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1938

      Elie Weisel (1928-2016)
(extrait de son livre-témoignage "la nuit" - Le Seuil, 1958, pp.78-79)

« On arriva dans une gare. Ceux qui se tenaient près des fenêtres nous donnèrent le nom de la station :

- Auschwitz.
Personne n'avait jamais entendu ce nom-là.
Le train ne repartait pas. L'après-midi passa lentement. Puis les portes du wagon glissèrent. Deux hommes pouvaient descendre pour chercher de l'eau.

Lorsqu'ils revinrent, ils racontèrent qu'ils avaient pu apprendre, en échange d'une montre en or, que c'était le terminus. On allait être débarqués. Il y avait ici un camp de travail. De bonnes conditions. Les familles ne seraient pas disloquées. Seuls les jeunes iraient travailler dans les fabriques. Les vieillards et les malades seraient occupés aux champs. Le baromètre de la confiance fit un bond. C’était la libération soudaine de toutes les terreurs des nuits précédentes. On rendit grâce à Dieu.

Le crépuscule commença à emplir le wagon. Nous nous mîmes à manger nos dernières provisions. A dix heures du soir, chacun chercha une position convenable pour somnoler un peu, et bientôt tout le monde dormit.
Soudain :
- Le feu! L'incendie! Regardez, là ! ...

Réveillés en sursaut, nous nous précipitâmes à la fenêtre. Nous l'avions crue, cette fois encore, ne fut-ce qu'un instant. Mais il n'y avait dehors que la nuit obscure. La honte dans l'âme, nous regagnâmes notre place, rongés par la peur, malgré nous. Comme elle continuait à hurler, nous nous remîmes à la battre et c'est à grand-peine que nous réussîmes à la faire taire.

Le responsable de notre wagon appela un officier allemand qui se promenait sur le quai, lui demandant qu'on transportât notre malade au wagon - hôpital.

- Patience, répondit l'autre, patience. On l'y transportera bientôt.

Vers onze heures, le train se remit en mouvement. On se pressait aux fenêtres. Le convoi roulait lentement. Un quart d'heure plus tard, il ralentit encore. Par les fenêtres, on apercevait des barbelés; nous comprîmes que ce devait être le camp.

Nous avions oublié l'existence de madame Schächter. Soudain, nous entendîmes un hurlement terrible :

- Juifs, regardez! Regardez le feu! Les flammes, regardez !

Et comme le train s'était arrêté, nous vîmes cette fois des flammes sortir d'une haute cheminée, dans le ciel noir.

Madame Schächter s'était tue d'elle-même. Elle était redevenue muette, indifférente, absente et avait regagné son coin.

Nous regardions les flammes dans la nuit. Une odeur abominable flottait dans l'air. Soudain, nos portes s'ouvrirent. De curieux personnages, vêtus de vestes rayées, de pantalons noirs, sautèrent dans le wagon. Dans leurs mains, une lampe électrique et un bâton. Ils se mirent à frapper à droite et à gauche, avant de crier :

- Tout le monde descend! Laissez tout dans le wagon ! Vite !

Nous sautâmes dehors. Je jetai un dernier regard vers madame Schächter. Son petit garçon lui tenait la main.

Devant nous, ces flammes. Dans l'air, cette odeur de chair brûlée. il devait être minuit. Nous étions arrivés. À Birkenau.»

« Jamais je n'oublierai cette nuit, la première nuit de camp qui a fait de ma vie une nuit longue et sept fois verrouillée. Jamais je n'oublierai cette fumée.

Jamais je n'oublierai les petits visages des enfants dont j'avais vu les corps se transformer en volutes sous un azur muet.

Jamais je n'oublierai ces flammes qui consumèrent pour toujours ma foi. Jamais je n'oublierai ce silence nocturne qui m'a privé pour l'éternité du désir de vivre.

Jamais je n'oublierai ces instants qui assassinèrent mon Dieu et mon âme, et mes rêves qui prirent le visage du désert.

Jamais je n'oublierai cela, même si j’ étais condamné à vivre aussi longtemps que Dieu lui-même. Jamais. »

Je compris alors ce que j'avais aimé dès l'abord dans le jeune israélien : ce regard d'un Lazare ressuscité, et pourtant toujours prisonnier des sombres bords où il erra, trébuchant sur des cadavres déshonorés. Pour lui le cri de Nietzche exprimait une réalité presque physique : Dieu est mort, le Dieu d'amour, de douceur et de consolation, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob s'est à jamais dissipé, sous le regard de cet enfant, dans la fumée de l'holocauste humain exigé par la Race, la plus goulue de toutes les idoles. Et cette mort, chez combien de Juifs pieux ne s'est-elle pas accomplie? Le jour horrible, entre ces jours horribles, où l'enfant assista à la pendaison (oui !) d'un autre enfant qui avait, nous dit-il le visage d'un ange malheureux, il entendit quelqu'un derrière lui gémir : 
« Où est Dieu ? Où est-il ? Où donc est Dieu ?
et en moi une voix lui répondait :
Où Il est ?
Le voici - Il est pendu ici à cette potence. »

Camp d'Auschwitz - c'est par cette entrée que les convois arrivaient.
Elie Wiesel naît en Roumanie dans une famille hassidique. En mai 1944, avec les Juifs de la région de Sighet, zone hongroise de Transylvanie, sa famille est déportée à Auschwitz-Birkenau. Sa mère et l’une de ses trois sœurs y sont assassinées. Ses deux autres sœurs, Hilda et Bea, parviennent à survivre. Il est transféré en janvier 1945 vers Buchenwald avec son père où ce dernier décède. Il y est libéré par les troupes américaines en avril 1945.

1918

      Christiane Singer (1943-2007)
     (Derniers fragments d'un long voyage, éditions Albin Michel, 2007)

« Ma dernière aventure. Deux mois d’une vertigineuse et assez déchirante descente et
Christiane Singer (2007) 
traversée. Avec surtout le mystère de la souffrance. J’ai encore beaucoup de peine à en parler de sang froid. Je veux seulement l’évoquer. Parce que c’est cette souffrance qui m’a abrasée, qui m’a rabotée jusqu’à la transparence. Calcinée jusqu’à la dernière cellule. Et c’est peut-être grâce à cela que j’ai été jetée pour finir dans l’inconcevable.
Il y a eu une nuit surtout où j’ai dérivé dans un espace inconnu. Ce qui est bouleversant c’est que quand tout est détruit, quand il n’y a plus rien, mais vraiment plus rien, il n’y a pas la mort et le vide comme on le croirait, pas du tout. Je vous le jure.

Quand il n’y a plus rien, il n’y a que l’Amour.
Il n’y a plus que l’Amour.
Tous les barrages craquent. C’est la noyade, c’est l’immersion. L’amour n’est pas un sentiment. C’est la substance même de la création. (...)
Au fond, je viens seulement vous apporter cette bonne nouvelle : de l’autre côté du pire t’attend l’Amour. Il n’y a en Vérité rien à craindre. Oui, c’est la bonne nouvelle que je vous apporte. Et puis, il y a autre chose encore.
Avec cette capacité d’aimer – qui s’est agrandie vertigineusement – a grandi la capacité d’accueillir l’Amour... (...) Oser aimer du seul Amour qui mérite ce nom et du seul amour dont la mesure soit acceptable : l’amour exagéré. L’amour démesuré. L’amour immodéré.
Alors, ami-es, entendez ces mots que je vous dis là comme un grand appel à être Vivants, à être dans la joie et à aimer immodérément. »

1910

      Theodore Botrel
     ("L'Echo" - contes du lit-clos - Gallet éditeur)

« Un jour où j’étais triste,
Rôdant en solitaire face à la montagne
J’ai crié, le cœur très las :
« La vie est triste ici-bas !
… L’écho m’a répondu : ah ! Ah ! Ah !

« Écho la vie est méchante ! »
Et, d’une voix si touchante
L’écho m’a répondu : Chante ! chante ! Chante !
« Écho, ma souffrance sans cesse s’accroît
Lourde, très lourde est ma croix ! »

L’écho m’a répondu : Crois ! Crois ! Crois !
« La révolte en moi va germer ! :
« Dois-je rire ? Pleurer ? blasphémer ? »
Et l’écho m’a dit : Aimer ! Aimer ! Aimer ! 

Comme je l’entendis ce jour-là,
Je me mis à chanter, à croire, à aimer,
Et depuis je suis heureux sur terre.

1897

      saint Pio de Pietrelcina
     (lettre de Padre Pio au père Agostino du 1er février 1913)
"Jésus me dit que dans l'amour, c'est Lui qui me rend heureux ; dans la souffrance, en revanche, c'est moi qui le rends heureux. Par conséquent, désirer la santé serait aller rechercher des joies pour moi au lieu de tenter de soulager Jésus. Oui, j'aime la croix, la croix seule. Je l'aime parce que je la vois toujours sur les épaules de Jésus."

1879

     Jean-Pierre de Caussade (1675-1751) prêtre jésuite
(Lettre 19
"Sachez que souffrir faiblement et petitement, c'est-à-dire sans sentir beaucoup de courage et comme si on était accablé de son mal et à deux doigts de s'en lasser, de s'en plaindre et de se livrer aux révoltes de la nature, sachez, dis-je, que c'est une très grande grâce, parce qu'on souffre alors avec humilité et petitesse de coeur, au lieu que, si on se sentait un certain courage, une certaine force, une résignation bien sensible, le coeur s'en enflerait : on deviendrait sans s'en apercevoir plein de confiance en soi-même, intérieurement superbe et présomptueux, au lieu qu'autrement, on se trouve faible et petit devant Dieu, humilié et tout confus de souffrir si faiblement."

1878

     Blaise Pascal (1623-1662)
(Prière pour le bon usage des maladies
« Seigneur, je sais que je ne sais qu'un chose : c'est qu'il est bon de Vous suivre, et qu'il est mauvais de Vous offenser. Après cela je ne sais lequel est ou le meilleur ou le pire en toutes choses. Je ne sais lequel m'est profitable de la santé ou de la maladie, des biens ou de la pauvreté, ni de toutes les choses du monde. C'est un discernement qui passe la force des hommes et des anges, et qui est caché dans les secrets de votre providence que j'adore et que je ne veux pas approfondir."

1860

     Blaise Pascal (1623-1662)
     (Prière pour le bon usage des maladies)
"Seigneur, faites de mes douleurs une occasion de mon salut et de ma conversion. Que je ne souhaite désormais de santé et de vie qu'afin de l'employer et la finir pour Vous, avec Vous, et en Vous. je ne vous demande ni santé, ni maladie, ni vie, ni mort ; mais que vous disposiez de ma santé et de ma maladie, de ma vie et de ma mort, pour votre gloire, pour mon salut, et pour l'utilité de l'Église et de vos Saints, dont j'espère par votre grâce faire partie. Vous seul savez ce qui m'est convenable : vous êtes le souverain maître, faites ce que vous voudrez. Donnez-moi, ôtez-moi, mais conformez ma volonté à la vôtre ; et que, dans une soumission humble et parfaite et dans une sainte confiance, je me dispose à recevoir les ordres de votre providence éternelle, et que j'adore également tout ce qui me vient de Vous."

1817

     saint Jean Eudes (1601-1680) prêtre
(La Vie et le Royaume de Jésus)
"La vie passible et temporelle que Jésus a eue dans son corps personnel a été accomplie et terminée à sa mort ; mais Il veut continuer cette même vie en son corps mystique, jusqu'à la consommation des siècles, afin de glorifier son Père par les actions et souffrances d'une vie mortelle, laborieuse et passible, non seulement durant l'espace de trente-quatre ans, mais jusqu'à la fin du monde. Si bien que la vie passible et temporelle que Jésus a dans son Corps Mystique, c'est-à-dire dans les chrétiens, n'a pas encore son accomplissement, mais elle s'accomplit de jour en jour dans chaque vrai chrétien, et elle ne sera parfaitement accomplie qu'à la fin des temps.
Vous voyez par là ce que c'est que la vie chrétienne : une continuation et un accomplissement de la vie de Jésus ; que toutes nos actions doivent être une continuation des actions de Jésus sur la terre, pour y continuer sa vie et ses œuvres, et pour faire et souffrir tout ce que nous faisons et souffrons, saintement et divinement, dans l'esprit de Jésus, c'est à dire dans les dispositions et intentions saintes et divines avec lesquelles Jésus se comportait dans ses actions et souffrances. " 

1810

     Etienne Binet (1569-1639)
    (Pratique solide de l'amour de Dieu).
"Un bon estomac digère tout, et de tout tire du bon suc et du bon sang pour se nourrir ; l'autruche prend plaisir à manger les cailloux et les clous qu'on lui jette, et s'engraisse de tout cela. L'homme de bien tire du profit de tout ; nul ne lui fait plus de bien que ceux qui lui font beaucoup de mal. " - 

1756

     saint Jean Eudes (1601-1680)
       (La Vie et le Royaume de Jésus)
"La vie chrétienne est une continuation et un accomplissement de la vie de Jésus ; toutes nos actions doivent être une continuation des actions de Jésus ; nous devons être comme autant de Jésus sur la terre, pour y continuer sa vie et ses œuvres, et pour faire et souffrir tout ce que nous faisons et souffrons, saintement et divinement, dans l'esprit de Jésus, c'est à dire dans les dispositions et intentions saintes et divines avec lesquelles Jésus se comportait dans ses actions et ses souffrances". 

1751

     John Chapman (1865-1933)
       (Lettre du 28 février 1929)
"Ne pensez pas que la bonne manière de supporter une épreuve soit d'aimer Dieu au point de pouvoir supporter l'épreuve avec joie, sinon elle cesserait d'être une épreuve. Au contraire, il est clair que l'essence de toute souffrance est d'en souffrir !" 

1750

     Bx Henri Suso (1295-1366)
       (Livre de la Sagesse éternelle)
"Abandonne-toi de bon gré à ma volonté dans toute épreuve que je t'impose, sans excepter telle ou telle douleur. ne sais-tu pas que je ne veux que ton plus grand bien, aussi sincèrement que tu le veux toi-même ? C'est moi qui suit la Sagesse éternelle, et je sais ce qui te convient le mieux : aussi tu dois avoir fait cette expérience que les épreuves que j'envoie, pourvu qu'on les supporte bien, sont plus profondes et te font avancer plus vite que toutes celles que tu t'imposerais volontairement. De quoi te plains-tu donc ? Dis-moi plutôt : "Ô mon Père très fidèle, accomplis toujours en moi ce que Tu veux !" 

1704

     pape François 
( Angélus, 7 décembre 2014)
"Vides et bosses "

" Je pense à tous ceux qui sont opprimés par la souffrance, l'injustice et les abus. A tous ceux qui sont esclaves du pouvoir, de l'argent, des succès, de la mondanité. Les pauvres ! Leur consolation est factice. Ils ne reçoivent pas la vraie consolation du Seigneur ! Nous sommes tous appelés à consoler nos frères, en témoignant que seul Dieu peut éliminer les causes des drames existentiels et spirituels. Il peut le faire ! Il est puissant !
Le prophète Isaïe s'adresse à notre coeur pour nous dire que Dieu oublie nos péchés et nous console. Si nous nous tournons vers Lui le coeur humble et repenti. Il abattra les murs du mal, Il comblera les vides causés par nos négligences, Il lissera les bosses de l'orgueil et de la vanité et Il ouvrira la voie de notre rencontre avec Lui. " 

1557

   Pape François 
(13 mai 2017 - pour le centenaire des apparitions à Fatima)

"Le Seigneur nous précède toujours : quand nous passons par quelque croix, il y est déjà passé. Dans sa Passion, il a pris sur lui toutes nos souffrances. Jésus sait ce que signifie la souffrance, il nous comprend, il nous console, et il nous donne la force. (...)Voilà le mystère de l’Eglise : l’Eglise demande au Seigneur de consoler les affligés et il vous console, même de manière cachée ; il vous console dans l’intimité du cœur et il vous console par sa force.
(...) Chers malades, vivez votre existence comme un don et dites à la Vierge, comme les pastoureaux, que vous voulez vous offrir à Dieu de tout votre cœur. Ne vous considérez pas seulement comme des bénéficiaires de la solidarité caritative, mais sentez-vous pleinement participants de la vie et de la mission de l’Eglise. 
Votre présence silencieuse mais plus éloquente que beaucoup de paroles, votre prière, l’offrande quotidienne de vos souffrances unies à celles de Jésus crucifié pour le salut du monde, l’acceptation patiente et même joyeuse de votre condition sont une ressource spirituelle, un patrimoine pour chaque communauté chrétienne. N’ayez pas honte d’être un trésor précieux de l’Eglise."

1528

  Saint François Xavier (1506-1552)

"Ne cessez pas un instant de souffrir et vous ne cesserez pas un instant d’aimer. »

1525

   sainte Thérèse de l'Enfant Jésus 
(LT 55 , 5 juillet 88)

« Oui, je les désire, ces angoisses du cœur, ces coups d’épingles dont parle l’agneau ; qu’importe au petit roseau de plier. il n’a pas peur de se rompre, car il a été planté au bord des eaux ; au (1v ) lieu d aller toucher la terre quand il plie il ne rencontre qu’une onde bienfaisante qui le fortifie et lui fait désirer qu’un autre orage vienne à passer sur sa frêle tête. C’est sa faiblesse qui fait toute sa confiance il ne saurait se briser puisque quelque chose qui lui arrive, il ne veut voir que la douce main de son Jésus. Quelquefois les petits coups de vent sont plus insupportables au roseau que les grandes tempêtes, car alors il va se retremper dans son ruisseau chéri, mais les petits coups de vent ne le font pas plier assez bas ce sont les piqûres d’épingles.. Mais rien de trop à souffrir pour conquérir la palme… »

1523

   sainte Thérèse de l'Enfant Jésus 
Carnets Jaunes 527,3

« Je n’ai nullement peur des derniers combats ni des souffrances, si grandes qu’elles soient, de la maladie. Le bon Dieu m’a a toujours secourue ; il m’a aidée et conduite par la main dès ma plus tendre enfance… je compte sur lui. Je suis assurée qu’il me continuera son secours jusqu’à la fin. ».

1522

  un religieux, anonyme
Un religieux, vers la fin de sa vie, alors qu’il était atteint d’un zona facial, maladie qui est assez douloureuse, répondait : 
"à quoi pourrait servir la vie si l’on ne pouvait croître en amour". 
Par cela, il disait la façon dont il assumait sa souffrance en la dépassant par l’offrande de lui-même. C’est alors que l’âme grandit.

1521

   sainte Thérèse de l'Enfant Jésus 
(lettre du 25 novembre 1887)
« Je trouve que les épreuves aident beaucoup à se détacher de la terre, elles font regarder plus haut que ce monde. Ici-bas, rien ne peut nous satisfaire, on ne peut goûter un peu de repos qu’en étant prête à faire la volonté du Bon Dieu. ».
Voilà le sens des épreuves pour Thérèse. Elles ne sont pas là comme des obstacles, des empêchements, mais comme des instruments placés là pour libérer le cœur. Le repos ne se trouve pas pour elle dans les plaisirs et les joies de ce monde, mais dans l’abandon à la volonté de Dieu, que cela soit souffrance, comme joie. 


1520

   sainte Thérèse de l'Enfant Jésus 
En écho à la lettre joyeuse de Céline qui ouvre quelques espoirs quant à l’entrée de Thérèse au Carmel (LD du 23 novembre 87), reçue à Lisieux ce vendredi 25, Pauline répond le même jour à Thérèse (LC 69 vendredi 25 novembre) :

« Petit Jouet de Jésus, Tu vois que j’avais bien raison en pensant que Jésus allait raccommoder sa petite balle ! Je ne me serais jamais attendue qu’il l’eût fait si bien et si promptement. Rappelle-toi, ma chérie, que les heures désespérées sont toujours les heures de Dieu’. C’est quand il n’y a plus aucun espoir, quand tout semble perdu que Jésus endormi se réveille et commande en Maître aux vents et à la tempête. (cf Mc 4, 35-41) Oui, petite amie intime du Divin Enfant, oui, tu es bien sa petite balle, abandonne-toi pour toujours entre ses mains. Tu souffriras bien dans ta vie, ton cœur est particulièrement fait pour souffrir, mais quand Jésus est là, quand c’est lui-même qui envoie sa petite balle au milieu des épines, les épines se changent en fleur. Prions, prions… l’Enfant Jésus s’occupe en ce moment de sa petite balle raccommodée par son baiser divin. Il a l’air vraiment de viser le Carmel pour l’y envoyer d’un seul coup et la faire rebondir dans sa crèche pour y demeurer toujours. Disons-lui a chaque instant : Que votre volonté soit faite ! Disons-lui : Jésus, arrangez toutes choses pour que votre petite balle soit bien envoyée où vous voulez, à l’heure que vous le voulez et comme vous le voulez, ne lui permettez pas de s’échapper de vos petites mains malgré vous. Chérie de mon cœur, je sais bien que tu penses tout cela. Oh ! que Jésus t’aime, et sais-tu pourquoi je crois plus que jamais à son appel divin ? C’est parce que tu as souffert… sans la croix, on n’est sûr de rien, sans la croix c’est l’humain, le vulgaire, sans la croix Jésus n’est pas là. Mais, console-toi, ta vocation est marquée de ce signe sacré. L’Enfant Jésus dans sa pauvre crèche ne soupirait qu’après la croix, ne rêvait que la croix et il a raconté son rêve à sa Thérésita chérie. Ta petite Confidente qui a plus souffert encore que toi pour toi. »


Jésus disait à ses disciples : "Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai Aimés." (Jn 15, 12)