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1577

      saint Bernard de Clairvaux 
(Bernard de Clairvaux. 2e Sermon de Carême, 1-2, trad. M.-I. Huille, Paris, Cerf, coll. « Sources Chrétiennes » 567, 2016, p. 129-133.)
Se tourner vers le Seigneur

« Que signifie, bien-aimés, cet ordre du Seigneur de nous tourner vers Lui ? En effet, Il est partout, Il remplit tout, et en même temps Il contient tout. De quel côté m'orienter pour me tourner vers Toi, Seigneur mon Dieu ? Si je monte au ciel, Tu es là ; si je descends aux enfers, là encore Tu es présent (Ps 138, 8). Que veut-Tu de moi ? Vers où me tourner vers Toi ? En haut ou en bas ? À droite ou à gauche ?
« Si vous ne vous convertissez pas, dit Jésus, et ne devenez comme ce petit enfant, vous n'entrerez pas dans le royaume des Cieux. » (cf Mt 18, 1-5.10.12-14). Je reconnais maintenant de quel côté Dieu veut que nous nous tournions : c'est vers le petit Enfant qu'il nous faut nous tourner pour apprendre de Lui qu' Il est doux et humble de cœur (Mt 11, 29) ; car c'est dans ce but qu'Il nous a été donné petit Enfant (Is 9, 5).
Voyons maintenant comment il faut nous convertir vers ce petit Enfant — vers le Maître de la douceur et de l'humilité.
« Convertissez-vous vers moi », dit le Seigneur. Frères, s'il avait dit ; Convertissez-vous vers moi, sans ajouter de précisions, peut-être aurions-nous pu lui répondre en toute liberté : « C'est fait ! Commande-nous maintenant autre chose. »
Mais maintenant, si je comprends bien, c'est une conversion spirituelle qu'Il nous demande, et pareille conversion ne s'accomplit pas en un seul jour ; puisse-t-elle au moins s'achever au cours de toute la vie que nous passons en ce corps ! »

1558

   Père Ambroise-Marie Carré (1908-2004)
(Croire avec 20 personnages de l'Évangile, Cerf, Paris, 2004, p. 37-38.)

L'esprit d'humilité
"La foi qui cherche ne peut se passer d'humilité, d'audace, de confiance. Voilà ce que le Seigneur nous propose dans l'enfant (Mt 18, 1-5). Ce qui fait la valeur irremplaçable de « l'esprit d'enfance », qui n'a rien à voir avec l'infantilisme, c'est l'humilité.
Ne l'oublions pas : c'est l'enfant que Jésus a donné en modèle à ses Apôtres qui étaient des hommes, qu'il avait choisis, qui avaient tout quitté pour le suivre et qui allaient devenir les colonnes de l'Église.
L'humilité n'a pas toujours bonne presse car elle est mal comprise. Aujourd'hui, on dit que l'homme humble se déprécie. On nomme l'humilité « complexe d'infériorité » — ou bien l'on prétend qu'elle n'est jamais, qu'elle ne peut pas être sincère.

Mais l'humilité chrétienne, plus originalement chrétienne que les autres vertus, car les philosophes de l'Antiquité l'ignoraient, joue un rôle essentiel. Elle nous situe dans la vérité de la condition humaine qui est dépendance à l'égard du Créateur et dépendance à l'égard du Rédempteur. Nous sommes constamment remis à Dieu, car la création et la rédemption continuent." 

1542

     Mgr Didier-Léon Marchand
(à l'occasion du 70ème anniversaire des Foyers de Charité)
"La sainteté consiste d'abord à se laisser "saisir" par l'amour de Dieu. Se laisser envahir par sa grâce. C'est dire "oui" au Christ et continuer de le dire dans toutes les situations de la vie. Il s'agit bien de persévérer dans ce oui qui n'est pas seulement un oui à ce que Jésus a prescrit. C'est beaucoup plus qu'une obligation. On n'aime pas par obligation. C'est un oui au Christ qui "demeure en nous". La Sainteté, c'est rejoindre Jésus qui "demeure en nous". La Sainteté, c'est rejoindre Jésus qui "demeure en nous". Le laisser nous envahir par son Amour. Lui laisser prendre la place qu'Il veut, c'est à dire toute la place. "

1486

   Saint Jean Chrysostome 
 (In Act. hom. 10, 4).
« Quand vous m'applaudissez, j'éprouve sur le coup une satisfaction. Pourquoi ne pas le reconnaître ? Je m'en réjouis et suis heureux. Mais rentré chez moi, je me mets à considérer que ceux qui m'applaudissent ne tirent aucun profit de mon sermon, la leçon est ensevelie sous le bruit et la louange. Alors je suis triste, je pousse des soupirs et je pleure ; j'ai le sentiment d'avoir parlé en vain »

1463

     Pape François
(Homélie pour le Dimanche des Rameaux - 5 avril 2020)


"Jésus « s’est anéanti, prenant la condition de serviteur » (Ph 2, 7). Laissons-nous introduire dans les jours saints par ces mots de l’apôtre Paul, où la Parole de Dieu, comme un refrain, montre Jésus comme un serviteur : le Jeudi saint il est le serviteur qui lave les pieds à ses disciples ; le Vendredi saint il est présenté comme le serviteur souffrant et victorieux (cf. Is 52, 13) ; et déjà demain, Isaïe prophétisera de lui : « Voici mon serviteur que je soutiens » (Is 42, 1). Dieu nous a sauvés en nous servant. En général nous pensons que c’est à nous de servir Dieu. Non, c’est lui qui nous a servi gratuitement, parce qu’il nous a aimé en premier. Il est difficile d’aimer sans être aimés. Et il est encore plus difficile de servir si nous ne nous laissons pas servir par Dieu.

Mais de quelle façon le Seigneur nous a-t-il servi ? En donnant sa vie pour nous. Nous lui sommes chers et nous lui avons coûté cher. Sainte Angèle de Foligno a témoigné d’avoir entendu de Jésus ces paroles : « Ce n’est pas pour rire que je t’ai aimée ». Son amour l’a conduit à se sacrifier pour nous, à prendre sur lui tout notre mal. C’est une chose qui nous laisse pantois : Dieu nous a sauvés en acceptant que notre mal s’acharne sur lui. Sans réagir, avec seulement l’humilité, la patience et l’obéissance du serviteur, exclusivement avec la force de l’amour. Et le Père a soutenu le service de Jésus : il n’a pas mis en déroute le mal qui s’abattait sur lui, mais il a soutenu sa souffrance, pour que notre mal soit vaincu seulement par le bien, pour qu’il soit traversé jusqu’au fond par l’amour. Jusqu’au fond.

Le Seigneur nous a servis jusqu’à éprouver les situations les plus douloureuses pour qui aime : la trahison et l’abandon.

La trahison. Jésus a subi la trahison du disciple qui l’a vendu et du disciple qui l’a renié. Il a été trahi par les gens qui l’acclamaient et qui ensuite ont crié : « Qu’il soit crucifié ! » (Mt 27, 22). Il a été trahi par l’institution religieuse qui l’a condamné injustement et par l’institution politique qui s’est lavé les mains. Pensons aux petites et aux grandes trahisons que nous avons subies dans la vie. C’est terrible quand on découvre que la confiance bien placée a été trompée. Naît au fond du cœur une déception telle que la vie semble ne plus avoir de sens. Cela arrive parce que nous sommes nés pour être aimés et pour aimer, et la chose la plus douloureuse c’est d’être trahi par celui qui a promis de nous être loyal et proche. Nous ne pouvons pas non plus imaginer comme cela a été douloureux pour Dieu, qui est amour.

Regardons-nous à l’intérieur. Si nous sommes sincères avec nous-mêmes, nous verrons nos infidélités. Que de fausseté, d’hypocrisies et de duplicités ! Que de bonnes intentions trahies ! Que de promesses non tenues ! Que de résolutions laissées s’évanouir ! Le Seigneur connaît notre cœur mieux que nous, il sait combien nous sommes faibles et inconstants, combien de fois nous tombons, que de mal nous avons à nous relever et combien il est difficile de guérir certaines blessures. Et qu’a- t-il fait pour venir à notre rencontre, pour nous servir ? Ce qu’il avait dit par le prophète : « Moi je les guérirai de leurs infidélités, je les aimerai d’un amour gratuit » (Os 14, 5). Il nous a guéris en prenant sur lui nos infidélités, en enlevant nos trahisons. De sorte que, au lieu de nous décourager par peur de ne pas y arriver, nous pouvons lever notre regard vers le Crucifié, recevoir son embrassade et dire : “ Voilà, mon infidélité est là, tu l’as prise, toi, Jésus. Tu m’ouvres les bras, tu me sers par ton amour, tu continues à me soutenir…Alors j’avance ! ”

L’abandon. Sur la croix, dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus dit une phrase, une seule :

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27, 46). C’est une phrase forte. Jésus avait souffert l’abandon des siens, qui avaient fui. Mais il lui restait le Père. Maintenant, dans l’abîme de la solitude, pour la première fois il l’appelle par le nom générique de “ Dieu”. Et il lui crie « d’une voix forte » le “pourquoi” le plus déchirant : “ Pourquoi, toi aussi, m’as-tu abandonné ? ”. Ce sont en réalité les paroles d’un Psaume (cf. 21, 2) : on y dit que Jésus a aussi porté en prière l’extrême désolation. Mais il reste le fait qu’il l’a éprouvée : il a éprouvé l’abandon le plus grand dont les Évangiles témoignent en rapportant ses paroles originales : Eli, Eli lemà sabactani ?

Pourquoi tout cela ? Encore une fois pour nous, pour nous servir. Parce que lorsque nous nous sentons le dos au mur, quand nous nous trouvons dans une impasse, sans lumière et sans issue, quand il semble que même Dieu ne répond pas, nous nous rappelions que nous ne sommes pas seuls. Jésus a éprouvé l’abandon total, la situation qui lui est la plus étrangère, afin de nous être solidaire en tout. Il l’a fait pour moi, pour toi, pour te dire : “ N’aie pas peur, tu n’es pas seul. J’ai éprouvé toute ta désolation pour être toujours à ton côté ”. Voilà jusqu’où Jésus nous a servi, descendant dans l’abîme de nos souffrances les plus atroces, jusqu’à la trahison et à l’abandon. Aujourd’hui, dans le drame de la pandémie, face à tant de certitudes qui s’effritent, face à tant d’attentes trahies, dans le sens d’un abandon qui nous serre le cœur, Jésus dit à chacun de nous : “ Courage : ouvre ton cœur à mon amour. Tu sentiras la consolation de Dieu, qui te soutient ”.

Chers frères et sœurs, que pouvons-nous faire devant Dieu qui nous a servis jusqu’à éprouver la trahison et l’abandon ? Nous pouvons ne pas trahir celui pour qui nous avons été créés, ne pas abandonner ce qui compte. Nous sommes au monde pour l’aimer, lui et les autres. Le reste passe, cela demeure. Le drame que nous sommes en train de traverser nous pousse à prendre au sérieux ce qui est sérieux, et à ne pas nous perdre dans des choses de peu de valeur ; à redécouvrir que la vie ne sert à rien si on ne sert pas. Parce que la vie se mesure sur l’amour. Alors, en ces jours saints, à la maison, tenons-nous devant le Crucifié, mesure de l’amour de Dieu pour nous. Devant Dieu qui nous sert jusqu’à donner sa vie, demandons la grâce de vivre pour servir. Cherchons à contacter celui qui souffre, celui qui est seul et dans le besoin. Ne pensons pas seulement à ce qui nous manque, mais au bien que nous pouvons faire.

Voici mon serviteur que je soutiens. Le Père qui a soutenu Jésus dans sa Passion, nous encourage nous aussi dans le service. Certes, aimer, prier, pardonner, prendre soin des autres, en famille comme dans la société, peut coûter. Cela peut sembler un chemin de croix. Mais le chemin du service est le chemin vainqueur, qui nous a sauvés et qui nous sauve la vie. Je voudrais le dire spécialement aux jeunes, en cette Journée qui, depuis trente-cinq ans leur est consacrée. Chers amis, regardez les vrais héros, qui apparaissent ces jours-ci : ce ne sont pas ceux qui ont renommée, argent et succès, mais ceux qui se donnent eux-mêmes pour servir les autres. Sentez-vous appelés à mettre en jeu votre vie. N’ayez pas peur de la dépenser pour Dieu et pour les autres, vous y gagnerez ! Parce que la vie est un don qui se reçoit en se donnant. Et parce que la joie la plus grande est de dire oui à l’amour, sans si et sans mais. Comme Jésus pour nous.

1365

    pape François
(Audience Générale du 17 novembre 2017)
Jésus répond que la première chose nécessaire pour prier est de savoir dire «Père». Soyons attentifs: si je ne suis pas capable de dire «Père» à Dieu, je ne suis pas capable de prier. Nous devons apprendre à dire «Père», c’est-à-dire à nous mettre en sa présence dans une confiance filiale. Mais pour pouvoir apprendre, il faut humblement reconnaître que nous avons besoin d’être instruits, et dire avec simplicité: Seigneur, apprends-moi à prier.
C’est le premier point: être humbles, se reconnaître comme ses fils, reposer dans le Père, avoir confiance en Lui. Pour entrer dans le Royaume des cieux il est nécessaire de devenir petits comme des enfants. A savoir que les enfants savent avoir confiance, ils savent que quelqu’un se préoccupera pour eux, de ce qu’ils mangeront, de comment ils s’habilleront et ainsi de suite (cf. Mt 6, 25-32). C’est la première attitude: confiance et confidence, comme un enfant à l’égard de ses parents; savoir que Dieu se rappelle de toi, prend soin de toi, de toi, de moi, de tous.

1360

   saint Pio de Pietrelcina

 Prière :
« O Christ ton règne est proche ; fais-nous participer à ton triomphe sur la terre pour ensuite avoir part à ton royaume céleste. 
Accorde-nous de pouvoir communiquer ton amour et d’annoncer ta royauté divine par l’exemple de notre vie et par nos œuvres. 
Prends possession de nos cœurs ici-bas, afin qu’ils soient tiens pour l’éternité. 
Ne permets pas que nous nous éloignons de ta volonté : que ni la vie ni la mort ne parviennent à nous séparer de Toi. 
Que notre cœur ait sa source en Toi, notre Sauveur, pour que, rassasiés de ton amour, nous devenions les apôtres infatigables de ton Règne. 
Que nous mourions chaque jour à nous-mêmes pour ne vivre que de Toi seul. »

1333

   pape François 

(Centre œcuménique CEO (Genève)Jeudi 21 juin 2018)

"Marcher demande l'humilité de retourner sur ses propres pas, quand c'est nécessaire, et le souci des compagnons de voyage, car ce n'est qu'ensemble qu'on marche bien. Marcher en somme, exige une conversion de soi continue. C'est pourquoi beaucoup y renoncent, en préférant la quiétude de la maison, où ils s'occupent commodément de leurs propres affaires sans s'exposer aux risques du voyage."

1329

 saint Ignace de Loyola (1491-1556)

 (Lettre du 17/11/1555)

'Plaise à la divine Bonté de nous communiquer toujours la lumière de la Sagesse, pour que nous puissions voir clairement et accomplir fermement son bon plaisir, (...) pour que nous acceptions de sa main ce qu’il nous envoie, en faisant cas de ce qui a le plus d’importance : la patience, l’humilité, l’obéissance et la charité…
Que Jésus Christ soit seulement en nos âmes !' 

1326

  sainte Jeanne de Chantal (1572-1641)

 (Entretien X)

"En quoi consiste le doux support que nous devons avoir les uns pour les autres ? 
il consiste à supporter doucement le prochain en tout ce qu'il pourrait dire ou faire qui ne serait pas bien, et qui nous déplairait et nous serait à contrecoeur, sans nous étonner de ses manquements et imperfections. Nous ne pouvons nous empêcher de les voir, et il ne faut pas penser que ce qui est mal ne le soit pas ; mais lorsque nous le voyons et rencontrons, allons à Dieu et rentrons en nous-mêmes, et nous trouverons beaucoup de défauts et de choses à corriger et censurer, de quoi il nous faut profondément humilier." 

1318

  Jean-Nicolas Grou (1731-1803)

 (Manuel des âmes intérieures)

"Pour concevoir ce que c'est que la vraie vertu, c'est dans Jésus-Christ qu'il faut la considérer : il est notre unique modèle, Il nous a été donné comme tel, Il s'est fait homme pour nous rendre la sainteté sensible et palpable. Toute sainteté qui n'est pas formée et moulée sur la sienne est fausse. 
Jésus-Christ ne s'est jamais cherché lui-même, jamais Il n'a eu en vue ses propres intérêts, ni temporels ni spirituels : Il ne s'est jamais abstenu d'aucune bonne oeuvre dans la crainte de leur déplaire. 
Jésus-Christ a eu une tendre compassion pour les pécheurs sincèrement humiliés et repentants de leurs fautes : le publicain, Madeleine, la femme adultère, la Samaritaine, sont traités par Lui avec une bonté qui nous étonne. 
Jésus Christ a supporté avec une douceur inaltérable les défauts et la grossièreté de ses apôtres. A considérer les choses selon nos idées, combien ne devait-il pas souffrir d'avoir à vivre avec des hommes si imparfaits et si ignorants des choses de Dieu ? 
Jésus-Christ a souffert de la part de ses ennemis tous les genres de persécutions. Il ne leur a opposé que son innocence et la vérité ; Il a laissé agir leurs passions, Il s'est tu quand Il les a vus obstinés dans leur malice ; Il n'a pas cherché à se justifier, ce qui lui était si aisé ; Il s'est laissé condamner ; Il leur a pardonné, Il a prié, Il a versé son sang pour eux." 

1271

  sainte Thérèse d'Avila (1515-1582)

« Ne crois pas ma fille, que l’union consiste à être tout près de moi, car ceux qui m’offensent le sont aussi, même contre leur gré. 
Elle ne consiste pas non plus dans les régals et les délices de l’oraison, même si je les accorde à un très haut degré ; ce n’est souvent qu’un moyen de gagner les âmes, même si elles ne sont pas en état de grâce. » Faveur 1572 p. 551 
Il faut de la patience et de l’humilité sur ce chemin. Il se peut bien que dans les débuts l’on ait une relation très forte avec le Seigneur, presque immédiate et l’on a l’impression que lui et nous c’est tout un. Le temps passant, ces expériences deviennent moins fortes, moins sensibles et l’on croit que Dieu s’éloigne de nous ou que l’on s’éloigne de lui, sans qu’il y ait de faute apparente de notre part. Parfois cela peut aller jusqu’au désespoir. 
En fait nous nous heurtons à un faux problème car c'est à ce niveau de la relation que le Seigneur nous attend, mais il veut nous emmener plus loin et nous aider à passer du sensible à l’esprit, car il est Esprit.

1264

Etienne Binet (1569-1639)

(Pratique solide de l'amour de Dieu)

"Tant que l'amour de Dieu n'aura pas l'empire sur votre coeur et que vous ne voudrez pas abaisser votre animosité pour pardonner à votre ennemi, soyez assuré que vos vertus ne seront pas des vertus ; ou si elles le sont, ce seront des vertus païennes et barbares, ce seront des vertus mortes et sans l'âme de la Charité."

1258

 Jean Nicolas Grou (1731-1803)

(Manuel des âmes intérieures)

"Quelle misère ! Ne devrait-on pas voir que c'est l'orgueil tout pur, qu'on est humilié de se trouver, dans l'épreuve, moins fort, moins saint qu'on ne croyait, et qu'on n'aspire à être exempt d'imperfection et de fautes, que pour s'en applaudir en soi-même. Or, ce ne sont pas ceux qui font le moins de fautes qui sont les plus saints, mais ceux qui ont plus de courage, plus de générosité, plus d'amour, qui font de plus grands efforts sur eux-mêmes, et qui n'appréhendent pas de broncher, de tomber même et de se salir un peu pourvu qu'ils avancent." 

1256

  Tertullien (160-220)

(De la Pénitence)

"Beaucoup se dérobent au devoir de la pénitence ou le diffèrent de jour en jour, parce qu'ils redoutent de s'afficher en public. Ils ont plus de souci de la honte que de leur salut. Mais dis-donc, toi, le pudibond, quand il s'agissait de pécher tu gardais le front haut, tu le baisses quand il s'agit d'apaiser Dieu !" 

1254

  Jean-Nicolas Grou (1731-1803)

(Manuel des âmes intérieures)

"Dieu demande que, quand on s'est donné tout à fait à Lui, on demeure soumis et abandonné à sa Volonté dans tous les états où Il lui plaît de nous mettre, et qu'on ne fasse rien de soi-même pour sortir de cet état sous prétexte qu'il est trop pénible pour la nature, et qu'on n'y peut pas durer plus longtemps. Il ne faut donc pas désirer qu'il nous délivre d'une tentation, ni d'une humiliation, ni d'une épreuve intérieure, destinée à nous purifier, mais il faut demander le courage de supporter tout cela jusqu'au bout. 
Ce que Dieu demande par-dessus tout, c'est l'abandon, l'abandon de tout sans exception, et pour toujours. 
Mais comme cet abandon a ses degrés, qui vont toujours croissant jusqu'à la perte entière de soi-même en Lui, il faut se tenir simplement dans la disposition générale de lui sacrifier quelque chose à mesure qu'Il la demandera. 
Il n'est donc pas besoin de rien prévoir ni de se mettre en idée dans des circonstances où peut-être on ne se trouvera jamais, ni d'essayer ses forces en se demandant si l'on pourra porter telle ou telle épreuve. 
L'abandon laisse à Dieu le soin de disposer de tout, et ne s'occupe que du moment présent. " 

1252

  saint François de Sales  (1567-1622) 

(Vrais Entretiens sprituels)

"Il y en a qui demandent des croix, et il ne leur semble jamais que Notre Seigneur leur en donnera assez pour satisfaire à leur ferveur ! Moi, je n'en demande point, seulement je désire de me tenir prêt pour porter celles qu'il plaira à sa Bonté de m'envoyer, le plus patiemment et humblement que je pourrai. J'aimerai mieux porter une petite croix de paille que l'on me mettrait sur les épaules sans mon choix, plutôt que d'aller en couper une bien grande dans un bois avec beaucoup de travail, et la porter par après avec une grande peine ; et je croirais, comme il serait véritable, être plus agréable à Dieu avec la croix de paille qu'avec celle que je me serais fabriquée avec plus de peine et de sueur, parce que je la porterais avec plus de satisfaction pour l'amour propre qui se plaît tant à ses inventions ! " 

1245

Jean-Nicolas Grou (1731-1803

(Manuel des âmes intérieures)

" Ah ! Seigneur, chargez-vous vous-même de cette guerre. L'amour-propre n'est mon ennemi que parce qu'il est le vôtre : attaquez-le, domptez-le, écrasez-le ; poursuivez-le jusqu'à entière destruction. Je me livre et m'abandonne à vous dans ce dessein : vous êtes tout-puissant ; ne souffrez pas que je vous résiste ; ne me permettez pas le moindre regard sur moi-même, la moindre complaisance du bien qu'il vous plaira de faire en moi, la moindre attache à vos dons, le moindre esprit de propriété. Ne me relâchez pas, ô mon Dieu, que le vieil Adam ne soit tout à fait détruit en moi, et que le nouvel Adam, qui est Jésus-Christ, ne règne à sa place, et ne m'ait rendu saint de sa propre sainteté ! Ainsi soit-il."

1244

Jean-Nicolas Grou (1731-1803

(Manuel des âmes intérieures)

"L'Amour de Dieu et l'amour-propre sont comme les deux poids d'une balance, dont l'un ne peut baisser sans que l'autre s'élève. Ainsi, l'unique moyen de perfection, la grande pratique qui embrasse toutes les autres, est de travailler à mourir à soi-même en toutes choses, de se combattre, et, comme nous ne sommes ni assez clairvoyants, ni assez désintéressés, ni assez habiles dans le choix des moyens, pour entreprendre et pour conduire avec succès une guerre de cette importance, dont notre propre coeur est le champ de bataille, nous n'avons qu'un parti à prendre, qui est de nous donner franchement à Dieu, de nous reposer sur Lui du soin de cette guerre, et de Le seconder de tout notre pouvoir."

1243

Jean-Nicolas Grou (1731-1803

(Manuel des âmes intérieures)

"Mon grand ennemi, celui par lequel nos autres ennemis, le démon et le monde, peuvent tout contre moi, c'est moi-même, c'est ce vieil homme, ce funeste rejeton d'Adam pécheur ; c'est cet amour-propre né avec moi, développé en moi avant l'usage de ma raison, fortifié par mes passions, par les ténèbres de mon entendement, par la faiblesse de ma volonté, par l'abus que j'ai fait de ma liberté, par mes péchés, et mes mauvaises habitudes.
Comment combattre, coment vaincre ce terrible ennemi ?
Comment m'y prendre et par où commencer ?
Hélas ! il renaîtra des coups mêmes que je lui porterai ; il s'applaudira de mes victoires, et se les attribuera comme reflet de ses propres forces. Il se contemplera et s'admirera dans les vertus que j'aurai acquises, dans les défauts que j'aurai corrigés : il s'énivrera des louanges que les autres donneront à ma piété, il s'énorgueillira même des actes d'humilité que j'aurai faits.
Comment terrasser un ennemi qui dans sa propre déaite trouve le sujet de son triomphe ?" 

Jésus disait à ses disciples : "Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai Aimés." (Jn 15, 12)