Affichage des articles dont le libellé est Amour du prochain. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Amour du prochain. Afficher tous les articles

2071

      Saint Grégoire le Grand (504-604) 
       (64ème pape - Homélie 16)
"Voilà le jeûne que Dieu approuve : un jeûne qui élève à ses yeux des mains remplies d'aumônes, un jeûne réalisé dans l'amour du prochain et imprégné de bonté. Prodigue à autrui ce dont tu te prives ; ainsi, la mortification même de ta chair viendra soulager la chair de ton prochain qui est dans le besoin. "
saint Grégoire le Grand par maître Théodoric, couvent Sainte-Agnès, Prague.

2070

      Saint Léon le Grand (390-461) 
       (Docteur de l'Eglise - Sermon sur le jeûne)
"Trois pratiques, surtout, nous concernent en ce temps de Carême : la prière, le jeûne et le partage. Elles sont possibles en tout temps, mais de tradition apostolique, cette période demande que l'on s'y applique davantage. Par la prière, on se rend Dieu propice, par le jeûne, on refrène les mauvais désirs de la chair, par les aumônes, on efface les péchés : par cette triple observance, l'image de Dieu en nous se trouve renouvelée, pour peu que nous soyons toujours prêts à chanter ses louanges, que nous soyons continuellement attentifs à nous rendre purs, et que nous nous appliquions sans faiblir à aider notre prochain. "
Saint Léon le Grand (390-461) Docteur de l'Eglise - Sermon sur le jeûne

1975

      Sainte Catherine de Sienne 
(Les dialogues 63 - chapitre XXXV - Du moyen que doit employer l'âme pour parvenir à l'amour pur et libre)

Voilà donc l'âme entrée en elle-même. En suivant la doctrine du Christ crucifié, par un véritable amour de la vertu et par la haine du vice, elle est arrivée, à force de persévérance, à la cellule de la connaissance d'elle-même. Elle s'y tient recluse dans les veilles et les prières continuelles, complètement séparée de la conversation du siècle (Mt 6,6). Elle s'y est enfermée elle-même, par crainte, connaissant bien son imperfection, et par le désir qu'elle a d'atteindre à l'amour épuré et libre. Voyant et sachant bien qu'il n'est point d'autre moyen pour elle d'y parvenir, elle y attend, avec une foi vive, ma venue par un accroissement de grâce en elle.
Mais à quel signe reconnaître la foi vive? - A la persévérance dans la vertu, à l'application continuelle dans la sainte oraison, quoiqu'il arrive; car, à moins que l'obéissance ou la charité n'en fassent une obligation, l'on ne doit jamais quitter l'oraison.
Il n'est pas rare en effet, que le démon choisisse de préférence le temps de l'oraison, pour tourmenter l'âme et lui donner l'assaut. Il cherche ainsi à (217) lui inspirer l'ennui de la sainte prière. Cette oraison ne te vaut rien, lui souffle-t-il souvent; car dans la prière tu ne dois pas penser à autre chose, avoir d'attention à autre chose, qu'à ce que tu dis. Le démon lui insinue de semblables idées pour lui donner du dégoût, jeter la confusion dans son esprit, et l'amener à abandonner l'exercice de l'oraison. Car l'oraison est une arme avec laquelle l'âme se défend contre tous ses ennemis, quand elle est tenue par la main de l'amour et brandie par le bras du libre arbitre, dirigé par la lumière de la très sainte Foi (218).

1974

      Sainte Catherine de Sienne 
(Les dialogues 64 - chapitre XXXIV - Comment, lorsqu'on aime Dieu imparfaitement, l'on aime aussi le prochain imparfaitement, et des signes de cet amour imparfait)

"Sache-le bien, toute imperfection ou toute perfection dans l'amour se manifeste et s'acquiert vis-à-vis de Moi, et aussi pareillement à l'égard du prochain. Elles le savent bien, les âmes simples, qui souventes fois aiment les créatures d'un amour spirituel. Si elles m'aiment d'un amour épuré et désintéressé, c'est purement aussi et avec désintéressement qu'elles aiment leur prochain.
Il en est comme du vase que l'on remplit à la fontaine. Si on le retire de la source pour boire, il est bientôt vide. Mais si on le tient plongé dans la source, on peut y boire toujours, il demeure toujours plein. Ainsi en est-il pour l'amour du prochain, spirituel ou temporel: il le faut boire en Moi, sans autre considération. Car je vous demande de m'aimer du même amour dont je vous aime (Jn 15,12).
En vérité vous ne le sauriez faire complètement. Moi je vous ai aimés, avant d'être aimé, et dès lors, tout amour que vous avez pour moi, est une dette que vous acquittez, non une grâce que vous (214) me faites, tandis que l'amour que j'ai pour vous est une faveur que je vous accorde, mais que je ne vous dois pas. Vous ne pouvez donc me rendre, à Moi, l'amour que je vous réclame. Mais je vous ai placés à côté de votre prochain, pour vous permettre de faire pour lui ce que vous ne pouvez faire pour moi: l'aimer par grâce, et avec désintéressement, sans en attendre aucun avantage. Je considère alors comme fait à moi ce que vous faites au prochain.
N'est-ce pas ce que montre ma Vérité quand elle dit à Paul qui me persécutait: Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu? (Ac 9,4) - Il parlait ainsi, parce qu'il estimait que c'était me persécuter que de persécuter que de persécuter mes fidèles.
Ainsi donc cet amour doit être pur, et c'est avec ce même amour dont vous m'aimez, que vous devez aimer votre prochain. Et tu sais à quoi reconnaître que l'amour est imparfait? Celui-là n'aime pas parfaitement, qui, même en aimant d'un amour spirituel éprouve de la peine et s'afflige, quand la créature qu'il aime ne paraît pas répondre à son amour, ou ne semble pas l'aimer autant qu'il croit aimer lui-même; ou encore, quand il se voit séparé de son intimité et de la consolation qu'il en attendait, ou qu'il sent qu'elle en aime une autre plus que lui. A ces signes et à d'autres encore, l'on peut conclure que l'amour qu'il a pour moi et pour le prochain est encore imparfait. Cet amour il a bien pu le puiser en (215) moi, mais il en a bu la coupe en dehors de la source. L'amour qu'il avait pour moi était encore imparfait, imparfait aussi est l'amour qu'il témoigne à celui qu'il aime d'un amour même spirituel.
Tout cela vient de ce qu'il n'a pas complètement arraché la racine de l'amour-propre spirituel. Souvent je le laisse aux prises avec cet amour, pour qu'ainsi il prenne bien conscience de son imperfection. Je lui retire le sentiment de ma présence, pour qu'il s'enferme dans la maison de la connaissance de soi-même, où il acquérera toute perfection. Puis je reviens à lui, par une lumière plus abondante, par une intelligence si approfondie de ma Vérité, qu'il estime désormais comme une grâce, de pouvoir tuer pour moi sa volonté propre.
Il ne lui reste plus alors qu'à sarcler et à parer la vigne de son âme, à en arracher les épines de ses pensées, à y disposer les pierres des vertus fondées dans le sang du Christ et qu'il a trouvées dans la traversée du Pont qui est le Christ crucifié, mon Fils unique. Je t'ai dit, s'il t'en souvient, que sur le Pont, qui est la doctrine de ma Vérité, étaient ces pierres fondées dans la vertu de son sang, parce que les vertus ne vous donnent la vie, que par l'efficace de son sang."

1973

      Sainte Catherine de Sienne 
(Les dialogues 63 - chapitre XXXIII)

Telle est la voie (208) que suit celui qui désire parvenir à l'amour parfait, je veux dire à l'amour de l'ami et du Fils.
Je dis que l'amour filial est l'amour parfait, parce que c'est à lui que va l'héritage, mon héritage à Moi, Père éternel. Comme l'amour du fils suppose l'amour de l'ami, c'est pour cela que je t'ai dit que c'est l'ami qui devient fils. Comment s'opère donc cette transformation?
Voici. Toute perfection et toute vertu procède de la charité, et la charité se nourrit de l'humilité; l'humilité à son tour dérive de la connaissance et de la sainte haine de soi-même, ou de sa propre sensualité.
Une fois parvenu là, il faut persévérer et continuer à demeurer dans la cellule de la connaissance de soi-même. C'est là que l'âme connaîtra ma miséricorde, par le sang de mon Fils unique. Qu'elle attire sur elle par son amour, ma divine charité; qu'elle s'exerce à extirper toute volonté perverse, soit spirituelle, soit temporelle; qu'elle se cache dans sa maison, pour y pleurer, comme firent Pierre et les autres disciples, après avoir commis la faute de renier mon Fis.
Cependant la douleur de Pierre était encore imparfaite, et elle demeura imparfaite, quarante jours durant, jusqu'après l'Ascension. Mais quand ma Vérité fut retournée vers moi selon son humanité, Pierre et les autres disciples se retirèrent dans leur maison, pour attendre l'avènement de l'Esprit-Saint, que ma Vérité leur avait promis. Ils s'y étaient enfermés par peur, parce que l'âme est (209) toujours en crainte, tant qu'elle n'est pas parvenue au véritable amour (Ac 1,13-14 Jn 20,19 1Jn 4,18). Mais, en persévérant dans les veilles, dans les humbles et continuelles prières, ils reçurent l'abondance de l'Esprit-Saint, et désormais délivrés de toute crainte, ils suivaient et prêchaient le Christ crucifié (Ac 2,14-36).
Ainsi fait l'âme qui veut parvenir à la perfection. Après être sortie du péché mortel et s'être reconnue elle-même telle qu'elle est, elle commence à pleurer, par crainte du châtiment; puis elle s'élève à la considération de ma miséricorde, où elle trouve satisfaction et avantage. Mais elle est, dis-je, toujours imparfaite, et pour l'amener à la perfection, après les quarante jours, c'est-à-dire après ces deux états, je me retire d'elle, non par la grâce, mais par le sentiment.
C'est ce que vous enseigna ma Vérité quand dit à ses disciples: "Je m'en irai et je retournerai vers vous." (Jn 14,3) Tout ce qu'il disait s'adressait en particulier aux disciples, mais aussi généralement et communément à tous les hommes présents et futurs. A ceux donc qui devaient venir il a dit pareillement: "Je m'en irai et je retournerai vers vous." Et ainsi fut fait, puisqu'il retourna ensuite, lors de l'avènement de l'Esprit-Saint. Le Saint-Esprit ne vient pas seul: il vient avec ma puissance et avec la sagesse de mon Fils qui est une même chose avec moi, et avec la clémence de l'Esprit-Saint qui procède de Moi, le Père, et du Fils.
Or, je te le dis, c'est ainsi que j'en agis moi-même. Pour faire sortir l'âme de son imperfection, je me (210) retire d'elle, en la privant de la consolation qu'elle ressentait auparavant. Quand elle était dans l'état du péché mortel, elle s'était séparée de moi, et je l'avais privée de la grâce à cause de sa faute, parce qu'elle m'avait fermé la porte du désir. Le soleil de la grâce avait disparu de cette âme, non de lui-même, mais par le fait de la créature qui lui avait fermé la porte du désir. Mais elle a reconnu ce qu'elle était, elle a pris conscience de ses ténèbres, elle a ouvert sa fenêtre à la lumière et vomi sa souillure par une sainte confusion. Dès lors je suis retourné dans l'âme par ma grâce, et si je me retire aujourd'hui, ce n'est pas ma grâce que je lui enlève, mais la jouissance qu'elle en éprouvait.
Si je le fais, c'est pour l'exercer à me chercher Moi-même en toute vérité, pour l'éprouver à la lumière de la foi et lui apprendre la prudence. Si elle aime avec désintéressement, avec une foi vive, avec la haine d'elle-même, elle est en joie dans le moment même qu'elle souffre, parce qu'elle se juge indigne de la paix et du repos de l'esprit.
Des trois conditions que j'avais promis de t'exposer pour arriver à la perfection, c'est là la seconde. Voilà ce que fait une âme qui y est parvenue. Toute ma conduite envers elle est pour lui faire sentir que, si je me retire d'elle, elle ne doit pas cependant regarder en arrière, mais persévérer avec humilité dans ses exercices, et demeurer enfermée dans la connaissance d'elle-même et de moi, pour attendre avec une foi vive l'avènement du Saint-Esprit, c'est-à-dire Moi-même qui suis (211) le foyer même de la charité. Elle m'attend, non dans l'oisiveté, mais en prière continuelle, et dans les veilles, non seulement dans les veilles corporelles, mais dans les veilles de l'intelligence. Car l'intelligence doit avoir l’œil ouvert et, à la lumière de la foi, veiller, pour arracher du coeur par la haine les vaines pensées, veiller, dans le sentiment de ma charité pour reconnaître que je ne veux rien d'autre que sa sanctification. Tout cela est certain, tout cela est attesté par le sang de mon Fils.
Pendant que l'intelligence se tient ainsi éveillée dans la connaissance d'elle-même et de moi, l'âme, par la disposition d'une bonne et sainte volonté, s'adonnera continuellement à l'oraison. Cette oraison continue ne l'empêche nullement de se livrer à la prière extérieure, dans les temps prescrits et déterminés par l'ordre de la sainte Eglise. Voilà ce que fait l'âme qui se dégage de l'imperfection pour atteindre à la perfection, et c'est pour qu'elle y arrive que je me sépare d'elle, non par la grâce, mais par le sentiment qu'elle en éprouve.
Je me retire d'elle encore pour qu'elle voit et connaisse son péché. En se voyant en effet privée de la consolation, elle en éprouve une peine qui l'afflige, elle se sent faible, incertaine, prête au découragement, et cette expérience lui fait découvrir la racine de l'amour-propre spirituel qui est en elle. Ce lui est un moyen de se connaître, de s'élever au-dessus d'elle-même, de siéger au tribunal de sa conscience, pour ne pas laisser passer ce sentiment (212) sans lui infliger réprimande et correction, en arrachant la racine de l'amour-propre avec le couteau de la haine, avec la haine de cet amour même, par amour de la vertu (213).

1955

      François Cheng (Écrivain et philosophe)
(Émission « La Grande Librairie » France 5- 29 janvier 2020)

« La beauté n’est pas un simple ornement. La beauté c’est un signe par lequel la création nous signifie que la vie a du sens. Avec la présence de la beauté, tout d’un coup, on a compris que l’univers vivant n’est pas une énorme entité neutre et indifférenciée mais qu’il est mû par une intentionnalité ».
« En montant sur la Croix, le Christ a affronté le mal radical au nom de l’amour absolu. Un acte qui tient les deux bouts. L’absolu de son amour ne peut être prouvé que par cet affrontement au mal absolu ». Un amour absolu dont chacun peut trouver des fragments dans son quotidien. « Par-delà les paroles, un regard, un sourire suffisent pour que chacun s’ouvre au mystère de l’autre, au mystère tout autre »,

1921

      saint Augustin 
(La doctrine chrétienne 1, 36, 40)

"Quiconque croit avoir compris les divines Écritures ou l'une de ses parties, sans toutefois réussir, avec ce qu'il a compris, à ériger l'édifice de ce double amour -de Dieu et du prochain-, ne les a pas encore comprises."

1918

      Christiane Singer (1943-2007)
     (Derniers fragments d'un long voyage, éditions Albin Michel, 2007)

« Ma dernière aventure. Deux mois d’une vertigineuse et assez déchirante descente et
Christiane Singer (2007) 
traversée. Avec surtout le mystère de la souffrance. J’ai encore beaucoup de peine à en parler de sang froid. Je veux seulement l’évoquer. Parce que c’est cette souffrance qui m’a abrasée, qui m’a rabotée jusqu’à la transparence. Calcinée jusqu’à la dernière cellule. Et c’est peut-être grâce à cela que j’ai été jetée pour finir dans l’inconcevable.
Il y a eu une nuit surtout où j’ai dérivé dans un espace inconnu. Ce qui est bouleversant c’est que quand tout est détruit, quand il n’y a plus rien, mais vraiment plus rien, il n’y a pas la mort et le vide comme on le croirait, pas du tout. Je vous le jure.

Quand il n’y a plus rien, il n’y a que l’Amour.
Il n’y a plus que l’Amour.
Tous les barrages craquent. C’est la noyade, c’est l’immersion. L’amour n’est pas un sentiment. C’est la substance même de la création. (...)
Au fond, je viens seulement vous apporter cette bonne nouvelle : de l’autre côté du pire t’attend l’Amour. Il n’y a en Vérité rien à craindre. Oui, c’est la bonne nouvelle que je vous apporte. Et puis, il y a autre chose encore.
Avec cette capacité d’aimer – qui s’est agrandie vertigineusement – a grandi la capacité d’accueillir l’Amour... (...) Oser aimer du seul Amour qui mérite ce nom et du seul amour dont la mesure soit acceptable : l’amour exagéré. L’amour démesuré. L’amour immodéré.
Alors, ami-es, entendez ces mots que je vous dis là comme un grand appel à être Vivants, à être dans la joie et à aimer immodérément. »

1909

      Sainte Thérèse d'Avila
     (le "Chateau intérieur")

" A nous, le Seigneur ne demande que deux choses : l’amour de Dieu et l’amour du prochain.
Aimons-nous Dieu ? Nous ne pouvons le savoir, quoiqu’il y ait cependant de grands signes pour en juger. Mais pour ce qui est de reconnaître si nous aimons le prochain, oui, nous le pouvons. Soyez-en certaines, autant vous aurez fait de progrès dans l’amour du prochain, autant vous en aurez fait dans l’amour de Dieu.
L’amour que notre Seigneur nous porte est si grand, qu’en récompense de celui que nous avons pour le prochain, il fait croître de mille manières celui que nous avons pour Lui-même : je n’ai aucun doute là-dessus."
Ste Thérèse d'Avila selon le peintre José de Ribeira (1591-1652)

1867

     Saint Augustin (354-430) 
     (De la Trinité)
"Et qu'on ne demande pas combien d'amour nous devons à un frère et combien à Dieu ; nous en devons incomparablement plus à Dieu qu'à nous, et autant à un frère qu'à nous-mêmes ; mais nous nous aimons d'autant plus nous-mêmes que nous aimons Dieu davantage. C'est donc par un seul et même amour que nous aimons Dieu et le prochain ; mais nous aimons Dieu pour Dieu, et nous-mêmes et le prochain pour Dieu." 

1866

     Sainte Catherine de Sienne (1347-1380) 
     (Lettre à Raymond de Capoue)
" Se voyant tant aimée, l'âme ne peut s'empêcher d'aimer aussi. Et alors l'âme devient parfaite ; car ce qu'elle aime, elle l'aime pour Dieu et elle n'aime rien hors de Lui ; et elle devient ainsi un autre Lui-même par ce désir, car elle n'a pas d'autre volonté que celle de Dieu." 

1865

     Guillaume de Saint Thierry (1085-1148) moine cistercien
     (Lettre aux frères du Mont Dieu, 258-259)
« Voici toute la perfection des saints : la ressemblance divine. Or, refuser d’être parfait, c’est faillir. C’est pourquoi il faut sans cesse, en vue de cette perfection, entretenir la volonté, cultiver l’amour ; empêcher la volonté de se disperser sur des réalités étrangères ; veiller sur l’amour, de peur qu’il ne se flétrisse. C’est pour cela seul que nous avons été créés et que nous vivons : pour être semblables à Dieu car c’est à l’image de Dieu que nous avons été créés (cf. Gn 1,26). »

1864

     Guillaume de Saint Thierry (1085-1148) moine cistercien
     (De la contemplation de Dieu)
"Tu t'aimes encore Toi-même en nous, quand Tu envoies dans nos cœurs l'Esprit de ton Fils, qui, par la douceur de l'amour, par la véhémence de la bonne volonté que Tu nous inspires, crie : "Abba, Père ! " Ainsi, Tu fais de nous ceux qui t'aiment ; bien mieux, ainsi Tu t'aimes toi-même en nous." 

1863

     Saint François de Sales (1567-1622)
     (Traité de l'amour de Dieu)
"L'amour est la vie de notre coeur ; et comme le contrepoids donne le mouvement à toutes les pièces mobiles d'une horloge, aussi l'amour donne à l'âme tous les mouvements qu'elle a. Toutes nos affections suivent notre amour, et c'est en fonction de lui que nous désirons, que nous nous délectons, que nous espérons et désespérons, que nous craignons, que nous nous encourageons, que nous haïssons, nous fuyons, nous nous attristons, nous entrons en colère, nous triomphons." 

1846

     Saint Basile de Césarée
"Dans la nature même de l’homme se trouve inséré un germe qui contient en lui cette aptitude à aimer" 

1844

     Jean Guilhem Xerri 
(livre (Re)vivez de l'intérieur - Cerf)
« Ce mouvement favorable vers/pour l’autre (qu’ils appellent charité) correspond à une disposition naturelle de l’homme. Donc ne pas l’exercer, c’est se mettre en déséquilibre intérieur »

1820

     Saint François de Sales (1567-1622)
(Lettre du 16 janvier 1603)
"Ayant une générale et universelle résolution de servir Dieu de la meilleure façon que vous le pourrez, ne vous amusant pas à examiner et éplucher subtilement quelle est la meilleure façon. Vous savez que Dieu veut qu'on le serve en l'aimant par-dessus tout, et notre prochain comme nous-mêmes : cela suffit, il faut le faire à la bonne foi, sans finesse ni subtilité, comme on le peut en ce monde, où la perfection ne réside pas ; à l'humaine selon le temps, en attendant un jour de le faire à l'angélique et selon l'éternité. L'empressement, l'agitation du dessein n'y sert à rien : le désir en est bon, mais qu'il soit sans agitation."

1755 

     René Papin (1620-1687)
       (L"Esprit du Christianisme)
"Les païens aiment ceux qui les aiment, et ceux qui ont des qualités dignes d'être aimées. Qu'est-ce donc qu'aimer en chrétien ? c'est aimer sans écouter la nature, qui veut qu'on aime son semblable ; c'est aimer même sans consulter la raison, qui veut qu'on aime ce qui est digne d'être aimé. La nature ni la raison n'entendent point ce secret, il faut que l'Évangile parle, et c'est à Jésus-Christ à l'enseigner : aimer en chrétien, c'est aimer ce qui n'a rien d'aimable, c'est avoir de la douceur et de la tendresse envers ceux qui n'ont pour nous que de l'aigreur et de la dureté, c'est enfin vouloir du bien à ceux qui ne nous veulent que du mal. 

1741

     Saint Cyprien de Carthage (200-258)
(sur l'Oraison dominicale)
"Le Seigneur nous ordonne d'aimer nos ennemis et de prier même pour nos persécuteurs. Dociles à cet ordre, nous demandons pour ces hommes encore terrestres, parce qu'ils ne sont pas illuminés par la grâce, que la volonté de Dieu s'accomplisse en eux : cette volonté que le Christ a si bien exécutée, en conservant l'homme et en le rétablissant dans tous ses droits. De même que la volonté de Dieu a triomphé dans le ciel, c'est-à-dire en nous, pour nous transformer par la foi en hommes célestes, nous demandons que cette même volonté triomphe sur la terre, c'est à dire dans les âmes infidèles, afin que ces âmes, terrestres par leur première naissance, deviennent célestes par leur régénération." 

1722

     Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)
        (Abbesse bénédictine du XIIe siècle)
"Aussi longtemps qu’un être humain ne se rencontre pas lui-même dans le regard et dans le cœur de ses semblables, il est en train de fuir. Aussi longtemps qu’il n’admet pas que ses semblables prennent part à sa vie la plus profonde, il n’y a pas de sécurité affective. Aussi longtemps qu’il craint d’être pénétré par le regard des autres, il ne peut pas se reconnaître, ni reconnaître ses semblables... il restera donc seul. Car tout est relié à tout."
tableau du peintre Vladimir Dunjic


Jésus disait à ses disciples : "Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai Aimés." (Jn 15, 12)