2448

        Père Jacques Philippe
       (sur la paternité)
« Configuré au Christ, le prêtre devient une icône du Père : “Qui me voit voit le Père”. Il reçoit progressivement la grâce d’une paternité, qui n’a rien à voir avec une revendication de pouvoir. Tout au contraire, être père, c’est se vider de soi-même pour permettre à l’autre d’exister en plénitude … La paternité comporte deux versants indissociables. D’une part, un amour inconditionnel, une miséricorde sans limite, un accueil absolu de l’autre quelles que soient ses limites et ses défaillances. Le père a toujours un regard d’espérance sur son enfant. Il croit en l’autre, même quand celui-ci ne croit plus en lui-même. Il a une tendresse particulière pour les plus pauvres, les plus petits, les plus blessés. Il exerce une patience sans limites, fondée sur l’espérance. Il n’a pour personne un regard de mépris, de dureté ou de rejet. D’autre part, la vraie paternité implique la transmission d’une parole, d’une exigence de vérité, qui trace pour l’autre un chemin de conversion, de croissance et de vie. Être père signifie être témoin d’une Parole, d’une exigence qui n’écrase pas mais qui fait grandir et libère. Elle aide l’autre à ne pas rester enfermé dans ses ambiguïtés, ses attitudes stériles ou infantiles, ses limites dans la perception du réel. Elle encourage à reconnaître les appels de Dieu, l’appel à devenir vraiment soi-même et à y répondre avec confiance … Pour le prêtre, cet appel à devenir icône de la paternité divine est une terrible exigence. Elle requiert une conversion permanente, en particulier pour devenir de plus en plus pauvre de soi-même, de ses prétentions, de ses besoins de reconnaissance et de réussite personnelle. Elle est en même temps un immense bonheur : la joie de donner la vie, d’engendrer l’autre à l’existence véritable, celle qui ne passera jamais, la vie même de Dieu. » 

2447

        Prière pour demander un travail
       (auteur inconnu)
Saint Joseph,Père nourricier si fidèle de l’enfant divin,
époux virginal de la mère de Dieu,
protecteur puissant de la Sainte Église,
je viens vers toi pour me recommander à ta protection spéciale.
Tu n’as rien cherché en ce monde
sinon la gloire de Dieu et le bien du prochain.
Tout donné au Sauveur, c’était ta joie de prier,
de travailler, de te sacrifier, de souffrir, de mourir pour Lui.
Tu étais inconnu en ce monde et cependant connu de Jésus,
ses regards reposaient avec complaisance sur ta vie simple et cachée en Lui.
Saint Joseph, tu as déjà aidé tant d’hommes,
je viens vers toi avec une grande confiance.
Tu vois dans la lumière de Dieu ce qui me manque,
tu connais mes soucis, mes difficultés, mes peines.
Je recommande à ta sollicitude paternelle ma recherche d’emploi.
Je la mets entre tes mains qui ont sauvé Jésus enfant.
Mais avant tout implore pour moi la grâce
de ne jamais me séparer de Jésus par le péché mortel,
de Le connaître et de L’aimer toujours plus,ainsi que sa sainte Mère,
de vivre toujours en présence de Dieu,
de tout faire pour sa gloire et le bien des âmes,
et d’arriver un jour à la vision bienheureuse de Dieu
pour Le louer éternellement avec toi.

Amen.

2446

        Pape François
       (Homélie du Dimanche 3 mai 2020 - 4ème Dimanche de Pâques A - Le Bon Berger/Pasteur)
La Première Lettre de l’apôtre Pierre, que nous avons entendue, est un passage de sérénité (cf. 2,20-25). Il parle de Jésus. Il dit : « Lui-même a porté nos péchés, dans son corps, sur le bois, afin que, morts à nos péchés, nous vivions pour la justice. Par ses blessures, nous sommes guéris. Car vous étiez errants comme des brebis ; mais à présent vous êtes retournés vers votre berger, le gardien de vos âmes » (vv. 24-25). 
Jésus est le berger – Pierre le voit ainsi – qui vient sauver, sauver les brebis perdues : c’était nous. Et dans le psaume 22 que nous avons lu après cette lecture, nous avons répété : « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien » (v.1). La présence du Seigneur comme berger, comme berger du troupeau. Et Jésus, au chapitre 10 de Jean, que nous avons lu, se présente comme le pasteur. Ou plutôt pas seulement le pasteur, mais la “porte” par laquelle on entre au sein du troupeau (cf. v.8). Tous ceux qui sont venus et qui ne sont pas entrés par cette porte étaient des voleurs et des brigands ou voulaient profiter du troupeau : les faux bergers. Et dans l’histoire de l’Eglise beaucoup ont exploité le troupeau. Le troupeau ne les intéressait pas, mais seulement la carrière ou la politique ou l’argent. Mais le troupeau les connaît, il les a toujours connus et il avançait en cherchant Dieu sur ses voies. 
Mais quand il y a un bon pasteur qui conduit, le troupeau avance. Le bon pasteur écoute le troupeau, conduit le troupeau, prend soin du troupeau. Et le troupeau sait distinguer entre les bergers, il ne se trompe pas : le troupeau fait confiance au bon Pasteur, il fait confiance à Jésus. Seul le berger qui ressemble à Jésus donne confiance au troupeau, parce qu’Il est la porte. Le style de Jésus doit être le style du pasteur, il n’y en a pas d’autre. Mais Jésus bon pasteur aussi, comme le dit Pierre dans la première lecture, a souffert « pour vous… il vous a laissé un modèle afin que vous suiviez ses traces… Lui n’a pas commis de péché ; dans sa bouche, on n’a pas trouvé de mensonge. Insulté, il ne rendait pas l’insulte, dans la souffrance, il ne menaçait pas » (1P 2,21-23). Il était doux. L’un des signes du bon Pasteur est la douceur. Le bon Pasteur est doux. Un pasteur qui n’est pas doux n’est pas un bon pasteur. Il a quelque chose de caché, car la douceur se montre comme elle est, sans se défendre. Ou plutôt, le pasteur est tendre, il a cette tendresse de la proximité, il connaît chacune de ses brebis par leur nom et il prend soin de chacune comme si elle était l’unique, au point que lorsqu’ils rentre chez lui après une journée de travail, fatigué, il s’aperçoit qu’il lui en manque une, il sort travailler à nouveau pour la chercher et la ramener, il la porte sur ses épaules (cf Lc 15,4-5). C’est le bon pasteur, c’est Jésus, c’est Jésus qui nous accompagne tous sur le chemin de la vie. Et cette idée du pasteur, cette idée du troupeau et des brebis, est une idée pascale. La première semaine de Pâques, l’Eglise chante cette belle hymne pour les nouveaux baptisés : “Voici les nouveaux agneaux”, l’hymne que nous avons entendue au début de la messe. C’est un idée de communauté, de tendresse, de bonté, de douceur. C’est l’Eglise qui veut Jésus, et Il protège cette Eglise.
Ce dimanche est un beau dimanche, c’est un dimanche de paix, c’est un dimanche de tendresse, de douceur, parce que notre Berger prend soin de nous. “Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien” (PS 22,1).

2445

        Pape François
       (Régina Caeli du 3 mai 2020 - Comment reconnaître la voix de Dieu et la voix du malin)
Chers frères et sœurs, bonjour !
Le quatrième dimanche de Pâques, que nous célébrons aujourd’hui, est dédié à Jésus Bon Pasteur. L’Évangile dit : « Les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir.» (Jn 10,3). Le Seigneur nous appelle par notre nom, il nous appelle car il nous aime. Mais, dit encore l’Évangile, il y a d’autres voix, à ne pas suivre : celles des étrangers, des voleurs et des brigands qui veulent le mal des brebis. 
Ces différentes voix résonnent en nous. Il y a la voix de Dieu, qui parle doucement à la conscience, et il y a la voix tentatrice qui conduit au mal. Comment reconnaître la voix du bon Pasteur de celle du voleur, comment distinguer l’inspiration de Dieu de la suggestion du malin ? 
On peut apprendre à discerner ces deux voix : elles parlent en effet deux langues différentes, c’est-à-dire qu’elle ont des façons opposées de frapper à la porte de notre cœur. Elles parlent différentes langues. De la même façon que nous savons distinguer une langue d’une autre, nous pouvons aussi distinguer la voix de Dieu et la voix du malin. La voix de Dieu n’oblige jamais : Dieu se propose, il ne s’impose pas. En revanche la mauvaise voix séduit, assaillit, contraint : elle suscite des illusions éblouissantes, des émotions alléchantes, mais passagères. Au début elle flatte, elle nous fait croire que nous sommes tout-puissants, mais ensuite elle nous laisse avec un vide intérieur et elle nous accuse : “Tu ne vaux rien”. La voix de Dieu, en revanche, nous corrige, avec beaucoup de patience, mais elle nous encourage toujours, nous console : elle alimente toujours l’espérance. La voix de Dieu est une voix qui a un horizon, au contraire la voix du mauvais t’amène droit au mur, elle t’amène au coin. 
Une autre différence : la voix de l’ennemi détourne du présent et veut que nous nous concentrions sur les craintes de l’avenir ou sur les tristesses du passé. L’ennemi ne veut pas le présent : il fait réapparaître les amertumes, les souvenir des torts subis, de celui qui nous a fait du mal… tous les mauvais souvenirs. Au contraire la voix de Dieu parle au présent : “Maintenant tu peux faire du bien, maintenant tu peux exercer la créativité de l’amour, maintenant tu peux renoncer aux regrets et aux remords qui tiennent ton cœur prisonnier”. Il nous anime, il nous fait avancer, mais il parle au présent: maintenant.
Encore : les deux voix suscitent en nous des questions différentes. Celle qui vient de Dieu sera : “Qu’est-ce qui me fait du bien ?”. Pour sa part le tentateur insistera sur une autre question : “Qu’est-ce que j’aimerais faire ?”. Qu’est-ce qui me va : la mauvaise voix tourne toujours autour du moi, de ses pulsions, de ses besoins, du tout et tout de suite. Elle est comme les caprices d’un enfant : tout et maintenant. La voix de Dieu, en revanche, ne promet jamais la joie à bas prix : elle nous invite à dépasser notre moi pour trouver le vrai bien, la paix. Souvenons-nous : le mal ne donne jamais la paix, il donne une frénésie avant et il laisse amer ensuite. C’est le style du mal. 
La voix de Dieu et celle du tentateur, en effet, parlent dans des “environnements” différents : l’ennemi privilégie l’obscurité, le mensonge, le commérage ; le Seigneur aime la lumière du soleil, la vérité, la transparence sincère. L’ennemi nous dira : “Ferme-toi en toi-même, personne ne te comprend ni ne t’écoute, ne fais pas confiance !”. Le bien, au contraire, invite à s’ouvrir, à être limpides et et confiants en Dieu et dans les autres. Chers frères et sœurs, en cette période tant de pensées et de préoccupations nous conduisent à nous enfermer en nous-mêmes. Faisons attention aux voix qui parviennent à notre cœur. Demandons-nous d’où elles viennent. Demandons la grâce de reconnaître et de suivre la voix du Bon Pasteur, qui nous fait sortir de l’enclos de l’égoïsme et qui nous conduit aux pâturages de la vraie liberté. Que la Vierge Marie, Mère du Bon conseil, oriente et accompagne notre discernement.  

2444

        Pape François
       (Message pour la 57ème journée mondiale de prière pour les vocations du 3 mai 2020 - Les paroles de la vocation)
Chers frères et sœurs!
Le 4 août de l’année dernière, lors du 160ème anniversaire de la mort du saint Curé d’Ars, j’ai voulu offrir une lettre aux prêtres qui, chaque jour consacrent leur vie à l’appel que le Seigneur leur a adressé, au service du peuple de Dieu.
A cette occasion, j’avais choisi quatre paroles-clés – souffrance – gratitude – courage et louange – pour remercier les prêtres et soutenir leur ministère. J’estime qu’aujourd’hui, en cette 57ème Journée Mondiale de Prière pour les Vocations, ces paroles peuvent être reprises et adressées à tout le Peuple de Dieu, sur le fond d’un passage évangélique qui nous raconte la singulière expérience survenue à Jésus et Pierre, durant une nuit de tempête sur le lac de Tibériade (cf. Mt 14, 22-33). 
Après la multiplication des pains, qui avait enthousiasmé la foule, Jésus ordonna à ses disciples de monter dans la barque et de le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. L’image de cette traversée sur le lac évoque, en quelque manière, le voyage de notre existence. La barque de notre vie, en effet, avance lentement, toujours agitée parce qu’à la recherche d’un lieu d’accostage favorable, prête à affronter les risques et les opportunités de la mer, mais aussi désireuse de recevoir du timonier un virage qui conduise finalement vers la bonne direction. Mais parfois, il peut arriver qu’elle s’égare, qu’elle se laisse aveugler par les illusions, au lieu de suivre le phare lumineux qui la conduit à bon port, ou d’être défiée par les vents contraires des difficultés, des doutes et des peurs.
Il en est de même aussi dans le cœur des disciples, lesquels, appelés à suivre le Maître de Nazareth, doivent se décider à passer sur l’autre rive, en choisissant avec courage d’abandonner leurs sécurités et de se mettre à la suite du Seigneur. Cette aventure n’est pas tranquille : la nuit arrive, le vent contraire souffle, la barque est ballotée par les vagues, et la peur de ne pas y arriver et de pas être à la hauteur de l’appel risque de les dominer. 
L’Evangile nous dit, cependant, que dans l’aventure de ce voyage difficile, nous ne sommes pas seuls. Le Seigneur, presqu’en forçant l’aurore au cœur de la nuit, marche sur les eaux agitées et rejoint les disciples, il invite Pierre à venir à sa rencontre sur les vagues, il le sauve quand il le voit s’enfoncer, et enfin, il monte dans la barque et fait cesser le vent. 
La première parole de la vocation, alors, est gratitude. Naviguer vers le juste cap n’est pas une tâche qui relève de nos seuls efforts, et ne dépend pas seulement des parcours que nous choisissons de faire. La réalisation de nous-mêmes et de nos projets de vie n’est pas le résultat mathématique de ce que nous décidons dans un "moi" isolé ; au contraire, elle est avant tout la réponse à un appel qui vient d’En-Haut. C’est le Seigneur qui nous indique le rivage vers lequel aller et qui, bien avant, nous donne le courage de monter sur la barque ; alors qu’il nous appelle, c’est lui qui se fait aussi notre timonier pour nous accompagner, nous montrer la direction, nous empêcher de nous échouer dans les écueils de l’indécision et nous rendre même capables de marcher sur les eaux agitées.
Toute vocation naît de ce regard aimant par lequel le Seigneur est venu à notre rencontre, peut-être alors même que notre barque était en proie à la tempête. « Plus qu’un choix de notre part, la vocation est la réponse à un appel gratuit du Seigneur » (Lettre aux prêtres, 4 août 2019) ; c’est pourquoi, nous réussirons à la découvrir et à l’embrasser, quand notre cœur s’ouvrira à la gratitude et saura saisir le passage de Dieu dans notre vie.
Quand les disciples voient Jésus s’approcher en marchant sur les eaux, ils pensent d’abord qu’il s’agit d’un fantôme et ils ont peur. Mais aussitôt Jésus les rassure par une parole qui doit toujours accompagner notre vie et notre chemin vocationnel : « Courage, c’est moi, n’ayez pas peur ! » (v.27). Justement c’est la seconde parole que je voudrais vous confier : courage. 
Ce qui souvent nous empêche de marcher, de grandir, de choisir la voie que le Seigneur trace pour nous, ce sont les fantômes qui s’agitent dans notre cœur. Quand nous sommes appelés à laisser notre rivage de sûreté et à embrasser un état de vie – comme le mariage, le sacerdoce ordonné, la vie consacrée –, la première réaction est souvent représentée par le "fantôme de l’incrédulité" : ce n’est pas possible que cette vocation soit pour moi ; s’agit-il vraiment du juste chemin ? le Seigneur me demande-t-il vraiment cela ?
Et, peu à peu, croissent en nous toutes ces considérations, ces justifications et ces calculs qui nous font perdre l’élan, qui nous troublent et nous paralysent sur le rivage de départ : nous pensons avoir fait fausse route, ne pas être à la hauteur, avoir simplement vu un fantôme à chasser. 
Le Seigneur sait qu’un choix fondamental de vie – comme celui de se marier ou de se consacrer de façon spéciale à son service – nécessite du courage. Il connaît les interrogations, les doutes et les difficultés qui agitent la barque de notre cœur, et c’est pourquoi il nous rassure : "N’aie pas peur, je suis avec toi !". La foi en sa présence, qui vient à notre rencontre et nous accompagne, même quand la mer est en tempête, nous libère de cette acédie que j’ai déjà eu l’occasion de définir comme une « douce tristesse » (Lettre aux prêtres, 4 août 2019), c’est-à-dire ce découragement intérieur qui nous bloque et ne nous permet pas de goûter la beauté de la vocation. 
Dans la Lettre aux prêtres, j’ai parlé aussi de la souffrance, mais ici je voudrais traduire autrement ce mot et me référer à la fatigue. Toute vocation comporte un engagement. Le Seigneur nous appelle parce qu’il veut nous rendre comme Pierre, capables de "marcher sur les eaux", c’est-à-dire de prendre en main notre vie pour la mettre au service de l’Evangile, dans les modes concrets et quotidiens qu’il nous indique, et spécialement dans les diverses formes de vocation laïque, presbytérale et de vie consacrée. Mais nous ressemblons à l’Apôtre : nous avons le désir et l’élan, cependant, au même moment, nous sommes marqués par des faiblesses et des craintes.
Si nous nous laissons emporter par la pensée des responsabilités qui nous attendent – dans la vie matrimoniale ou dans le ministère sacerdotal – ou par les épreuves qui se présenteront, alors nous détournerons vite notre regard de Jésus et, comme Pierre, nous risquerons de couler. Au contraire, même dans nos fragilités et nos pauvretés, la foi nous permet de marcher à la rencontre du Seigneur Ressuscité et de vaincre même les tempêtes. En effet, il nous tend la main quand, par fatigue ou par peur, nous risquons de couler, et il nous donne l’élan nécessaire pour vivre notre vocation avec joie et enthousiasme.
Enfin, quand Jésus monte sur la barque, le vent cesse et les vagues s’apaisent. C’est une belle image de ce que le Seigneur opère dans notre vie et dans les tumultes de l’histoire, spécialement quand nous sommes dans la tempête : Il commande aux vents contraires de se calmer, et les forces du mal, de la peur, de la résignation n’ont plus pouvoir sur nous.
Dans la vocation spécifique que nous sommes appelés à vivre, ces vents peuvent nous épuiser. Je pense à ceux qui assument d’importantes charges dans la société civile, aux époux que, non pas par hasard, j’aime définir comme "les courageux", et spécialement à ceux qui embrassent la vie consacrée et le sacerdoce. Je connais votre fatigue, les solitudes qui parfois alourdissent le cœur, le risque de l’habitude qui petit à petit éteint le feu ardent de l’appel, le fardeau de l’incertitude et de la précarité de notre temps, la peur de l’avenir. Courage, n’ayez pas peur ! Jésus est à côté de nous et, si nous le reconnaissons comme l’unique Seigneur de notre vie, il nous tend la main et nous saisit pour nous sauver. 
Et alors, même au milieu des vagues, notre vie s’ouvre à la louange. C’est elle la dernière parole de la vocation, et elle veut être aussi l’invitation à cultiver le comportement intérieur de la sainte Vierge Marie : reconnaissante pour le regard de Dieu qui s’est posé sur elle, confiant dans la foi ses peurs et ses troubles, embrassant avec courage l’appel, elle a fait de sa vie un éternel chant de louange au Seigneur. 
Chers frères et sœurs, spécialement en cette Journée, mais aussi dans l’action pastorale ordinaire de nos communautés, je désire que l’Eglise parcoure ce chemin au service des vocations, en ouvrant des brèches dans le cœur de chaque fidèle, pour que chacun puisse découvrir avec gratitude l’appel que Dieu lui adresse, trouver le courage de dire "oui", vaincre la fatigue dans la foi au Christ et, enfin, offrir sa vie comme un cantique de louange pour Dieu, pour les frères et pour le monde entier. Que la Vierge Marie nous accompagne et intercède pour nous.
Rome, Saint Jean de Latran,
8 mars 2020, deuxième dimanche de Carême.

2443

        Pape François
       (Message pour la journée mondiale de prière pour les vocations du 3 mai 2020)
« Je désire que l'Eglise parcoure ce chemin au service des vocations, en ouvrant des brèches dans le cœur de chaque fidèle, pour que chacun puisse découvrir avec gratitude l'appel que Dieu lui adresse, trouver le courage de dire "oui", vaincre la fatigue dans la foi au Christ et, enfin, offrir sa vie comme un cantique de louange pour Dieu, pour les frères et pour le monde entier. Que la Vierge Marie nous accompagne et intercède pour nous. » 

2442

        Pape François
       (Audience Générale du 29 avril 2020 - témoignage et persécution - catéchèse sur la Béatitude : « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux »)
Chers frères et soeurs, bonjour !
Avec l’audience d’aujourd’hui, nous concluons le parcours sur les Béatitudes évangéliques. Comme nous l’avons entendu, la dernière proclame la joie eschatologique de ceux qui sont persécutés pour la justice.
Cette béatitude annonce le même bonheur que la première : le Royaume des Cieux appartient aux persécutés, comme aux pauvres en esprit ; ainsi nous comprenons que nous sommes parvenus au terme d’un parcours unitaire qui s’est déroulé dans les annonces précédentes.
La pauvreté en esprit, les pleurs, la douceur, la soif de sainteté, la miséricorde, la purification du coeur et les oeuvres de paix peuvent conduire à la persécution à cause du Christ, mais cette persécution est finalement cause de joie et de grande récompense dans les cieux. Le sentier des Béatitudes est un chemin pascal qui conduit d’une vie selon le monde à une vie selon Dieu, d’une existence guidée par la chair – c’est-à-dire par l’égoïsme – à une existence guidée par l’Esprit.
Le monde, avec ses idoles, ses compromis et ses priorités, ne peut approuver ce type d’existence. Les « structures de péché » (1), souvent produites par la mentalité humaine, si étrangères à l’Esprit de vérité que le monde ne peut pas recevoir (cf. Jn 14,17), ne peuvent que refuser la pauvreté ou la douceur ou la pureté et déclarer que la vie selon l’Évangile est une erreur et un problème, par conséquent quelque chose qu’il faut marginaliser. Le monde pense ceci : « Ce sont des idéalistes ou des fanatiques… ». C’est ce qu’ils pensent.
Si le monde vit en fonction de l’argent, quiconque démontre que la vie peut se réaliser dans le don et dans le renoncement devient une gêne pour le système de l’avidité. Ce mot « gêne » est un mot-clé, parce que le seul témoignage chrétien, qui fait tant de bien à tant de monde qui le suit, gêne ceux qui ont une mentalité mondaine. Ils vivent cela comme un reproche. Quand apparaît la sainteté et qu’émerge la vie des enfants de Dieu, il y a dans cette beauté quelque chose qui dérange et qui invite à une prise de position : soit accepter de se remettre en cause et de s’ouvrir au bien soit refuser cette lumière et endurcir son coeur, y compris jusqu’à l’opposition et l’acharnement (cf. Sg 2, 14-15). C’est curieux, il est frappant de voir combien, dans les persécutions des martyrs, l’hostilité grandit jusqu’à l’acharnement. Il suffit de voir les persécutions du siècle dernier, des dictatures européennes : comment on en arrive à l’acharnement contre les chrétiens et contre l’héroïcité des chrétiens.
Mais cela montre que le drame de la persécution est aussi le lieu de la libération de l’assujettissement au succès, à la vaine gloire et aux compromis du monde. De quoi se réjouit celui qui est refusé par le monde à cause du Christ ? Il se réjouit d’avoir trouvé quelque chose qui vaut plus que le monde entier. « Quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier si c’est au prix de sa vie ? » (Mc 8,36). Quel avantage y a-t-il ?
Il est douloureux de se souvenir qu’en ce moment de nombreux chrétiens subissent des persécutions dans différentes zones du monde et nous devons espérer et prier afin que soit mis fin à leur tribulation le plus tôt possible. Ils sont nombreux : les martyrs d’aujourd’hui sont plus nombreux que ceux des premiers siècles. Exprimons notre proximité à ces frères et soeurs : nous sommes un unique corps et ces chrétiens sont les membres sanglants du corps du Christ qu’est l’Église.
Mais nous devons rester attentifs à ne pas lire non plus cette béatitude dans une perspective victimiste, d’auto-commisération. En effet, le mépris des hommes n’est pas toujours synonyme de persécution : justement, peu de temps après, Jésus dit que les chrétiens sont le « sel de la terre », et il met en garde contre le danger de « perdre sa saveur », sinon le sel « ne vaut plus rien : on le jette dehors et il est piétiné par les gens » (Mt 5,13). Il y a donc également un mépris qui vient de notre faute, quand nous perdons la saveur du Christ et de l’Évangile.
Il faut être fidèles à l’humble sentier des Béatitudes, parce c’est celui qui conduit à appartenir au Christ et non au monde. Cela vaut la peine de se souvenir du parcours de saint Paul : quand il pensait être un juste, en fait, il était un persécuteur, mais quand il a découvert qu’il était un persécuteur, il est devenu un homme d’amour, affrontant joyeusement les souffrances de la persécution qu’il subissait (cf. Col 1,24).
L’exclusion et la persécution, si Dieu nous en accorde la grâce, nous font ressembler au Christ crucifié et, en nous associant à sa passion, elles sont la manifestation de la vie nouvelle. Cette vie est celle du Christ qui, pour nous les hommes et pour notre salut, fut « méprisé et rejeté par les hommes » (cf. Is 53,3 ; Ac 8, 30-35). Accueillir son Esprit peut nous conduire à avoir assez d’amour dans le cœur pour offrir sa vie pour le monde, sans faire de compromis avec ses mensonges et en acceptant qu’il nous refuse. Les compromis avec le monde sont le danger : le chrétien est toujours tenté de faire des compromis avec le monde, avec l’esprit du monde. Cette vie – refuser les compromis et emprunter la route de Jésus-Christ – est la vie du Royaume des Cieux, la plus grande joie, la véritable allégresse. Et ensuite, dans les persécutions, il y a toujours la présence de Jésus qui nous accompagne, la présence de Jésus qui nous console et la force de l’Esprit qui nous aide à aller de l’avant. Ne nous décourageons pas quand une vie cohérente avec l’Évangile attire les persécutions des gens : l’Esprit est là qui nous soutient, sur ce chemin.
(1) Cf. Discours aux participants au séminaire : « Nouvelles formes de fraternité solidaire, d’inclusion, d’intégration et d’innovation », 5 février 2020 : « L’idolâtrie de l’argent, l’avidité, la corruption, sont toutes des « structures de péché » – comme les définissait Jean-Paul II – produites par la « mondialisation de l’indifférence ». 
pape François, lors de l'Audience Générale du 29 avril 2020

2441

        Saint Louis Marie Grignion de Montfort
       (Traité de la vraie dévotion à la Vierge Marie - 120 et 214)
«Toute notre perfection consiste dans le fait d’être conformés, unis et consacrés à Jésus Christ. C’est pourquoi la plus parfaite de toutes les dévotions est incontestablement celle qui nous rend conformes, nous unit, et nous consacre plus parfaitement à Jésus Christ. Or, étant donné que Marie est la créature la plus conforme à Jésus Christ il s’ensuit que, parmi toutes les dévotions, celle qui consacre et conforme davantage une âme à Notre Seigneur est la dévotion à Marie, sa sainte Mère, et que plus une âme sera consacrée à Marie, plus elle sera consacrée à Jésus Christ »
« Plus donc tu gagneras la bienveillance de cette auguste Princesse et Vierge fidèle, plus la conduite de ta vie sera inspirée par la foi pure. Une foi pure qui fera que tu ne te préoccuperas guère de ce qui est sensible et extraordinaire.
Une foi vive et animée par la charité qui ne te fera agir que par le motif du pur amour. Une foi ferme et inébranlable comme un rocher qui te fera demeurer ferme et constant au milieu des orages et des tourmentes.
Une foi agissante et perçante qui, comme un mystérieux passe-partout, te fera entrer dans tous les mystères de Jésus-Christ, dans les fins dernières de l’homme et dans le cœur de Dieu même.
Une foi courageuse qui te permettra d’entreprendre et de venir à bout de grandes choses pour Dieu et le salut des âmes sans hésiter. Enfin, une foi, qui sera ton flambeau enflammé, ta vie divine, ton trésor caché de la divine Sagesse, et ton arme toute puissante dont tu te serviras pour éclairer ceux qui sont dans les ténèbres et l’ombre de la mort, pour embraser ceux qui sont tièdes et qui ont besoin de l’or brûlant de la charité, pour redonner vie à ceux qui sont morts à cause du péché, pour toucher et renverser, par tes paroles douces et puissantes, les cœurs de pierre et les cèdres du Liban, et, enfin, pour résister au démon et à tous les ennemis du salut”  

2440

        Sainte Térésa de Calcutta
« Seigneur crucifié et ressuscité,
Apprends-nous à affronter
Les luttes de la vie quotidienne,
Afin que nous vivions
Dans une grande plénitude.
Tu as humblement et patiemment accueilli,
Les échecs de la vie humaine
Comme les souffrances de la crucifixion.
Alors les peines et les luttes
Que nous apporte chaque journée,
Aide-nous à les vivre
Comme des occasions de grandir
Et de mieux te ressembler.
Rends-nous capable de les affronter,
Plein de confiance en ton soutien.
Fais nous comprendre
Que nous n’arrivons à la plénitude de la vie
Qu’en mourant sans cesse à nous mêmes
Et en nos désirs égoïstes.
Car c’est seulement en mourant avec Toi
Que nous pouvons ressusciter avec Toi.
Que rien désormais
Ne nous fasse souffrir ou pleurer
Au point d’en oublier la joie de ta résurrection.
Tu es le soleil éclaté de l’amour du Père,
Tu es l’espérance du bonheur éternisé
Tu es le feu de l’amour embrasé.
Que la joie de Jésus soit force en nous
Et qu’elle soit, entre nous, lien de paix
D’unité et d’amour. »

2439 

        pape François
       (Extrait de son homélie du 2 mai 2020 en la chapelle sainte Marthe)
« Un moment de crise est un moment de choix, c'est un moment qui nous met devant les décisions que nous devons prendre : nous avons tous eu et aurons des moments de crise dans la vie. Crises familiales, crises matrimoniales, crises sociales, crises du travail, nombreuses crises... Cette pandémie est aussi un moment de crise sociale.
Comment réagir dans ce moment de crise? «À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner». Jésus prend la décision d'interroger les apôtres. «Alors Jésus dit aux Douze: “Voulez-vous partir, vous aussi ? Prenez une décision”». Et Pierre fait sa deuxième confession: «Simon-Pierre lui répondit: “Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.
Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu”». Pierre a confessé, au nom des Douze, que Jésus est le Saint de Dieu, le Fils de Dieu. La première confession: «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant», et immédiatement après, lorsque Jésus a commencé à expliquer Sa Passion à venir, il l'a arrêté: «Non, non, Seigneur, pas ça !», et Jésus lui a fait des reproches. Mais Pierre a un peu mûri et ici, il ne fait pas de reproches. Il ne comprend pas ce que dit Jésus, ce «mangez ma Chair, buvez mon Sang»: il ne comprend pas. Mais il fait confiance au Maître. Il lui fait confiance. Et il fait cette deuxième confession : «Mais à qui irions-nous, Tu as les paroles de vie éternelle».

Cela nous aide tous à traverser la crise. Dans mon pays, il y a un dicton qui dit :
"Quand tu montes à cheval et que tu dois traverser une rivière, s'il te plaît, ne change pas de cheval au milieu de la rivière".
En temps de crise, être très ferme dans la foi. Ceux qui sont partis, ils ont changé de chevaux, ils ont cherché un autre maître qui n'était pas si rude, comme ils lui disaient. Dans les moments de crise, il y a de la persévérance, le silence; demeurer là où nous sommes, toujours. Ce n'est pas le moment de faire des changements. C'est le moment de la fidélité, de la fidélité à Dieu, de la fidélité aux choses que nous avons prises auparavant; c'est aussi le moment de la conversion parce que cette fidélité nous inspirera à faire quelques changements pour le bien, à ne pas nous éloigner du bien. »  
pape François, photo prise un jour d'avril 2020...

2438

        Saint François d'Assise
       (Comment Saint François, cheminant avec frère Léon, lui exposa ce qu'est la joie parfaite.)
Comme saint François allait une fois de Pérouse à Sainte Marie des Anges avec frère Léon, au temps d'hiver, et que le froid très vif le faisait beaucoup souffrir, il appela frère Léon qui marchait un peu en avant, et parla ainsi : « O frère Léon, alors même que les frères Mineurs donneraient en tout pays un grand exemple de sainteté et de bonne édification, néanmoins écris et note avec soin que là n'est pas point la joie parfaite. »
Et saint François allant plus loin l'appela une seconde fois : « O frère Léon, quand même le frère Mineur ferait voir les aveugles, redresserait les contrefaits, chasserait les démons, rendrait l'ouïe aux sourds, la marche aux boiteux, la parole aux muets et, ce qui est un plus grand miracle, ressusciterait des morts de quatre jours, écris qu'en cela n'est point la joie parfaite. »
Marchant encore un peu, saint François s'écria d'une voix forte : « O frère Léon, si le frère Mineur savait toutes les langues et toutes les sciences et toutes les Écritures, en sorte qu'il saurait prophétiser et révéler non seulement les choses futures, mais même les secrets des consciences et des âmes, écris qu'en cela n'est point la joie parfaite. »
Allant un peu plus loin, saint François appela encore d'une voix forte : « O frère Léon, petite brebis de Dieu, quand même le frère parlerait la langue des Anges et saurait le cours des astres et les vertus des herbes, et que lui seraient révélés tous les trésors de la terre, et qu'il connaîtrait les vertus des oiseaux et des poissons, de tous les animaux et des hommes, des arbres et des pierres, des racines et des eaux, écris qu'en cela n'est point la joie parfaite. »
Et faisant encore un peu de chemin, saint François appela d'une voix forte : « O frère Léon, quand même le frère Mineur saurait si bien prêcher qu'il convertirait tous les fidèles à la foi du Christ, écris que là n'est point la joie parfaite. »
Et comme de tels propos avaient bien duré pendant deux milles, frère Léon, fort étonné, l'interrogea et dit : « Père, je te prie, de la part de Dieu, de me dire où est la joie parfaite. » et saint François lui répondit : « Quand nous arriverons à Sainte-Marie-des-Anges, ainsi trempés par la pluie et glacés par le froid, souillés de boue et tourmentés par la faim, et que nous frapperons à la porte du couvent, et que le portier viendra en colère et dira : « Qui êtes-vous ? » et que nous lui répondrons : « Nous sommes deux de vos frères », et qu'il dira : « Vous ne dites pas vrai, vous êtes même deux ribauds qui allez trompant le monde et volant les aumônes des pauvres ; allez-vous en » ; et quand il ne nous ouvrira pas et qu'il nous fera rester dehors dans la neige et la pluie, avec le froid et la faim, jusqu'à la nuit, alors si nous supportons avec patience, sans trouble et sans murmurer contre lui, tant d'injures et tant de cruauté et tant de rebuffades, et si nous pensons avec humilité et charité que ce portier nous connaît véritablement, et que Dieu le fait parler contre nous, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite.
Et si nous persistons à frapper, et qu'il sorte en colère, et qu'il nous chasse comme des vauriens importuns, avec force vilenies et soufflets en disant : « Allez-vous-en d'ici misérables petits voleurs, allez à l'hôpital, car ici vous ne mangerez ni ne logerez », si nous supportons tout cela avec patience, avec allégresse, dans un bon esprit de charité, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite.
Et si nous, contraints pourtant par la faim, et par le froid, et par la nuit, nous frappons encore et appelons et le supplions pour l'amour de Dieu, avec de grands gémissements, de nous ouvrir et de nous faire cependant entrer, et qu'il dise, plus irrité encore : « ceux-ci sont des vauriens importuns, et je vais les payer comme ils le méritent », et s'il sort avec un bâton noueux, et qu'il nous saisisse par le capuchon, et nous jette par terre, et nous roule dans la neige, et nous frappe de tous les nœuds de ce bâton, si tout cela nous le supportons patiemment et avec allégresse, en pensant aux souffrances du Christ béni, que nous devons supporter pour son amour, ô frère Léon, écris qu'en cela est la joie parfaite.
Et enfin, écoute la conclusion, frère Léon : au-dessus de toutes les grâces et dons de l'Esprit-Saint que le Christ accorde à ses amis, il y a celui de se vaincre soi-même, et de supporter volontiers pour l'amour du Christ les peines, les injures, les opprobres et les incommodités ; car de tous les autres dons de Dieu nous ne pouvons nous glorifier, puisqu'ils ne viennent pas de nous, mais de Dieu, selon que dit l'Apôtre : « Qu'as-tu que tu ne l'aies reçu de Dieu ? et si tu l'as reçu de lui, pourquoi t'en glorifies-tu comme si tu l'avais de toi-même ? ». Mais dans la croix de la tribulation et de l'affliction, nous pouvons nous glorifier parce que cela est à nous, c'est pourquoi l'Apôtre dit : « Je ne veux point me glorifier si ce n'est dans la croix de Notre-Seigneur Jésus Christ. »
Saint François faisant route avec frère Léon - Eugène Burnand (1850-1921)

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2437

        Pape François
       (Lettre du Saint-Père à tous les fidèles pour le mois de mai 2020 - prier le chapelet à la maison)
Chers frères et sœurs, 
Le mois de mai est maintenant proche, un mois au cours duquel le peuple de Dieu exprime avec une intensité particulière son amour et sa dévotion à la Vierge Marie. Il est de tradition, durant ce mois, de prier le chapelet à la maison, en famille. Une dimension, la dimension domestique, que les restrictions de la pandémie nous ont "forcés" à valoriser, également du point de vue spirituel.
C'est pourquoi j'ai pensé à proposer à chacun de redécouvrir la beauté de la prière du chapelet chez soi au mois de mai. Vous pouvez le faire ensemble, ou personnellement ; choisissez vous-mêmes, en fonction de la situation, en considérant les deux possibilités. Mais dans chaque cas, il y a un secret pour le faire: la simplicité ; et il est facile de trouver, même sur Internet, de bons modèles de prière à suivre.
Je vous offre également les textes de deux prières à la Sainte Vierge, que vous pouvez réciter à la fin du Rosaire, et que je réciterai moi-même au mois de mai, spirituellement uni à vous. Je les joins à cette lettre afin qu'ils soient mis à la disposition de tous.
Chers frères et sœurs, contempler ensemble le visage du Christ avec le cœur de Marie, notre Mère, nous rendra encore plus unis en tant que famille spirituelle et nous aidera à surmonter cette épreuve. Je prierai pour vous, surtout pour les plus souffrants, et vous, s'il vous plaît, priez pour moi. Je vous remercie et de tout mon cœur je vous bénis. 
Rome, Saint Jean de Latran, 25 avril 2020
en la Fête de saint Marc, évangéliste
La première prière proposée par le Pape François
Ô Marie,
Tu brilles toujours sur notre chemin comme un signe de salut et d'espoir.
Nous nous confions à toi, Santé des malades, qui auprès de la Croix, a été associée à la douleur de Jésus, en restant ferme dans la foi.
Toi, Salut du peuple romain, tu sais de quoi nous avons besoin et nous sommes sûrs que tu y pourvoieras pour que, comme à Cana de Galilée, la joie et la fête reviennent après cette épreuve.
Aide-nous, Mère de l'amour divin, à nous conformer à la volonté du Père et à faire ce que nous dira Jésus, qui a pris sur lui nos souffrances et s’est chargé de nos douleurs pour nous conduire à travers la Croix, à la joie de la résurrection. Amen.
Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu.
Ne méprise pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais de tous les dangers délivre-nous toujours, Vierge glorieuse et bénie.
La seconde prière proposée par le Pape François
«Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu.»
Dans la situation dramatique actuelle, chargée de souffrances et d'angoisses qui tourmentent le monde entier, nous avons recours à Toi, Mère de Dieu et notre Mère, et nous cherchons refuge sous Ta protection.
Ô Vierge Marie, tourne vers nous tes yeux miséricordieux en cette pandémie de coronavirus, et réconforte tous ceux qui sont perdus et pleurent leurs proches décédés, parfois enterrés d'une manière qui blesse l'âme. Soutiens ceux qui sont inquiets pour les personnes malades auprès desquelles ils ne peuvent se rendre, pour éviter la contagion. Inspire confiance à ceux qui sont dans l'angoisse en raison d'un avenir incertain et des conséquences pour l'économie et le travail.
Mère de Dieu et notre Mère, implore pour nous de la part de Dieu, Père de miséricorde, que cette dure épreuve se termine et qu'un horizon d'espoir et de paix revienne. Comme à Cana, interviens auprès de ton Divin Fils, en lui demandant de réconforter les familles des malades et des victimes, et d'ouvrir leur cœur à la confiance.
Protège les médecins, les infirmières, les travailleurs de la santé, les bénévoles qui, en cette période d'urgence, sont en première ligne et mettent leur vie en danger pour sauver d'autres vies. Accompagne leurs efforts héroïques et donne leur force, bonté et santé.
Sois proche de ceux qui s'occupent jour et nuit des malades, et des prêtres qui, avec une sollicitude pastorale et un engagement évangélique, cherchent à aider et à soutenir chacun.
Vierge Sainte, éclaire l'esprit des hommes et des femmes de science, afin qu'ils trouvent les solutions justes pour vaincre ce virus.
Aide les dirigeants des nations afin qu'ils puissent travailler avec sagesse, sollicitude et générosité, en aidant ceux qui manquent du nécessaire pour vivre, en planifiant des solutions sociales et économiques avec prévoyance et dans un esprit de solidarité.
Très Sainte Marie, touche les consciences afin que les sommes énormes utilisées pour augmenter et perfectionner les armements soient plutôt utilisées pour promouvoir des études appropriées afin d'éviter des catastrophes similaires à l'avenir.
Mère bien-aimée, fais naître dans le monde un sentiment d'appartenance à une grande famille, dans la conscience du lien qui unit tous les hommes, afin qu'avec un esprit fraternel et solidaire nous venions en aide aux nombreuses pauvretés et situations de misère. Encourage la fermeté dans la foi, la persévérance dans le service, la constance dans la prière.
O Marie, consolatrice des affligés, embrasse tous tes enfants dans la tribulation et obtiens que Dieu intervienne de sa main toute-puissante pour nous libérer de cette terrible épidémie, afin que la vie puisse reprendre son cours normal dans la sérénité.
Nous nous confions à Toi, qui brille sur notre chemin comme un signe de salut et d'espérance, ô miséricordieuse, ô pieuse, ô douce Vierge Marie. Amen.

2436

        Pape François
       (deux prières du pape François à la Vierge Marie pour demander la fin de la pandémie)
La première prière proposée par le Pape François
Ô Marie,
Tu brilles toujours sur notre chemin comme un signe de salut et d'espoir.
Nous nous confions à toi, Santé des malades, qui auprès de la Croix, a été associée à la douleur de Jésus, en restant ferme dans la foi.
Toi, Salut du peuple romain, tu sais de quoi nous avons besoin et nous sommes sûrs que tu y pourvoiras pour que, comme à Cana de Galilée, la joie et la fête reviennent après cette épreuve.
Aide-nous, Mère de l'amour divin, à nous conformer à la volonté du Père et à faire ce que nous dira Jésus, qui a pris sur lui nos souffrances et s’est chargé de nos douleurs pour nous conduire à travers la Croix, à la joie de la résurrection. Amen.
Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu.
Ne méprise pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais de tous les dangers délivre-nous toujours, Vierge glorieuse et bénie.
La seconde prière proposée par le Pape François
«Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu.»
Dans la situation dramatique actuelle, chargée de souffrances et d'angoisses qui tourmentent le monde entier, nous avons recours à Toi, Mère de Dieu et notre Mère, et nous cherchons refuge sous Ta protection. 
Ô Vierge Marie, tourne vers nous tes yeux miséricordieux en cette pandémie de coronavirus, et réconforte tous ceux qui sont perdus et pleurent leurs proches décédés, parfois enterrés d'une manière qui blesse l'âme. Soutiens ceux qui sont inquiets pour les personnes malades auprès desquelles ils ne peuvent se rendre, pour éviter la contagion. Inspire confiance à ceux qui sont dans l'angoisse en raison d'un avenir incertain et des conséquences pour l'économie et le travail. 
Mère de Dieu et notre Mère, implore pour nous de la part de Dieu, Père de miséricorde, que cette dure épreuve se termine et qu'un horizon d'espoir et de paix revienne. Comme à Cana, interviens auprès de ton Divin Fils, en lui demandant de réconforter les familles des malades et des victimes, et d'ouvrir leur cœur à la confiance. 
Protège les médecins, les infirmières, les travailleurs de la santé, les bénévoles qui, en cette période d'urgence, sont en première ligne et mettent leur vie en danger pour sauver d'autres vies. Accompagne leurs efforts héroïques et donne leur force, bonté et santé.
Sois proche de ceux qui s'occupent jour et nuit des malades, et des prêtres qui, avec une sollicitude pastorale et un engagement évangélique, cherchent à aider et à soutenir chacun. 
Vierge Sainte, éclaire l'esprit des hommes et des femmes de science, afin qu'ils trouvent les solutions justes pour vaincre ce virus.
Aide les dirigeants des nations afin qu'ils puissent travailler avec sagesse, sollicitude et générosité, en aidant ceux qui manquent du nécessaire pour vivre, en planifiant des solutions sociales et économiques avec prévoyance et dans un esprit de solidarité.
Très Sainte Marie, touche les consciences afin que les sommes énormes utilisées pour augmenter et perfectionner les armements soient plutôt utilisées pour promouvoir des études appropriées afin d'éviter des catastrophes similaires à l'avenir. 
Mère bien-aimée, fais naître dans le monde un sentiment d'appartenance à une grande famille, dans la conscience du lien qui unit tous les hommes, afin qu'avec un esprit fraternel et solidaire nous venions en aide aux nombreuses pauvretés et situations de misère. Encourage la fermeté dans la foi, la persévérance dans le service, la constance dans la prière. 
O Marie, consolatrice des affligés, embrasse tous tes enfants dans la tribulation et obtiens que Dieu intervienne de sa main toute-puissante pour nous libérer de cette terrible épidémie, afin que la vie puisse reprendre son cours normal dans la sérénité.
Nous nous confions à Toi, qui brille sur notre chemin comme un signe de salut et d'espérance, ô miséricordieuse, ô pieuse, ô douce Vierge Marie. Amen.
pape François priant devant une Icône de la Vierge Marie -©2020

2435

        Saint John Henry Newman (1801-1890)
       (Sermon « Religious Cowardice » ; PPS, vol. 2, n°16 )
« Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création »
« Redonnez de la vigueur aux mains défaillantes et aux genoux chancelants » (He 12,12; Is 35,3). (...) Pris par Barnabé et Paul lors de leur premier voyage apostolique, saint Marc les a abandonnés assez rapidement pour rentrer à Jérusalem (Ac 15,38). Or, dans la suite, il a été l'assistant de saint Pierre à Rome (1P 5,13). C'est là qu'il a composé son évangile, principalement d'après ce que cet apôtre lui avait raconté. Enfin, il a été envoyé par Pierre à Alexandrie en Égypte, où il a fondé une Église, l'une des plus strictes et des plus puissantes de ces temps des débuts. (...) Celui donc qui a abandonné la cause de l'Évangile face aux premiers dangers s'est montré par la suite (...) un serviteur très résolu et fidèle de Dieu (...), et l'instrument de ce changement paraît être saint Pierre, qui a su admirablement rétablir ce disciple timide et lâche.
Une leçon nous est donnée à travers cette histoire : par la grâce de Dieu, le plus faible peut devenir fort. Donc, il ne faut pas mettre notre confiance en nous-mêmes, ni jamais mépriser un frère qui fait preuve de faiblesse, ni jamais désespérer à son sujet, mais porter son fardeau (Ga 6,2) et l'aider à aller de l'avant. (...) L'histoire de Moïse nous montre l'exemple d'un tempérament fier et impétueux que l'Esprit a dompté au point d'en faire un homme de douceur exceptionnelle. (...) : « l'homme le plus humble que la terre ait porté » (Nb 12,3). (...) L'histoire de Marc démontre un cas de changement encore plus rare : le passage de la timidité à la hardiesse. (...) Admirons donc chez saint Marc une transformation plus étonnante que celle de Moïse : « Grâce à la foi, de faible qu'il était, il a été rendu vigoureux » (cf He 11,34). 

2434

        Saint Anselme (1033-1109)
       ( Prière : Ô Lumière souveraine et inaccessible, Tu es tout alentour de moi et je ne puis Te percevoir)
«« Mon âme, as-tu trouvé ce que tu cherchais ? Tu cherchais Dieu, et tu as trouvé qu'Il était supérieur à tous les êtres et tel qu'on ne peut rien penser de meilleur que Lui; qu'Il était la Vie même, la Lumière, la Sagesse, la Bonté, l'éternelle Béatitude et la bienheureuse Éternité; et qu'Il l'était toujours et partout. 
Seigneur mon Dieu, qui m'as créé et racheté, réponds au désir de mon âme, en lui déclarant ce qui diffère en Toi de ce qu'elle a vu, afin qu'elle contemple à découvert l'objet de son désir. Elle s'applique à mieux voir et elle ne voit que ténèbres au-delà de ce qu'elle a vu; ou plutôt elle ne voit pas de ténèbres, car il n'y en a pas en toi, mais elle voit qu'elle ne peut voir davantage, bornée qu'elle est par ses propres ténèbres. Vraiment, Seigneur, elle est inaccessible, la Lumière où Tu habites. Nul autre que Toi, vraiment, ne peut pénétrer en cette Lumière, et là Te contempler à découvert.  
C'est pour cela, en vérité, que je ne peux la voir: elle est trop éclatante pour ma vue. Et pourtant, tout ce que je vois, c'est grâce à elle que je le distingue, comme un oeil trop fragile voit, grâce au soleil, tout ce qu'il aperçoit, sans pouvoir cependant regarder le soleil lui-même. Mon intelligence demeure impuissante devant ta Lumière; elle est trop éclatante. L'oeil de mon âme est incapable de la recevoir, et il ne supporte même pas de rester longtemps fixé sur elle. Mon regard est blessé par son éclat, dépassé par son étendue; il se perd dans son immensité et reste confondu devant sa profondeur. 
Ô Lumière souveraine et inaccessible ! Ô Vérité totale et bienheureuse ! Que Tu es donc loin de moi, et pourtant je suis si près de Toi ! Tu échappes presque entièrement à ma vue, tandis que je suis, moi, tout entier sous ton regard. En tout lieu rayonne la plénitude de ta Présence, et je ne te vois pas. C'est en Toi que j'agis et que j'ai l'existence, pourtant je ne puis atteindre jusqu'à Toi. Tu es en moi, Tu es tout alentour de moi, et je ne puis te percevoir. 
Je t'en prie, mon Dieu, fais que je te connaisse, fais que je t'aime pour que ma joie soit en toi. Et si je ne le peux pleinement en cette vie, puissé-je du moins y progresser tous les jours, jusqu'à parvenir à la plénitude. Qu'en cette vie ta connaissance croisse en moi, et qu'elle soit achevée au dernier jour; que grandisse en moi ton amour et qu'il soit parfait dans la vie à venir, pour que ma joie, déjà grande ici-bas en espérance, soit alors achevée dans la réalité. 
Seigneur Dieu, par ton Fils Tu nous as donné l'ordre, ou mieux, le conseil, de demander; et Tu as promis que nous serions exaucés, afin que notre joie soit parfaite. Je te fais, Seigneur, la prière que Tu nous suggères par Celui qui est notre Conseiller admirable. Puissé-je recevoir ce que Tu as promis par ta vérité, pour que ma joie soit parfaite. Dieu vrai, je te fais cette prière; exauce-moi pour que ma joie soit parfaite. 
Que désormais ce soit la méditation de mon esprit et la parole de mes lèvres. Que ce soit l'amour de mon coeur et le discours de ma bouche, que ce soit la faim de mon âme, la soif de ma chair et le désir de tout mon être, jusqu'à ce que j'entre dans la joie du Seigneur, Dieu unique en trois Personnes, béni pour les siècles. Amen. » 
»

2433

        Pape François
       (Homélie du 22 avril 2020, en la chapelle Sainte Marthe - Dialogue entre Jésus et Nicodème)
Ce passage de l’Évangile de Jean, chapitre 3 (cf. Jn 3,16-21), le dialogue entre Jésus et Nicodème, est un véritable traité de théologie : tout est là. Le kérygme, la catéchèse, la réflexion théologique, la parénèse… tout y est, dans ce chapitre. Et chaque fois que nous le lisons, nous rencontrons davantage de richesse, d’explications, de choses qui nous font comprendre la révélation de Dieu. Ce serait beau de le lire plusieurs fois, pour s’approcher du mystère de la Rédemption. Aujourd’hui, je prendrai seulement deux points sur l’ensemble, deux points qui sont dans le passage de ce jour.

Le premier est la révélation de l’amour de Dieu. Dieu nous aime et il nous aime, comme le dit un saint, à la folie : l’amour de Dieu semble une folie. Il nous aime : « il a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3,16). Il a donné son Fils, il a envoyé son Fils et l’a envoyé mourir sur la croix. Chaque fois que nous regardons le crucifix, nous trouvons cet amour. Le crucifix est vraiment le grand livre de l’amour de Dieu. Ce n’est pas un objet à mettre ici ou là, plus beau, pas très beau, plus ancien, plus moderne… non. C’est l’expression de l’amour de Dieu. Dieu nous a aimés ainsi : il a envoyé son Fils, qui s’est anéanti jusqu’à la mort sur la croix par amour. « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils » (cf. v.16).

Un grand nombre de personnes, de chrétiens passent leur temps à regarder le crucifix… et là, ils trouvent tout, parce qu’ils ont compris, l’Esprit Saint leur a fait comprendre qu’il y a là toute la science, tout l’amour de Dieu, toute la sagesse chrétienne. Paul en parle, il explique que tous les raisonnements humains qu’il fait servent jusqu’à un certain point, mais le vrai raisonnement, la façon la plus belle de penser, mais aussi qui explique tout est la croix du Christ, c’est le « Christ crucifié qui est un scandale » (cf. 1 Cor 1,23) et une folie, mais c’est la voie. Et c’est cela l’amour de Dieu. Dieu « a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3,16). Et pourquoi ? « Afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle » (v.3,16). L’amour du Père qui veut ses enfants avec lui.

Regarder le crucifix en silence, regarder les plaies, regarder le cœur de Jésus, regarder l’ensemble : le Christ crucifié, le Fils de Dieu, anéanti, humilié… par amour. C’est le premier point que nous montre aujourd’hui ce traité de théologie qu’est le dialogue de Jésus avec Nicodème.

Le second point est un point qui nous aidera aussi : « La lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises » (Jn 3,19). Jésus reprend aussi cela sur la lumière. Il y a des personnes – nous aussi, parfois – qui ne peuvent pas vivre dans la lumière parce qu’elles sont habituées aux ténèbres. La lumière les aveugle, elles sont incapables de voir. Ce sont des chauves-souris humaines : elle ne savent se déplacer que la nuit. Et nous aussi, quand nous sommes dans le péché, nous sommes dans cet état : nous ne tolérons pas la lumière. Il est plus commode pour nous de vivre dans les ténèbres ; la lumière nous gifle, elle nous montre ce que nous ne voulons pas voir. Mais le pire, c’est que les yeux, les yeux de l’âme, à force de vivre dans les ténèbres, s’habituent à tel point qu’ils finissent par ignorer ce qu’est la lumière. Perdre le sens de la lumière, parce que je m’habitue davantage aux ténèbres. Et tant de scandales humains, tant de corruption, nous signalent cela. Les corrompus ne savent pas ce qu’est la lumière, ils ne connaissent pas. Nous aussi, quand nous sommes en état de péché, en état d’éloignement du Seigneur, nous devenons aveugles et nous nous sentons mieux dans les ténèbres et nous avançons ainsi, sans voir, comme les aveugles, en nous déplaçant comme nous pouvons.

Laissons l’amour de Dieu, que Jésus a envoyé pour nous sauver, entrer en nous et « la lumière qu’apporte Jésus » (cf. v.19), la lumière de l’Esprit entrer en nous et nous aider à voir les choses dans la lumière de Dieu, dans la vraie lumière et non dans les ténèbres que nous donne le seigneur des ténèbres.

Deux points aujourd’hui : l’amour de Dieu dans le Christ, dans le crucifié, dans le quotidien. Et la question quotidienne que nous pouvons nous poser : « Est-ce que je marche dans la lumière ou dans les ténèbres ? Suis-je enfant de Dieu ou ai-je fini par devenir une pauvre chauve-souris ? ».


2432

        Mgr Francesco Follo
       (Extrait d'une méditation de Mgr Francesco Follo pour la solennité de l’Assomption de Marie, 15 août 2019 : « Le Ciel et la Terre ouverts l’un sur l’autre »)
"La Mère du Christ nous montre maternellement que Dieu est père, grand dans la miséricorde, et non un ‘concurrent’ dans notre vie, comme s’il était un despote, un qui veut nous enlever quelque chose de notre liberté. Elle sait que si Dieu est grand, nous aussi sommes grands, et nous devons nous efforcer, avec Marie, de comprendre qu’ au ciel nous pourrons être acceptés, pris, accueillis, uniquement si Dieu est grand dans notre vie, partout , et dans tous les moments de notre vie.

Dieu manifeste sa grandeur en se faisant ‘petit’ avec nous pour être accueilli, gardé et aimé, et l’homme qui, est réellement petit, peut être grand avec Dieu et vivre, en lui et avec lui, pour l’éternité.

Prions constamment la Madonne, qui est avec Dieu et en Dieu, est proche de nous tous, elle connaît notre coeur, peut entendre nos prières, peut nous aider avec sa bonté maternelle. Nous pouvons donc,  "confier toute notre vie à cette mère qui n’est pas loin de nous tous."

2431

        Mgr Francesco Follo
       (Extrait d'une méditation de Mgr Francesco Follo pour la solennité de l’Assomption de Marie, 15 août 2019 : « Le Ciel et la Terre ouverts l’un sur l’autre »)
"L’Assomption de Marie nous montre que la mort n’est pas la fin de la vie, mais la frontière entre la vie terrestre vécue dans la foi et la vie céleste vécue dans la vision, mais aussi, dans le service à la vie. Marie qui avait donné la vie à la Vie, par son assomption montre que la distance entre le ciel et la terre est annulée. La fête d’aujourd’hui célèbre le fait que la Mère du Christ est accueillie dans le ciel par son Fils, comme elle l’avait accueilli sur la terre Lui qui venait du ciel. Pour nous aussi, célébrer l’Assomption signifie accueillir le Christ et s’abandonner à Lui : vivre ce double accueil et apprendre de Marie à vivre et à mourir pour et par amour.

En la Vierge Mère, accueillie dans le ciel, nous est révélé l’éternel destin qui nous attend au delà du mystère de la mort: un destin de bonheur plein dans la gloire divine."

2430

        Olivier Clement
       (Extrait d'une méditation parue dans le journal La Croix le 29 mai 1998)
"L’Esprit Saint est ce mouvement vers l'autre qui nous permet de dire que Jésus est le Christ, d'oser, avec Lui et en Lui, appeler Dieu Abba, c'est-à-dire Père… un mot d'une enfantine tendresse, et donc de reconnaître en tout homme son être même, qui est filiation.

Ainsi, Il nous fait participer à la vie même de la Trinité, c'est-à-dire à la plénitude de l'Amour. Dans l'Esprit, la Trinité ne nous est plus extérieure, elle nous communique ce mode d'existence indicible où des personnes se contiennent mutuellement sans se confondre, où « l'Un s'épand en Trois et les Trois se recueillent dans l'Un ». Ce que nous cherchons nostalgiquement, parfois tragiquement, dans nos amitiés et nos amours, une unité où l'autre reste différent, où il se révèle d'autant plus inconnu qu'il est connu, cette Vie (et la Vie, ici, est l'autre nom de l'Esprit) ne cesse de nous l'offrir. Ainsi l'Esprit de Pentecôte achève de révéler (ou plutôt de suggérer) le mystère de la personne. Le Christ nous fait tous, en Lui, dans son Corps, membres les uns des autres." 

Jésus disait à ses disciples : "Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai Aimés." (Jn 15, 12)