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2484

        Pape Paul VI
         (Message du pape Paul VI, pour le Carême 1974)
"Dans le langage imagé de son époque, saint Basile de Césarée prêchait déjà à ceux qui sont dans l’aisance : «Le pain qui demeure inutile chez vous, c’est le pain de celui qui a faim ; la tunique suspendue dans votre garde-robe, c’est la tunique de celui qui est nu ; la chaussure qui demeure inutile chez vous est celle du pauvre qui va nu-pieds ; l’argent que vous tenez enfoui, c’est l’argent du pauvre : vous commettez autant d’injustices que vous pourriez répandre de bienfaits » (Homélie VI sur Lc, XII, 18, PG XXXI, col. 275).
De telles paroles donnent à réfléchir en un temps où haine et conflits sont provoqués par l’injustice de celui qui accapare quand l’autre n’a rien, de celui qui préfère le souci de son propre lendemain à l’aujourd’hui de son prochain, de celui qui, par ignorance ou par égoïsme, refuse de se priver du superflu en faveur de ceux qui manquent du nécessaire (cf. Mater et Magistra)." (...) 
Sachez tous écouter dans notre appel un double écho : celui de la voix du Seigneur qui vous parle et vous exhorte, et celui du gémissement de l’humanité qui pleure et qui vous prie. Tous, évêques et prêtres, religieuses et religieux, laïcs adultes et enfants, à titre individuel et en communauté, nous sommes appelés à faire œuvre de partage, dans l’amour, car c’est un commandement du Seigneur."

 

2415

        Huguette Le Blanc
         ( Seigneur ouvre nos coeurs - paru sur coopbelsud/le mot du jour)
"Seigneur, ouvre nos cœurs à la pauvreté, rends-nous sensibles au don de ta présence. Que la faim, la soif, les larmes de tant de frères et de sœurs ne nous trouvent pas insensibles.
Ouvre nos yeux et nos cœurs afin qu’ils voient cette humanité-famille que tu nous donnes : tous ces peuples qui survivent dans les bidonvilles, les favelas, les taudis rapiécés du Nord et du Sud ; tous ces peuples qui n’ont plus que leur courage comme bagages.
Vois, nos larmes coulent si rarement pour ces populations que l’on traite sans respect. Notre richesse, notre indifférence et notre silence complices ne sont-ils pas signes de notre inhumanité ?
Que ta Parole en ce jour vienne à notre secours ; qu’elle nous recrée en ton Esprit d’amour afin que nous devenions vivants et vivantes de toi.
Apprends-nous à devenir véritablement humains, et à laisser passer par nos pauvretés le don de ton amour." 

2406

        Benoît XVI
         (Message pour le Carême 2006)
Face aux terribles défis de la pauvreté d’une si grande part de l’humanité, l’indifférence et le repli sur son propre égoïsme se situent dans une opposition intolérable avec le «regard» du Christ. Avec la prière, le jeûne et l’aumône, que l’Église propose de manière spéciale dans le temps du Carême, sont des occasions propices pour se conformer à ce «regard». Les exemples des saints et les multiples expériences missionnaires qui caractérisent l’histoire de l’Église constituent des indications précieuses sur le meilleur moyen de soutenir le développement. Aujourd’hui encore, au temps de l’interdépendance globale, on peut constater qu’aucun projet économique, social ou politique ne remplace le don de soi à autrui, dans lequel s’exprime la charité. Celui qui agit selon cette logique évangélique vit la foi comme amitié avec le Dieu incarné et, comme Lui, se charge des besoins matériels et spirituels du prochain. Il le regarde comme un mystère incommensurable, digne d’une attention et d’un soin infinis. Il sait que celui qui ne donne pas Dieu donne trop peu.

2312

    Marthe Robin
    (Journal - Conseils pour avancer dans la voie de la perfection )
26. Ne rechercher en rien ce que la vie a de meilleur, mais toujours ce qu’elle a de plus parfait. N’avoir qu’une volonté par amour du Christ Rédempteur : celle d’entrer toujours plus avant dans le dépouillement, le dénuement et la pauvreté de tout ce qui n’est pas Dieu. C’est en accomplissant toutes ses actions avec amour, avec grande humilité de cœur, qu’on parvient très vite à la pleine jouissance des joies divines. Que ne fait pas le divin Maître dans une âme confiante et parfaitement abandonnée à sa merveilleuse et souveraine volonté !

2309

    Marthe Robin
    (Journal - Conseils pour avancer dans la voie de la perfection )
23. Ne considérons jamais les afflictions et la pauvreté comme des châtiments, mais au contraire accueillons-les comme un trésor de grande valeur, puisque c’est par elles que nous devenons, pour ainsi dire, d’autres Jésus ! Quoi de plus vrai et de plus enthousiasmant !

2305

    Fènelon (1651-1715)
    (Entretien pour le jour de l’Assomption)
« Aimer en silence, ne vouloir que Dieu seul, ne tenir à rien, pas même à ses dons pour se les approprier avec complaisance ; souffrir tout en esprit d’amour ; souffrir la vie, comme les maux dont elle est pleine, par abandon à Dieu et dans le dépouillement intérieur ; n’avoir plus rien à soi et n’être plus à soi-même, vivre, mourir avec un cœur égal, ou plutôt n’avoir ni cœur ni volonté, mais laisser Dieu uniquement vouloir et s’aimer soi-même sans mesure au dedans de nous : oh ! Vous voilà, adoration pure, simple et parfaite ! C’est de tels adorateurs que le Père cherche. » 

2152

    François Varillon
      (Extraits de ses conférences "Joie de croire, joie de vivre", p. 58)
"« Avoir une âme de pauvre c’est être dépossédé de soi, donc se laisser mettre en question par l’autre.»
Il ne s’agit évidemment pas de traduire les pauvres d’esprit ! « En esprit » veut dire : à la racine même, au cœur de l’être. La pauvreté en esprit est intérieure à l’amour.
L’amour sans pauvreté n’est pas l’amour (ceci est inintelligible si vous n’en faites pas l’expérience !). C’est pourquoi Dieu même est pauvre : il est étranger à l’avoir (Dieu n’a rien), car son mode d’exister c’est d’aimer. 
Avoir une âme de pauvre (au sens où l’on parle de l’âme d’un violon : c’est sans doute la meilleure traduction de « pauvre en esprit »), c’est être dépossédé de soi, donc se laisser mettre en question par l’autre d’une part, et, d’autre part, se fier à lui pour son bonheur à soi.
Les deux phrases qui définissent le pauvre sont celles-ci : « Je te fais crédit » (Credo) – c’est la foi – et « je te charge de ma béatitude » – c’est l’espérance.
Appuyé sur la foi et sur l’espérance, le pauvre vit dans la charité : il peut servir, se mettre au service de l’autre et des autres, car il est désentravé.
La béatitude de pauvreté domine tout l’Évangile.
D’un bout à l’autre de la Bible, le pauvre de Yahvé est le serviteur de Yahvé : il est donc dans le Royaume : heureux ceux qui ont une âme de pauvre, car le Royaume des cieux est à eux. Etes-vous entrés dans cette expérience, dans ce style, dans ce type d’existence ? Si oui, le Royaume est à vous.
Pour les autres, Jésus vous invite : si vous dites oui, le Royaume deviendra vôtre, c’est-à-dire la relation d’intimité avec Dieu.
La béatitude de pauvreté domine tout l’Évangile. Elle serait impensable si Dieu lui-même n’était pas pauvre, c’est-à-dire absolument étranger à l’avoir : Dieu n’a rien, Il est tout. Celui qui est tout n’a rien. Et ce tout qu’Il est, est un tout donné, Il n’est qu’Amour."

2131

  Benoît XVI
(Deus Caritas Est - §36)
« La prière comme moyen pour puiser toujours à nouveau la force du Christ devient ici une urgence tout à fait concrète. Celui qui prie ne perd pas son temps, même si la situation apparaît réellement urgente et semble pousser uniquement à l’action. La piété n’affaiblit pas la lutte contre la pauvreté ou même contre la misère du prochain. La bienheureuse Teresa de Calcutta est un exemple particulièrement manifeste que le temps consacré à Dieu dans la prière non seulement ne nuit pas à l’efficacité ni à l’activité de l’amour envers le prochain, mais en est en réalité la source inépuisable »

2087

      père Ranièro Cantalamessa
     (1ère prédication de Carême - 14 mars 2014 ) 
« La forme la plus nécessaire et la plus significative de jeûne, pour nous aujourd’hui, s’appelle sobriété. Se priver volontairement de petits ou de grands conforts, de ce qui est accessoire ou inutile, est communion à la Passion du Christ, et solidarité avec la pauvreté du plus grand nombre » 

2073

      Saint Cyprien de Carthage (v200-258)
       (Des bonnes oeuvres et de l'aumône)
"Si vous craignez que vos largesses n'épuisent votre patrimoine et ne vous réduisent à l'indigence, rassurez-vous : une fortune consacrée à l'usage du Christ et à mériter les biens éternels ne peut s'épuiser. Le Saint-Esprit nous dit par la bouche de Salomon : "Celui qui donne aux pauvres ne sera jamais dans l'indigence ; celui qui en détourne ses regards connaîtra les rigueurs de la pauvreté." La pauvreté est le partage des avares et non des hommes charitables et miséricordieux : "Celui qui donne la semence au laboureur vous donnera aussi le pain dont vous avez besoin ; Il augmentera à la fois vos moissons et vos mérites, afin que vous soyez riches en toutes choses." (2Co 9,10) 

1970

      Pape François
(Audience Générale du 5 février 2020 - 1ère catéchèse sur le thème des Béatitudes : "Heureux les pauvres de coeur, car le Royaume des cieux est à eux".)

Chers frères et sœurs, bonjour ! 
Nous abordons aujourd’hui la première des huit Béatitudes de l’Évangile de Matthieu. Jésus commence à proclamer son chemin du bonheur par une annonce paradoxale : « Heureux les pauvres de cœur, car le Royaume des cieux est à eux » (5,3). Une voie surprenante et un étrange objet de béatitude : la pauvreté.
Nous devons nous demander : qu’est-ce qu’on entend ici par « pauvres » ? Si Matthieu n’employait que ce mot, il aurait simplement une signification économique, c’est-à-dire qu’il indiquerait les personnes qui ont peu ou qui n’ont pas du tout de moyens de subsistance et qui ont besoin de l’aide des autres. 
Mais l’Évangile de Matthieu, à la différence de celui de Luc, parle de « pauvres de cœur ». Que veut-il dire ? L’esprit (en français : le cœur, ndr) selon la Bible, est le souffle de la vie que Dieu a communiqué à Adam ; c’est notre dimension la plus intime, disons la dimension spirituelle, la plus intime, celle qui fait de nous des personnes humaines, le noyau profond de notre être. Alors les « pauvres de cœur » sont ceux qui sont et qui se sentent pauvres, mendiants, dans l’intime de leur être. Jésus les proclame heureux, parce que c’est à eux qu’appartient le Royaume des cieux. 
Combien de fois nous a-t-on dit le contraire ! Il faut être quelque chose dans la vie, être quelqu’un… Il faut se faire un nom… C’est de là que naît la solitude et la tristesse : si je dois être « quelqu’un », je suis en compétition avec les autres et je vis dans la préoccupation obsessionnelle de mon ego. Si je n’accepte pas d’être pauvre, je prends en haine tout ce qui me rappelle ma fragilité. Parce que cette fragilité m’empêche de devenir une personne importante, un riche non seulement d’argent, mais de réputation, de tout.
Toute personne, face à elle-même, sait bien que, quel que soit le mal qu’elle se donne, elle reste toujours radicalement incomplète et vulnérable. Il n’existe pas de maquillage pour couvrir cette vulnérabilité. Chacun de nous est vulnérable, à l’intérieur. Il doit voir où. Mais comme on vit mal, si l’on refuse ses propres limites ! On vit mal. On ne digère pas sa limite, elle est là. Les personnes orgueilleuses ne demandent pas d’aide, ne peuvent pas demander d’aide, il ne leur vient pas à l’esprit de demander de l’aide parce qu’elles doivent montrer qu’elles sont auto-suffisantes. Et combien parmi elles ont besoin d’aide, mais l’orgueil empêche de demander de l’aide. 
Et comme il est difficile d’admettre une erreur et de demander pardon ! Quand je donne un conseil aux jeunes époux, qui me demandent comment bien vivre leur mariage, je leur dis : « Il y a trois mots magiques : s’il te plaît, merci, excuse-moi ». Ce sont des mots qui viennent de la pauvreté de coeur. Il ne faut pas être envahissant, mais demander la permission : « Que penses-tu de faire ceci ? », ainsi il y a un dialogue en famille, l’épouse et l’époux dialoguent. « Tu as fait cela pour moi, merci, j’en avais besoin ». Et puis on fait toujours des erreurs, on glisse : « Excuse-moi ! ». Et en général, les couples, les jeunes ménages, ceux qui viennent ici et ils sont nombreux, me disent : « Le troisième est le plus difficile », s’excuser, demander pardon. Parce que l’orgueilleux n’y arrive pas. Il ne peut pas s’excuser : il a toujours raison. Il n’est pas pauvre de cœur. En revanche, le Seigneur ne se lasse jamais de pardonner ; c’est nous qui nous lassons de demander pardon. (cf. Angelus, 17 mars 2013). La lassitude de demander pardon : c’est une mauvaise maladie ! 
Pourquoi est-il difficile de demander pardon ? Parce que cela humilie notre image hypocrite. Et pourtant, vivre en cherchant à occulter nos propres carences est fatigant et angoissant. Jésus-Christ nous dit : être pauvre est une occasion de grâce : et il nous montre l’issue de cette lassitude. Nous avons reçu le droit d’être pauvres de cœur, parce que c’est là le chemin du Royaume de Dieu.
Mais il faut redire quelque chose qui est fondamental : nous ne devons pas nous transformer pour devenir pauvres de cœur, nous ne devons faire aucune transformation parce que nous le sommes déjà ! Nous sommes pauvres… ou, plus clairement : nous sommes de « pauvres types » de cœur ! Nous avons besoin de tout. Nous sommes tous pauvres de cœur, nous sommes des mendiants. C’est la condition humaine.
Le Royaume de Dieu appartient aux pauvres de cœur. Il y a ceux qui ont les royaumes de ce monde : ils ont des biens et ils ont le confort. Mais ce sont des royaumes qui prennent fin. Le pouvoir des hommes, même les empires les plus grands, passent et disparaissent. Nous voyons si souvent aux nouvelles télévisées ou dans les journaux que tel gouvernant fort, puissant, ou tel gouvernement qui existait hier et qui n’existe plus aujourd’hui, est tombé. Les richesses de ce monde passent, même l’argent. Les personnes âgées nous enseignaient que le linceul n’avait pas de poche. C’est vrai. Je n’ai jamais vu, derrière un cortège funèbre, un camion pour le déménagement : personne n’emporte rien avec soi. Ces richesses restent ici. 
Le Royaume de Dieu appartient aux pauvres de cœur. Il y a ceux qui ont les royaumes de ce monde, ils ont des biens et ils ont le confort. Mais nous savons comment ils finissent. Règne vraiment celui qui sait aimer le véritable bien plus que lui-même. Et c’est cela, le pouvoir de Dieu. 
En quoi le Christ s’est-il montré puissant ? Parce qu’il a su faire ce que les rois de la terre ne font pas : donner sa vie pour les hommes. Et c’est cela, le vrai pouvoir. Le pouvoir de la fraternité, le pouvoir de la charité, le pouvoir de l’amour, le pouvoir de l’humilité. Voilà ce qu’a fait le Christ.
C’est en cela qu’est la vraie liberté : celui qui a ce pouvoir de l’humilité, du service, de la fraternité est libre. La pauvreté dont les Béatitudes font l’éloge est au service de cette liberté. 
Parce qu’il y a une pauvreté que nous devons accepter, celle de notre être, et une pauvreté que nous devons, en revanche, chercher, la pauvreté concrète, des choses de ce monde, pour être libres et pouvoir aimer. Nous devons toujours chercher la liberté du cœur, celle qui plonge ses racines dans la pauvreté de notre être.

1946

      Pape François
(Exhortation apostolique Evangelii Gaudium du 24 novembre 2013 - §48)

Quand quelqu’un lit l’Évangile, il trouve une orientation très claire : pas tant les amis et voisins riches, mais surtout les pauvres et les infirmes, ceux qui sont souvent méprisés et oubliés, « ceux qui n’ont pas de quoi te le rendre » (Lc 14, 14). Aucun doute ni aucune explication, qui affaiblissent ce message si clair, ne doivent subsister. Aujourd’hui et toujours, « les pauvres sont les destinataires privilégiés de l’Évangile »,[52] et l’évangélisation, adressée gratuitement à eux, est le signe du Royaume que Jésus est venu apporter. Il faut affirmer sans détour qu’il existe un lien inséparable entre notre foi et les pauvres. Ne les laissons jamais seuls.

1868

     Saint François d'Assise
(Règle IX, 1-2)
Que tous les frères s’appliquent à suivre l’humilité et la pauvreté de notre Seigneur Jésus-Christ et qu’ils se rappellent que, du monde entier, nous ne devons rien avoir d’autre que ce que dit l’Apôtre : si nous avons de quoi manger et nous couvrir, soyons-en contents. Et ils doivent se réjouir quand ils vivent parmi des personnes viles et méprisées, parmi des pauvres et des infirmes …» 

1799

     pape François 
    (Homélie de la Messe de la nuit de Noël - 24/25 décembre 2019)
"Une belle légende raconte qu’à la naissance de Jésus, les bergers accourraient à la grotte avec divers dons. Chacun apportait ce qu’il avait, celui-ci des fruits de son travail, celui-là quelque chose de précieux. Mais, tandis que tous se dépensaient avec générosité, il y avait un berger qui n’avait rien. Il était très pauvre, il n’avait rien à offrir. Tandis que tous rivalisaient pour présenter leurs dons, il se tenait de côté, tout honteux. A un certain moment, saint Joseph et la Vierge se trouvèrent en difficulté pour recevoir tous ces dons, surtout Marie, qui devait porter l’Enfant. Alors, en voyant ce berger avec les mains vides, elle lui demanda de s’approcher. Et elle lui mit dans les bras Jésus. Ce berger, en l’accueillant, se rendit compte d’avoir reçu ce qu’il ne méritait pas, d’avoir entre les bras le don le plus grand de l’histoire. Il regarda ses mains, ces mains qui lui paraissaient toujours vides : elles étaient devenues le berceau de Dieu. Il se sentit aimé et, en surmontant la honte, il commença à montrer Jésus aux autres, parce qu’il ne pouvait pas garder pour lui le don des dons.

Cher frère, chère sœur, si tes mains te semblent vides, si tu vois ton cœur pauvre d’amour, cette nuit est pour toi. La grâce de Dieu est apparue pour resplendir dans ta vie. Accueille-la et la lumière de Noël brillera en toi."

1798

     pape François 
    (Homélie de la Messe de la nuit de Noël - 24/25 décembre 2019)
«Si tes mains te semblent vides, si tu vois ton cœur pauvre d’amour, cette nuit est pour toi»
« Sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi » (Is 9, 1). Cette prophétie de la première Lecture s’est réalisée dans l’Évangile : en effet, alors que les bergers veillaient la nuit sur leurs terres, « la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière » (Lc 2, 9). Dans la nuit de la terre est apparue une lumière venant du ciel. Que signifie cette lumière apparue dans l’obscurité ? L’Apôtre Paul nous le suggère, lui qui nous a dit : « La grâce de Dieu est apparue ». La grâce de Dieu, qui « s’est manifestée pour le salut de tous les hommes » (Tt 2, 11), a enveloppé le monde cette nuit.
Mais qu’est-ce que cette grâce ? C’est l’amour divin, l’amour qui transforme la vie, qui renouvelle l’histoire, qui libère du mal, qui répand la paix et la joie. Cette nuit, l’amour de Dieu s’est montré à nous : c’est Jésus. En Jésus, le Très Haut s’est fait petit, pour être aimé de nous. En Jésus, Dieu s’est fait Enfant, pour se laisser embrasser par nous. Mais, nous pouvons encore nous demander, pourquoi saint Paul appelle la venue de Dieu dans le monde “grâce” ? Pour nous dire qu’elle est complètement gratuite. Alors qu’ici sur terre, tout paraît répondre à la logique du donner pour avoir, Dieu arrive gratuitement. Son amour n’est pas négociable : nous n’avons rien fait pour le mériter et nous ne pourrons jamais le récompenser.
La grâce de Dieu est apparue. Cette nuit, nous nous rendons compte que, tandis que nous n’étions pas à la hauteur, Il s’est fait pour nous petitesse ; tandis que nous allions à nos affaires, Il est venu au milieu de nous. Noël nous rappelle que Dieu continue d’aimer tout homme, même le pire. A moi, à toi, à chacun de nous aujourd’hui, il dit : “Je t’aime et je t’aimerai toujours, tu es précieux à mes yeux”. Dieu ne t’aime pas parce que tu penses juste et que tu te comportes bien ; il t’aime et c’est tout. Son amour est inconditionnel, il ne dépend pas de toi. Tu peux avoir des idées erronées, tu peux avoir créé des situations très compliquées, mais le Seigneur ne renonce pas à t’aimer. Combien de fois ne pensons-nous pas que Dieu est bon si nous sommes bons et qu’Il nous châtie si nous sommes mauvais. Ce n’est pas ainsi. Dans nos péchés, Il continue de nous aimer. Son amour ne change pas, Il n’est pas susceptible ; Il est fidèle, Il est patient. Tel est le don que nous trouvons à Noël : nous découvrons avec stupeur que le Seigneur est toute la gratuité possible, toute la tendresse possible. Sa gloire ne nous aveugle pas, sa Présence ne nous effraie pas. Il naît pauvre de tout, pour nous conquérir avec la richesse de son amour.
La grâce de Dieu est apparue. Grâce est synonyme de beauté. Cette nuit, dans la beauté de l’amour de Dieu, nous redécouvrons aussi notre beauté, parce que nous sommes les bien-aimés de Dieu. Dans le bien et dans le mal, dans la santé et dans la maladie, heureux ou tristes, à ses yeux nous apparaissons beaux : non pas pour ce que nous faisons, mais pour ce que nous sommes. Il y a en nous une beauté indélébile, intangible, une beauté irrépressible qui est le noyau de notre être. Aujourd’hui Dieu nous le rappelle, en prenant avec amour notre humanité et en la faisant sienne, “en l’épousant” pour toujours.
Vraiment la « grande joie » annoncée cette nuit aux bergers est « pour tout le peuple ». Parmi ces bergers, qui n’étaient certes pas des saints, nous y sommes aussi, avec nos fragilités et faiblesses. Comme il les a appelés, Dieu nous appelle aussi, parce qu’Il nous aime. Et, dans les nuits de la vie, à nous comme à eux Il dit : « Ne craignez pas » (Lc 2, 10). Courage, ne perds pas confiance, ne perds pas l’espérance, ne pense pas qu’aimer est du temps perdu ! Cette nuit, l’amour a vaincu la crainte, une espérance nouvelle est apparue, la douce lumière de Dieu a vaincu les ténèbres de l’arrogance humaine. Ô Humanité, Dieu t’aime et pour toi Il s’est fait homme, tu n’es plus seule !
Chers frères et sœurs, que faire devant cette grâce ? Une seule chose : accueillir le don. Avant d’aller à la recherche de Dieu, laissons-nous chercher par Lui. Ne partons pas de nos capacités, mais de sa grâce, parce que c’est Lui, Jésus, le Sauveur. Posons le regard sur l’Enfant et laissons-nous envelopper de sa tendresse. Nous n’aurons plus d’excuses pour ne pas nous laisser aimer par Lui : ce qui dans la vie va mal, ce qui dans l’Eglise ne fonctionne pas, ce qui dans le monde ne va pas ne sera plus une justification. Cela passera au second plan, parce que devant l’amour fou de Jésus, un amour toute douceur et proximité, il n’y a pas d’excuses. La question à Noël est : “Est-ce que je me laisse aimer par Dieu ? Est-ce que je m’abandonne à son amour qui vient pour me sauver ?”.
Un don aussi grand mérite une profonde gratitude. Accueillir la grâce est savoir remercier. Mais nos vies sont souvent vécues loin de la gratitude. Aujourd’hui, c’est le jour idéal pour nous approcher du tabernacle, de la crèche, de la mangeoire, pour dire merci. Accueillons le don qui est Jésus, pour ensuite devenir don comme Jésus. Devenir don est donner du sens à la vie. Et c’est le meilleur moyen pour changer le monde : nous changeons, l’Eglise change, l’histoire change quand nous commençons non pas à vouloir changer les autres, mais nous-mêmes, en faisant de notre vie un don.
Jésus nous le montre cette nuit : Il n’a pas changé l’histoire en forçant quelqu’un ou à force de paroles, mais avec le don de sa vie. Il n’a pas attendu que nous devenions bons pour nous aimer, mais Il s’est donné gratuitement à nous. Nous aussi, n’attendons pas que notre prochain devienne bon pour lui faire du bien, que l’Eglise soit parfaite pour l’aimer, que les autres nous considèrent pour les servir. Commençons les premiers. Ça, c’est accueillir le don de la grâce. Et la sainteté n’est autre que conserver cette gratuité.
Tableau de Giacomo Farelli (1629-1706)
Une belle légende raconte qu’à la naissance de Jésus, les bergers accourraient à la grotte avec divers dons. Chacun apportait ce qu’il avait, celui-ci des fruits de son travail, celui-là quelque chose de précieux. Mais, tandis que tous se dépensaient avec générosité, il y avait un berger qui n’avait rien. Il était très pauvre, il n’avait rien à offrir. Tandis que tous rivalisaient pour présenter leurs dons, il se tenait de côté, tout honteux. A un certain moment, saint Joseph et la Vierge se trouvèrent en difficulté pour recevoir tous ces dons, surtout Marie, qui devait porter l’Enfant. Alors, en voyant ce berger avec les mains vides, elle lui demanda de s’approcher. Et elle lui mit dans les bras Jésus. Ce berger, en l’accueillant, se rendit compte d’avoir reçu ce qu’il ne méritait pas, d’avoir entre les bras le don le plus grand de l’histoire. Il regarda ses mains, ces mains qui lui paraissaient toujours vides : elles étaient devenues le berceau de Dieu. Il se sentit aimé et, en surmontant la honte, il commença à montrer Jésus aux autres, parce qu’il ne pouvait pas garder pour lui le don des dons.
Cher frère, chère sœur, si tes mains te semblent vides, si tu vois ton cœur pauvre d’amour, cette nuit est pour toi. La grâce de Dieu est apparue pour resplendir dans ta vie. Accueille-la et la lumière de Noël brillera en toi.

1794

     Thérèse-Emmanuel de la Mère de Dieu (1817-1888)
    (Note Manuscrite)
Bethléem, c'est toi. Tu me prépareras ce lieu pauvre et humble que je bénirai et où je naîtrai. Tu es un Bethléem vivant qui doit aspirer à me recevoir, m'attirer par ses désirs ,'appeler, m'aimer ; tu es le gîte où je veux être posé. Je viens à ce qui est pauvre, misérable, vil, et j'en deviens la grandeur. Je serai la tienne si tu te laisses posséder entièrement dans ta misère et ta pauvreté, par moi, la richesse des cieux. En ce petit Bethléem de ton coeur, tout mon mystère doit se passer, s'accomplir, dans la réalité divine de ma naissance." 

1791

     William Faber (1814-1863)
       (Bethléem)
"Les animaux, la crèche, la paille, l'obscurité et le froid ! Voilà les préparatifs que Dieu avait faits pour Lui-même ! La société des animaux, et la place qu'ils lui avaient pour ainsi dire prêtée pour qu'il y pût naître, indiquaient son excessive pauvreté. La crèche était la figure de son délaissement, et pouvait-il y en avoir une figure plus complète ? La paille de rebut sur laquelle Il était couché, et que Joseph avait ramassée peut-être sous les pieds des animaux, exprimait bien ce rejet que les hommes ont fait et feront de Lui et de son Église pendant toutes les générations jusqu'à la fin." 

1775

     pape François 
(Homélie du 9 décembre 2013 - Un monde paralytique)
"L'Évangile de la guérison du paralytique nous présente le Christ, vainqueur de la paralysie de l'humanité. Il nous décrit le pouvoir de la miséricorde divine qui pardonne et dissout le péchés dès lors qu'il rencontre une foi authentique. Les paralysés de la conscience sont contagieux. Avec la complicité de la pauvreté de l'histoire et de notre péché, ils peuvent se développer pour intégrer les structures sociales et les communautés, au point de mettre fin à des peuples entiers. Mais le commandement du Christ peut retourner la situation : "lève-toi et marche !" Que l'hostilité et la division cessent pour toujours. Que reprennent par des intérêt contradictoires et obscurs. Que de réelles garanties de libertés religieuses soient enfin accordées à tous, ainsi que le droit des chrétiens à vivre sereinement là où ils sont nés, dans la patrie qu'ils aiment en tant que citoyens depuis deux mille ans, pour contribuer comme toujours au bien de tous... Et continuons d'avancer, en cherchant le Seigneur, en cherchant de nouvelles routes, de nouvelles voies qui nous rapprochent de Lui. Et s'il le faut, perçons un trou dans le toit pour nous rapprocher tous du Seigneur, pour que notre imagination créatrice de la charité nous mène à cela : trouver et montrer la voie de la rencontre, la route de la fraternité, la route de la paix. Pour notre part, nous désirons "glorifier Dieu", en remplaçant la peur par l'émerveillement : aujourd'hui encore, nous pouvons voir des "choses prodigieuses". Le prodige de l'Incarnation du Verbe et, par conséquent, de la proximité absolue de Dieu avec l'humanité, dans laquelle nous projette le Mystère de l'Avent." 

1773

     pape François 
(Homélie du 2 décembre 2014 - Le Mystère de l'Incarnation)
"On ne connaît la grandeur du mystère de Dieu qu'à travers celui de Jésus, et le mystère de Jésus parle précisément de s'abaisser, de s'annihiler, de s'humilier, un mystère qui apporte le salut aux pauvres, à ceux qui sont détruits par tant de maladies, qui ont péché dans des situations difficiles. En dehors de ce cadre, on ne peut pas comprendre le mystère de Jésus, on ne peut pas comprendre l'onction du Saint-Esprit qui le fait se réjouir (cf Lc 10, 21-24) dans la louange du Père, et qui le conduit à évangéliser les pauvres, les exclus. Nous demandons au Seigneur de nous rapprocher toujours plus de son mystère, et de le faire sur la route qu'Il veut que nous suivions : la voie de l'humilité, la voie de la douceur, la voie de la pauvreté, celle sur laquelle nous nous sentons pécheurs. C'est ainsi qu'il vient nous sauver, nous libérer."

1707

     pape François 
( Homélie, Sainte Marthe, 16 décembre 2014)
"Faire confiance à Dieu "

Quand nous serons à même de dire au Seigneur : " Seigneur, voici mes péchés. Pas ceux de celui-ci ou de celui-là; Ce sont les miens. Prends-les, Toi, comme cela, je serai sauvé", alors nous verrons quel beau peuple, un peuple humble et pauvre a confiance dans le nom du Seigneur."

Jésus disait à ses disciples : "Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai Aimés." (Jn 15, 12)