Affichage des articles dont le libellé est - St Augustin. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est - St Augustin. Afficher tous les articles

467

St Augustin
Sermon 19, 5
Que me réserves-tu dans le ciel ? Qu'est-ce qui m'attend là-haut ? La vie éternelle, l'incorruptibilité, la royauté avec le Christ, la société des anges. Là, plus de trouble, plus d'ignorance, plus de dangers, plus de tentations ; la vraie, la certaine, l'immuable sécurité ! Et loin de toi, qu'ai-je recherche sur la terre ? des richesses qui fuient, tombent, s'envolent ; qu'ai-je recherché ? l'or, cette terre au reflet jaune, l'argent, cette terre au pâle reflet ; l'honneur, fumée d'un instant ; voilà ce que j'ai recherché loin de toi sur la terre ! Et dire qu'en voyant cela aux mains des pécheurs, mes pieds chancelaient et j'étais sur le point de tomber ! Oh ! que Dieu est bon pour ceux qui ont le cœur droit.

460

St Augustin
Traité sur l'évangile de saint Jean, 19, 19
Je ne cherche point ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé... Je ne cherche pas ma volonté, c’est-à-dire ma volonté propre, la volonté du Fils de l’homme, une volonté qui résiste à celle de Dieu. Quand les hommes font ce qu’ils veulent au lieu de faire ce qu’ordonne le Seigneur, ils agissent suivant leur volonté, et non suivant celle de Dieu ; mais lorsqu’ils font leur volonté, de manière à ce qu’elle reste subordonnée à celle de Dieu, ils n’agissent nullement suivant leur volonté propre, quoiqu’ils fassent ce qu’ils veulent. Fais volontairement ce qu’on te commande ainsi feras-tu même ce que tu veux, et, au lieu d’agir à ta volonté, tu feras celle de ton supérieur.

448

St Augustin
Sermon 69, 2
Tu veux devenir grand, commence par être petit. Tu songes à élever un haut bâtiment, pense d'abord à lui donner pour fondement l'humilité. Plus on veut exhausser une construction, plus important doit être un édifice, plus aussi le fondement doit être profond. On s'élève en construisant une demeure, on s'abaisse en creusant les fondations. Aussi peut-on dire que la maison descend avant de monter, et que la grandeur ne vient qu'après l'humiliation.

425

St Augustin
Sermon 47, 3 (le troupeau du Seigneur)
Quel bonheur, d'être du troupeau de Dieu ! On ne saurait y réfléchir, mes frères, sans ressentir une grande joie au milieu même des larmes et des tribulations de cette vie. Car le troupeau dont on fait partie n'est pas sous la garde d'un berger que puissent déchirer les loups ou surprendre les voleurs pendant son sommeil. A qui est-il dit : Vous êtes le pasteur d'Israël (Ps LXXIX, 2) ? sinon à Celui de qui il est dit encore : Jamais ne dort ni ne sommeille le Gardien d'Israël (Ps CXX, 4) ? Soit donc que nous veillions, soit que nous dormions, toujours il veille sur nous ; et si les troupeaux ordinaires sont en sûreté sous la garde d'un homme, quelle doit être notre sécurité, puisque nous sommes sous la houlette de Celui qui est à la fois notre pasteur et notre père ?

421

St Augustin
Sermon 336, 1 (pour la dédicace d'une église)
Aussi, afin de pouvoir entrer et demeurer en nous comme dans un temple qu'il se bâtissait, le Seigneur Jésus disait : Je vous donne un commandement nouveau, c'est que vous vous aimiez les uns les autres (Jean, XIII, 34). (...)
Votre charité doit donc considérer que, dans tout l'univers, cette demeure mystérieuse est encore en construction, ainsi qu'il a été prédit et promis. Aussi, lorsqu'après le captivité, comme on lit dans un autre psaume, ont bâtissait la maison sainte, on s'écriait : Chantez au Seigneur un cantique nouveau ; toute la terre, chantez au Seigneur. Ces mots : Un cantique nouveau, sont synonymes de ces autres du Seigneur : Un commandement nouveau. Qu'y a-t-il, en effet, dans un nouveau cantique, sinon une affection nouvelle ? Le chant est l'expression de l'amour ; le cri du chantre sacré est la ferveur de l'amour divin.

412

St Augustin
Sermon 46, 14 (le pasteur unique)

Il y 'a même des brebis qui s'opiniâtrent parce qu'on cherche à les rappeler de leur égarement ; elles prétendent que leur égarement même et leur perte nous les rendent étrangères.
― Pourquoi nous désirez-vous ? pourquoi nous cherchez-vous ? disent-elles. Comme si leur égarement et leur perte n'étaient pas pour nous un motif de les rappeler et de les chercher ! ― Si je suis égaré, si je suis perdu, dit-on, pourquoi me désires-tu ? pourquoi me cherches-tu ? ― Je veux te rappeler précisément parce que tu es égaré, et te retrouver parce que tu es perdu. ― Mais je veux rester ainsi dans mon égarement et ma ruine. ― Tu veux rester ainsi dans ton égarement et ta ruine ! Et moi je ne veux pas : n'ai-je pas raison davantage ? Je dis même plus, je ne craindrai pas de me rendre importun.
J'entends en effet l'Apôtre me crier : Prêche la parole, insiste à temps et à contre-temps (2 Tim 4, 2). Près de qui à temps et près de qui à contre-temps ? A temps près de ceux qui veulent, à contre-temps près de ceux qui refusent.Je me rendrai donc importun et je ne crains pas de te dire : Tu veux t'égarer, tu veux périr, et moi je ne veux pas ; il ne le veut pas non plus, Celui dont l'autorité m'épouvante. Et si j'y consentais, vois ce qu'il me dirait, vois quel reproche il m'adresserait : Vous n'avez pas rappelé celles qui étaient égarées, ni recherché celles qui étaient perdues.

407

St Augustin
Sermon 295, 4 (fête de St Pierre et de St Paul)
Simon, fils de Jean, lui dit Jésus, m'aimes-tu ? Je vous aime, répondit-il. Interrogé une seconde fois il fit une seconde fois la même réponse. Mais interrogé pour la troisième fois, comme si sa parole n'inspirait pas confiance, il s'attriste. Et pourtant, comment aurait manqué de confiance en lui, Celui qui voyait son cœur à découvert ? Après ce mouvement de tristesse il répondit enfin : Seigneur, vous qui savez toutes choses, vous savez aussi que je vous aime. Vous savez tout, cela ne vous échappe pas plus que le reste. — O Apôtre, ne t’afflige pas, réponds une, deux et trois fois. Sois trois fois victorieux en confessant ton amour, puisque trois fois ta présomption a été vaincue par la crainte. Il faut délier jusqu'à trois fois ce que trois fois tu avais lié. Délie par amour ce que tu avais lié par crainte. Malgré cette crainte, le Seigneur n'en recommanda pas moins, une, deux et trois fois, ses brebis à Pierre.

380

St Augustin
De Trinitate, VIII, 8, 12
Que personne ne dise : Je ne sais quoi aimer. Qu’il aime son frère et il aimera l’amour même. En effet, il connaît mieux l’amour qui le fait aimer, que le frère qu’il aime. Il peut donc connaître Dieu mieux qu’il ne connaît son frère ; beaucoup mieux, parce que Dieu est plus présent ; beaucoup mieux, parce qu’il est plus intime ; beaucoup mieux, parce qu’il est plus certain. Embrasse le Dieu amour, et tu embrasseras Dieu par l’amour. C’est cet amour qui unit tous les bons anges et tous les serviteurs de Dieu par le lien de la sainteté, nous unit à eux et entre nous, et nous rattache tous à lui. Donc plus nous sommes exempts de la bouffissure de l’orgueil, plus nous sommes remplis d’amour et de quoi, sinon de Dieu, est rempli celui qui est rempli d’amour ? ― Mais, diras-tu, je vois la charité, je la découvre autant que possible des yeux de l’esprit, et je crois à l’Ecriture qui me dit: « Dieu est charité, et qui demeure dans la charité demeure en Dieu (Jean IV, 16 ) » ; mais si je vois la charité, je ne vois pas en elle la Trinité. ― Eh bien ! tu vois la Trinité, si tu vois la charité. Je ferai mes efforts pour t’en convaincre ; seulement qu’elle daigne elle-même nous assister, afin que la charité nous mène à quelque bon résultat.

376

St Augustin
Confessions, 10, 1, 1
Que je vous connaisse, intime connaisseur de l’homme ! que je vous connaisse comme vous me connaissez ! ( 1 Cor. 13, 12). Force de mon âme, pénétrez-la, transformez-la, pour qu’elle soit vôtre et par vous possédée sans tache et sans ride ! (Ephés. 5, 27). C’est là tout mon espoir, toute ma parole ! Ma joie est dans cet espoir lorsqu’elle n’est pas insensée. Quant au reste des choses de cette vie, moins elles valent de larmes, plus on leur en donne ; plus elles sont déplorables, moins on les pleure ! Mais, vous l’avez dit, vous aimez la vérité, Seigneur (Ps 50, 8) ; et celui qui l’accomplit vient à la lumière (Jean 3, 21) : qu’elle soit donc dans mon cœur qui se confesse à vous, qu’elle soit dans cet écrit qui me confesse à tous !

356

St Augustin
Sermon 261, pour le jour de l'Ascension, n° 1
Il n'y a pour ressusciter que ce qui meurt ; le Seigneur est donc ressuscité pour nous inspirer confiance, pour nous empêcher de désespérer à la mort et de nous croire alors au terme de toute notre vie. Nous étions inquiets sur le sort même de l'âme, et le Sauveur, en ressuscitant, nous a rassurés sur le sort de la chair elle-même. Ainsi il est monté. Qui est
monté ? Celui qui est descendu. Il est descendu pour te guérir ; il est monté pour t'élever. Tu tombes si tu t'élèves toi-même ; tu restes élevé si c'est lui qui t'élève : d'où il suit qu'élevé près du Seigneur, le cœur est dans un asile, et qu'élevé autrement, il est en proie à l'orgueil. Disons donc au Seigneur quand il ressuscite : « Vous êtes, Seigneur, mon espérance » ; et quand il monte au ciel : « Vous avez établi bien haut notre refuge » (Ps. XC, 9). Et comment serions-nous orgueilleux en tenant notre cœur élevé jusqu'à lui, puisqu'il s'est fait humble en notre faveur pour nous empêcher de demeurer orgueilleux ?

354

St Augustin
Sermon 261, pour le jour de l'Ascension, n° 1
La résurrection du Seigneur est notre espérance ; son ascension, notre gloire. Nous célébrons aujourd'hui la solennité de l'Ascension; si donc nous célébrons cette fête du Seigneur avec droiture, avec fidélité, avec dévotion, avec sainteté et avec piété, montons avec lui et tenons en haut notre cœur. Or, en montant, gardons-nous de nous élever et de présumer de nos mérites comme s'ils nous étaient propres. Notre cœur doit être en haut, mais attaché au Seigneur, sans quoi il y serait livré à l'orgueil, au lieu qu'en demeurant sous l'aile de Dieu il est dans un sûr asile ; car en le voyant monter nous disons au Seigneur : Vous êtes pour nous un asile (Ps 89, 1).

326

St Augustin
Traité sur l'évangile de saint Jean, 52, 11
Après avoir dit : « Maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors », Jésus ajoute : « Et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tout à moi » (Jn 12, 32). Que signifie ce « tout », sinon ceux du cœur desquels le diable est chassé ? Il ne dit pas tous, mais « tout » ; car la foi n’est pas donnée à tous. Ce mot ne s’applique donc pas à l’universalité des hommes, mais à l’intégralité de la nature humaine ; c’est-à-dire à l’esprit, à l’âme, au corps. A l’esprit qui nous fait comprendre, à l’âme qui nous fait vivre, et au corps qui nous rend visibles et tangibles. Celui, en effet, qui a dit : « Il ne périra pas un cheveu de votre tête », attire tout à lui. Mais si, par le mot « tout », il faut entendre les hommes eux-mêmes, nous pouvons dire que c’est tous ceux qui sont prédestinés au salut, et dont aucun ne doit périr, comme le Christ l’a dit plus haut en parlant de ses brebis. On peut comprendre aussi qu’il attirera à lui tous les genres d’hommes, et dans toutes les langues, et dans tous les âges, et dans toutes les positions de fortune, et dans tous les degrés d’intelligence, et dans toutes les professions honnêtes et utiles, et enfin dans les innombrables états qui, en dehors du péché, distinguent les hommes entre eux, depuis les plus élevés jusqu’aux plus humbles, depuis le roi jusqu’au mendiant. « Je les attirerai tous après moi », et cela afin d’être leur chef et de les avoir pour ses membres. Il dit : « Si je suis élevé de terre », pour dire : quand j’aurai été élevé de terre ; car il ne doute pas de la réalisation de ce qu’il est venu accomplir. Ces paroles se rapportent à celles qu’il avait dites plus haut : « Mais si le grain de blé meurt, il porte beaucoup de fruit ». Car cette élévation, que signifie-t-elle, sinon sa passion sur la croix ? Du reste, l’Evangéliste ne manque pas de nous le dire ; car il ajoute : « Il disait cela pour marquer de quelle mort il devait mourir ».

314

St Augustin
Traité sur l'évangile de saint Jean, 33, 6
A mon avis, la coupable avait ressenti une terreur moins vive à entendre ses accusateurs qu’à écouter ces paroles du Sauveur : « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre ». Dès que ceux-ci eurent reporté sur eux-mêmes leur attention, ils se reconnurent fautifs et en donnèrent la preuve en s’éloignant : ils laissèrent donc cette femme, souillée d’un grand crime, en présence de celui qui était sans péché. Elle lui avait entendu dire : « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre ». Aussi s’attendait-elle à une punition de la part de celui en qui l’on n’avait jamais découvert aucun péché. Pour lui, après avoir écarté ses ennemis par le langage de la justice, il leva vers elle des regards pleins de douceur et lui adressa cette question : « Personne ne t’a condamnée ? — Personne, Seigneur », répondit-elle. — Et il ajouta : « Je ne te condamnerai pas non plus ». Parce que tu n’as pas trouvé de péché en moi, tu as craint sans doute de me voir prononcer ta condamnation : eh bien, « je ne te condamnerai pas non plus ». Eh quoi, Seigneur, approuveriez-vous le péché ? Non certes, il ne l’approuve pas ; car, écoute ce qui suit : « Va, et ne pèche plus à l’avenir ». Le Sauveur a donc prononcé une condamnation ; mais ce qu’il a condamné, c’est le péché, et non le pécheur.

310

St Augustin
Traité sur l'évangile de saint Jean, 44, 1
Si nous réfléchissons au sens caché de ce fait, nous verrons que l’aveugle représente le genre humain ; car la cécité a été, chez le premier homme, le résultat du péché, et il nous a communiqué à tous, non seulement le germe de la mort, mais encore celui de l’iniquité. Puisque l’infidélité est un véritable aveuglement, et qu’on jouit de la vue quand on a la foi, le Christ, au moment de sa venue sur la terre, a-t-il trouvé un seul fidèle ? L’Apôtre, qui était de la même nation que les Prophètes, a dit : « Nous avons été autrefois, par notre nature, les enfants de la colère comme le reste des hommes ». Si nous avons été enfants de colère, nous étions les enfants de la vengeance, de la peine, de la géhenne. Comment l’étions-nous par nature, si ce n’est que, par le péché du premier homme, la corruption est devenue pour nous une seconde nature ? Si la corruption est devenue pour nous une seconde nature, tout homme est né aveugle, quant à son âme. Si, en effet, il voyait, il n’aurait pas besoin qu’on le conduise ; et s’il a besoin qu’on le conduise et qu’on lui rende la vue, il est donc un aveugle-né.

293

St Augustin
Traité sur l'évangile de saint Jean, 55, 1
Nous voici parvenus au récit que Jean nous fait de la cène du Seigneur. Nous devons, avec la grâce de Dieu, l’exposer convenablement et l’expliquer selon qu’il nous donnera de le faire. « Avant le jour de la fête de Pâques, Jésus sachant que son heure était venue de passer de ce monde à son Père, comme il avait aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à la fin ». Le mot Pâque, mes frères, n’est pas, comme quelques-uns le pensent, un mot grec, mais bien un mot hébreu. Cependant il se présente très à propos sur ce mot une certaine concordance des deux langues. Comme souffrir, en grec, se dit pasxein, il semble que la passion est appelée Pâque, comme si ce nom indiquait les souffrances du Sauveur. Mais le mot Pâque, en sa propre langue, qui est la langue hébraïque, signifie passage. C’est pour cela que le peuple hébreu célébra la Pâque pour la première fois, lorsque, s’enfuyant d’Egypte, il passa la mer Rouge.
Maintenant donc cette figure prophétique est accomplie dans la vérité, puisque, comme un agneau, Jésus-Christ est conduit au lieu de son immolation ; puisque son sang, qui teint nos portes, c’est-à-dire puisque le signe de la croix, dont nos fronts sont marqués, nous délivre de la corruption de ce siècle comme en quelque sorte de la mort et de la captivité d’Egypte ; nous effectuons ce passage salutaire, lorsque, de l’empire du diable, nous passons à celui de Jésus-Christ, et que, de ce monde si fragile, nous passons à son royaume inébranlable. Nous passons vers Dieu qui demeure toujours, pour ne point passer avec le monde qui s’en va.
Louant Dieu de cette grâce qu’il nous a faite, l’Apôtre dit de lui « qu’il nous a arrachés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour ». L’Evangéliste donc, comme pour nous expliquer ce mot de Pâque, qui, je l’ai dit, signifie passage, commence ainsi : « Avant le jour de la fête de Pâques, Jésus sachant que son heure était venue de passer de ce monde à son Père ». Voilà la Pâque, voilà le passage : le passage de quel endroit à quel endroi ? « De ce monde à son Père ». Et ce passage du chef donne à ses membres une ferme espérance qu’ils le suivront. Mais que deviendront les infidèles, et ceux qui sont séparés de ce chef et de son corps ? Ne passeront-ils pas aussi, puisqu’ils ne demeureront pas toujours à leur place ? Ils passeront assurément eux-mêmes ; mais autre chose est de passer de ce monde, autre chose est de passer avec ce monde ; autre chose est de passer vers le Père, autre chose est de passer à l’ennemi. Les Egyptiens aussi ont passé ; mais s’ils ont passé la mer, ç’a été pour tomber dans les bras de la mort, et non pour entrer dans le royaume de Dieu.

283

St Augustin
Homélie sur le Psaume 60, 2-3
Entends ma plainte, Seigneur, écoute ma prière. Des extrémités de la terre, je crie vers toi, parce que mon cœur est angoissé.
Dans son voyage ici-bas, notre vie ne peut pas échapper à l'épreuve de la tentation, car notre progrès se réalise par notre épreuve ; personne ne se connaît soi-même sans avoir été éprouvé, ne peut être couronné sans avoir vaincu, ne peut vaincre sans avoir combattu, et ne peut combattre s'il n'a pas rencontré l'ennemi et les tentations.
Il est donc angoissé, celui qui crie des extrémités de la terre, mais il n'est pas abandonné. Car le Christ a voulu nous préfigurer, nous qui sommes son corps, dans lequel il est mort, est ressuscité et monté au ciel ; c'est ainsi que la tête a pénétré la première là où les membres sont certains de pouvoir la suivre.
Il nous a donc transfigurés en lui, quand il a voulu être tenté par Satan. On lisait tout à l'heure dans l'évangile que le Seigneur Jésus Christ, au désert, était tenté par le diable. Parfaitement ! Le Christ était tenté par le diable ! Dans le Christ, c'est toi qui étais tenté, parce que le Christ tenait de toi sa chair, pour te donner le salut ; tenait de toi la mort, pour te donner la vie ; tenait de toi les outrages, pour te donner les honneurs ; donc il tenait de toi la tentation, pour te donner la victoire.
Si c'est en lui que nous sommes tentés, c'est en lui que nous dominons le diable. Tu remarques que le Christ a été tenté, et tu ne remarques pas qu'il a vaincu ? Reconnais que c'est toi qui es tenté en lui ; et alors reconnais que c'est toi qui es vainqueur en lui. Il pouvait écarter de lui le diable ; mais, s'il n'avait pas été tenté, il ne t'aurait pas enseigné, à toi qui dois être soumis à la tentation, comment on remporte la victoire.

281

St Augustin
Lettre 118, 22
Je ne voudrais pas que, pour aller à la vérité, vous cherchiez d'autres voies que les voies ouvertes par Celui qui, étant Dieu, a vu la faiblesse de nos pas. La première de ces voies c'est l'humilité ; la seconde, l'humilité ; la troisième, l'humilité ; toutes les fois que vous m'interrogerez, je vous répondrai la même chose. Ce n'est pas qu'il n'y ait d'autres préceptes ; mais si l'humilité ne précède, n'accompagne et ne suit tout ce que nous faisons de bien ; si elle n'est pas comme un but vers lequel se portent nos regards, si elle n'est pas près de nous pour que nous nous attachions à elle, et au-dessus de nous pour nous réprimer dans la satisfaction de quelque bonne action, l'orgueil nous arrache tout de la main. Les autres vices naissent des péchés ; l'orgueil est redoutable dans le bien même : ce qu'on a fait de louable est perdu par le désir de la louange. De même donc qu'un illustre orateur, à qui on demandait quel était le premier précepte à observer dans l'éloquence, répondit que c'était la prononciation ; interrogé sur le second précepte, il répondit encore : la prononciation ; et comme on lui demandait quel était le troisième, il dit qu'il n'y en avait pas d'autre que la prononciation ; ainsi chaque fois que vous m'interrogerez sur les préceptes de la religion chrétienne, je voudrais répondre qu'il n'y en a pas d'autre que l'humilité.

277

St Augustin
Commentaire de la première épître de Jean, traité XX, 8
Si tu prétends aimer le Christ, que ta charité s'étende jusqu'aux confins de l'univers, parce que les membres du Christ s'y trouvent partout répandus. Si tu n'aimes qu'une portion de l'univers, ton amour est partagé ; et s'il est partagé, tu ne fais pas partie du corps de Jésus-Christ ; et si tu es en dehors de son corps, il n'est pas ton chef. A quoi bon croire et blasphémer ? Tu adores le Christ comme chef, et tu le blasphèmes dans son corps ?

272

St Augustin
Sermon 85, 6
J'ai parlé aux riches ; maintenant, pauvres, écoutez. Vous, donnez ; et vous, gardez-vous de ravir. Vous, donnez de vos biens ; et vous, mettez un frein à vos passions. Ecoutez donc, pauvres, le même Apôtre : « C'est un grand gain. » Le gain est un profit. « C'est un grand gain, dit-il, que la piété avec ce qui suffit. » Le monde vous est commun avec les riches ; vous n'avez pas la même maison, mais vous avez le même ciel, une même lumière. Cherchez ce qui suffit, cherchez-le, rien davantage. Car le reste est une charge et non un soulagement ; un fardeau, non pas un honneur.
« C'est un grand gain que la piété avec ce qui suffit. » La piété avant tout. La piété est le culte de Dieu. « La piété avec ce qui suffit ; car nous « n'avons rien apporté dans ce monde. » Y as-tu apporté quelque chose ? Et vous, riches, qu'y avez-vous apporté ? Vous y avez tout trouvé, et comme les pauvres, vous êtes nés dans la nudité. Vous étiez, comme eux, bien faibles de corps, et comme les leurs vos vagissements témoignaient de vos souffrances. « Car nous n'avons rien apporté dans ce monde. »

271

St Augustin
Commentaire de la première épître de Jean, traité X, 7

Aimez tous les hommes, même vos ennemis, non parce qu'ils sont vos frères, mais pour qu'ils le deviennent : ainsi brûlerez-vous toujours du feu de la charité fraternelle, soit à l'égard de celui qui est déjà devenu votre frère, soit à l'égard de votre ennemi, afin que votre dilection en fasse un de vos frères. Partout où vous aimez un frère, vous chérissez un ami. Il est déjà avec toi ; vous êtes déjà unis ensemble dans le sein de la grande famille catholique. Si ta conduite est bonne, tu aimes un frère dans la personne de ton ennemi. Mais tu aimes un homme qui ne croit pas encore au Christ, ou qui, s'il y croit, le fait à la manière des démons : tu lui reproches l'inutilité de sa foi. Aime-le, aime-le d'une affection toute fraternelle : il n'est pas encore ton frère, mais tu l'aimes, précisément afin qu'il le devienne. Toute notre charité se réduit donc à aimer, comme des frères, tous les chrétiens, tous les membres du Christ.




Jésus disait à ses disciples : "Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai Aimés." (Jn 15, 12)