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2256

    pape François
(5 juillet 2013 – Consécration de l'Etat du Vatican à Saint Joseph) 
Saint Joseph,

Gardien du Rédempteur
et très chaste Epoux de la bienheureuse Vierge Marie,
accueille avec bienveillance l’acte de dévotion
et de consécration
que nous t’adressons aujourd’hui.
Protège cette terre et donne-lui la paix:
elle a été baignée par le sang de saint Pierre
et des premiers martyrs romains;
protège-nous et ravive la grâce du baptême
de ceux qui y vivent et y travaillent;
protège et augmente la foi des pèlerins
qui viennent ici de toutes les régions du monde.
Nous te consacrons les fatigues et les joies de chaque jour;
nous te consacrons les attentes et les espérances de l’Eglise;
nous te consacrons les pensées, les désirs et les œuvres:
que tout s’accomplisse dans le Nom du Seigneur Jésus.
Ta protection douce, ferme et silencieuse
a soutenu, guidé et consolé la vie cachée
de la sainte Famille de Nazareth:
protège nos familles,
renouvelle aussi pour nous ta paternité
et garde-nous fidèles jusqu’à la fin.
Nous plaçons aujourd’hui, avec une confiance renouvelée,
sous ton regard bienveillant et sage,
les évêques et les prêtres,
les personnes consacrées et les fidèles laïcs,
qui travaillent et vivent au Vatican:
protège leur vocation,
et enrichis-la de toutes les vertus nécessaires
pour grandir dans la sainteté.
Amen
 Un pontificat marqué par Saint Joseph : On se souvient que le Pape François, dont le blason comporte une fleur de nard dite « fleur de saint Joseph », a choisi d’inaugurer son pontificat un 19 mars, jour de la fête du Chef de la Sainte Famille. On sait aussi que le 19 juin dernier, il a validé le décret de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, qui place désormais saint Joseph au cœur de chaque messe. Le 5 juillet 2013, la consécration au patron de l’Eglise universelle du petit territoire qui constitue le centre de gravité de l’Eglise, renforce encore la marque de ce dernier sur le pontificat de François.

2255

    pape François
  (Messe du pèlerinage des familles - 27 octobre 2013 - Prière des familles à la Sainte Famille)
Jésus, Marie et Joseph,
vers vous, Sainte Famille de Nazareth,

aujourd’hui nous tournons le regard
avec admiration et confiance;
en vous nous contemplons
la beauté de la communion dans l’amour véritable;
à vous nous confions toutes nos familles,
afin que se renouvellent en elles les merveilles de la grâce. 
Sainte Famille de Nazareth,
école séduisante du saint Évangile:
apprends-nous à imiter tes vertus
avec une sage discipline spirituelle,
donne-nous un regard limpide
qui sache reconnaître l’oeuvre de la Providence
dans les réalités quotidiennes de la vie. 
Sainte Famille de Nazareth,
gardienne fidèle du mystère du salut:
fais renaître en nous l’estime du silence,
rends nos familles cénacles de prière,
et transforme-les en de petites églises domestiques,
renouvelle le désir de la sainteté,
soutiens la noble peine du travail, de l’éducation,
de l’écoute, de la compréhension réciproque et du pardon. 
Sainte Famille de Nazareth,
réveille dans notre société la conscience
du caractère sacré et inviolable de la famille,
bien inestimable et irremplaçable.
Que chaque famille soit une demeure accueillante de bonté et de paix
pour les enfants et pour les personnes âgées
pour qui est malade et seul,
pour qui est pauvre et dans le besoin. 
Jésus, Marie et Joseph,
nous vous prions avec confiance, nous nous remettons à vous avec joie.

2254

    pape François
    (Homélie du 20 mars 2020 - la conversion ; la confession en période de confinement)
Le Carême est toujours centré sur cette conversion du cœur qui, dans l'habitude chrétienne, prend forme dans le sacrement de la Confession. Il est temps - pas de "régler les comptes", je n'aime pas cette expression - mais de laisser Dieu nous blanchir, nous purifier, nous embrasser.

Je sais que beaucoup d'entre vous, pour Pâques, vont se confesser pour se retrouver avec Dieu. Mais beaucoup me diront aujourd'hui : "Mais mon Père, où puis-je trouver un prêtre, un confesseur, pourquoi je ne puis pas quitter la maison ? Et je veux faire la paix avec le Seigneur, je veux qu'Il m'embrasse, je veux que mon père m'embrasse... Que puis-je faire si je ne trouve pas de prêtres ? Vous faites ce que dit le Catéchisme. C'est très clair : si tu ne trouves pas un prêtre pour te confesser, parle à Dieu, il est ton père, et dis-lui la vérité : "Seigneur, j'ai fait ceci, cela, cela ... Pardonne-moi", et demande-lui pardon de tout mon cœur, avec l'Acte de contrition et promets-lui : "Je me confesserai plus tard, mais pardonne-moi maintenant". Et immédiatement, vous reviendrez à la grâce de Dieu. Vous pouvez vous-même approcher, comme le Catéchisme nous l'enseigne, le pardon de Dieu sans avoir un prêtre à portée de main. Pensez-y : c'est le moment ! Et c'est le bon moment, le moment opportun. Un acte douloureux bien fait, mais qui fera que notre âme deviendra blanche comme neige.

Il serait bon d'entendre ce "retour" qui résonne dans nos oreilles aujourd'hui, "reviens à ton papa, reviens à ton papa". Il vous attend et il va vous faire la fête.»

2249

    pape François
    (Homélie du 20 mars 2020 - la conversion ; la confession en période de confinement)
Homélie du pape :

«Lorsque je lis ou que j'écoute ce passage du prophète Osée que nous avons entendu dans la première lecture [qui dit] : "Reviens Israël, au Seigneur, ton Dieu, reviens", lorsque je l'entends, je me souviens d'une chanson que Carlo Buti a chantée il y a 75 ans et qui a été entendue avec tant de plaisir dans les familles italiennes de Buenos Aires : "Reviens à ton papa. Il te chantera encore la berceuse". Reviens : mais c'est ton papa qui te dit de revenir. Dieu est ton papa, ce n'est pas lui le juge, c'est ton papa : "Rentre à la maison, écoute, viens". Et ce souvenir - j'étais un petit garçon - m'amène immédiatement au père du chapitre 15 de Luc, ce père qui dit : "Il a vu son fils venir de loin", ce fils qui était parti avec tout l'argent et l'avait gaspillé. Mais s'il l'a vu de loin, c'est parce qu'il l'attendait. Il montait sur la terrasse - combien de fois par jour ! - pendant la journée et les jours, les mois, les années peut-être, à attendre son fils. Il l'a vu de loin. Retourne chez ton père, retourne chez ton père. Il t’attend. C'est la tendresse de Dieu qui nous parle, surtout pendant le Carême. Il est temps d'entrer en nous-mêmes et de se souvenir du Père ou de retourner au père.
"Non, père, j'ai honte d'y retourner parce que... Tu sais, père, j'ai fait tant de choses mauvaises". Que dit le Seigneur ? "Reviens, je te guérirai de ton infidélité, je t'aimerai profondément, car ma colère a disparu. Je serai comme la rosée, tu fleuriras comme un lys et tu prendras racine comme un arbre du Liban". Retourne chez ton père qui t'attend. Le Dieu de la tendresse nous guérira, il nous guérira de beaucoup, beaucoup de blessures de la vie et de beaucoup de choses laides que nous avons faites. Chacun a le sien !

Mais penser ceci : revenir à Dieu, c'est revenir à l'étreinte, à l'étreinte du père. Et de penser à cette autre promesse qu'Isaïe fait : "Si tes péchés sont aussi laids que l'écarlate, je te rendrai blanc comme neige. Il est capable de nous transformer, il est capable de changer nos cœurs, mais il veut nous faire faire le premier pas : revenir. Il ne va pas à Dieu, non : il rentre chez lui.

Le Carême est toujours centré sur cette conversion du cœur qui, dans l'habitude chrétienne, prend forme dans le sacrement de la Confession. Il est temps - pas de "régler les comptes", je n'aime pas cette expression - mais de laisser Dieu nous blanchir, nous purifier, nous embrasser.

Je sais que beaucoup d'entre vous, pour Pâques, vont se confesser pour se retrouver avec Dieu. Mais beaucoup me diront aujourd'hui : "Mais mon Père, où puis-je trouver un prêtre, un confesseur, pourquoi ne puis-je pas quitter la maison ? Et je veux faire la paix avec le Seigneur, je veux qu'Il m'embrasse, je veux que mon père m'embrasse... Que puis-je faire si je ne trouve pas de prêtres ? Vous faites ce que dit le Catéchisme. C'est très clair : si tu ne trouves pas un prêtre pour te confesser, parle à Dieu, il est ton père, et dis-lui la vérité : "Seigneur, j'ai fait ceci, cela, cela ... Pardonne-moi", et demande-lui pardon de tout mon cœur, avec l'Acte de contrition et promets-lui : "Je me confesserai plus tard, mais pardonne-moi maintenant". Et immédiatement, vous reviendrez à la grâce de Dieu. Vous pouvez vous-même approcher, comme le Catéchisme nous l'enseigne, le pardon de Dieu sans avoir un prêtre à portée de main. Pensez-y : c'est le moment ! Et c'est le bon moment, le moment opportun. Un acte douloureux bien fait, mais qui fera que notre âme deviendra blanche comme neige.

Il serait bon d'entendre ce "retour" qui résonne dans nos oreilles aujourd'hui, "reviens à ton papa, reviens à ton papa". Il vous attend et il va vous faire la fête.»

Ce vendredi encore, François a terminé la célébration par une adoration et une bénédiction eucharistique, en invitant à faire la communion spirituelle :

Voici la prière récitée par le Pape :

«À tes pieds, ô mon Jésus, je me prosterne et je t'offre le repentir de mon cœur contrit qui s'abandonne dans son néant et en ta sainte présence. Je t'adore dans le sacrement de ton amour, je désire te recevoir dans la pauvre demeure que mon cœur te propose. Dans l'attente du bonheur de la communion sacramentelle, je veux te posséder en esprit. Viens à moi, ô mon Jésus, que je vienne à Toi. Que Ton amour enflamme tout mon être, pour la vie et pour la mort. Je crois en toi, j'espère en toi, je t'aime. Ainsi soit-il.»

2248

    pape François
    (Angélus 22 décembre 2013 - la liberté de saint Joseph)
Chers frères et sœurs, bonjour !
En ce quatrième dimanche de l’Avent, l’Évangile nous raconte les faits qui ont précédé la naissance de Jésus, et l’évangéliste Matthieu les présente du point de vue de saint Joseph, le fiancé de la Vierge Marie. 
Joseph et Marie vivaient à Nazareth ; ils n’habitaient pas encore ensemble, parce que le mariage n’était pas encore accompli. Entre-temps, Marie, après avoir accueilli l’annonce de l’Ange, tomba enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Lorsque Joseph se rend compte de ce fait, il en est déconcerté. L’évangile n’explique pas quelles ont été ses pensées, mais il nous dit l’essentiel : il cherche à faire la volonté de Dieu et il est prêt au renoncement le plus radical. Au lieu de se défendre et de faire valoir ses droits, Joseph choisit la solution qui pour lui représente un énorme sacrifice. Et l’évangile dit : « Parce que c’était un homme juste, il ne voulait pas la dénoncer publiquement ; il décida de la répudier en secret » (Mt 1,19). 
Cette courte phrase résume un drame intérieur véritable, si nous pensons à l’amour de Joseph pour Marie ! Mais même dans cette circonstance, Joseph veut faire la volonté de Dieu et décide, certainement avec une grande douleur, de répudier Marie en secret. Il faut méditer sur ces paroles, pour comprendre quelle a été l’épreuve à laquelle Joseph a dû faire face les jours qui ont précédé la naissance de Jésus. Une épreuve semblable à celle du sacrifice d’Abraham, lorsque Dieu lui a demandé son fils Isaac (cf. Gn 22) : renoncer à la chose la plus précieuse, à la personne la plus aimée. 
Mais, comme dans le cas d’Abraham, le Seigneur intervient : il a trouvé la foi qu’il cherchait et il ouvre une voie différente, une voie d’amour et de bonheur : « Joseph – lui dit-il – ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint » (Mt 1, 20). 
Cet évangile nous montre toute la grandeur d’âme de saint Joseph. Il était en train de suivre un bon projet de vie, mais Dieu lui réservait un autre dessein, une mission plus grande. Joseph était un homme qui écoutait toujours la voix de Dieu, profondément sensible à sa volonté secrète, un homme attentif aux messages qui lui parvenaient du plus profond de son cœur et d’en-haut. Il ne s’est pas obstiné à suivre son projet de vie, il n’a pas laissé la rancœur empoisonner son esprit, mais il a été prêt à se mettre à la disposition de la nouveauté qui lui était présentée d’une façon déconcertante. C’était un homme bon. Il n’avait pas de haine, et il n’a pas permis que la rancœur empoisonne son âme ! Cela fait du mal. Ne le permettez jamais ! Il est en cela un exemple. Et c’est ainsi que Joseph est devenu encore plus libre et encore plus grand. 
En s’acceptant selon le dessein du Seigneur, Joseph se trouve pleinement lui-même, au-delà de lui-même. Sa liberté de renoncer à ce qui est sien, à la possession de sa propre existence, et sa pleine disponibilité intérieure à la volonté de Dieu, nous interpellent et nous montrent le chemin. 
Préparons-nous donc à célébrer Noël en contemplant Marie et Joseph : Marie, la femme pleine de grâce qui a eu le courage d’avoir totalement confiance dans la Parole de Dieu ; Joseph, l’homme fidèle et juste qui a préféré croire au Seigneur plutôt que d’écouter les voix du doute et de l’orgueil humain. Avec eux, marchons ensemble vers Bethléem.


2247

    pape François
    (Homélie du 19 mars 2013 - Inauguration du pontificat: homélie du pape François - solennité de saint Joseph)
Chers frères et sœurs !
Pape François - 19 mars 2013
Je remercie le Seigneur de pouvoir célébrer cette Messe de l’inauguration de mon ministère pétrinien en la solennité de saint Joseph, époux de la Vierge Marie et Patron de l’Église universelle : c’est une coïncidence très riche de signification, et c’est aussi la fête de mon vénéré Prédécesseur : nous lui sommes proches par la prière, pleins d’affection et de reconnaissance (applaudissements). 
Je salue avec affection les Frères Cardinaux et Évêques, les prêtres, les diacres, les religieux et les religieuses et tous les fidèles laïcs. Je remercie de leur présence les représentants des autres Églises et Communautés ecclésiales, de même que les représentants de la communauté juive et d’autres communautés religieuses. J’adresse mon cordial salut aux Chefs d’État et de Gouvernement, aux Délégations officielles de nombreux pays du monde et au Corps diplomatique. 
Nous avons entendu dans l’Évangile que « Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse » (Mt 1, 24). Dans ces paroles est déjà contenue la mission que Dieu confie à Joseph, celle d’être custos, gardien. Gardien de qui ? De Marie et de Jésus ; mais c’est une garde qui s’étend ensuite à l’Église, comme l’a souligné le bienheureux Jean-Paul II : « Saint Joseph a pris un soin affectueux de Marie et s’est consacré avec joie à l’éducation de Jésus Christ, de même il est le gardien et le protecteur de son Corps mystique, l’Église, dont la Vierge sainte est la figure et le modèle » (Exhort. apost. Redemptoris Custos, n. 1). 
Comment Joseph exerce-t-il cette garde ? Avec discrétion, avec humilité, dans le silence, mais par une présence constante et une fidélité totale, même quand il ne comprend pas. Depuis son mariage avec Marie jusqu’à l’épisode de Jésus, enfant de douze ans, dans le Temple de Jérusalem, il accompagne chaque moment avec prévenance et avec amour. Il est auprès de Marie son épouse dans les moments sereins et dans les moments difficiles de la vie, dans le voyage à Bethléem pour le recensement et dans les heures d’anxiété et de joie de l’enfantement ; au moment dramatique de la fuite en Égypte et dans la recherche inquiète du fils au Temple ; et ensuite dans le quotidien de la maison de Nazareth, dans l’atelier où il a enseigné le métier à Jésus. 
Comment Joseph vit-il sa vocation de gardien de Marie, de Jésus, de l’Église ? Dans la constante attention à Dieu, ouvert à ses signes, disponible à son projet, non pas tant au sien propre ; et c’est cela que Dieu demande à David, comme nous l’avons entendu dans la première Lecture : Dieu ne désire pas une maison construite par l’homme, mais il désire la fidélité à sa Parole, à son dessein ; c’est Dieu lui-même qui construit la maison, mais de pierres vivantes marquées de son Esprit. 
Et Joseph est « gardien », parce qu’il sait écouter Dieu, il se laisse guider par sa volonté, et justement pour cela il est encore plus sensible aux personnes qui lui sont confiées, il sait lire avec réalisme les événements, il est attentif à ce qui l’entoure, et il sait prendre les décisions les plus sages. En lui, chers amis, nous voyons comment on répond à la vocation de Dieu, avec disponibilité, avec promptitude, mais nous voyons aussi quel est le centre de la vocation chrétienne : le Christ ! Nous gardons le Christ dans notre vie, pour garder les autres, pour garder la création ! 
La vocation de garder, cependant, ne nous concerne pas seulement nous les chrétiens, elle a une dimension qui précède et qui est simplement humaine, elle concerne tout le monde. C’est le fait de garder la création tout entière, la beauté de la création, comme il nous est dit dans le Livre de la Genèse et comme nous l’a montré saint François d’Assise : c’est le fait d’avoir du respect pour toute créature de Dieu et pour l’environnement dans lequel nous vivons. C’est le fait de garder les gens, d’avoir soin de tous, de chaque personne, avec amour, spécialement des enfants, des personnes âgées, de celles qui sont plus fragiles et qui souvent sont dans la périphérie de notre cœur. C’est d’avoir soin l’un de l’autre dans la famille : les époux se gardent réciproquement, puis comme parents ils prennent soin des enfants et avec le temps aussi les enfants deviennent gardiens des parents. C’est le fait de vivre avec sincérité les amitiés, qui sont une garde réciproque dans la confiance, dans le respect et dans le bien. Au fond, tout est confié à la garde de l’homme, et c’est une responsabilité qui nous concerne tous. Soyez des gardiens des dons de Dieu ! 
Et quand l’homme manque à cette responsabilité, quand nous ne prenons pas soin de la création et des frères, alors la destruction trouve une place et le cœur s’endurcit. À chaque époque de l’histoire, malheureusement, il y a des « Hérode » qui trament des desseins de mort, détruisent et défigurent le visage de l’homme et de la femme. 
Je voudrais demander, s’il vous plaît, à tous ceux qui occupent des rôles de responsabilité dans le domaine économique, politique ou social, à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté : nous sommes « gardiens » de la création, du dessein de Dieu inscrit dans la nature, gardiens de l’autre, de l’environnement ; ne permettons pas que des signes de destruction et de mort accompagnent la marche de notre monde ! Mais pour « garder » nous devons aussi avoir soin de nous-mêmes ! (Applaudissements) Rappelons-nous que la haine, l’envie, l’orgueil souillent la vie ! Garder veut dire alors veiller sur nos sentiments, sur notre cœur, parce que c’est de là que sortent les intentions bonnes et mauvaises : celles qui construisent et celles qui détruisent ! Nous ne devons pas avoir peur de la bonté, et même pas non plus de la tendresse ! 
Et ici j’ajoute alors une remarque supplémentaire : le fait de prendre soin, de garder, demande bonté, demande d’être vécu avec tendresse. Dans les Évangiles, saint Joseph apparaît comme un homme fort, courageux, travailleur, mais dans son âme émerge une grande tendresse, qui n’est pas la vertu du faible, mais au contraire, dénote une force d’âme et une capacité d’attention, de compassion, de vraie ouverture à l’autre, d’amour. Nous ne devons pas avoir peur de la bonté, de la tendresse ! (Applaudissements) 
Aujourd’hui, en même temps que la fête de saint Joseph, nous célébrons l’inauguration du ministère du nouvel Évêque de Rome, Successeur de Pierre, qui comporte aussi un pouvoir. Certes, Jésus-Christ a donné un pouvoir à Pierre, mais de quel pouvoir s’agit-il ? À la triple question de Jésus à Pierre sur l’amour, suit une triple invitation : sois le pasteur de mes agneaux, sois le pasteur de mes brebis. N’oublions jamais que le vrai pouvoir est le service et que le Pape aussi pour exercer le pouvoir doit entrer toujours plus dans ce service (applaudissements) qui a son sommet lumineux sur la Croix ; il doit regarder vers le service humble, concret, riche de foi, de saint Joseph et comme lui, ouvrir les bras pour garder tout le Peuple de Dieu et accueillir avec affection et tendresse l’humanité tout entière, spécialement les plus pauvres, les plus faibles, les plus petits (applaudissements), ceux que Matthieu décrit dans le jugement final sur la charité : celui qui a faim, soif, est étranger, nu, malade, en prison (cf. Mt 25, 31-46). Seul celui qui sert avec amour sait garder ! 
Dans la deuxième Lecture, saint Paul parle d’Abraham, qui « espérant contre toute espérance, a cru » (Rm 4, 18). Espérant contre toute espérance ! Aujourd’hui encore devant tant de traits de ciel gris, nous avons besoin de voir la lumière de l’espérance et de donner nous-mêmes espérance. Garder la création, tout homme et toute femme, avec un regard de tendresse et d’amour, c’est ouvrir l’horizon de l’espérance, c’est ouvrir une trouée de lumière au milieu de tant de nuages, c’est porter la chaleur de l’espérance ! Et pour le croyant, pour nous chrétiens, comme Abraham, comme saint Joseph, l’espérance que nous portons a l’horizon de Dieu qui nous a été ouvert dans le Christ, est fondée sur le rocher qui est Dieu. 
Garder Jésus et Marie, garder la création tout entière, garder chaque personne, spécialement la plus pauvre, nous garder nous-mêmes : voici un service que l’Évêque de Rome est appelé à accomplir, mais auquel nous sommes tous appelés pour faire resplendir l’étoile de l’espérance : gardons avec amour ce que Dieu nous a donné !
Je demande l’intercession de la Vierge Marie, de saint Joseph, des saints Pierre et Paul, de saint François, afin que l’Esprit Saint accompagne mon ministère et je vous dis à tous : priez pour moi ! Amen.


2246

    pape François
    (le nard de saint Joseph, saint Patron de l'Eglise universelle, sur le blason du pape - la fleur qui intriguait les journalistes - Zenit - 19 mars 2014
Lorsque le blason du pape François a été connu, le 19 mars 2013, jour de l’inauguration du pontificat, les journalistes ont eu du mal à y décrypter une fleur de nard, qui pouvait aussi être confondue avec une grappe de raisin. Or il s’agissait pour le pape François de porter dans ses armoiries un symbole de la protection et de l’amour de Joseph, saint patron de l’Eglise universelle.
Le nard est une plante aromatique à tige longue et mince, et à plusieurs épis à fleur de terre, de la même espèce que le romarin par exemple ou la lavande.
Or, selon une tradition sur le « bâton de Joseph » répandue dans les pays hispaniques, Joseph portait à la main une branche de nard lorsqu’il vint demander Marie comme épouse. La fleur de nard dit la pureté et l’amour.
Le parfum qu’on tire de l’épi du nard est évoqué, comme signe d’amour, dans le Cantique des Cantiques (Ct 1, 12 ; 4, 13-14) et dans l’Evangile, chez Marc (Mc 14, 3) et Jean (Jn 12, 3).
Pour le Cantique, le nard est le parfum de l’Epouse. Marc évoque un « parfum de nard de grand prix » – plus de trois cents deniers – dont une femme parfume la tête de Jésus, à Béthanie.
Jean dit : « Marie ayant pris une livre de parfum de nard pur, d’un grand prix, en oignit les pieds de Jésus, et les essuya avec ses cheveux; et la maison fut remplie de l’odeur du parfum », ce qui rappelle le Cantique.
Blason du pape François

2245

    pape François
    (Audience Générale du 19 mars 2014 - saint Joseph, modèle de l'éducateur
Aujourd’hui, 19 mars, nous célébrons la fête solennelle de saint Joseph, Époux de Marie et Patron de l’Église universelle. Consacrons-lui donc cette catéchèse, à lui qui mérite toute notre reconnaissance et notre dévotion, pour avoir su garder la Sainte Vierge et son fils Jésus. Être gardien est la caractéristique de saint Joseph : c’est sa grande mission, être gardien, comme je le rappelais précisément il y a un an. 
Aujourd’hui, je voudrais reprendre ce thème d’« être gardien » dans une perspective particulière : la perspective éducative. Regardons Joseph comme le modèle de l’éducateur, qui garde et accompagne Jésus dans son chemin de croissance « en sagesse, en taille et en grâce », comme le dit l’Évangile de Luc (2, 52). Il n’était pas le père de Jésus : le père de Jésus était Dieu, mais il était le papa de Jésus, il a servi de père à Jésus pour l’aider à grandir. Et comment l’a-t-il aidé à grandir ? En sagesse, en taille et en grâce. Et nous pouvons essayer d’utiliser précisément ces trois mots — sagesse, taille et grâce — comme fil conducteur pour notre réflexion 
Partons de la taille, qui est la dimension la plus naturelle, la croissance physique et psychologique. Joseph, avec Marie, a pris soin de Jésus avant tout sur ce plan-là, c’est-à-dire qu’il l’a « élevé », en se souciant que ne lui manque pas ce qui est nécessaire à un sain développement. N’oublions pas que cette garde prévenante de la vie de l’Enfant est également passée par la fuite en Égypte, la dure expérience de vivre comme des réfugiés — Joseph a été un réfugié, avec Marie et Jésus — pour échapper à la menace d’Hérode. Puis, une fois rentrés dans leur pays et établis à Nazareth, il y a eu toute la longue période de la vie cachée de Jésus dans sa famille au sein de la Sainte Famille. Pendant ces années-là, Joseph a aussi appris à Jésus son travail, et Jésus a appris le métier de charpentier, comme son père Joseph. C’est de cette façon que Joseph a élevé Jésus, au point que, lorsqu’il devint grand, on l’appelait « le fils du charpentier » (Mt 13, 55). 
Passons à la seconde dimension de l’éducation de Jésus, celle de la « sagesse ». L’Écriture dit que le principe de la sagesse est la crainte du Seigneur (cf. Pr 1, 7 ; Si 1, 14). Pas la crainte au sens de peur, mais de saint respect, d’adoration, d’obéissance à sa sainte volonté qui recherche toujours notre bien. Joseph a été pour Jésus un exemple et un maître de cette sagesse qui se nourrit de la Parole de Dieu. Nous pouvons imaginer comment Joseph a éduqué le petit Jésus à écouter les Saintes Écritures, en particulier en l’accompagnant le samedi à la synagogue de Nazareth. Et Joseph l’accompagnait pour que Jésus écoute la Parole de Dieu dans la synagogue. Et la preuve de la profonde écoute de Jésus à l’égard de Dieu, Joseph et Marie l’ont eue — de manière surprenante pour eux — lorsque, à l’âge de douze ans, il resta dans le temple de Jérusalem sans qu’ils le sachent ; et ils le retrouvèrent après trois jours, alors qu’il discutait avec les docteurs de la loi, qui étaient étonnés de sa sagesse. Voilà : Jésus est rempli de sagesse, car il est le Fils de Dieu, mais le Père céleste a utilisé la collaboration de saint Joseph afin que son Fils puisse grandir « rempli de sagesse » (Lc 2, 40). 
Et enfin, la dimension de la « grâce ». Saint Luc nous dit encore, en se référant à Jésus : « La grâce de Dieu était sur lui » (2, 40). Ici, la part réservée à saint Joseph est certainement plus limitée, par rapport à la taille et la sagesse. Mais ce serait une grave erreur de penser qu’un père et une mère ne peuvent rien faire pour éduquer leurs enfants à grandir dans la grâce de Dieu. Grandir en taille, grandir en sagesse, grandir en grâce : c’est le travail qu’a fait Joseph avec Jésus, le faire grandir dans ces trois dimensions, l’aider à grandir. Joseph l’a fait de manière vraiment unique, inégalable. En effet, il avait épousé la femme qui est la « pleine de grâce » (Lc 1, 28) et il savait bien que Jésus avait été conçu par l’œuvre du Saint-Esprit. Donc, dans ce domaine de la grâce, son œuvre éducative consistait à seconder l’action de l’Esprit dans le cœur et dans la vie de Jésus, en harmonie avec la Vierge. Ce domaine éducatif est celui plus spécifique de la foi, de la prière, de l’adoration, de l’acceptation de la volonté de Dieu et de son dessein. C’est aussi et surtout dans cette dimension de la grâce, que Joseph a en premier lieu éduqué Jésus à travers l’exemple : l’exemple d’un « homme juste » (Mt 1, 19) qui se laisse toujours guider par la foi, et qui sait que le salut ne vient pas de l’observance de la loi, mais de la grâce de Dieu, de son amour et de sa fidélité. 
Chers frères et sœurs, la mission de saint Joseph est certainement unique et inimitable, parce que Jésus est absolument unique. Et pourtant, en gardant Jésus, en l’éduquant à grandir en taille, en sagesse et en grâce, Joseph est le modèle de tous les éducateurs, en particulier de tous les pères. Saint Joseph est le modèle de l’éducateur et du papa, du père. Je confie donc à sa protection tous les parents, les prêtres — qui sont pères —, et ceux qui ont une tâche d’éducation dans l’Église et dans la société. D’une manière particulière, je voudrais saluer aujourd’hui, fête des pères, tous les parents, tous les papas : je vous salue de tout cœur ! Voyons : y a-t-il des papas sur la place ? Levez la main, les papas ! Tous ces papas ! Tous mes vœux, tous mes vœux en ce jour qui est le vôtre ! Je demande pour vous la grâce d’être toujours très proches de vos enfants, en les laissant grandir, mais proches, proches ! Ils ont besoin de vous, de votre présence, de votre proximité, de votre amour. Soyez pour eux comme saint Joseph : des gardiens de leur croissance en taille, en sagesse et en grâce. Des gardiens de leur chemin ; des éducateurs, et marchez avec eux. Et par cette proximité, vous serez de véritables éducateurs. Merci pour tout ce que vous faites pour vos enfants : merci. Tous mes vœux à vous, et bonne fête des papas à tous les papas qui sont ici, à tous les papas. Que saint Joseph vous bénisse et vous accompagne. Certains d’entre nous ont perdu leur père, il est parti, le Seigneur l’a rappelé ; il y en a beaucoup sur la place qui n’ont pas leur papa. Nous pouvons prier pour tous les papas du monde, pour les papas vivants et aussi pour ceux qui sont morts et pour les nôtres, et nous pouvons le faire ensemble, chacun de nous se souvenant de son papa, qu’il soit vivant ou mort. Et prions le Père, notre grand papa à tous : un « Notre Père », pour nos papas. Notre Père…
Et tous mes vœux aux papas !


2238

    pape François 
(prière du pape prononcée lors de la Messe du 19 mars 2020 en la chapelle sainte Marthe)
Pour «Tous ceux qui sont loin et qui suivent la Messe à la télévision, je les invite à faire la communion spirituelle : 
À tes pieds, ô mon Jésus, je me prosterne
et je t'offre le repentir de mon cœur contrit
qui s'abandonne dans son néant et en ta Sainte Présence.
Je T'adore dans le Sacrement de ton Amour,
je désire Te recevoir dans la pauvre demeure que mon cœur te propose.
Dans l'attente du bonheur de la Communion sacramentelle,
je veux te posséder en esprit.
Viens à moi, ô mon Jésus, que je vienne à Toi.
Que Ton Amour enflamme tout mon être,
pour la vie et pour la mort.
Je crois en Toi, j'espère en Toi, je t'aime.
Ainsi soit-il.» 
 

2232

    pape François
   (prière à la Vierge Marie, prononcée par le pape le 11 mars 2020)
Ô Marie,
Tu brilles toujours sur notre chemin en signe de salut et d'espoir,
nous te faisons confiance Reine des malades,
Toi qui a gardé une foi ferme alors que tu as partagé la douleur de Jésus au pied de la Croix.
Toi, salut du peuple romain,
tu sais ce dont nous avons besoin
et nous sommes sûrs que tu exauceras nos demandes,
tout comme tu as fait revenir la joie et la fête, lors des noces de Cana en Galilée, après un moment d'épreuve.
Aide-nous, Mère de l'Amour Divin,
à nous conformer à la volonté du Père, et à faire ce que Jésus nous dit,
Lui qui a pris sur Lui nos souffrances, et a été chargé de nos douleurs
pour nous porter à travers la Croix,
à la joie de la résurrection. 
Amen 
Sous ta protection, nous nous réfugions, Sainte mère de Dieu,
Ne méprise pas les demandes que nous t'adressons dans l'épreuve,
mais au contraire, délivre-nous de tous les dangers,
Ô Vierge Marie glorieuse et bénie 

2201

    Pape François
   (Gaudete et Exsultate §1 - Les saints de la porte d'à côté)
6. Ne pensons pas uniquement à ceux qui sont déjà béatifiés ou canonisés. L’Esprit Saint répand la sainteté partout, dans le saint peuple fidèle de Dieu, car « le bon vouloir de Dieu a été que les hommes ne reçoivent pas la sanctification et le salut séparément, hors de tout lien mutuel ; il a voulu en faire un peuple qui le connaîtrait selon la vérité et le servirait dans la sainteté ».[3]Le Seigneur, dans l’histoire du salut, a sauvé un peuple. Il n’y a pas d’identité pleine sans l’appartenance à un peuple. C’est pourquoi personne n’est sauvé seul, en tant qu’individu isolé, mais Dieu nous attire en prenant en compte la trame complexe des relations interpersonnelles qui s’établissent dans la communauté humaine : Dieu a voulu entrer dans une dynamique populaire, dans la dynamique d’un peuple.
7. J’aime voir la sainteté dans le patient peuple de Dieu : chez ces parents qui éduquent avec tant d’amour leurs enfants, chez ces hommes et ces femmes qui travaillent pour apporter le pain à la maison, chez les malades, chez les religieuses âgées qui continuent de sourire. Dans cette constance à aller de l’avant chaque jour, je vois la sainteté de l’Église militante. C’est cela, souvent, la sainteté ‘‘de la porte d’à côté’’, de ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présence de Dieu, ou, pour employer une autre expression, ‘‘la classe moyenne de la sainteté’’.[4]
8. Laissons-nous encourager par les signes de sainteté que le Seigneur nous offre à travers les membres les plus humbles de ce peuple qui « participe aussi de la fonction prophétique du Christ ; il répand son vivant témoignage avant tout par une vie de foi et de charité ».[5] Pensons, comme nous le suggère sainte Thérèse Bénédicte de la Croix, que par l’intermédiaire de beaucoup d’entre eux se construit la vraie histoire : « Dans la nuit la plus obscure surgissent les plus grandes figures de prophètes et de saints. Mais le courant de la vie mystique qui façonne les âmes reste en grande partie invisible. Certaines âmes dont aucun livre d’histoire ne fait mention, ont une influence déterminante aux tournants décisifs de l’histoire universelle. Ce n’est qu’au jour où tout ce qui est caché sera manifesté que nous découvrirons aussi à quelles âmes nous sommes redevables des tournants décisifs de notre vie personnelle ».[6]
9. La sainteté est le visage le plus beau de l’Église. Mais même en dehors de l’Église catholique et dans des milieux très différents, l’Esprit suscite « des signes de sa présence, qui aident les disciples mêmes du Christ ».

2147 

    Pape François
      (Homélie du 10 mars 2020 à Sainte-Marthe - «N’ayez pas peur». «Si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront aussi blancs que neige» (Is 1,18)
Hier la Parole de Dieu nous enseignait à reconnaître nos péchés et à les confesser, pas seulement avec notre esprit, mais aussi avec notre coeur, avec un esprit de honte ; la honte comme une attitude plus noble devant Dieu, à cause de nos péchés.
Et aujourd’hui, le Seigneur nous appelle tous, pécheurs, à dialoguer avec lui, parce que le péché nous enferme sur nous-mêmes, nous fait cacher notre vérité en nous. C’est ce qui est arrivé à Adam, à Ève : après le péché, ils se sont cachés, parce qu’ils avaient honte ; ils étaient nus. Et quand il éprouve de la honte, le pécheur a ensuite la tentation de se cacher.
Et le Seigneur appelle : « Allez, venez, discutons, dit le Seigneur, parlons de ton péché, parlons de ta situation. N’ayez pas peur. Non… » Et il poursuit : « Si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront aussi blancs que neige. S’ils sont rouges comme le vermillon, ils deviendront comme la laine ». « Venez, parce que je suis capable de tout changer, nous dit le Seigneur, n’ayez pas peur de venir parler, soyez courageux, même avec vos misères ».
Il me vient à l’esprit ce saint qui était si pénitent, il priait tellement. Et il cherchait toujours à donner au Seigneur tout ce que le Seigneur lui demandait. Mais le Seigneur n’était pas content. Et un jour, oui, il était comme en colère contre le Seigneur, parce qu’il avait du caractère, ce saint. Et il dit au Seigneur : « Mais Seigneur, je ne te comprends pas, je te donne tout, tout, et toi, tu es toujours comme insatisfait, comme s’il manquait quelque chose. Que manque-t-il ? » [Et le Seigneur répond] : « Donne-moi tes péchés : c’est cela qui manque ». Avoir le courage d’aller parler avec le Seigneur, avec nos misères : « Allez, venez ! Discutons ! N’ayez pas peur ! Si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront blancs comme neige. S’ils sont rouges comme le vermillon, ils deviendront comme la laine ».
C’est l’invitation du Seigneur. Mais il y a toujours une ruse : au lieu d’aller parler avec le Seigneur, faire semblant de ne pas être pécheur. C’est ce que le Seigneur reproche aux docteurs de la loi. Ces personnes font les œuvres « pour être remarqués des gens : ils élargissent leur phylactères et rallongent leurs franges ; ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues et les salutations sur les places publiques ; ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi ».
L’apparence, la vanité. Couvrir la vérité de notre coeur par la vanité. La vanité ne guérit jamais ! La vanité ne guérit jamais. Et même, elle est vénéneuse, elle avance en te donnant la maladie du coeur, en t’apportant cette dureté du coeur qui te dit : « Non, ne vas pas vers le Seigneur, n’y va pas. Reste ».
La vanité est précisément le lieu où se fermer à l’appel du Seigneur. Au contraire l’invitation du Seigneur est celle d’un père, d’un frère : « Venez ! Parlons, parlons. À la fin, je suis capable de changer ta vie du rouge au blanc ».
Que cette Parole du Seigneur nous encourage ; que notre prière soit une prière réelle. De notre réalité, de nos péchés, de nos misères. Parler avec le Seigneur. Lui, il sait, il sait ce que nous sommes. Nous, nous le savons, mais la vanité nous invite toujours à couvrir. Que le Seigneur nous aide ! 
Pape François, 10 mars 2020

2141

    pape François
      (Angélus du 8 mars 2020 - Transfiguration : « le témoin du Christ est choisi par grâce non par ses capacités »)
Chers frères et sœurs, bonjour !
Cette prière de l’angélus d’aujourd’hui est un peu étrange, avec le pape “en cage” dans la bibliothèque, mais je vous vois, je suis proche de vous. Et je voudrais commencer aussi en remerciant ce groupe [présent place Saint-Pierre] qui manifeste et qui lutte “Pour les oubliés d’Idlib”. Merci ! Merci pour ce que vous faites. Mais nous prions l’angélus de cette façon aujourd’hui en appliquant des dispositions préventives, afin d’éviter de petites affluences de personnes, qui peuvent favoriser la transmission du virus.
L’Evangile de ce deuxième dimanche de Carême (cf. Mt 17,1-9) nous présente le récit de la Transfiguration de Jésus. Ce dernier prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et il monte sur une haute montagne, symbole de la proximité avec Dieu, pour les ouvrir à une compréhension plus profonde du mystère de sa personne, qui devra souffrir, mourir puis ressusciter. En effet, Jésus avait commencé à leur parler des souffrances, de la mort et de la résurrection qui l’attendaient, mais ils ne pouvaient accepter cette perspective. C’est pourquoi, parvenus au sommet de la montagne, Jésus s’immerge en prière et se transfigure devant les trois disciples : « son visage – dit l’Évangile – devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière» (v. 2).
A travers l’événement merveilleux de la Transfiguration, les trois disciples sont appelés à reconnaître en Jésus le Fils de Dieu resplendissant de gloire. Ils progressent ainsi dans la connaissance de leur Maître, en se rendant compte que l’aspect humain n’exprime pas toute sa réalité ; la dimension divine et d’un autre monde de Jésus est révélée à leurs yeux. Et d’en haut résonne une voix qui dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé […]. Ecoutez-le » (v. 5). C’est le Père céleste qui confirme l’“investiture” – appelons-la ainsi – de Jésus faite au jour de son baptême dans le Jourdain et qui invite les disciples à l’écouter et à le suivre.
Il faut souligner que, parmi le groupe des Douze, Jésus choisit d’emmener avec lui Pierre, Jacques et Jean sur la montagne. Il leur réserve à eux le privilège d’assister à la transfiguration. Mais pourquoi fait-il cette élection de ces trois-là ? Parce qu’ils sont plus saints ? Non. Pierre le reniera à l’heure de l’épreuve ; et les deux frères Jacques et Jean demanderont à avoir les premières places dans son royaume (cf. Mt 20,20-23). Jésus ne choisit pas selon nos critères, mais selon son dessein d’amour. L’amour de Jésus n’a pas de mesure : il est amour, et Il choisit selon ce dessein d’amour. Il s’agit d’un choix gratuit, inconditionnel, d’une initiative libre, d’une amitié divine qui ne demande rien en échange. Et de la même façon qu’il appelle ces trois disciples, aujourd’hui aussi il appelle certains à rester près de lui, pour pouvoir témoigner. Etre témoins de Jésus est un don que nous n’avons pas mérité : nous nous sentons inadéquats, mais nous ne pouvons pas reculer avec l’excuse de notre incapacité.
Nous ne sommes pas allés sur le Mont Tabor, nous n’avons pas vu de nos yeux le visage de Jésus briller comme le soleil. Cependant, la Parole du salut nous a été confiée à nous aussi, la foi nous a été donnée et nous avons fait l’expérience, de diverses façons, de la joie de la rencontre avec Jésus. A nous aussi Jésus dit : « Relevez-vous et soyez sans crainte » (Mt 17,7). En ce monde, marqué par l’égoïsme et par l’avidité, la lumière de de Dieu est assombrie pour les préoccupations du quotidien. Nous disons souvent : je n’ai pas le temps de prier, je ne suis pas capable de rendre un service en paroisse, de répondre aux demandes des autres… Mais nous ne devons pas oublier que le Baptême que nous avons reçu nous rend témoins, non pas de part nos capacités, mais par le don de l’Esprit.
Durant ce temps propice du Carême, que la Vierge Marie nous obtienne cette docilité à l’Esprit, qui est indispensable pour nous mettre résolument en chemin sur la voie de la conversion. 

2140

    pape François
      (Homélie du 9 mars 2020 - Confession : la grâce de la honte) 
"La première lecture du prophète Daniel (Dn 9, 4-10) est une confession des péchés. Le peuple reconnaît qu’il a péché… “Ah ! toi Seigneur, le Dieu grand et redoutable, qui garde alliance et fidélité à ceux qui l’aiment et qui observent ses commandements, nous avons péché, nous avons commis l’iniquité, nous avons fait le mal, nous avons été rebelles, nous nous sommes détournés de tes commandements et de tes ordonnances. Nous n’avons pas écouté tes serviteurs les prophètes, qui ont parlé en ton nom à nos rois, à nos princes, à nos pères, à tout le peuple du pays.”
Il y a une confession des péchés, la reconnaissance que nous avons péché. Quand nous nous préparons à recevoir le sacrement de la réconciliation, nous devons faire ce qui s’appelle un “examen de conscience” et voir ce que j’ai fait devant Dieu : j’ai péché. Reconnaître le péché. Mais reconnaître son péché ne peut pas consister seulement à faire une liste intellectuelle des péchés, à dire “j’ai péché”, puis je le dis au prêtre et le prêtre me pardonne. Ce n’est pas nécessaire, ce n’est pas juste de faire cela. Ce serait comme faire une liste des choses que je dois faire ou que je dois avoir ou que j’ai mal faites, mais qui reste dans la tête. Une vraie confession des péchés doit rester dans le cœur. Aller se confesser ce n’est pas seulement donner au prêtre sa liste, “j’ai fait ça, ça et ça …”, et puis je m’en vais, je suis pardonné. Non, ce n’est pas cela. Il faut un pas, un pas en plus, qui est la confession de nos misères, mais du fond du cœur ; c’est-à-dire qu’il faut que la liste des mauvaises choses, descende dans mon cœur. C’est ce que fait Daniel, le prophète. “À toi, Seigneur, la justice ; à nous la honte au visage”.
Quand j’ai reconnu que j’ai péché, que je n’ai pas bien prié et que je le sens dans mon cœur, un sentiment de honte m’envahit : “J’ai honte d’avoir fait cela. Je te demande pardon avec honte”. Et la honte pour nos péchés est une grâce, nous devons la demander : “Seigneur, que j’aie honte”. Une personne qui a perdu la honte perd l’autorité morale, perd le respect des autres. Un effronté. La même chose arrive avec Dieu : à nous la honte. A toi la justice, à nous la honte. La honte sur le visage, comme aujourd’hui. “Seigneur, à nous la honte au visage, à nos rois, à nos princes, à nos pères, parce que nous avons péché contre toi.”. Au Seigneur notre Dieu, (Daniel) avait parlé de justice, à présent il parle de miséricorde.
Quand nous avons non seulement le souvenir, la mémoire des péchés que nous avons faits, mais aussi le sentiment de la honte, cela touche le cœur de Dieu et il répond avec miséricorde. Le chemin pour aller à la rencontre de la miséricorde de Dieu, c’est avoir honte des mauvaises choses que nous avons faites. Ainsi, quand j’irai me confesser je donnerai non seulement la liste de mes péchés, mais aussi mes sentiments de confusion, de honte d’avoir fait cela à un Dieu si bon, si miséricordieux, si juste.
Demandons aujourd’hui la grâce de la honte : avoir honte de nos péchés. Que le Seigneur nous accorde à tous cette grâce."

2134

  pape François
(Angélus du 1er mars 2020)
« Jésus ne dialogue pas avec le diable. Jésus répond au diable par la Parole de Dieu, non par sa parole. Dans la tentation, nous commençons très souvent à dialoguer avec la tentation, à dialoguer avec le diable: «Oui, mais je peux faire cela …, et puis je me confesse, puis ceci, puis cela… ». Il ne faut jamais parler avec le diable. Jésus fait deux choses avec le diable : il le chasse ou, comme dans ce cas, il répond par la Parole de Dieu. [...]
Que la Vierge Marie, Mère de Celui qui a écrasé la tête du serpent, nous aide en ce temps de carême à être vigilants face aux tentations, à ne nous soumettre à aucune idole de ce monde, à suivre Jésus dans sa lutte contre le mal; et nous serons nous aussi vainqueurs comme Jésus. »
 

2053

      pape François
     ( Audience Générale du 26 février 2020 - Mercredi des Cendres - entrée en Carême
Catéchèse du pape François)
Chers frères et soeurs, bonjour ! 
Aujourd’hui, Mercredi des Cendres, nous commençons le chemin du Carême, un chemin de quarante jours vers Pâques, vers le coeur de l’année liturgique et de notre foi. C’est un chemin qui suit celui de Jésus qui, au début de son ministère, se retira pendant quarante jours pour prier et jeûner, tenté par le diable, dans le désert. C’est justement de la signification spirituelle du désert que je voudrais vous parler aujourd’hui. Que signifie spirituellement le désert pour nous tous, même nous qui vivons en ville, que signifie le désert ? 
Imaginons que nous sommes dans un désert. La première sensation serait de nous trouver enveloppés d’un grand silence : pas de bruit, à part le vent et notre respiration. Voilà, le désert est le lieu du détachement par rapport au vacarme qui nous entoure. C’est l’absence de paroles pour faire de la place à une autre parole, la Parole de Dieu qui, comme une brise légère, nous caresse le coeur (cf. 1 R 19,12). Le désert est le lieu de la Parole, avec une majuscule. En effet, dans la Bible, le Seigneur aime nous parler dans le désert. Dans le désert, il remet à Moïse les « dix paroles », les dix commandements. Et quand le peuple s’éloigne de lui, devenant comme une épouse infidèle, Dieu dit : « C’est pourquoi, je vais l’entraîner jusqu’au désert, et je lui parlerai cœur à cœur. Là, elle me répondra comme au temps de sa jeunesse » (Os 2,16-17). Dans le désert, on écoute la Parole de Dieu, qui est comme un léger son. Le Livre des Rois dit que la Parole de Dieu est comme un fil de silence sonore. Dans le désert, on retrouve l’intimité avec Dieu, l’amour du Seigneur. Jésus aimait se retirer tous les jours dans des lieux déserts pour prier (cf. Lc 5,16). Il nous a enseigné comment chercher le Père, qui nous parle dans le silence. Et ce n’est pas facile de faire silence dans son coeur, parce que nous cherchons toujours à parler un peu, à être avec les autres. 
Le Carême est le temps propice pour faire de la place à la Parole de Dieu. C’est le temps pour éteindre la télévision et ouvrir la Bible. C’est le temps pour se détacher de son portable et de se connecter à l’Évangile. Quand j’étais enfant, il n’y avait pas la télévision, mais il y avait l’habitude de ne pas écouter la radio. Le Carême est un désert, c’est le temps de renoncer, de se détacher de son portable et de se connecter à l’Évangile. C’est le temps de renoncer aux paroles inutiles, aux bavardages, aux rumeurs, aux ragots, et de parler en tutoyant le Seigneur. C’est le temps de se consacrer à une saine écologie du coeur, y faire le ménage. 
Nous vivons dans un environnement pollué par trop de violence verbale, par tant de paroles offensives et nocives, que le réseau amplifie. Aujourd’hui, on insulte comme si l’on disait « Bonjour ». Nous sommes submergés de paroles vides, de publicité, de messages insidieux. Nous nous sommes habitués à entendre de tout sur tout le monde et nous risquons de glisser dans une mondanité qui nous atrophie le coeur et il n’y a pas moyen d’éviter cela pour en guérir, à part le silence. Nous avons du mal à distinguer la voix du Seigneur qui nous parle, la voix de la conscience, la voix du bien. En nous appelant au désert, Jésus nous invite à tendre l’oreille à ce qui compte, à l’important, à l’essentiel. Au diable qui le tentait, il répondit : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4,4). Comme du pain, plus que du pain, nous avons besoin de la Parole de Dieu, nous avons besoin de parler avec Dieu ; nous avons besoin de prier. Parce que, quand nous sommes seuls devant Dieu, les inclinations du coeur viennent à la lumière et les duplicités de l’âme tombent. Voilà le désert, un lieu de vie, non de mort, parce que dialoguer dans le silence avec le Seigneur nous redonne vie. 
Essayons à nouveau de penser à un désert. Le désert est le lieu de l’essentiel. Regardons notre vie : combien de choses inutiles nous entourent ! Nous poursuivons mille choses qui semblent nécessaires et qui, en réalité, ne le sont pas. Comme cela nous ferait du bien de nous libérer de toutes ces réalités superflues, pour redécouvrir ce qui compte, pour retrouver les visages de ceux qui sont à côté de nous ! Là aussi, Jésus nous donne l’exemple en jeûnant. Jeûner, c’est savoir renoncer aux choses vaines, au superflu, pour aller à l’essentiel. Jeûner, ce n’est pas seulement pour maigrir, jeûner c’est aller justement à l’essentiel, c’est chercher la beauté d’une vie plus simple.
Le désert, enfin, est le lieu de la solitude. Aujourd’hui encore, près de nous, il y a beaucoup de désert. Ce sont les personnes seules et abandonnées. Combien de pauvres et de personnes âgées sont à côté de nous et vivent dans le silence, sans clameur, marginalisés et rejetés ! Parler d’eux n’attire pas les foules. Mais le désert nous conduit à eux, à ceux que l’on fait taire et qui demandent notre aide en silence. Combien de regards silencieux qui demandent notre aide ! Le chemin de désert du Carême est un chemin de charité envers celui qui est plus faible. 
Prière, jeûne, oeuvres de miséricorde : voilà le chemin dans le désert du Carême.
Chers frères et soeurs, par la voie du prophète Isaïe, Dieu a fait cette promesse : « Voici que je fais une chose nouvelle, je vais faire passer un chemin dans le désert » (Is 43,19). Dans le désert, le chemin qui nous conduit de la mort à la vie, s’ouvre. Entrons dans le désert avec Jésus, nous en sortirons en goûtant Pâques, la puissance de l’amour de Dieu qui renouvelle la vie. Il nous arrivera comme à ces déserts qui fleurissent au printemps, faisant germer à l’improviste, « du néant », des bourgeons et des plantes. Courage, entrons dans ce désert du Carême, suivons Jésus dans le désert : avec lui, nos déserts fleuriront.

2052

      pape François
     ( Homélie du 26 février 2020 - Messe des Cendres)
Nous commençons le Carême en recevant les cendres : « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière » (cf. Gn 3, 19). La poussière sur la tête nous ramène à la terre, elle nous rappelle que nous venons de la terre et qu’en terre nous retournerons. Cela veut dire que nous sommes faibles, fragiles, mortels. Dans le cours des siècles et des millénaires, nous sommes de passage ; devant l’immensité des galaxies et de l’espace nous sommes minuscules. Nous sommes poussière dans l’univers. Mais nous sommes la poussière aimée de Dieu. Le Seigneur a aimé recueillir notre poussière dans ses mains et y insuffler son haleine de vie (cf. Gn 2, 7). Nous sommes ainsi une poussière précieuse, destinée à vivre pour toujours. Nous sommes la terre sur laquelle Dieu a versé son ciel, la poussière qui contient ses rêves. Nous sommes l’espérance de Dieu, son trésor, sa gloire.

La cendre nous rappelle ainsi le parcours de notre existence : de la poussière à la vie. Nous sommes poussière, terre, argile, mais si nous nous laissons modeler par les mains de Dieu nous devenons une merveille. Et cependant, souvent, surtout dans les difficultés et dans la solitude, nous ne voyons que notre poussière ! Mais le Seigneur nous encourage : le peu que nous sommes a une valeur infinie à ses yeux. Courage, nous sommes nés pour être aimés, nous sommes nés pour être enfants de Dieu.

Chers frères et sœurs, au début du Carême rendons-nous compte de cela. Parce que le Carême n’est pas un temps pour verser sur les gens un moralisme inutile, mais pour reconnaître que nos pauvres cendres sont aimées de Dieu. Il est un temps de grâce, pour accueillir le regard d’amour de Dieu sur nous et, regardés de la sorte, changer de vie. Nous sommes au monde pour marcher de la cendre à la vie. Alors, ne réduisons pas l’espérance en poussière, n’incinérons pas le rêve que Dieu a sur nous. Ne cédons pas à la résignation. Et toi tu dis “Comment puis-je avoir confiance ? Le monde va mal, la peur se répand, il y a beaucoup de méchanceté et la société se déchristianise…” Mais tu ne crois pas que Dieu peut transformer notre poussière en gloire ?

La cendre que nous recevons sur la tête ébranle les pensées que nous avons. Elle nous rappelle que, enfants de Dieu, nous ne pouvons pas vivre pour suivre la poussière qui disparaît. Une question peut descendre de la tête vers cœur : “Moi, qu’est-ce qui me fait vivre ? ” Si je vis pour les choses du monde qui passent, je retourne à la poussière, je renie ce que Dieu a fait en moi. Si je vis seulement pour rapporter à la maison un peu d’argent et me divertir, pour chercher un peu de prestige, faire un peu carrière, je vis de poussière. Si je juge mal la vie seulement parce que je ne suis pas pris suffisamment en considération ou que je ne reçois pas des autres ce que je crois mériter, je reste encore à regarder la poussière.

Nous ne sommes pas au monde pour cela. Nous valons beaucoup plus, nous vivons pour beaucoup plus : pour réaliser le rêve de Dieu, pour aimer. Les cendres sont mises sur notre tête pour que le feu de l’amour s’allume dans nos cœurs. Car nous sommes citoyens du ciel et l’amour envers Dieu et le prochain est le passeport pour le ciel, c’est notre passeport. Les biens terrestres que nous possédons ne nous serviront pas, ils sont poussière qui disparaît, mais l’amour que nous donnons – en famille, au travail, dans l’Eglise, dans le monde – nous sauvera, il restera pour toujours.

Les cendres que nous recevons nous rappellent un second parcours, inverse, celui qui va de la vie à la poussière. Nous regardons tout autour et nous voyons des poussières de mort. Des vies réduites en cendres. Des décombres, des destructions, la guerre. Des vies de petits innocents non accueillis, des vies de pauvres rejetés, des vies de personnes âgées mises à l’écart. Nous continuons à nous détruire, à nous faire retourner en poussière. Et que de poussière il y a dans nos relations ! Regardons chez nous, dans les familles : que de disputes, que d’incapacités à désarmer les conflits, que de difficultés à s’excuser, à pardonner, à repartir, alors qu’avec tant de facilité nous réclamons nos espaces et nos droits. Il y a beaucoup de poussière qui salit l’amour et affaiblit la vie. Même dans l’Eglise, la maison de Dieu, nous avons laissé se déposer beaucoup de poussière, la poussière de la mondanité.

Et regardons-nous à l’intérieur, dans le cœur : que de fois nous étouffons le feu de Dieu avec la cendre de l’hypocrisie ! L’hypocrisie : c’est la saleté que Jésus, aujourd’hui dans l’Evangile, demande d’enlever. En effet, le Seigneur ne dit pas seulement d’accomplir des œuvres de charité, de prier, de jeûner, mais de faire tout cela sans feintes, sans duplicités, sans hypocrisie (cf. Mt 6, 2.5.16). Que de fois, en revanche, nous faisons quelque chose pour être approuvés, pour notre image, pour notre ego ! Que de fois nous nous proclamons chrétiens et dans le cœur nous cédons sans problème aux passions qui nous rendent esclaves ! Que de fois nous prêchons une chose et en faisons une autre ! Que de fois nous nous montrons bons au dehors et nourrissons des rancunes au- dedans ! Que de duplicités nous avons dans le cœur… c’est la poussière qui salit, les cendres qui étouffent le feu de l’amour.

Nous avons besoin de nettoyer la poussière qui se dépose sur le cœur. Comment faire ? L’appel pressant de saint Paul dans la seconde lecture nous aide : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu ! » Paul ne demande pas, il supplie : « Nous vous le demandons au nom du Christ, laissez- vous réconcilier avec Dieu » (2Co 5, 20). Nous aurions dit “Réconciliez-vous avez Dieu”. Mais non, il utilise le passif : laissez-vous réconcilier. Parce que la sainteté n’est pas notre activité, elle est une grâce ! Parce que, seuls, nous ne sommes pas capables d’enlever la poussière qui salit notre cœur. Parce que seul Jésus, qui connaît et aime notre cœur, peut le guérir. Le Carême est le temps de la guérison.

Que faut-il donc faire ? Sur le chemin vers Pâques nous pouvons accomplir deux passages : le premier, de la poussière à la vie, de notre humanité fragile à l’humanité de Jésus qui nous guérit. Nous pouvons nous mettre devant le Crucifié, rester là, regarder et répéter : “Jésus, tu m’aimes, transforme-moi… Jésus, tu m’aimes, transforme-moi…” Et après avoir accueilli son amour, après avoir pleuré devant cet amour, le second passage, pour ne pas retomber de la vie à la poussière. Aller recevoir le pardon de Dieu, dans la confession, parce que là, le feu de l’amour de Dieu consume la cendre de notre péché. L’étreinte du Père dans la Confession nous renouvelle à l’intérieur, nous nettoie le cœur. Laissons-nous réconcilier pour vivre comme des enfants aimés, comme des pécheurs pardonnés, comme des malades guéris, comme des voyageurs accompagnés. Laissons-nous aimer pour aimer. Laissons-nous relever, pour marcher vers le but, Pâques. Nous aurons la joie de découvrir que Dieu nous ressuscite de nos cendres.

2051

      pape François
     ( La prière des 5 doigts)
Il y a vingt ans, Jorge Mario Bergoglio, évêque de Buenos Aires et actuel Pape François, a écrit une prière qui est devenue très populaire en Argentine. C’est une prière très simple qui reflète, en fait, le caractère et le style du Saint-Père. Une prière « à portée de la main ». Une prière sur les doigts de la main. Une prière universelle complète et riche.

1. Le pouce est le doigt le plus proche de vous. Donc, commencer par prier pour ceux qui vous sont le plus proches. Ils sont les personnes les plus susceptibles de revenir à nos mémoires. Priez pour les gens qui nous sont chers est un « doux devoir ».

2. Ensuite l’index. Priez pour ceux qui enseignent, ceux qui s’occupent de l’éducation et des soins médicaux : pour les enseignants, les professeurs, les médecins, les prêtres et les catéchistes. Ils ont besoin de soutien et de sagesse afin qu’ils puissent montrer le droit chemin aux autres. Ne les oubliez pas dans vos prières. 
3. Le doigt qui suit est le médium, le plus long. Il nous rappelle nos gouvernants. Priez pour le président, pour les députés, pour les entrepreneurs et pour les administrateurs. Ce sont eux qui dirigent le destin de notre pays et sont chargés de guider l’opinion publique. Ils ont besoin de l’aide de Dieu. 
4. Le quatrième doigt est l’annulaire. Bien que cela puisse surprendre la plupart des gens, c’est notre doigt le plus faible, et tout professeur de piano peut le confirmer. Vous devez vous rappeler de prier pour les faibles, pour ceux qui ont beaucoup de problèmes à résoudre ou qui sont éprouvés par la maladie. Ils ont besoin de vos prières jour et nuit. Il n’y aura jamais trop de prières pour ces personnes. Nous sommes invités aussi à prier pour les mariages. 
5. Et enfin, il y a notre petit doigt, le plus petit de tous les doigts, aussi petit que nous devons nous tenir devant Dieu et devant les autres. Comme le dit la Bible, « les derniers seront les premiers ». Le petit doigt est là pour vous rappeler que vous devez prier pour vous-même. Ce n’est que lorsque vous avez prié pour les quatre autres groupes, que vous pourrez le mieux identifier vos besoins et donc prier pour vous.

2044

      pape François 
     (Message du pape pour le Carême 2020 - Donné à Rome, près de Saint Jean de Latran, le 7 octobre 2019, en la Fête de Notre-Dame du Rosaire)
« Nous vous en supplions au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2Co 5, 20)
Chers frères et sœurs!

Cette année encore, le Seigneur nous accorde un temps favorable pour nous préparer à célébrer avec un cœur renouvelé le grand Mystère de la mort et de la résurrection de Jésus, pierre angulaire de la vie chrétienne personnelle et communautaire. Il nous faut constamment revenir à ce Mystère, avec notre esprit et notre cœur. En effet, ce Mystère ne cesse de grandir en nous, dans la mesure où nous nous laissons entraîner par son dynamisme spirituel et y adhérons par une réponse libre et généreuse.
1. Le Mystère pascal, fondement de la conversion
La joie du chrétien découle de l’écoute et de l’accueil de la Bonne Nouvelle de la mort et de la résurrection de Jésus : le kérygme. Il résume le Mystère d’un amour « si réel, si vrai, si concret qu’il nous offre une relation faite de dialogue sincère et fécond » (Exhort. ap. Christus vivit, n. 117). Celui qui croit en cette annonce rejette le mensonge selon lequel notre vie aurait son origine en nous-même, alors qu’en réalité elle jaillit de l’amour de Dieu le Père, de sa volonté de donner la vie en abondance (cf. Jn 10, 10). En revanche, si nous écoutons la voix envoûtante du “père du mensonge” (cf. Jn 8, 45), nous risquons de sombrer dans l’abîme du non-sens, de vivre l’enfer dès ici-bas sur terre, comme en témoignent malheureusement de nombreux événements dramatiques de l’expérience humaine personnelle et collective.
En ce Carême de l’année 2020, je voudrais donc étendre à tous les chrétiens ce que j’ai déjà écrit aux jeunes dans l’Exhortation Apostolique Christus vivit: « Regarde les bras ouverts du Christ crucifié, laisse-toi sauver encore et encore. Et quand tu t’approches pour confesser tes péchés, crois fermement en sa miséricorde qui te libère de la faute. Contemple son sang répandu avec tant d’amour et laisse-toi purifier par lui. Tu pourras ainsi renaître de nouveau » (n. 123). La Pâque de Jésus n’est pas un événement du passé : par la puissance de l’Esprit Saint, elle est toujours actuelle et nous permet de regarder et de toucher avec foi la chair du Christ chez tant de personnes souffrantes.
2. Urgence de la conversion
Il est salutaire de contempler plus profondément le Mystère pascal, grâce auquel la miséricorde de Dieu nous a été donnée. L’expérience de la miséricorde, en effet, n’est possible que dans un ‘‘face à face’’ avec le Seigneur crucifié et ressuscité « qui m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga 2, 20). Un dialogue cœur à cœur, d’ami à ami. C’est pourquoi la prière est si importante en ce temps de Carême. Avant d’être un devoir, elle exprime le besoin de correspondre à l’amour de Dieu qui nous précède et nous soutient toujours. En effet, le chrétien prie tout en ayant conscience d’être aimé malgré son indignité. La prière peut prendre différentes formes, mais ce qui compte vraiment aux yeux de Dieu, c’est qu’elle creuse en nous jusqu’à réussir à entamer la dureté de notre cœur, afin de le convertir toujours plus à lui et à sa volonté.
En ce temps favorable, laissons-nous donc conduire comme Israël dans le désert (cf. Os 2, 16), afin que nous puissions enfin entendre la voix de notre Époux, pour la faire résonner en nous avec plus de profondeur et de disponibilité. Plus nous nous laisserons impliquer par sa Parole, plus nous pourrons expérimenter sa miséricorde gratuite envers nous. Ne laissons donc pas passer ce temps de grâce en vain, dans l’illusion présomptueuse d’être nous-mêmes les maîtres du temps et des modes de notre conversion à lui.
3. La volonté passionnée de Dieu de dialoguer avec ses enfants
Le fait que le Seigneur nous offre, une fois de plus, un temps favorable pour notre conversion, ne doit jamais être tenu pour acquis. Cette nouvelle opportunité devrait éveiller en nous un sentiment de gratitude et nous secouer de notre torpeur. Malgré la présence, parfois dramatique, du mal dans nos vies ainsi que dans la vie de l’Église et du monde, cet espace offert pour un changement de cap exprime la volonté tenace de Dieu de ne pas interrompre le dialogue du salut avec nous. En Jésus crucifié, qu’il «a fait péché pour nous» (2Co 5, 21), cette volonté est arrivée au point de faire retomber tous nos péchés sur son Fils au point de « retourner Dieu contre lui-même », comme le dit le Pape Benoît XVI (cf. Enc. Deus caritas est, n. 12). En effet, Dieu aime aussi ses ennemis (cf. Mt 5, 43-48).
Le dialogue que Dieu par le Mystère pascal de son Fils veut établir avec chaque homme n’est pas comme celui attribué aux habitants d’Athènes, qui «n’avaient d’autre passe-temps que de dire ou écouter les dernières nouveautés» (Ac 17, 21). Ce genre de bavardage, dicté par une curiosité vide et superficielle, caractérise la mondanité de tous les temps et, de nos jours, il peut aussi se faufiler dans un usage trompeur des moyens de communication.
4. Une richesse à partager et non pas à accumuler seulement pour soi
Mettre le Mystère pascal au centre de la vie signifie éprouver de la compassion pour les plaies du Christ crucifié perceptibles chez les nombreuses victimes innocentes des guerres, dans les atteintes à la vie, depuis le sein maternel jusqu’au troisième âge, sous les innombrables formes de violence, de catastrophes environnementales, de distribution inégale des biens de la terre, de traite des êtres humains dans tous aspects et d’appât du gain effréné qui est une forme d’idolâtrie.
Aujourd’hui encore, il est important de faire appel aux hommes et aux femmes de bonne volonté pour qu’ils partagent leurs biens avec ceux qui en ont le plus besoin en faisant l’aumône, comme une forme de participation personnelle à la construction d’un monde plus équitable. Le partage dans la charité rend l’homme plus humain, alors que l’accumulation risque de l’abrutir, en l’enfermant dans son propre égoïsme. Nous pouvons et nous devons aller encore plus loin, compte tenu des dimensions structurelles de l’économie. C’est pourquoi, en ce Carême 2020, du 26 au 28 mars, j’ai convoqué à Assise de jeunes économistes, entrepreneurs et porteurs de changement, dans le but de contribuer à l’esquisse d’une économie plus juste et plus inclusive que l’actuelle. Comme le Magistère de l’Église l’a répété à plusieurs reprises, la politique est une forme éminente de charité (cf. Pie XI, Discours aux Membres de la Fédération Universitaire Catholique Italienne, 18 décembre 1927). Ainsi en sera-t-il de la gestion de l’économie, basée sur ce même esprit évangélique qui est l’esprit des Béatitudes.
J’invoque l’intercession de la Très-Sainte Vierge Marie pour ce Carême à venir, afin que nous accueillions l’appel à nous laisser réconcilier avec Dieu, pour fixer le regard du cœur sur le Mystère pascal et nous convertir à un dialogue ouvert et sincère avec Dieu. C’est ainsi que nous pourrons devenir ce que le Christ dit de ses disciples : sel de la terre et lumière du monde (cf. Mt 5, 13-14).
FRANÇOIS
Donné à Rome, près de Saint Jean de Latran, 7 octobre 2019,
Fête de Notre-Dame du Rosaire 

Jésus disait à ses disciples : "Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai Aimés." (Jn 15, 12)