1528
Saint François Xavier (1506-1552)
"Ne cessez pas un instant de souffrir et vous ne cesserez pas un instant d’aimer. »
« II ne suffit pas de dire, que saint Paul établit un lien entre la notion d'agapè (tendresse) et la théologie de la croix. Elles forment pour lui une seule et même réalité. On ne peut penser l'une, sans évoquer l'autre. Sans la croix du Christ, nous n'aurions jamais été en présence de l'agapè de Dieu. Jamais nous n'en aurions perçu le sens profond. Sans la tendresse de Dieu, la vie du Christ n'aurait jamais abouti à la croix. On ne peut mieux caractériser la pensée paulinienne qu'en parlant de l'agapè de la croix. »
Notre Seigneur, élevé en la croix entre la terre et le ciel, n'était tenu de la main de son Père que par l'extrême pointe de l'esprit, et, par manière de dire, par un seul cheveu de sa tête ; mais touché aini par la douce main du Père éternel, Il recevait une souveraine félicité, tout le reste de lui-même demeurant englouti dans la tristesse et la douleur qui lui font s'écrier : "mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-Tu abandonné ?"
"Il est dur de se voir délaissé de Dieu, de ne plus recevoir aucune goutte de la rosée céleste, de se trouver en quelque sorte dur et insensible, de n'avoir plus ni lumières ni goût ; d'éprouver des combats, des agitations, des désolations intérieures ; d'ignorer si on aime Dieu et si Dieu nous aime. Cependant, il faut s'attendre à cela si l'on veut être uni à Dieu immédiatement et sans milieu, si l'on veut être purifié de ce que l'amour-propre a de plus délicat et de plus spirituel.
Quand Jésus-Christ, livré sur la croix à tous les tourments intérieurs et extérieurs, victime des passions des hommes et de la justice de Dieu, disait à son Père : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ?", son Père l'avait-il réellement abandonné ? Non, certes ; au contraire, Il ne l'aima jamais plus qu'à ce moment où Jésus Christ lui donnait la plus grande preuve de son amour. Mais Il lui fit éprouver les plus terribles effets de l'abandon, pour donner lieu au sacrifice le plus parfait qui fût jamais. Il en est de même, à proportion, des âmes que Dieu éprouve. Plus Il paraît les abandonner, plus Il est prés d'elles en effet, plus Il les soutient, plus Il les aime."
" Si vous ne pouvez pas assister au Saint Sacrifice de la Messe, sachez, mon très cher, que Jésus se sacrifie du matin au soir en votre âme et ne votre corps ; non seulement vous assistez à ce Sacrifice, mais vous y êtes à la fois actif et passif ; vous êtes l'autel et la victime même, faisant une seule et même chose avec Jésus crucifié. Si vous ne pouvez pas faire la Sainte Communion, ce n'est pas le moment de communier à Jésus glorifié, mais à Jésus crucifié ; entrez dans ses vues, et pénétrez-vous, imbibez-vous de Lui, par cette sainte communion qu'Il vous donne à sa Croix."
"Il ne s'est pas contenté de la mort de la croix, mais Il accepta d'être pauvre, étranger, errant, nu, prisonnier, malade, pour vous interpeller. Si vous ne me donnez pas de réponse, dit-il, pour tout ce que j'ai enduré pour vous, ayez pitié de ma pauvreté. Si même ma pauvreté ne vous fait pas pitié, laissez-vous au moins toucher par ma maladie, fléchir par mon emprisonnement. Si tout cela ne vous ramène pas à des sentiments humains, pensez au peu que je vous demande : un morceau de pain, un toit, une parole de consolation."
"Voyez-vous, ma Philothée, il est certain que le coeur de notre cher Jésus voyait le vôtre dès l'arbre de la Croix, et l'aimait, et par cet amour lui obtenait tous les biens que vous aurez jamais. Ah, mon Dieu ! est-il possible que j'aie été aimée et si doucement aimée de mon Sauveur, qu'Il allât penser à moi en particulier, comme s'Il n'eût point eu d'autre âme au monde en qui Il eût pensé."Il m'a aimé, dit saint Paul, et s'est donné pour moi" (Ga 2, 20), comme s'il disait : pour moi seul, tout autant comme s'il n'eût rien fait pour le reste."
« C’est nous-mêmes que nous devons offrir à Dieu en sacrifice. Acceptons tout pour le Christ ; par nos souffrances, imitons sa Passion ; par notre sang honorons son sang ; montons vers la Croix avec ferveur. Si tu es Simon de Cyrene, prends la croix et suis-Le ; Si tu es crucifié avec Lui, comme le larron, reconnais, comme cet homme juste, qu’Il est Dieu ; si lui-même « a été compté parmi les pécheurs » à cause de toi et de ton péché, toi, deviens un homme juste à cause de Lui. »
Ô Mère, aide notre foi !
Ouvre notre écoute à la Parole, pour que nous reconnaissions la voix de Dieu et son appel.
Éveille en nous le désir de suivre ses pas,
en sortant de notre terre et en accueillant sa promesse.
Aide-nous à nous laisser toucher par son amour,
pour que nous puissions Le toucher par la foi.
Aide-nous à nous confier pleinement à Lui, à croire en son amour, surtout dans les moments de tribulations et de croix, quand notre foi est appelée à mûrir.
Sème dans notre foi la joie du Ressuscité.
Rappelle-nous que celui qui croit n’est jamais seul.
Enseigne-nous à regarder avec les yeux de Jésus, pour qu’Il soit Lumière sur notre chemin. Et que cette lumière de la foi grandisse toujours en nous jusqu’à ce qu’arrive ce jour sans couchant, qui est le Christ lui-même, ton Fils, notre Seigneur !
"Dieu est ingénieux à nous faire des croix. Il en fait de fer et de plomb, qui sont accablantes par elles-mêmes ; Il en sait faire de paille, qui semblent ne peser rien, et qui ne sont pas moins difficiles à porter ; Il en fait d'or et de pierreries, qui éblouissent les spectateurs, qui excitent l'envie du public, mais qui ne crucifient pas moins que les croix les plus méprisées. Il en fait de toutes les choses qu'on aime le plus, et les tourne en amertume."
"Il y en a qui demandent des croix, et il ne leur semble jamais que Notre Seigneur leur en donnera assez pour satisfaire à leur ferveur ! Moi, je n'en demande point, seulement je désire de me tenir prêt pour porter celles qu'il plaira à sa Bonté de m'envoyer, le plus patiemment et humblement que je pourrai. J'aimerai mieux porter une petite croix de paille que l'on me mettrait sur les épaules sans mon choix, plutôt que d'aller en couper une bien grande dans un bois avec beaucoup de travail, et la porter par après avec une grande peine ; et je croirais, comme il serait véritable, être plus agréable à Dieu avec la croix de paille qu'avec celle que je me serais fabriquée avec plus de peine et de sueur, parce que je la porterais avec plus de satisfaction pour l'amour propre qui se plaît tant à ses inventions ! "
"Oh ! il ne faut pas penser que Notre Seigneur ait voulu mourir seulement pour nous racheter, car un seul de ses soupirs, à cause de la dignité et du mérite du soupirant, suffisait pour nous sauver et délivrer de la main de nos ennemis ; mais cet amour infini ne pouvait pas être content s'il ne mourait de l'Amour même. Le Fils de Dieu est conduit à la Croix ; et qui l'y a mis ? Certes, cela a été l'Amour."
"Il n'est pas selon l'homme de porter la croix, d'aimer la croix, de châtier son corps et de le réduire en servitude, de fuir les honneurs, de souffrir volontiers les outrages, de se mépriser soi-même et de souhaiter d'être méprisé, de supporter les afflictions et les pertes, et de ne désirer aucune prospérité dans ce monde. "