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1469                                             

   saint François de Sales (1567-1622)
 sermon du 15 août 1602
"Notre Seigneur souffrit infiniment en son âme et en son corps ; ses douleurs ne reçoivent point de comparaison en ce monde. Voyez les afflictions de son coeur, voyez les passions de son corps, considérez, je vous supplie, et voyez qu'il n'y a point de douleurs égales aux siennes ; mais néanmoins toutes ces douleurs, toutes ces afflictions, tous ces coups de main, de roseau, d'épines, de fouet, de marteaux, de lance, ne pouvaient Le faire mourir ; la mort n'avait pas assez de force pour se rendre victorieuse sur une telle vie, elle n'y avait point accès." -

1466

    Anonyme du XVIème siècle. (la perle évangélique)
« Ainsi es-tu spirituellement crucifiée, mourant tous les jours pour moi ; tu es ensevelie en moi, et tu m’ensevelis en toi, au sépulcre de ton cœur ; tu m’embaumes par la propre mortification de toi-même, et m’enveloppes dans la suaire ou le linceul de ta conscience, que j’ai purifiée et nettoyée par la mort et passion. Le résultat en sera qu’en toi et par toi je ressusciterai, et que de ta mortification je tirerai la vie pour toi ; et de ta patience, la joie et le contentement, ce qui sera en toi une continuelle célébration de Pâques. 

1463

     Pape François
(Homélie pour le Dimanche des Rameaux - 5 avril 2020)


"Jésus « s’est anéanti, prenant la condition de serviteur » (Ph 2, 7). Laissons-nous introduire dans les jours saints par ces mots de l’apôtre Paul, où la Parole de Dieu, comme un refrain, montre Jésus comme un serviteur : le Jeudi saint il est le serviteur qui lave les pieds à ses disciples ; le Vendredi saint il est présenté comme le serviteur souffrant et victorieux (cf. Is 52, 13) ; et déjà demain, Isaïe prophétisera de lui : « Voici mon serviteur que je soutiens » (Is 42, 1). Dieu nous a sauvés en nous servant. En général nous pensons que c’est à nous de servir Dieu. Non, c’est lui qui nous a servi gratuitement, parce qu’il nous a aimé en premier. Il est difficile d’aimer sans être aimés. Et il est encore plus difficile de servir si nous ne nous laissons pas servir par Dieu.

Mais de quelle façon le Seigneur nous a-t-il servi ? En donnant sa vie pour nous. Nous lui sommes chers et nous lui avons coûté cher. Sainte Angèle de Foligno a témoigné d’avoir entendu de Jésus ces paroles : « Ce n’est pas pour rire que je t’ai aimée ». Son amour l’a conduit à se sacrifier pour nous, à prendre sur lui tout notre mal. C’est une chose qui nous laisse pantois : Dieu nous a sauvés en acceptant que notre mal s’acharne sur lui. Sans réagir, avec seulement l’humilité, la patience et l’obéissance du serviteur, exclusivement avec la force de l’amour. Et le Père a soutenu le service de Jésus : il n’a pas mis en déroute le mal qui s’abattait sur lui, mais il a soutenu sa souffrance, pour que notre mal soit vaincu seulement par le bien, pour qu’il soit traversé jusqu’au fond par l’amour. Jusqu’au fond.

Le Seigneur nous a servis jusqu’à éprouver les situations les plus douloureuses pour qui aime : la trahison et l’abandon.

La trahison. Jésus a subi la trahison du disciple qui l’a vendu et du disciple qui l’a renié. Il a été trahi par les gens qui l’acclamaient et qui ensuite ont crié : « Qu’il soit crucifié ! » (Mt 27, 22). Il a été trahi par l’institution religieuse qui l’a condamné injustement et par l’institution politique qui s’est lavé les mains. Pensons aux petites et aux grandes trahisons que nous avons subies dans la vie. C’est terrible quand on découvre que la confiance bien placée a été trompée. Naît au fond du cœur une déception telle que la vie semble ne plus avoir de sens. Cela arrive parce que nous sommes nés pour être aimés et pour aimer, et la chose la plus douloureuse c’est d’être trahi par celui qui a promis de nous être loyal et proche. Nous ne pouvons pas non plus imaginer comme cela a été douloureux pour Dieu, qui est amour.

Regardons-nous à l’intérieur. Si nous sommes sincères avec nous-mêmes, nous verrons nos infidélités. Que de fausseté, d’hypocrisies et de duplicités ! Que de bonnes intentions trahies ! Que de promesses non tenues ! Que de résolutions laissées s’évanouir ! Le Seigneur connaît notre cœur mieux que nous, il sait combien nous sommes faibles et inconstants, combien de fois nous tombons, que de mal nous avons à nous relever et combien il est difficile de guérir certaines blessures. Et qu’a- t-il fait pour venir à notre rencontre, pour nous servir ? Ce qu’il avait dit par le prophète : « Moi je les guérirai de leurs infidélités, je les aimerai d’un amour gratuit » (Os 14, 5). Il nous a guéris en prenant sur lui nos infidélités, en enlevant nos trahisons. De sorte que, au lieu de nous décourager par peur de ne pas y arriver, nous pouvons lever notre regard vers le Crucifié, recevoir son embrassade et dire : “ Voilà, mon infidélité est là, tu l’as prise, toi, Jésus. Tu m’ouvres les bras, tu me sers par ton amour, tu continues à me soutenir…Alors j’avance ! ”

L’abandon. Sur la croix, dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus dit une phrase, une seule :

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27, 46). C’est une phrase forte. Jésus avait souffert l’abandon des siens, qui avaient fui. Mais il lui restait le Père. Maintenant, dans l’abîme de la solitude, pour la première fois il l’appelle par le nom générique de “ Dieu”. Et il lui crie « d’une voix forte » le “pourquoi” le plus déchirant : “ Pourquoi, toi aussi, m’as-tu abandonné ? ”. Ce sont en réalité les paroles d’un Psaume (cf. 21, 2) : on y dit que Jésus a aussi porté en prière l’extrême désolation. Mais il reste le fait qu’il l’a éprouvée : il a éprouvé l’abandon le plus grand dont les Évangiles témoignent en rapportant ses paroles originales : Eli, Eli lemà sabactani ?

Pourquoi tout cela ? Encore une fois pour nous, pour nous servir. Parce que lorsque nous nous sentons le dos au mur, quand nous nous trouvons dans une impasse, sans lumière et sans issue, quand il semble que même Dieu ne répond pas, nous nous rappelions que nous ne sommes pas seuls. Jésus a éprouvé l’abandon total, la situation qui lui est la plus étrangère, afin de nous être solidaire en tout. Il l’a fait pour moi, pour toi, pour te dire : “ N’aie pas peur, tu n’es pas seul. J’ai éprouvé toute ta désolation pour être toujours à ton côté ”. Voilà jusqu’où Jésus nous a servi, descendant dans l’abîme de nos souffrances les plus atroces, jusqu’à la trahison et à l’abandon. Aujourd’hui, dans le drame de la pandémie, face à tant de certitudes qui s’effritent, face à tant d’attentes trahies, dans le sens d’un abandon qui nous serre le cœur, Jésus dit à chacun de nous : “ Courage : ouvre ton cœur à mon amour. Tu sentiras la consolation de Dieu, qui te soutient ”.

Chers frères et sœurs, que pouvons-nous faire devant Dieu qui nous a servis jusqu’à éprouver la trahison et l’abandon ? Nous pouvons ne pas trahir celui pour qui nous avons été créés, ne pas abandonner ce qui compte. Nous sommes au monde pour l’aimer, lui et les autres. Le reste passe, cela demeure. Le drame que nous sommes en train de traverser nous pousse à prendre au sérieux ce qui est sérieux, et à ne pas nous perdre dans des choses de peu de valeur ; à redécouvrir que la vie ne sert à rien si on ne sert pas. Parce que la vie se mesure sur l’amour. Alors, en ces jours saints, à la maison, tenons-nous devant le Crucifié, mesure de l’amour de Dieu pour nous. Devant Dieu qui nous sert jusqu’à donner sa vie, demandons la grâce de vivre pour servir. Cherchons à contacter celui qui souffre, celui qui est seul et dans le besoin. Ne pensons pas seulement à ce qui nous manque, mais au bien que nous pouvons faire.

Voici mon serviteur que je soutiens. Le Père qui a soutenu Jésus dans sa Passion, nous encourage nous aussi dans le service. Certes, aimer, prier, pardonner, prendre soin des autres, en famille comme dans la société, peut coûter. Cela peut sembler un chemin de croix. Mais le chemin du service est le chemin vainqueur, qui nous a sauvés et qui nous sauve la vie. Je voudrais le dire spécialement aux jeunes, en cette Journée qui, depuis trente-cinq ans leur est consacrée. Chers amis, regardez les vrais héros, qui apparaissent ces jours-ci : ce ne sont pas ceux qui ont renommée, argent et succès, mais ceux qui se donnent eux-mêmes pour servir les autres. Sentez-vous appelés à mettre en jeu votre vie. N’ayez pas peur de la dépenser pour Dieu et pour les autres, vous y gagnerez ! Parce que la vie est un don qui se reçoit en se donnant. Et parce que la joie la plus grande est de dire oui à l’amour, sans si et sans mais. Comme Jésus pour nous.

1345

  saint Claude la Colombière (1641-1682)

(Méditation sur la Passion)

"Par amour pour nous, non seulement Jésus-Christ a souffert ce qu'Il ne devait pas souffrir, mais Il a souffert plus qu'Il ne devait souffrir. Un larme pouvait laver toutes nos fautes, une goutte de sang pouvait nous mériter tous les secours ; pourquoi donc tant de sang ?
Mais faut-il demander des raisons à un Dieu qui aime ?
Il n'en peut donner d'autre que son amour. On croit toujours, quand on aime, que, quoi qu'on fasse, que, quoi qu'on donne, ce ne sera jamais assez.
Que manquait-il aux souffrances du Fils de Dieu ?
C'en était plus qu'il ne fallait pour nos besoins, pour la justice de son Père, pour la haine de ses ennemis. S'il verse son sang, c'est jusqu'à la dernière goutte ; à la flagellation, Il reçoit des coups plus que la loi n'ordonne, plus qu'il n'en peut supporter sans miracle ; Il n'a plus de force, Il veut encore porter la croix ; Il n'a plus de sang, plus de membres qui soient sans plaie, et Il demande encore à souffrir, et ce désir est une soif insatiable : "Sitio", j'ai soif."

1318

  Jean-Nicolas Grou (1731-1803)

 (Manuel des âmes intérieures)

"Pour concevoir ce que c'est que la vraie vertu, c'est dans Jésus-Christ qu'il faut la considérer : il est notre unique modèle, Il nous a été donné comme tel, Il s'est fait homme pour nous rendre la sainteté sensible et palpable. Toute sainteté qui n'est pas formée et moulée sur la sienne est fausse. 
Jésus-Christ ne s'est jamais cherché lui-même, jamais Il n'a eu en vue ses propres intérêts, ni temporels ni spirituels : Il ne s'est jamais abstenu d'aucune bonne oeuvre dans la crainte de leur déplaire. 
Jésus-Christ a eu une tendre compassion pour les pécheurs sincèrement humiliés et repentants de leurs fautes : le publicain, Madeleine, la femme adultère, la Samaritaine, sont traités par Lui avec une bonté qui nous étonne. 
Jésus Christ a supporté avec une douceur inaltérable les défauts et la grossièreté de ses apôtres. A considérer les choses selon nos idées, combien ne devait-il pas souffrir d'avoir à vivre avec des hommes si imparfaits et si ignorants des choses de Dieu ? 
Jésus-Christ a souffert de la part de ses ennemis tous les genres de persécutions. Il ne leur a opposé que son innocence et la vérité ; Il a laissé agir leurs passions, Il s'est tu quand Il les a vus obstinés dans leur malice ; Il n'a pas cherché à se justifier, ce qui lui était si aisé ; Il s'est laissé condamner ; Il leur a pardonné, Il a prié, Il a versé son sang pour eux." 

1251

Thomas a Kempis (1379-1471)  

(Imitation de Jésus Christ)

"Jésus trouve beaucoup d'amateurs pour son Royaume céleste, mais peu pour porter sa Croix. Il trouve beaucoup de compagnons pour sa table, mais peu pour son abstinence. Tous veulent partager sa joie ; mais peu veulent supporter quelque chose pour Lui. Beaucoup suivent Jésus jusqu'à la fraction du Pain, mais peu jusqu'à boire le Calice de sa Passion. Beaucoup admirent ses miracles ; mais peu vont jusqu'à l'ignominie de sa Croix.
Mais ceux qui aiment Jésus pour Jésus, et non pour en être consolé d'une manière ou d'une autre, l'aiment et le bénissent dans les tribulations et l'angoisse du coeur comme dans les consolations les plus douces. Et quand Il ne voudrait jamais leur en donner, toujours cependant ils Le loueraient, toujours ils lui rendraient grâce." 

1249

saint François de Sales (1567-1622)  

(Sermon du Vendredi Saint 1622)

"Oh ! il ne faut pas penser que Notre Seigneur ait voulu mourir seulement pour nous racheter, car un seul de ses soupirs, à cause de la dignité et du mérite du soupirant, suffisait pour nous sauver et délivrer de la main de nos ennemis ; mais cet amour infini ne pouvait pas être content s'il ne mourait de l'Amour même. Le Fils de Dieu est conduit à la Croix ; et qui l'y a mis ? Certes, cela a été l'Amour." 

1231

  saint François de Sales (1567-1622)

(Sermon pour le Vendredi Saint)

"Regardant sa très bénite Mère, Jésus sur la croix lui donna une certaine union de coeur et d'amour tendre pour le prochain, cet amour des uns pour les autres qui est un don des plus grands que sa bonté fasse aux hommes. 
Mais quel amour ? Un amour maternel. "Femme, dit-Il, voilà ton fils."
Ô Dieu, quel échange ! Du Fils au serviteur de Dieu, de Dieu à la créature ! Néanmoins elle ne refuse point, sachant bien qu'en la personne de saint Jean elle acceptait pour siens tous les enfants de la croix et qu'elle en serait la chère mère. " 

1174

 Saint François de Sales (1567-1622) - 
Introduction à la vie dévote

"Par exemple, si vous voulez méditer Notre Seigneur en Croix, vous vous imaginerez d'être au mont du Calvaire, voyant tout ce qui s'est fait et ce qui s'est dit au jour de la Passion ; ou, si vous voulez, car cela revient au même, vous imaginerez qu'au lieu même où vous êtes se fait le crucifiement de Notre-Seigneur, en la façon que les évangélistes la décrivent."

1089

mgr Jean-Paul Vesco * , 
évêque d'Oran
Extrait de méditation sur Jn, 12, 1-11

(...) "Des pauvres, vous en aurez toujours parmi vous » répond Jésus à Judas. (Jn 12,13) À cet instant, le pauvre c’est lui qui, déjà, fait face à son supplice. Marie vit la Passion de Jésus par anticipation et la douceur de ses gestes devance la violence du supplice à venir. 
Des pauvres à aider comme on s’acquitte d’une obligation, comme on fait une bonne action, nous en aurons toujours. Mais le pain ne réjouit pas à lui seul le cœur, et les pauvres ont d’abord besoin d’aimer et d’être aimés. Avec respect, avec tendresse. Nous sommes tous des mendiants d’amour, des pauvres qui, parfois, réchauffent le cœur d’autres pauvres. Dans le registre de l’amour, il n’y a pas de pauvres et pas de riches. Bien malin est celui qui pourrait dire qui de Jésus ou de Marie, ce jour-là à Béthanie, était le pauvre ou le riche. On ne voit que deux cœurs brisés qui entrent en communion."


* Jean-Paul Vesco, né le 10 mars 1962 à Lyon (France) est un dominicain et évêque catholique français, évêque d'Oran en Algérie, Il reçoit la distinction de Chevalier de la Légion d'honneur le 5 avril 2017 des mains du premier ministre Bernard Cazeneuve.

1046

saint Léon le Grand

Semaine Sainte 

« Adorons, prosternés de corps et d'âme, la grâce de Dieu répandue sur toutes les nations ; prions le Père miséricordieux et le Rédempteur riche en bienfaits (cf. Ep II,4), de faire qu'avec leur secours nous puissions, jour après jour, échapper à tous les dangers de cette vie. Le rusé tentateur est, en effet, partout présent, et ne permet que rien demeure exempt de ses pièges. Il faut lui résister fidèlement et persévéramment, avec l'aide de la miséricorde divine qui nous est offerte au milieu de nos adversités : ainsi, bien qu'il ne cesse jamais ses attaques, il ne trouvera personne qu'il puisse vraincre. 
Faisons tous notre profit, bien-aimés, des jeûnes pieusement célébrés et que la bienfaisante abstinence, utile, comme nous l'avons éprouvé, et pour l'âme, et pour le corps, ne soit viciée par aucun excès. Nous célébrons, en effet, avec plus d'application en ces jours tout ce qui concerne la sobriété et l'abstinence, afin qu'une courte pratique les fasse passer en une longue habitude ; que l'on se consacre aux oeuvres de miséricorde, ou que l'on s'applique à la modération dans la nourriture, qu'il n'y ait pas de temps perdu pour les fidèles ; car, tandis que les jours s'ajoutent aux jours et que le temps s'écoule, nous devons accumuler les gains de nos bonnes oeuvres, et non pas perdre nos mérites. Puisse la miséricorde de Dieu seconder nos pieux efforts et nos religieux désirs en nous faisant obtenir ce qu'il nous fait convoiter. »

Saint Léon le GrandSermon XVII sur la Passion, in Sermons tome III, SC 74, Editions du Cerf, Paris, 1961.

1045

saint Léon le Grand

"Amen, amen, je vous le dis : l'un de vous me livrera." (Jn 13, 21-38)

« Jésus, sûr de sa résolution et intrépide dans l'accomplissement du plan de son Père, mettait un terme à l'ancienne alliance et fondait la nouvelle Pâque. En effet, ses disciples assis à table avec lui pour manger le repas mystique, et tandis que, dans la cour de Caïphe, on délibérait de la manière de le faire périr, le Christ, lui, posait les règles du sacrement de son corps et de son sang et enseignait quelle victime il faudrait offrir à Dieu, n'écartant même pas le traître de ce mystère ; il montrait ainsi que ce n'est pas sous l'exaspération d'une injustice qu'agit celui dont l'impiété volontaire était connue d'avance. Car il trouva en lui-même la matière de sa ruine et la cause de sa perfidie, en prenant le diable comme chef et en refusant d'être conduit par le Christ. 
Aussi lorsque le Seigneur dit : "En vérité, je vous le dis, l'un de vous me livrera", il montra que la conscience du traître lui était connue ; il ne confondit pas l'impie par une réprimande sévère et publique, mais chercha à l'atteindre par un avertissement doux et muet, afin que le repentir pût le corriger plus facilement, alors qu'aucune exclusive ne l'aurait aigri. 

Pourquoi, ô malheureux Judas, n'uses-tu pas d'une telle mansuétude ? Voici que le Seigneur pardonne tes entreprises, et que le Christ ne te révèle à personne, sinon à toi-même : ni ton nom ni ta personne n'est découvert, mais la parole de vérité et de miséricorde atteint seulement les replis de ton coeur. 
On ne te refuse ni l'honneur dû au titre d'apôtre, ni la communion aux sacrements. Retourne en arrière, laisse-là ta fureur et vient à résipiscence. La clémence t'invite, le salut te presse, la vie te rappelle à la vie. Vois, les autres disciples, purs et innocents, s'épouvantent à l'annonce du crime et craignent tous pour eux-mêmes, puisque l'auteur de cette impiété n'a pas été révélé. [...] 
Mais toi, Judas, au milieu de cette inquiétude des saints, tu abuses de la patience du Seigneur, et tu crois que ton audace te cache. Tu ajoutes l'impudence au crime, et un signe plus évident ne t'effraye pas. Alors que les autres n'osent pas toucher à l'aliment dont le Seigneur fait un indice (cf. Mt XXVI,23), toi tu ne retires pas ta main du plat, parce que tu ne détournes pas ton âme du crime ! »

Saint Léon le GrandSermon VII sur la Passion (45, 4), in Sermons tome III, SC 74, Editions du Cerf, Paris, 1961.

1044

saint Léon le Grand

La Sainte Passion de Notre-Seigneur

« Dans tout le déroulement de la Passion du Seigneur, gardons-nous de considrer l'infirmité humaine comme si nous jugions que la puissance divine ait pu y faire défaut : n'imaginons pas davantage cette condition du Fils unique qui le rend coéternel et égal au Père, comme si nous pensions que se n'est pas vraiment passé tout ce qui paraît indigne de Dieu. L'une et l'autre nature absolument sont un seul Christ ; le Verbe ici n'est pas plus séparé de l'homme que l'homme n'est dissociable du Verbe. 
L'abaissement ne répugne pas parce que la majesté n'en est pas diminuée. Rien n'a été dommageable à la nature inviolable de ce qu'il fallait que souffrit la nature passible : toute cette action sacrée que consommèrent ensemble et l'humanité et la divinité, fut une dispensation de miséricorde et une oeuvre de compassion. 
Tels étaient, en effet, les liens qui nous tenaient attachés que, sans ce secours, nous ne pouvions être délivrés. L'abaissement de la divinité est donc notre relèvement. C'est à un prix aussi élevé que nous sommes rachetés, c'est à de si grands frais que nous sommes guéris. Quel moyen, en effet, serait donné à l'impiété pour revenir à la justice, à la misère pour retrouver le bonheur, si le juste lui-même ne se penchait vers les impies et le bienheureux vers les misérables ? »

Saint Léon le GrandSermon I sur la Passion (38, 2), in Sermons tome III, SC 74, Editions du Cerf, Paris, 1961.

1043

saint Léon le Grand

Préparons-nous au pardon mutuel".
« Le Seigneur a dit : "Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs". Il n'est donc permis à aucun chrétien de haïr qui que ce soit. Personne ne peut être sauvé, si ce n'est dans le pardon des péchés. Et ceux que la sagesse du monde méprise, nous ne savons à quel point la grâce de l'Esprit peut leur donner du prix.
Que le peuple de Dieu soit saint, et qu'il soit bon. Saint, pour se détourner de ce qui est défendu ; bon, pour agir selon les commandements. Bien qu'il soit grand d'avoir une foi droite et une saine doctrine, et que soit digne de louange la sobriété, la douceur et la pureté, toutes ces vertus demeurent pourtant vaines sans la charité. Et on ne peut pas dire qu'une conduite excellente soit féconde, si elle n'est pas engendrée par l'amour.
Que les croyants fassent donc la critique de leur propre état d'esprit, et qu'ils examinent attentivement les sentiments intimes de leur cœur. S'ils trouvent au fond de leur conscience quelques fruits de la charité, qu'ils ne doutent pas que Dieu est en eux. Et pour devenir de plus en plus capables d'accueillir un hôte si grand, qu'ils persévèrent et grandissent dans la miséricorde par des actes. Si en effet l'amour est Dieu, la charité ne doit connaître nulle borne, car aucune limite ne peut enfermer la divinité.
Pour traduire en actes ce bien de la charité, mes frères, il est vrai que tous les temps sont bons. Et pourtant, les jours que nous vivons nous y exhortent particulièrement. Ceux qui désirent accueillir la Pâque du Seigneur avec la sainteté de l'esprit et du corps, doivent s'efforcer avant tout d'acquérir cette grâce qui contient la somme des vertus et couvre une multitude de péchés.
Sur le point donc de célébrer le plus grand de tous les Mystères, celui où le Sang de Jésus-Christ a effacé nos iniquités, préparons tout d'abord le sacrifice de la miséricorde. » 

983

Benoît XVI, Journée Mondiale de la Jeunesse, 5 avril 2009

« Saint Jean a accueilli dans l’écho qu’il donne des paroles du Seigneur pour le « Dimanche des Rameaux », une forme modifiée de la prière de Jésus dans le jardin des oliviers. Il y a avant tout l’affirmation : « Mon âme est bouleversée » (Jn 12, 27). L’effroi de Jésus apparaît ici, souligné fortement par les autres évangélistes – son effroi devant le pouvoir de la mort, devant tout l’abîme du mal qu’Il voit et dans lequel il doit descendre.
Le Seigneur souffre nos angoisses avec nous, il nous accompagne à travers l’ultime angoisse jusqu’à la lumière. Puis viennent en saint Jean, les deux demandes de Jésus. La première, exprimée seulement au conditionnel : « Que puis-je dire ? Dirai-je ? : Père, délivre-moi de cette heure ? » (Jn 12, 27). En tant qu’être humain, Jésus aussi se sent poussé à demander que lui soit épargnée la terreur de la Passion. Nous aussi pouvons prier ainsi. Nous aussi, nous pouvons nous plaindre au Seigneur comme Job le fît, lui présenter toutes les demandes qui, face à l’injustice du monde et au trouble de notre propre moi, surgissent en nous.
Devant Lui, nous ne devons pas nous réfugier dans des phrases pieuses, dans un monde factice. Prier signifie toujours aussi lutter avec Dieu, et comme Jacob nous pouvons lui dire : « Je ne te lâcherai que si tu me bénis » (Gn 32, 27). Mais vient ensuite la seconde demande de Jésus : « Glorifie ton nom ! » (Jn 12, 28). Dans les synoptiques, cette demande résonne ainsi : « Que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne » (Lc 22, 42). En définitive, la gloire de Dieu, sa seigneurie, sa volonté sont toujours plus importantes et plus vraies que mes pensées et que ma volonté. C’est là l’essentiel dans notre prière et dans notre vie : apprendre cet ordre juste de la réalité, l’accepter profondément ; faire confiance à Dieu et croire qu’Il fait la chose juste ; que sa volonté est la vérité et l’amour ; que ma vie devient bonne si j’apprends à adhérer à cet ordre. Vie, mort et résurrection de Jésus sont pour nous la garantie que nous pouvons véritablement nous fier à Dieu. Et c’est de cette façon que se réalise son Royaume. » 

982

saint Jean-Paul II -  Lourdes, 15 août 1983

« Chers malades, je voudrais laisser en vos mémoires et en vos cœurs trois petites lumières qui me semblent précieuses.
Tout d’abord, quelle que soit votre souffrance, physique ou morale, personnelle ou familiale, apostolique, voire ecclésiale, il importe que vous en preniez lucidement conscience sans la minimiser et sans la majorer, et avec tous les remous qu’elle engendre dans votre sensibilité humaine : échec, inutilité de votre vie, etc.
Ensuite, il est indispensable d’avancer sur la voie de l’acceptation. Oui, accepter qu’il en soit ainsi, non par résignation plus ou moins aveugle, mais parce que la foi nous assure que le Seigneur peut et veut tirer le bien du mal. Combien, ici présents, pourraient témoigner que l’épreuve, acceptée dans la foi, a fait renaître en eux la sérénité, l’espérance . . . Si le Seigneur veut tirer le bien du mal, c’est qu’Il vous invite à être vous-mêmes aussi actifs que vous le pouvez, malgré la maladie, et si vous êtes handicapés, à vous prendre vous-mêmes en charge, avec les forces et talents dont vous disposez, malgré l’infirmité. 
Ceux qui vous entourent de leur affection et de leur entraide, et aussi les associations dont vous faites partie comme les Fraternités des malades, cherchent justement à vous faire aimer la vie, et à l’épanouir encore en vous, autant qu’il est possible, comme un don de Dieu.
Enfin, le plus beau geste reste à faire : celui de l’oblation. L’offrande, effectuée par amour du Seigneur et de nos frères, permet d’atteindre à un degré, parfois très élevé, de charité théologale, c’est-à-dire de se perdre dans l’amour du Christ et de la très sainte Trinité pour l’humanité.
Ces trois étapes vécues par chacun des souffrants, selon son rythme et sa grâce, lui apportent une libération intérieure étonnante. N’est-ce pas l’enseignement paradoxal rapporté par les évangélistes : “… celui qui perd sa vie à cause de moi la trouvera” ? (Matth. 16, 25) 

N’est-ce pas le mouvement évangélique d’abandon, si profondément expérimenté par Bernadette de Lourdes et Thérère de Lisieux, malades presque toute leur vie ? 

Chers Frères et Sœurs souffrants, repartez fortifiés et rénovés pour votre “mission spéciale” ! Vous êtes les précieux coopérateurs du Christ dans l’application, à travers le temps et l’espace, de la Rédemption qu’il a acquise une fois pour toutes et au bénéfice de l’humanité entière par les mystères historiques de son incarnation, de sa passion et de sa résurrection. Et Marie, sa Mère, et votre Mère, sera toujours près de vous ! » 

846

Saint Pio de Pietrelcina (padre Pio)
The Life of Padre Pio, p. 148.

Padre Pio fut interrogé sur ce que la Messe représentait pour lui. Il répondit : « C’est une participation sacrée à la Passion de Jésus. Tout ce que le Seigneur endura pendant Sa Passion, je le souffre, dans les proportions de ce qu’un être humain peut supporter. Et ce n’est dû à aucun mérite de ma part, mais entièrement à Sa bonté. » 

742

Marthe Robin
(« Chemin de Croix » éd. Les Foyers de Charité)

[Jésus meurt sur la Croix]
« Privé de toute vie, le Corps divin de Jésus restait néanmoins magnifiquement beau. Il restait en lui, par-delà la mort, quelque chose de si grand et de tellement divin, qui inspirait la confiance et l’amour et bouleversait le cœur au point qu’on ne pouvait en détacher les yeux. Tout est consommé, mais tout n’est pas fini, car n’est-ce pas lorsque Jésus meurt que tout commence ? Par sa mort, il a déjà vaincu la mort et le péché.
Ô venez, venez toutes les créatures de la terre, venez dans son Cœur ouvert pour vous, et dans ses bras étendus pour vous recevoir. Venez tous, ô pêcheurs mes frères (…), mon Jésus crucifié est votre Lumière et votre Paix. »



741

Marthe Robin
(« Chemin de Croix » éd. Les Foyers de Charité)

« Après la douloureuse agonie, la cruelle passion et la mort d’amour, Jésus repose sans âme et sans vie dans un sombre tombeau de pierre, mais pour s’éveiller bientôt vivant et glorieux, en parcourant toute la terre avant sa divine Ascension. Tout peut sembler perdu, et tout va être transfiguré par une résurrection glorieuse. »



Jésus disait à ses disciples : "Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai Aimés." (Jn 15, 12)