, notre fragilité commune nous dépouillait de toute fausse complaisance idéaliste ou spiritualiste, ainsi que de toute tentative de fuite puritaine. Personne n’est étranger à tout ce qui se passe. Nous pouvons dire que nous avons vécu communautairement l’heure des larmes du Seigneur: nous avons pleuré devant le tombeau de l’ami Lazare (cf. Jn 11, 35), devant la fermeture de son peuple (cf. Lc 13, 14; 19, 41), dans la nuit obscure de Gethsémani (cf. Mc 14, 32-42; Lc 22, 44). C’est aussi l’heure des pleurs du disciple devant le mystère de la Croix et du mal qui frappe tant d’innocents. C’est le cri amer de Pierre après le reniement (cf. Lc 22, 62), celui de Marie Madeleine devant le tombeau (cf. Jn 20, 11).
Nous savons que dans de telles circonstances, il n’est pas facile de trouver la route à parcourir, et il ne manquera pas non plus de voix pour dire tout ce qui aurait pu être fait face à cette réalité inconnue. Nos façons habituelles de nouer des relations, d’organiser, de célébrer, de prier, de convoquer et même d’affronter les conflits ont été modifiées et remises en question par une présence invisible qui a transformé notre vie quotidienne en adversité. Ce n’est pas seulement une affaire individuelle, familiale, d’un groupe social spécifique ou d’un pays. Les caractéristiques du virus font disparaître la logique par laquelle nous étions habitués à diviser ou classer la réalité. La pandémie ne connaît pas d’adjectifs, de frontières et personne ne peut penser à s’en sortir seul. Nous sommes tous frappés et impliqués.
Le discours d’une société prophylactique, imperturbable et toujours prête à une consommation indéfinie a été remis en question, révélant un manque d’immunité culturelle et spirituelle face aux conflits. Une série d’interrogations et de problèmes anciens et nouveaux (que de nombreuses régions considéraient comme dépassés et considéraient comme des choses du passé) ont occupé l’horizon et l’attention. Des questions auxquelles on ne répondra pas simplement par la réouverture des différentes activités; il sera plutôt indispensable de développer une écoute attentive mais pleine d’espérance, sereine mais tenace, constante mais pas anxieuse, qui puisse préparer et aplanir les voies que le Seigneur nous appelle à parcourir (cf. Mc 1,2-3). Nous savons que des tribulations et des expériences douloureuses on ne sort pas comme avant. Nous devons être vigilants et attentifs. Le Seigneur lui-même, à son heure cruciale, a prié pour cela: « Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais que tu les garde du Malin » (Jn 17,15). Exposés et frappés personnellement et communautairement dans notre vulnérabilité et notre fragilité et dans nos limites, nous courons le grave risque de nous retirer et de « ruminer » la désolation que la pandémie nous présente, ainsi que de nous exaspérer dans un optimisme illimité, incapable d’accepter la dimension réelle des événements (cf. Exhortation apostolique Evangelii gaudium, 226-228).
Les heures de tribulations remettent en question notre capacité à discerner pour découvrir quelles tentations menacent de nous piéger dans une atmosphère de perplexité et de confusion, puis nous font tomber dans une tendance qui empêchera nos communautés de promouvoir la vie nouvelle que le Seigneur ressuscité veut nous donner. Il y a différentes tentations, typiques de ce temps, qui peuvent nous aveugler et nous faire cultiver certains sentiments et attitudes qui ne permettent pas à l’espérance de stimuler notre créativité, notre ingéniosité et notre capacité à réagir. Depuis la volonté d’assumer honnêtement la gravité de la situation, mais en cherchant à la résoudre uniquement par des activités de substitution ou palliatives en attendant que tout redevienne « normal », en ignorant les blessures profondes et le nombre de personnes tombées entre-temps; jusqu’à demeurer plongés dans une certaine nostalgie paralysante du passé récent qui nous fait dire « rien ne sera plus comme avant » et qui nous rend incapables d’inviter les autres à rêver et à développer de nouvelles routes et de nouveaux styles de vie.
« Jésus vint, et il se tint au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! » » (Jn 20,19-21).
Le Seigneur n’a pas choisi ni cherché une situation idéale pour faire irruption dans la vie de ses disciples. Nous aurions certainement préféré que tout ce qui s’est passé ne se soit pas produit, mais c’est arrivé; et comme les disciples d’Emmaüs, nous pouvons aussi continuer à murmurer attristés au long de la route (cf. Lc 24, 13-21). En se présentant au Cénacle, les portes closes, au milieu de l’isolement, de la peur et de l’insécurité dans lesquels ils vivaient, le Seigneur a su transformer toute logique et donner un nouveau sens à l’histoire et aux événements. Chaque époque est adapté à l’annonce de la paix, aucune circonstance n’est privée de sa grâce. Sa présence au milieu du confinement et des absences forcées annonce, pour les disciples d’hier comme pour nous aujourd’hui, un jour nouveau capable de remettre en question l’immobilité et la résignation et de mobiliser tous les dons au service de la communauté. Par sa présence, le confinement est devenu fécond, donnant vie à la nouvelle communauté apostolique.
Disons-le avec confiance et sans peur: « Là où le péché abondait, la grâce a surabondé » (Rm 5, 20). Ne craignons pas les scénarios complexes dans lesquels nous vivons parce que là, au milieu de nous, il y a le Seigneur; Dieu a toujours accompli le miracle de produire de bons fruits (cf. Jn 15, 5). La joie chrétienne naît précisément de cette certitude. Au milieu des contradictions et de l’incompréhensible que nous devons affronter chaque jour, submergés et même étourdis par tant de paroles et de connexions, la voix du Ressuscité se cache en nous disant: « La paix soit avec vous! ».
C’est réconfortant de prendre l’Évangile et de contempler Jésus au milieu de son peuple, alors qu’il accueille et embrasse la vie et les personnes comme elles se présentent. Ses gestes incarnent le beau chant de Marie: « Il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. » (Lc 1,51-52). Il a lui-même offert ses mains et son côté blessé comme un chemin de résurrection. Il ne cache ni ne dissimule ses plaies; au contraire, il invite Thomas à toucher de sa main comment un côté blessé peut être source de vie en abondance (cf. Jn 20,27-29).
À différentes occasions, en tant qu’accompagnateur spirituel, j’ai être témoin du fait que « la personne qui voit les choses telles qu’elles sont réellement, se laisse transpercer par la douleur et pleure dans son cœur, est capable d’atteindre les profondeurs de la vie et d’être vraiment heureuse. Cette personne est consolée, mais par la consolation de Jésus et non par celle du monde. Ainsi, elle peut avoir le courage de partager la souffrance des autres et d’arrêter de fuir les situations douloureuses. De cette façon, elle découvre que la vie prend son sens quand on aide un autre dans sa douleur, quand on comprend l’angoisse des autres, quand on soulage les autres. Cette personne sent que l’autre est chair de sa chair, il n’a pas peur de s’approcher jusqu’à toucher sa blessure, avoir de la compassion jusqu’à éprouver que les distances s’annulent. Ainsi, il est possible d’accepter cette exhortation de saint Paul: « Pleurez avec ceux qui pleurent » (Rm 12, 15). Savoir pleurer avec les autres, voilà la sainteté »(Exhortation apostolique Gaudete et exsultate, 76).
De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. » (Jn 20,21-22).
Chers frères, en tant que communauté sacerdotale, nous sommes appelés à annoncer et à prophétiser l’avenir, comme la sentinelle qui annonce l’aube qui annonce un nouveau jour (cf. Is 21,11): ou ce sera quelque chose de nouveau, ou ce sera plus, beaucoup plus plus et pire que d’habitude. La résurrection n’est pas seulement un événement historique du passé à commémorer et à célébrer; c’est plus, beaucoup plus: c’est l’annonce du salut d’un temps nouveau qui résonne et qui perce déjà aujourd’hui: « En ce moment, il germe, ne vous en rendez-vous pas compte? » (Is 43,19); c’est l’advenir que le Seigneur nous appelle à construire. La foi nous permet une imagination réaliste et créative, capable d’abandonner la logique de la répétition, de la substitution ou de la conservation; elle nous invite à instaurer un temps toujours nouveau: le temps du Seigneur. Si une présence invisible, silencieuse, expansive et virale nous a mis en crise et nous a choqués, laissons cette autre Présence discrète, respectueuse et non invasive nous appeler à nouveau et nous enseigner à ne pas avoir peur d’affronter la réalité. Si une présence impalpable a pu perturber et renverser les priorités et les agendas mondiaux apparemment immuables qui suffoquent et dévastent nos communautés et notre soeur la terre, ne craignons pas que ce soit la présence du Ressuscité qui trace notre chemin, ouvre des horizons et nous donne le courage de vivre ce moment historique et singulier. Une poignée d’hommes apeurés a pu lancer un nouveau courant, une annonce vivante du Dieu avec nous. N’ayez pas peur! « La force du témoignage des saints réside dans le fait de vivre les Béatitudes et la règle de conduite du jugement final » (Exhortation apostolique Gaudete et exsultate, 109).
Laissons-nous encore une fois surprendre par le Ressuscité. Que ce soit Lui, de son côté blessé, signe de la dureté et de l’injustice de la réalité, qui nous pousse à ne pas tourner le dos à la dure et difficile réalité de nos frères. Que ce soit Lui qui nous enseigne à accompagner, panser et panser les blessures de notre peuple, non pas avec crainte mais avec l’audace et la prodigalité évangélique de la multiplication des pains (cf. Mt 14,15-21); avec le courage, la sollicitude et la responsabilité du Samaritain (cf. Lc 10, 33-35); avec la joie et la fête du berger pour sa brebis retrouvée (cf. Lc 15, 4-6); avec l’étreinte réconciliante du père qui connaît le pardon (cf. Lc 15, 20); avec la piété, la délicatesse et la tendresse de Marie de Béthanie (cf. Jn 12, 1-3); avec la mansuétude, la patience et l’intelligence des disciples missionnaires du Seigneur (cf. Mt 10, 16-23). Que ce soient les mains blessées du Ressuscité qui réconfortent nos peines, suscitent notre espérance et nous poussent à rechercher le Royaume de Dieu au-delà de nos refuges habituels.
Laissons-nous aussi surprendre par notre peuple fidèle et simple, souvent éprouvé et déchiré, mais aussi visité par la miséricorde du Seigneur. Que ce peuple nous apprenne à façonner et à tremper notre cœur de bergers par la douceur et la compassion, avec l’humilité et la magnanimité d’une résistance active, solidaire, patiente et courageuse, qui ne reste pas indifférente, mais dément et démasque tout scepticisme et tout fatalisme. Combien il y a à apprendre de la force du Peuple de Dieu fidèle qui trouve toujours des moyens d’aider et d’accompagner ceux qui sont tombés! La résurrection c’est l’annonce que les choses peuvent changer. Faisons que ce soit la Pâque, qui ne connaît pas de frontières, qui nous conduise de manière créative dans des endroits où l’espérance et la vie luttent, où la souffrance et la douleur deviennent un espace propice à la corruption et à la spéculation, où l’agression et la violence semblent être la seule issue.
En tant que prêtres, fils et membres d’un peuple sacerdotal, c’est à nous de prendre la responsabilité de l’avenir et de le projeter comme des frères. Nous plaçons notre fragilité, la fragilité de notre peuple, celle de toute l’humanité, entre les mains blessées du Seigneur, comme une offrande sainte. C’est le Seigneur Celui qui nous transforme, qui se sert de nous comme du pain, prend notre vie dans ses mains, nous bénit, nous rompt et nous partage et nous donne à son peuple. Et avec humilité, laissons-nous oindre par les paroles de Paul pour qu’elles se répandent comme de l’huile parfumée dans les différents coins de notre ville et réveillent ainsi l’espérance discrète que beaucoup – tacitement – gardent dans leur cœur: « Nous sommes troublés de tous côtés, mais pas écrasés; nous sommes bouleversés, mais pas désespérés; persécutés, mais pas abandonnés; affectés, mais pas tués, portant toujours la mort de Jésus dans notre corps, en sorte que même la vie de Jésus peut se manifester dans notre corps » (2 Co 4, 8-10). Nous participons avec Jésus à sa passion, notre passion, pour vivre aussi avec lui la force de la résurrection: la certitude de l’amour de Dieu capable d’émouvoir les entrailles et de faire sortir au carrefour des rues pour partager « la Bonne Nouvelle avec les pauvres, pour annoncer la libération aux prisonniers et la vue aux aveugles, donner la liberté aux opprimés et proclamer une année de grâce du Seigneur » (cf. Lc 4, 18-19), avec la joie que tous puissent participer activement avec leur dignité d’enfants du Dieu vivant.
Toutes ces choses, que j’ai pensées et ressenties en cette période de pandémie, je veux les partager fraternellement avec vous, afin qu’elles nous aident sur le chemin de la louange du Seigneur et du service de nos frères. J’espère qu’elles nous soient utiles à tous pour « aimer et servir davantage ».
Que le Seigneur Jésus vous bénisse et que la Sainte Vierge vous protège. Et, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi.
 Fraternellement, François 

2005

      père Cédric Burgun
       (Magazine en ligne "La Vie" - 11 octobre 2018)
« Si le cléricalisme est certes une déviance de l'autorité sacerdotale, je ne crois pas que le pape François appelle à se débarrasser de toute autorité sacerdotale. J'entends dans la mise en cause du pape, et ce depuis le début de son pontificat, non pas qu'il y ait trop d'autorité mais un manque de celle-ci. Plus nous reconnaîtrons le père chez le prêtre, plus nous respecterons sa juste place, qui n'est pas celle d'un être tout-puissant mais qui n'est pas non plus celle d'un frère relevant uniquement d'une relation affective. La juste distance avec le prêtre – ce qui ne veut pas dire éloignement – peut permettre de retrouver une juste paternité. »

1593

   Cardinal Ouellet
(Le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les Évêques, a présenté, mercredi 2 octobre 2019, son ouvrage intitulé "Amis de l'époux").

A propos du sacerdoce :

"Nous devons tenir compte des «échecs» tel que le cléricalisme, l’ambition, la tendance à «tout contrôler». Néanmoins, cela ne doit pas annuler les «grandes valeurs» du sacerdoce, qui doivent être redécouvertes. C’est pour cette raison que l'humilité doit être mise en avant. Les personnes doivent comprendre qu'un prêtre «est un ami de l'Époux, et non pas l'Époux». Et surtout, le prêtre est un homme de «compassion».


1585

      Saint Jean Eudes (1601-1680)
La Prière de Saint Jean Eudes « Ô Prêtres, Vous êtes les yeux, la bouche, la langue et le cœur de ce même Jésus » :
« Ô Prêtres, Vous êtes la partie la plus noble du Corps mystique du Fils de Dieu. Vous êtes les yeux, la bouche, la langue et le cœur de l'Église de Jésus : ou, pour mieux dire, Vous êtes les yeux, la bouche, la langue et le cœur de ce même Jésus. Vous êtes ses Yeux : car c'est par Vous que ce bon Pasteur veille continuellement sur Son troupeau ; c'est par Vous qu’Il l'éclaire et qu’Il le conduit ; c'est par Vous qu’Il pleure celles d'entre ses brebis qui sont entre les griffes du loup infernal. Vous êtes sa Bouche et sa Langue : car c'est par Vous qu’Il parle aux hommes, et qu’Il continue à leur annoncer la même Parole et le même Évangile qu’Il leur a prêché par Lui-même, lorsqu’Il était sur la terre. Vous êtes son Cœur : car c'est par Vous qu’Il donne la vraie Vie, la Vie de grâce en la terre et la vie de gloire au Ciel, à tous les véritables membres de son Corps. Le Fils de Dieu Vous associe avec Lui dans Ses plus nobles perfections et dans Ses plus divines actions : car Il Vous rend participants de Sa qualité de médiateur entre Dieu et les hommes, de Sa dignité de Juge souverain de l'univers, de son Nom et de son Office de Sauveur du monde, et de plusieurs autres excellences dont Il est orné ; et Il Vous donne pouvoir d'offrir avec Lui à son Père le même Sacrifice qu’Il Lui a offert sur la Croix, et qu’Il Lui offre tous les jours sur nos Autels, qui est la plus grande et la plus sainte Action qu’Il ait jamais faite et qu’Il fera jamais. »
Ainsi soit-il.

1576

      Prière pour les prêtres
(de sainte Faustine Kowalska) 

Oh mon Jésus, je te prie pour toute l'Église,
accorde-lui l'amour et la lumière de ton Esprit,
donne vigueur aux paroles des prêtres,
de sorte que les coeurs endurcis
s'attendrissent et reviennent à toi, Seigneur.
Oh Seigneur, donne-nous de saints prêtres ;
conserve les toi-même dans la sainteté.
Oh Divin et Souverain Prêtre,
que la puissance de ta miséricorde
les accompagne partout et les défende
des embûches et des lacets que le diable
tend continuellement aux âmes des prêtres.
Que la puissance de ta miséricorde,
oh Seigneur, brise et anéantisse
tout ce qui peut obscurcir la sainteté des prêtres,
puisque Tu peux tout.
Mon Jésus très aimé,
je te prie pour le triomphe de l'Église,
pour que Tu bénisses le Saint Père et tout le clergé ;
pour obtenir la grâce de la conversion
des pécheurs endurcis dans le péché ;
Pour une bénédiction et une lumière spéciales,
je t'en prie, Jésus, pour tous les prêtres
auprès de qui je me confesserai au cours de la vie.
Amen

1575

      Prière pour les prêtres
(Notre Dame des internautes) 


Saint Joseph, 
Gardien de la sainte Famille et Protecteur de l'Eglise, nous te confions le pape, évêque de Rome, les évêques et tous les prêtres pour que tu les soutiennes dans leurs épreuves, leurs difficultés, leurs doutes et leurs tentations. Toi qui as veillé sur Jésus en toutes choses, accorde ta protection et ton affection paternelle à ces prêtres qui servent le Christ de leur mieux et se dévouent à son service. Permets leur de se savoir aimés, encouragés et soutenus par toi, par l’Église, par leur évêque et par la prière et la charité fraternelle de ceux qui les entourent.
Aide les évêques à avoir à cœur, autant qu’ils le peuvent, le bien-être matériel et surtout spirituel de leurs prêtres et aide les prêtres à collaborer loyalement avec leur évêque avec un attachement sincère, dans la charité, l'obéissance, et dans l'Unité.
Qu'à tous, il leur soit accordée la grâce dont il ont besoin pour renouveler et vivifier leur sacerdoce et qu'ils se conforment de plus en plus au Divin Maître, afin de révéler aux âmes le Père du Ciel, doux et humble de Coeur, lent à la colère et plein d'amour et répandre ainsi en eux et autour d'eux l'harmonie et la paix.
Amen

1574

      Prière pour les prêtres
(Notre Dame des internautes)

Vierge Marie, Mère du Christ,
Mère des prêtres du monde entier,
je vous confie le sacerdoce de tous les prêtres, spécialement ceux de mon entourage.
Gardez-les, protégez-les, guidez-les, enveloppez-les de votre maternelle présence, spécialement à l'heure de l'épreuve.
Que rien ni personne ne puisse les faire douter de la grâce qu'ils reçoivent à chaque instant pour répondre à l'appel du Seigneur.
Aidez-les à garder fidèlement au milieu des turpitudes de ce monde, une intense vie de prière et d'oraison et augmentez en eux la foi, et le désir de sainteté qui les amènera, sous la conduite de l'Esprit Saint à accomplir la mission qui leur est confiée, en répandant autour d'eux la bonne odeur du Christ.
De tout mon cœur,
je rends grâce à Dieu pour les prêtres d'hier et d'aujourd'hui et
j'ose vous implorer ma Mère, de nous obtenir les prêtres dont nous avons tant besoin pour demain.
Amen .

1573

      mgr Ignatius Kung Pin-mei (*) - (1901-2000) 
Prière pour les prêtres
Dieu Tout-Puissant et éternel,
par les mérites de Votre Fils Jésus
et à cause de Votre amour à son égard,
ayez pitié des prêtres de la Sainte Église.
Malgré leur sublime dignité
ils sont faibles et semblables
aux autres créatures.
Daignez, en Votre Miséricorde infinie,
leur donner le feu du saint Amour
et enflammer leur cœur.
Veuillez les secourir :
ne les laissez pas tomber
ni déchoir de leur vocation.
O Jésus, nous Vous en conjurons :
ayez pitié des prêtres de Votre Église,
de ceux qui vous servent fidèlement,
prennent soin de Votre troupeau
et Vous glorifient.
Ayez pitié des prêtres qui sont persécutés,
en prison, abandonnés, accablés de souffrances.
Ayez pitié des prêtres qui sont tièdes
et de ceux qui vacillent dans leur foi.
Ayez pitié des prêtres malades ou à l'agonie.
Ayez pitié des prêtres qui sont
dans le Purgatoire.
Seigneur Jésus, nous Vous en supplions,
exaucez nos prières,
ayez pitié des prêtres :
ils sont Vôtres.
Daignez les éclairer,
les fortifier, les consoler.
O Jésus, nous Vous confions les prêtres
du monde entier,
mais veillez avec un soin particulier
sur les prêtres qui m'ont baptisé et absous,
sur ceux qui, pour moi, ont offert
le Saint-Sacrifice
et ont consacré l'Hostie
pour nourrir mon âme.
Je vous confie les prêtres
qui ont dissipé mes doutes,
redressé mes faiblesses,
dirigé mes efforts,
consolé mes douleurs :
priez pour eux tous.
En souvenir de ces bienfaits,
j'implore Votre secours
et Votre Miséricorde.
Ainsi soit-il.
(*) Evêque de Shangaï en 1950, Mgr Ignatius Kung Pin-mei (1901-2000) est arrêté en 1955 en même temps que plus de 300 prêtres et fidèles de Shanghai par les autorités communistes, sous l'accusation d'« activités contre-révolutionnaires ». Il est condamné à la prison à perpétuité. Après 30 ans d'emprisonnement, mgr Kung est relâché mais reste en résidence surveillée jusqu'à janvier 1988. Il est créé cardinal (in pectore) en 1979 ; sa création ne sera annoncé publiquement que 12 ans plus tard, lors du consistoire du 28 juin 1991 où il reçoit le titre de cardinal-prêtre de S. Sisto. Il passe les dernières années de sa vie aux États-Unis. -

1571

     prière pour les prêtres de Benoît XVI

Seigneur Jésus, présent au Très Saint Sacrement, tu as voulu rester présent parmi nous au moyen de tes Prêtres, fais que leurs paroles ne soient que les tiennes, que leurs gestes soient les tiens, que leur vie soit un reflet fidèle de la tienne.
Qu'ils soient les hommes qui parlent à Dieu des hommes et parlent aux hommes de Dieu. Qu'ils ne soient pas craintifs dans le service, en servant l'Église comme Elle veut être servie.
Qu'ils soient des hommes, des témoins de l'éternel dans notre temps, en marchant par les sentiers de l'histoire du même pas que toi et en faisant le bien à tous.
Qu'ils soient fidèles à leurs engagements, jaloux de leur vocation et de leur donation, de clairs miroirs de leur identité propre et qu'ils vivent dans la joie du don reçu.
Je te le demande par Sainte Marie ta Mère : Elle a été présente dans ta vie et sera toujours présente dans la vie de tes prêtres. Amen ! 

1570 

     prière pour les prêtres
écrite le jeudi saint 2006, cette prière se trouvait sur la table de travail d’un prêtre rejoint par la maladie 

Seigneur,
nous te rendons grâce pour les prêtres 
du monde entier
et plus particulièrement pour ceux 
que tu mets sur notre route.
Habite-les de ta présence 
afin que nos rencontres avec eux 
soient des rencontres avec Toi.
Renouvelle chaque jour en eux le « Oui » 
qu’ils ont su te dire 
et fais de leur fidélité une lumière pour le monde.
Dieu de tendresse et d’amour, 
prends pitié de ceux qui se sentent blessés, découragés.
Réconforte les prêtres âgés, 
malades et ceux qui vont mourir.
Seigneur, mets en notre cœur, 
à l’égard des prêtres, 
respect, gratitude et compréhension.
 
Fais-nous reconnaître en eux 
des hommes de cette eucharistie dont nous vivons 
et ceux par qui se manifestent 
ta miséricorde et ton pardon.
Donne-nous d’être, 
là où nous sommes, 
tes serviteurs humbles et discrets, 
travaillant avec eux, 
selon nos moyens, à la venue de ton Règne.
Seigneur Jésus, 
tu sais à quel point nous avons besoin
de prêtres pour faire route vers le Père.

Nous t’en supplions, 
suscite en ton Église 
de nombreux pasteurs selon ton cœur.

1569 

     prière pour les prêtres de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus 

Thérèse venait d'un milieu où on avait tendance à mettre les prêtres sur un piédestal. Son pèlerinage à Rome, auquel participaient plusieurs prêtres lui a permis de se rendre compte qu'ils étaient humains... et avaient besoin de prière!

Ô Jésus, Éternel souverain Prêtre, garde tes prêtres sous la protection de ton Cœur, où personne ne peut leur faire de mal. Garde sans tache leurs mains consacrées, qui touchent chaque jour ton Corps sacré. Garde pures leurs lèvres, qui boivent ton Précieux Sang. Garde pur et détaché leur cœur, qui est marqué du sceau de ton Sacerdoce. Fais-les grandir dans l'amour et la fidélité envers toi; protège-les de la contamination de l'esprit du monde. Donne-leur avec le pouvoir de changer le pain et le vin, le pouvoir de changer les cœurs. Bénis leurs travaux par des fruits abondants, donne-leur un jour la couronne de la Vie éternelle. Ainsi soit-il

1568

   Litanies pour les prêtres 
Sœurs moniales Dominicaines d'Estavayer

Seigneur, prends pitié
Christ, prends pitié
Seigneur, prends pitié
Pour tous nos prêtres, 
Seigneur, nous te prions.

Pour ceux qui nous ont baptisés, 
Seigneur, nous te prions.

Pour ceux qui nous ont donné le Pain de vie,
Seigneur, nous te prions.

Pour ceux qui ont dissipé nos doutes, 
Seigneur, nous te prions.

Pour ceux qui nous ont réconciliés,
Seigneur, nous te prions.

Pour ceux qui nous ont instruits et encouragés,
Seigneur, nous te prions.

Pour les saints et pour les pécheurs,
Seigneur, nous te prions.

Pour ceux qui nous ont aidés et pour ceux qui nous ont blessés, 
Seigneur, nous te prions.
Aux prêtres qui te servent avec amour, 
donne ta force, Seigneur.

Aux prêtres tentés et éprouvés, 

donne ta force, Seigneur.

Aux prêtres persécutés et calomniés,

donne ta force, Seigneur.

Aux prêtres qui vacillent dans leur foi, 

donne ta force, Seigneur.

Aux prêtres âgés et malades, 

donne ta force, Seigneur.

Aux prêtres découragés et à ceux qui sont pleins de projets, 
donne ta force, Seigneur.
Aux prêtres qui sont infidèles à leurs promesses, 

donne ta force, Seigneur.


Pour qu’ils soient des pasteurs selon ton cœur, de grâce, écoute-nous.
Pour qu’ils persévèrent dans la prière, 

de grâce, écoute-nous.
Pour qu’ils suivent la voie de tes commandements, 

de grâce, écoute-nous.
Pour qu’ils annoncent ton Évangile avec vigueur, 

de grâce, écoute-nous.
Pour qu’ils aient le geste juste envers chacun, 

de grâce, écoute-nous.
Pour qu’ils soient miséricordieux envers les pécheurs, 

de grâce, écoute-nous.
Pour qu’ils aient l’amour des plus petits,
de grâce, écoute-nous.
Pour qu’ils supportent avec patience les personnes fragiles, 

de grâce, écoute-nous.
Pour qu’ils aient de la compassion envers les malades, 

de grâce, écoute-nous.
Pour qu’ils aient la grâce de se faire tout à tous, 

de grâce, écoute-nous.
Pour que nous sachions les soutenir, 

de grâce, écoute-nous.

Nous qui sommes pécheurs,
Jésus, Fils du Dieu vivant,

O Christ,  écoute-nous.
O Christ, exauce-nous.

1534

     Mgr Jérôme Beau, ancien directeur de l’Œuvre des Vocations, Archevêque de Bourges -

(extrait de Paris Notre-Dame du 5 septembre 2018)


"À travers la vie en maisons situées en paroisse, les séminaristes sont amenés, aujourd’hui, à admirer ce que font les laïcs. Et donc à mieux comprendre leur ministère de prêtre, à savoir : servir la communauté qui leur est confiée. Les laïcs ne sont pas les exécutifs du prêtre. Ils doivent discerner, avec les prêtres, sur la vie et l’avenir de la communauté ecclésiale. C’est tout l’objet du travail mené avec le cardinal André Vingt-Trois autour des conseils pastoraux. Je pense qu’une partie du cléricalisme, critiqué aujourd’hui par le pape, vient de la tentation identitaire de notre époque. Dans l’Église, on peut parfois être tenté de se donner sa place dans la communauté au lieu de la recevoir."

1407

  Benoît XVI 

 Homélie pour ses 60 ans de Sacerdoce en la Solennité de Saint Pierre et Saint Paul, 60ème anniversaire du Sacerdoce du pape Benoît XVI, 29 juin 2011


le pape Benoît XVI
portant sur la chasuble,
le pallium *
Aux Archevêques Métropolitains nommés après la dernière Fête des grands Apôtres, le pallium * va maintenant être imposé. Qu'est-ce que cela signifie ? Celui-ci peut nous rappeler avant tout le joug léger du Christ qui nous est déposé sur les épaules (cf. Mt 11, 29s). Le joug du Christ est identique à son amitié. C'est un joug d'amitié et donc un « joug doux », mais justement pour cela aussi, un joug qui exige et qui modèle. C'est le joug de sa volonté, qui est une volonté de vérité et d'amour. Ainsi, c'est pour nous surtout le joug qui introduit les autres dans l'amitié avec le Christ et nous rend disponibles aux autres pour en prendre soin comme Pasteurs. 
Avec cela, nous atteignons un sens supplémentaire du pallium : tissé avec de la laine des agneaux bénis en la fête de Sainte Agnès, il nous rappelle ainsi le Pasteur devenu Lui-même Agneau par amour pour nous. Il rappelle le Christ qui a marché sur les montagnes et dans les déserts, où son agneau - l'humanité - s'était égaré. 
Le pallium nous rappelle que Lui a pris l'agneau, l'humanité - moi - sur ses épaules, pour me ramener à la maison. Il nous rappelle de cette manière que, comme Pasteurs à son service, nous devons aussi porter les autres, les prendre, pour ainsi dire, sur nos épaules et les porter au Christ. Il nous rappelle que nous pouvons être Pasteurs de son troupeau qui reste toujours sien et ne devient pas nôtre. Enfin, le pallium signifie aussi très concrètement la communion des Pasteurs de l'Église avec Pierre et avec ses successeurs – il signifie que nous devons être des Pasteurs pour l'unité et dans l'unité et que c'est seulement dans l'unité dont Pierre est le symbole que nous conduisons vraiment vers le Christ.
Soixante années de ministère sacerdotal – chers amis, je me suis peut-être trop attardé sur des éléments particuliers. Mais en cet instant, je me suis senti poussé à regarder ce qui a caractérisé ces dizaines d'années. Je me suis senti poussé à vous dire - à tous, prêtres et Évêques comme aussi aux fidèles de l'Église - une parole d'espérance et d'encouragement ; une parole, murie à travers l'expérience, sur le fait que le Seigneur est bon. Cependant, c'est surtout un moment de gratitude : gratitude envers le Seigneur pour l'amitié qu'Il m'a donnée et qu'Il veut nous donner à tous. Gratitude envers les personnes qui m'ont formé et accompagné. Et en tout cela se cache la prière qu'un jour le Seigneur dans sa bonté nous accueille et nous fasse contempler sa joie. Amen !

Le pallium est un ornement liturgique catholique consistant en une bande d'étoffe de laine blanche dont le port, sur la chasuble, est réservé au pape, aux primats, aux archevêques métropolitains et à quelques rares évêques, pendant la célébration de la messe.

1406

  Benoît XVI 

 Homélie pour ses 60 ans de Sacerdoce en la Solennité de Saint Pierre et Saint Paul, 60ème anniversaire du Sacerdoce du pape Benoît XVI, 29 juin 2011

Portez du fruit, un fruit qui demeure ! Quel fruit attend-Il de nous ? Quel est le fruit qui demeure ? Eh bien, le fruit de la vigne est le raisin à partir duquel se prépare par la suite le vin. Arrêtons-nous un instant sur cette image. Pour que le bon raisin puisse mûrir, il faut non seulement du soleil mais encore de la pluie, le jour et la nuit. Pour que parvienne à maturité un vin de qualité, il faut le foulage, le temps nécessaire à la fermentation, le soin attentif qui sert au processus de la maturation. Le vin fin est caractérisé non seulement par sa douceur, mais aussi par la richesse de ses nuances, l'arôme varié qui s'est développé au cours du processus de maturation et de fermentation. N'est-ce pas déjà une image de la vie humaine, et selon un mode spécial, de notre vie de prêtre ? Nous avons besoin du soleil et de la pluie, de la sérénité et de la difficulté, des phases de purification et d'épreuve, comme aussi des temps de cheminement joyeux avec l'Évangile. Jetant un regard en arrière nous pouvons remercier Dieu pour les deux réalités : pour les difficultés et pour les joies, pour les heures sombres et les heures heureuses. Dans les deux cas nous reconnaissons la présence continuelle de son amour, qui toujours nous porte et nous supporte.
Maintenant, nous devons cependant nous demander : de quelle sorte est le fruit que le Seigneur attend de nous ? 
Le vin est l'image de l'amour : celui-ci est le vrai fruit qui demeure, celui que Dieu veut de nous. N'oublions pas pourtant que dans l'Ancien Testament le vin qu'on attend du raisin de qualité est avant tout une image de la justice qui se développe dans une vie vécue selon la loi de Dieu ! Et nous ne disons pas qu'il s'agit d'une vision vétérotestamentaire et dépassée aujourd'hui : non, cela demeure toujours vrai. L'authentique contenu de la Loi, sa summa, est l'amour pour Dieu et le prochain. Ce double amour, cependant, n'est pas simplement quelque chose de doux. Il porte en lui la charge de la patience, de l'humilité, de la maturation dans la formation de notre volonté jusqu'à son assimilation à la volonté de Dieu, à la volonté de Jésus-Christ, l'Ami. 
Ainsi seulement, l'amour véritable se situe aussi dans le devenir vrai et juste de tout notre être, ainsi seulement il est un fruit mûr. Son exigence intrinsèque, la fidélité au Christ et à son Église, requiert toujours d'être réalisée aussi dans la souffrance. Ainsi vraiment grandit la véritable joie. Au fond, l'essence de l'amour, du vrai fruit, correspond à l'idée de se mettre en chemin, de marcher : 
l'amour signifie s'abandonner, se donner ; il porte en soi le signe de la croix. Dans ce contexte Grégoire-le-Grand a dit une fois : si vous tendez vers Dieu, veillez à ne pas le rejoindre seul (cf. H Ev 1,6,6 : PL 76, 1097s) - une parole qui doit nous être, à nous comme prêtres, intimement présente chaque jour.

1405

  Benoît XVI 

 Homélie pour ses 60 ans de Sacerdoce en la Solennité de Saint Pierre et Saint Paul, 60ème anniversaire du Sacerdoce du pape Benoît XVI, 29 juin 2011

 « Je vous ai institués pour que vous alliez et que vous portiez du fruit et un fruit qui demeure » (Jn 15, 16). 
La première tâche donnée aux apôtres – aux amis - est de se mettre en route, de sortir de soi-même et d'aller vers les autres. Puissions-nous ici entendre ensemble la parole du Ressuscité adressée aux siens, avec laquelle Saint Matthieu termine son évangile : « Allez et enseignez à tous les peuples… » (cf. Mt 28, 19s). 
Le Seigneur nous exhorte à dépasser les limites du milieu dans lequel nous vivons, à porter l'Évangile dans le monde des autres, afin qu'il envahisse tout et qu'ainsi le monde s'ouvre au Royaume de Dieu. Cela peut nous rappeler que Dieu-même est sorti de Lui-même, Il a abandonné sa gloire pour nous chercher, pour nous donner sa lumière et son amour. Nous voulons suivre le Dieu qui se met en chemin, surpassant la paresse de rester repliés sur nous-mêmes, afin que Lui-même puisse entrer dans le monde.

1404

  Benoît XVI 

 Homélie pour ses 60 ans de Sacerdoce en la Solennité de Saint Pierre et Saint Paul, 60ème anniversaire du Sacerdoce du pape Benoît XVI, 29 juin 2011


«Non plus serviteurs mais amis » : Qu'est-ce que vraiment l'amitié ?  – vouloir les mêmes choses et ne pas vouloir les mêmes choses, disaient les anciens. L'amitié est une communion de pensée et de vouloir. Le Seigneur nous dit la même chose avec grande insistance : « Je connais les miens et les miens me connaissent » (cf. Jn 10, 14). Le Pasteur appelle les siens par leur nom (cf. Jn 10, 3). Il me connaît par mon nom. Je ne suis pas n'importe quel être anonyme dans l'immensité de l'univers. Il me connaît de façon toute personnelle. 
Et moi, est-ce que je Le connais Lui ? L'amitié qu'Il me donne peut seulement signifier que moi aussi je cherche à Le connaître toujours mieux ; que moi dans l'Écriture, dans les Sacrements, dans la rencontre de la prière, dans la communion des Saints, dans les personnes qui s'approchent de moi et que Lui m'envoie, je cherche à Le connaître toujours plus. L'amitié n'est pas seulement connaissance, elle est surtout communion du vouloir. Elle signifie que ma volonté grandit vers le « oui » de l'adhésion à la sienne. 
Sa volonté, en effet, n'est pas pour moi une volonté externe et étrangère, à laquelle je me plie plus ou moins volontiers, ou à laquelle je ne me plie pas. Non, dans l'amitié, ma volonté en grandissant s'unit à la sienne, sa volonté devient la mienne et ainsi, je deviens vraiment moi-même. Outre la communion de pensée et de volonté, le Seigneur mentionne un troisième, un nouvel élément : Il donne sa vie pour nous (cf. Jn 15, 13 ; 10, 15). Seigneur, aide-moi à Te connaître toujours mieux ! Aide-moi à ne faire toujours plus qu'un avec ta volonté ! Aide-moi à vivre ma vie non pour moi-même, mais à la vivre avec Toi pour les autres ! Aide-moi à devenir toujours plus Ton ami !

1403

  Benoît XVI 

 Homélie pour ses 60 ans de Sacerdoce en la Solennité de Saint Pierre et Saint Paul, 60ème anniversaire du Sacerdoce du pape Benoît XVI, 29 juin 2011

 « Non plus serviteurs, mais amis » : je savais et j'avais conscience qu'à ce moment précis, ce n'était pas seulement une parole rituelle, ni une simple citation de la Sainte Écriture. J'avais conscience qu'en ce moment-là, le Seigneur Lui-même me l'adressait de façon toute personnelle. 
 Il m'appelle ami. Il m'accueille dans le cercle de ceux auxquels il s'était adressé au Cénacle. Dans le cercle de ceux que Lui connaît d'une façon toute particulière et qui ainsi sont amenés à Le connaître de façon particulière. Il me donne la faculté, qui fait presque peur, de faire ce que Lui seul, le Fils de Dieu, peut dire et faire légitimement : Moi, je te pardonne tes péchés. Il veut que moi – par son mandat – je puisse prononcer avec son « Je » une parole qui n'est pas seulement une parole mais plus encore une action qui produit un changement au plus profond de l'être. Je sais que derrière cette parole, il y a sa Passion à cause de nous et pour nous. Je sais que le pardon a son prix : dans sa Passion, Lui-même est descendu dans la profondeur obscure et sale de notre péché. Il est descendu dans la nuit de notre faute, et c'est seulement ainsi qu'elle peut être transformée. Et par le mandat de pardonner, Il me permet de jeter un regard sur l'abîme de l'homme et sur la grandeur de sa souffrance pour nous les hommes, qui me laisse deviner la grandeur de son amour. Il me dit : « Non plus serviteurs, mais amis ». Il me confie les paroles de la Consécration eucharistique. Il m'estime capable d'annoncer sa Parole, de l'expliquer de façon juste et de la porter aux hommes d'aujourd'hui. Il s'en remet à moi. « Vous n'êtes plus serviteurs mais amis » : c'est une affirmation qui procure une grande joie intérieure et qui, en même temps, dans sa grandeur, peut faire frémir au long des décennies, avec toutes les expériences de notre faiblesse et de son inépuisable bonté.
«Non plus serviteurs mais amis » : dans cette parole est contenu tout le programme d'une vie sacerdotale

1308

  saint Jean-Paul II (1920-2005)

(Pastores dabo vobis)

"Par la consécration sacramentelle, le prêtre est configuré à Jésus Christ en tant que tête et pasteur de l'Église, et reçoit le don d'un "pouvoir spirituel" qui est participation à l'autorité avec laquelle Jésus Christ, par son Esprit, guide l'Église."

566

Marthe Robin (1902-1981)
Extrait de son "journal" 

PRIÈRE DE MARTHE ROBIN POUR LES PRÊTRES Prenez vos prêtres, ô mon Dieu, pleinement, entièrement, pour accomplir, pour aider à accomplir tout ce que vous voulez d’eux. Conduisez-les en tout et pour tout. Ô mon Dieu, soyez leur force. Ô mon Dieu, que toutes leurs actions, les plus importantes, les plus minimes, leur viennent de vous. Qu’elles soient toutes pour vous, ô mon Dieu, pour vous glorifier, pour vous aimer et vous faire aimer. Mon Dieu, incendiez nos cœurs, incendiez-nous de votre amour : remplissez-nous de votre lumière, de votre joie divine. Ô Père, répandez sur le monde et sur les âmes votre suprême miséricorde, votre divin pardon. Mon Dieu, donnez votre Amour à la France et au monde, rétablissez l’ordre et la paix sur la terre. Faites l’unité des peuples, faites l’unité des esprits, ô mon Dieu, faites l’unité des cœurs en Vous.

Jésus disait à ses disciples : "Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai Aimés." (Jn 15, 12)