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        Pape François
       (Message pour la journée mondiale de prière pour les vocations du 3 mai 2020)
« Je désire que l'Eglise parcoure ce chemin au service des vocations, en ouvrant des brèches dans le cœur de chaque fidèle, pour que chacun puisse découvrir avec gratitude l'appel que Dieu lui adresse, trouver le courage de dire "oui", vaincre la fatigue dans la foi au Christ et, enfin, offrir sa vie comme un cantique de louange pour Dieu, pour les frères et pour le monde entier. Que la Vierge Marie nous accompagne et intercède pour nous. » 

2442

        Pape François
       (Audience Générale du 29 avril 2020 - témoignage et persécution - catéchèse sur la Béatitude : « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux »)
Chers frères et soeurs, bonjour !
Avec l’audience d’aujourd’hui, nous concluons le parcours sur les Béatitudes évangéliques. Comme nous l’avons entendu, la dernière proclame la joie eschatologique de ceux qui sont persécutés pour la justice.
Cette béatitude annonce le même bonheur que la première : le Royaume des Cieux appartient aux persécutés, comme aux pauvres en esprit ; ainsi nous comprenons que nous sommes parvenus au terme d’un parcours unitaire qui s’est déroulé dans les annonces précédentes.
La pauvreté en esprit, les pleurs, la douceur, la soif de sainteté, la miséricorde, la purification du coeur et les oeuvres de paix peuvent conduire à la persécution à cause du Christ, mais cette persécution est finalement cause de joie et de grande récompense dans les cieux. Le sentier des Béatitudes est un chemin pascal qui conduit d’une vie selon le monde à une vie selon Dieu, d’une existence guidée par la chair – c’est-à-dire par l’égoïsme – à une existence guidée par l’Esprit.
Le monde, avec ses idoles, ses compromis et ses priorités, ne peut approuver ce type d’existence. Les « structures de péché » (1), souvent produites par la mentalité humaine, si étrangères à l’Esprit de vérité que le monde ne peut pas recevoir (cf. Jn 14,17), ne peuvent que refuser la pauvreté ou la douceur ou la pureté et déclarer que la vie selon l’Évangile est une erreur et un problème, par conséquent quelque chose qu’il faut marginaliser. Le monde pense ceci : « Ce sont des idéalistes ou des fanatiques… ». C’est ce qu’ils pensent.
Si le monde vit en fonction de l’argent, quiconque démontre que la vie peut se réaliser dans le don et dans le renoncement devient une gêne pour le système de l’avidité. Ce mot « gêne » est un mot-clé, parce que le seul témoignage chrétien, qui fait tant de bien à tant de monde qui le suit, gêne ceux qui ont une mentalité mondaine. Ils vivent cela comme un reproche. Quand apparaît la sainteté et qu’émerge la vie des enfants de Dieu, il y a dans cette beauté quelque chose qui dérange et qui invite à une prise de position : soit accepter de se remettre en cause et de s’ouvrir au bien soit refuser cette lumière et endurcir son coeur, y compris jusqu’à l’opposition et l’acharnement (cf. Sg 2, 14-15). C’est curieux, il est frappant de voir combien, dans les persécutions des martyrs, l’hostilité grandit jusqu’à l’acharnement. Il suffit de voir les persécutions du siècle dernier, des dictatures européennes : comment on en arrive à l’acharnement contre les chrétiens et contre l’héroïcité des chrétiens.
Mais cela montre que le drame de la persécution est aussi le lieu de la libération de l’assujettissement au succès, à la vaine gloire et aux compromis du monde. De quoi se réjouit celui qui est refusé par le monde à cause du Christ ? Il se réjouit d’avoir trouvé quelque chose qui vaut plus que le monde entier. « Quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier si c’est au prix de sa vie ? » (Mc 8,36). Quel avantage y a-t-il ?
Il est douloureux de se souvenir qu’en ce moment de nombreux chrétiens subissent des persécutions dans différentes zones du monde et nous devons espérer et prier afin que soit mis fin à leur tribulation le plus tôt possible. Ils sont nombreux : les martyrs d’aujourd’hui sont plus nombreux que ceux des premiers siècles. Exprimons notre proximité à ces frères et soeurs : nous sommes un unique corps et ces chrétiens sont les membres sanglants du corps du Christ qu’est l’Église.
Mais nous devons rester attentifs à ne pas lire non plus cette béatitude dans une perspective victimiste, d’auto-commisération. En effet, le mépris des hommes n’est pas toujours synonyme de persécution : justement, peu de temps après, Jésus dit que les chrétiens sont le « sel de la terre », et il met en garde contre le danger de « perdre sa saveur », sinon le sel « ne vaut plus rien : on le jette dehors et il est piétiné par les gens » (Mt 5,13). Il y a donc également un mépris qui vient de notre faute, quand nous perdons la saveur du Christ et de l’Évangile.
Il faut être fidèles à l’humble sentier des Béatitudes, parce c’est celui qui conduit à appartenir au Christ et non au monde. Cela vaut la peine de se souvenir du parcours de saint Paul : quand il pensait être un juste, en fait, il était un persécuteur, mais quand il a découvert qu’il était un persécuteur, il est devenu un homme d’amour, affrontant joyeusement les souffrances de la persécution qu’il subissait (cf. Col 1,24).
L’exclusion et la persécution, si Dieu nous en accorde la grâce, nous font ressembler au Christ crucifié et, en nous associant à sa passion, elles sont la manifestation de la vie nouvelle. Cette vie est celle du Christ qui, pour nous les hommes et pour notre salut, fut « méprisé et rejeté par les hommes » (cf. Is 53,3 ; Ac 8, 30-35). Accueillir son Esprit peut nous conduire à avoir assez d’amour dans le cœur pour offrir sa vie pour le monde, sans faire de compromis avec ses mensonges et en acceptant qu’il nous refuse. Les compromis avec le monde sont le danger : le chrétien est toujours tenté de faire des compromis avec le monde, avec l’esprit du monde. Cette vie – refuser les compromis et emprunter la route de Jésus-Christ – est la vie du Royaume des Cieux, la plus grande joie, la véritable allégresse. Et ensuite, dans les persécutions, il y a toujours la présence de Jésus qui nous accompagne, la présence de Jésus qui nous console et la force de l’Esprit qui nous aide à aller de l’avant. Ne nous décourageons pas quand une vie cohérente avec l’Évangile attire les persécutions des gens : l’Esprit est là qui nous soutient, sur ce chemin.
(1) Cf. Discours aux participants au séminaire : « Nouvelles formes de fraternité solidaire, d’inclusion, d’intégration et d’innovation », 5 février 2020 : « L’idolâtrie de l’argent, l’avidité, la corruption, sont toutes des « structures de péché » – comme les définissait Jean-Paul II – produites par la « mondialisation de l’indifférence ». 
pape François, lors de l'Audience Générale du 29 avril 2020

2439 

        pape François
       (Extrait de son homélie du 2 mai 2020 en la chapelle sainte Marthe)
« Un moment de crise est un moment de choix, c'est un moment qui nous met devant les décisions que nous devons prendre : nous avons tous eu et aurons des moments de crise dans la vie. Crises familiales, crises matrimoniales, crises sociales, crises du travail, nombreuses crises... Cette pandémie est aussi un moment de crise sociale.
Comment réagir dans ce moment de crise? «À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner». Jésus prend la décision d'interroger les apôtres. «Alors Jésus dit aux Douze: “Voulez-vous partir, vous aussi ? Prenez une décision”». Et Pierre fait sa deuxième confession: «Simon-Pierre lui répondit: “Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.
Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu”». Pierre a confessé, au nom des Douze, que Jésus est le Saint de Dieu, le Fils de Dieu. La première confession: «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant», et immédiatement après, lorsque Jésus a commencé à expliquer Sa Passion à venir, il l'a arrêté: «Non, non, Seigneur, pas ça !», et Jésus lui a fait des reproches. Mais Pierre a un peu mûri et ici, il ne fait pas de reproches. Il ne comprend pas ce que dit Jésus, ce «mangez ma Chair, buvez mon Sang»: il ne comprend pas. Mais il fait confiance au Maître. Il lui fait confiance. Et il fait cette deuxième confession : «Mais à qui irions-nous, Tu as les paroles de vie éternelle».

Cela nous aide tous à traverser la crise. Dans mon pays, il y a un dicton qui dit :
"Quand tu montes à cheval et que tu dois traverser une rivière, s'il te plaît, ne change pas de cheval au milieu de la rivière".
En temps de crise, être très ferme dans la foi. Ceux qui sont partis, ils ont changé de chevaux, ils ont cherché un autre maître qui n'était pas si rude, comme ils lui disaient. Dans les moments de crise, il y a de la persévérance, le silence; demeurer là où nous sommes, toujours. Ce n'est pas le moment de faire des changements. C'est le moment de la fidélité, de la fidélité à Dieu, de la fidélité aux choses que nous avons prises auparavant; c'est aussi le moment de la conversion parce que cette fidélité nous inspirera à faire quelques changements pour le bien, à ne pas nous éloigner du bien. »  
pape François, photo prise un jour d'avril 2020...

2437

        Pape François
       (Lettre du Saint-Père à tous les fidèles pour le mois de mai 2020 - prier le chapelet à la maison)
Chers frères et sœurs, 
Le mois de mai est maintenant proche, un mois au cours duquel le peuple de Dieu exprime avec une intensité particulière son amour et sa dévotion à la Vierge Marie. Il est de tradition, durant ce mois, de prier le chapelet à la maison, en famille. Une dimension, la dimension domestique, que les restrictions de la pandémie nous ont "forcés" à valoriser, également du point de vue spirituel.
C'est pourquoi j'ai pensé à proposer à chacun de redécouvrir la beauté de la prière du chapelet chez soi au mois de mai. Vous pouvez le faire ensemble, ou personnellement ; choisissez vous-mêmes, en fonction de la situation, en considérant les deux possibilités. Mais dans chaque cas, il y a un secret pour le faire: la simplicité ; et il est facile de trouver, même sur Internet, de bons modèles de prière à suivre.
Je vous offre également les textes de deux prières à la Sainte Vierge, que vous pouvez réciter à la fin du Rosaire, et que je réciterai moi-même au mois de mai, spirituellement uni à vous. Je les joins à cette lettre afin qu'ils soient mis à la disposition de tous.
Chers frères et sœurs, contempler ensemble le visage du Christ avec le cœur de Marie, notre Mère, nous rendra encore plus unis en tant que famille spirituelle et nous aidera à surmonter cette épreuve. Je prierai pour vous, surtout pour les plus souffrants, et vous, s'il vous plaît, priez pour moi. Je vous remercie et de tout mon cœur je vous bénis. 
Rome, Saint Jean de Latran, 25 avril 2020
en la Fête de saint Marc, évangéliste
La première prière proposée par le Pape François
Ô Marie,
Tu brilles toujours sur notre chemin comme un signe de salut et d'espoir.
Nous nous confions à toi, Santé des malades, qui auprès de la Croix, a été associée à la douleur de Jésus, en restant ferme dans la foi.
Toi, Salut du peuple romain, tu sais de quoi nous avons besoin et nous sommes sûrs que tu y pourvoieras pour que, comme à Cana de Galilée, la joie et la fête reviennent après cette épreuve.
Aide-nous, Mère de l'amour divin, à nous conformer à la volonté du Père et à faire ce que nous dira Jésus, qui a pris sur lui nos souffrances et s’est chargé de nos douleurs pour nous conduire à travers la Croix, à la joie de la résurrection. Amen.
Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu.
Ne méprise pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais de tous les dangers délivre-nous toujours, Vierge glorieuse et bénie.
La seconde prière proposée par le Pape François
«Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu.»
Dans la situation dramatique actuelle, chargée de souffrances et d'angoisses qui tourmentent le monde entier, nous avons recours à Toi, Mère de Dieu et notre Mère, et nous cherchons refuge sous Ta protection.
Ô Vierge Marie, tourne vers nous tes yeux miséricordieux en cette pandémie de coronavirus, et réconforte tous ceux qui sont perdus et pleurent leurs proches décédés, parfois enterrés d'une manière qui blesse l'âme. Soutiens ceux qui sont inquiets pour les personnes malades auprès desquelles ils ne peuvent se rendre, pour éviter la contagion. Inspire confiance à ceux qui sont dans l'angoisse en raison d'un avenir incertain et des conséquences pour l'économie et le travail.
Mère de Dieu et notre Mère, implore pour nous de la part de Dieu, Père de miséricorde, que cette dure épreuve se termine et qu'un horizon d'espoir et de paix revienne. Comme à Cana, interviens auprès de ton Divin Fils, en lui demandant de réconforter les familles des malades et des victimes, et d'ouvrir leur cœur à la confiance.
Protège les médecins, les infirmières, les travailleurs de la santé, les bénévoles qui, en cette période d'urgence, sont en première ligne et mettent leur vie en danger pour sauver d'autres vies. Accompagne leurs efforts héroïques et donne leur force, bonté et santé.
Sois proche de ceux qui s'occupent jour et nuit des malades, et des prêtres qui, avec une sollicitude pastorale et un engagement évangélique, cherchent à aider et à soutenir chacun.
Vierge Sainte, éclaire l'esprit des hommes et des femmes de science, afin qu'ils trouvent les solutions justes pour vaincre ce virus.
Aide les dirigeants des nations afin qu'ils puissent travailler avec sagesse, sollicitude et générosité, en aidant ceux qui manquent du nécessaire pour vivre, en planifiant des solutions sociales et économiques avec prévoyance et dans un esprit de solidarité.
Très Sainte Marie, touche les consciences afin que les sommes énormes utilisées pour augmenter et perfectionner les armements soient plutôt utilisées pour promouvoir des études appropriées afin d'éviter des catastrophes similaires à l'avenir.
Mère bien-aimée, fais naître dans le monde un sentiment d'appartenance à une grande famille, dans la conscience du lien qui unit tous les hommes, afin qu'avec un esprit fraternel et solidaire nous venions en aide aux nombreuses pauvretés et situations de misère. Encourage la fermeté dans la foi, la persévérance dans le service, la constance dans la prière.
O Marie, consolatrice des affligés, embrasse tous tes enfants dans la tribulation et obtiens que Dieu intervienne de sa main toute-puissante pour nous libérer de cette terrible épidémie, afin que la vie puisse reprendre son cours normal dans la sérénité.
Nous nous confions à Toi, qui brille sur notre chemin comme un signe de salut et d'espérance, ô miséricordieuse, ô pieuse, ô douce Vierge Marie. Amen.

2436

        Pape François
       (deux prières du pape François à la Vierge Marie pour demander la fin de la pandémie)
La première prière proposée par le Pape François
Ô Marie,
Tu brilles toujours sur notre chemin comme un signe de salut et d'espoir.
Nous nous confions à toi, Santé des malades, qui auprès de la Croix, a été associée à la douleur de Jésus, en restant ferme dans la foi.
Toi, Salut du peuple romain, tu sais de quoi nous avons besoin et nous sommes sûrs que tu y pourvoiras pour que, comme à Cana de Galilée, la joie et la fête reviennent après cette épreuve.
Aide-nous, Mère de l'amour divin, à nous conformer à la volonté du Père et à faire ce que nous dira Jésus, qui a pris sur lui nos souffrances et s’est chargé de nos douleurs pour nous conduire à travers la Croix, à la joie de la résurrection. Amen.
Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu.
Ne méprise pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais de tous les dangers délivre-nous toujours, Vierge glorieuse et bénie.
La seconde prière proposée par le Pape François
«Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu.»
Dans la situation dramatique actuelle, chargée de souffrances et d'angoisses qui tourmentent le monde entier, nous avons recours à Toi, Mère de Dieu et notre Mère, et nous cherchons refuge sous Ta protection. 
Ô Vierge Marie, tourne vers nous tes yeux miséricordieux en cette pandémie de coronavirus, et réconforte tous ceux qui sont perdus et pleurent leurs proches décédés, parfois enterrés d'une manière qui blesse l'âme. Soutiens ceux qui sont inquiets pour les personnes malades auprès desquelles ils ne peuvent se rendre, pour éviter la contagion. Inspire confiance à ceux qui sont dans l'angoisse en raison d'un avenir incertain et des conséquences pour l'économie et le travail. 
Mère de Dieu et notre Mère, implore pour nous de la part de Dieu, Père de miséricorde, que cette dure épreuve se termine et qu'un horizon d'espoir et de paix revienne. Comme à Cana, interviens auprès de ton Divin Fils, en lui demandant de réconforter les familles des malades et des victimes, et d'ouvrir leur cœur à la confiance. 
Protège les médecins, les infirmières, les travailleurs de la santé, les bénévoles qui, en cette période d'urgence, sont en première ligne et mettent leur vie en danger pour sauver d'autres vies. Accompagne leurs efforts héroïques et donne leur force, bonté et santé.
Sois proche de ceux qui s'occupent jour et nuit des malades, et des prêtres qui, avec une sollicitude pastorale et un engagement évangélique, cherchent à aider et à soutenir chacun. 
Vierge Sainte, éclaire l'esprit des hommes et des femmes de science, afin qu'ils trouvent les solutions justes pour vaincre ce virus.
Aide les dirigeants des nations afin qu'ils puissent travailler avec sagesse, sollicitude et générosité, en aidant ceux qui manquent du nécessaire pour vivre, en planifiant des solutions sociales et économiques avec prévoyance et dans un esprit de solidarité.
Très Sainte Marie, touche les consciences afin que les sommes énormes utilisées pour augmenter et perfectionner les armements soient plutôt utilisées pour promouvoir des études appropriées afin d'éviter des catastrophes similaires à l'avenir. 
Mère bien-aimée, fais naître dans le monde un sentiment d'appartenance à une grande famille, dans la conscience du lien qui unit tous les hommes, afin qu'avec un esprit fraternel et solidaire nous venions en aide aux nombreuses pauvretés et situations de misère. Encourage la fermeté dans la foi, la persévérance dans le service, la constance dans la prière. 
O Marie, consolatrice des affligés, embrasse tous tes enfants dans la tribulation et obtiens que Dieu intervienne de sa main toute-puissante pour nous libérer de cette terrible épidémie, afin que la vie puisse reprendre son cours normal dans la sérénité.
Nous nous confions à Toi, qui brille sur notre chemin comme un signe de salut et d'espérance, ô miséricordieuse, ô pieuse, ô douce Vierge Marie. Amen.
pape François priant devant une Icône de la Vierge Marie -©2020

2433

        Pape François
       (Homélie du 22 avril 2020, en la chapelle Sainte Marthe - Dialogue entre Jésus et Nicodème)
Ce passage de l’Évangile de Jean, chapitre 3 (cf. Jn 3,16-21), le dialogue entre Jésus et Nicodème, est un véritable traité de théologie : tout est là. Le kérygme, la catéchèse, la réflexion théologique, la parénèse… tout y est, dans ce chapitre. Et chaque fois que nous le lisons, nous rencontrons davantage de richesse, d’explications, de choses qui nous font comprendre la révélation de Dieu. Ce serait beau de le lire plusieurs fois, pour s’approcher du mystère de la Rédemption. Aujourd’hui, je prendrai seulement deux points sur l’ensemble, deux points qui sont dans le passage de ce jour.

Le premier est la révélation de l’amour de Dieu. Dieu nous aime et il nous aime, comme le dit un saint, à la folie : l’amour de Dieu semble une folie. Il nous aime : « il a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3,16). Il a donné son Fils, il a envoyé son Fils et l’a envoyé mourir sur la croix. Chaque fois que nous regardons le crucifix, nous trouvons cet amour. Le crucifix est vraiment le grand livre de l’amour de Dieu. Ce n’est pas un objet à mettre ici ou là, plus beau, pas très beau, plus ancien, plus moderne… non. C’est l’expression de l’amour de Dieu. Dieu nous a aimés ainsi : il a envoyé son Fils, qui s’est anéanti jusqu’à la mort sur la croix par amour. « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils » (cf. v.16).

Un grand nombre de personnes, de chrétiens passent leur temps à regarder le crucifix… et là, ils trouvent tout, parce qu’ils ont compris, l’Esprit Saint leur a fait comprendre qu’il y a là toute la science, tout l’amour de Dieu, toute la sagesse chrétienne. Paul en parle, il explique que tous les raisonnements humains qu’il fait servent jusqu’à un certain point, mais le vrai raisonnement, la façon la plus belle de penser, mais aussi qui explique tout est la croix du Christ, c’est le « Christ crucifié qui est un scandale » (cf. 1 Cor 1,23) et une folie, mais c’est la voie. Et c’est cela l’amour de Dieu. Dieu « a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3,16). Et pourquoi ? « Afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle » (v.3,16). L’amour du Père qui veut ses enfants avec lui.

Regarder le crucifix en silence, regarder les plaies, regarder le cœur de Jésus, regarder l’ensemble : le Christ crucifié, le Fils de Dieu, anéanti, humilié… par amour. C’est le premier point que nous montre aujourd’hui ce traité de théologie qu’est le dialogue de Jésus avec Nicodème.

Le second point est un point qui nous aidera aussi : « La lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises » (Jn 3,19). Jésus reprend aussi cela sur la lumière. Il y a des personnes – nous aussi, parfois – qui ne peuvent pas vivre dans la lumière parce qu’elles sont habituées aux ténèbres. La lumière les aveugle, elles sont incapables de voir. Ce sont des chauves-souris humaines : elle ne savent se déplacer que la nuit. Et nous aussi, quand nous sommes dans le péché, nous sommes dans cet état : nous ne tolérons pas la lumière. Il est plus commode pour nous de vivre dans les ténèbres ; la lumière nous gifle, elle nous montre ce que nous ne voulons pas voir. Mais le pire, c’est que les yeux, les yeux de l’âme, à force de vivre dans les ténèbres, s’habituent à tel point qu’ils finissent par ignorer ce qu’est la lumière. Perdre le sens de la lumière, parce que je m’habitue davantage aux ténèbres. Et tant de scandales humains, tant de corruption, nous signalent cela. Les corrompus ne savent pas ce qu’est la lumière, ils ne connaissent pas. Nous aussi, quand nous sommes en état de péché, en état d’éloignement du Seigneur, nous devenons aveugles et nous nous sentons mieux dans les ténèbres et nous avançons ainsi, sans voir, comme les aveugles, en nous déplaçant comme nous pouvons.

Laissons l’amour de Dieu, que Jésus a envoyé pour nous sauver, entrer en nous et « la lumière qu’apporte Jésus » (cf. v.19), la lumière de l’Esprit entrer en nous et nous aider à voir les choses dans la lumière de Dieu, dans la vraie lumière et non dans les ténèbres que nous donne le seigneur des ténèbres.

Deux points aujourd’hui : l’amour de Dieu dans le Christ, dans le crucifié, dans le quotidien. Et la question quotidienne que nous pouvons nous poser : « Est-ce que je marche dans la lumière ou dans les ténèbres ? Suis-je enfant de Dieu ou ai-je fini par devenir une pauvre chauve-souris ? ».


2425

        pape François
         ( Homélie du 21 avril 2020, à sainte Marthe - sur l'écoute, les divisions dans une communauté)
« Naître d’en haut » (Jn 3,7), c’est naître avec la force de l’Esprit Saint. Nous ne pouvons pas prendre l’Esprit Saint pour nous ; nous pouvons seulement le laisser nous transformer. Et notre docilité ouvre la porte à l’Esprit Saint : c’est lui qui fait le changement, la transformation, cette renaissance d’en haut. C’est la promesse de Jésus d’envoyer l’Esprit Saint (cf. Ac 1,8). L’Esprit Saint est capable de faire des merveilles, des choses que nous ne pouvons même pas imaginer.
Cette première communauté chrétienne en est un exemple ; ce n’est pas de l’imagination, ce qu’on nous dit ici : c’est un modèle, auquel on peut arriver avec de la docilité et en laissant entrer l’Esprit Saint qui nous transforme. Une communauté – disons-le ainsi – « idéale ». Il est vrai qu’aussitôt après cela, des problèmes vont commencer, mais le Seigneur nous montre jusqu’où nous pourrions arriver si nous sommes ouverts à l’Esprit Saint, si nous sommes dociles. Dans cette communauté, il y a l’harmonie (cf. Ac 4,32-37). L’Esprit Saint est le maître de l’harmonie, il est capable de la faire et il l’a faite ici. Il doit la faire dans notre coeur, il doit changer beaucoup de choses en nous, mais faire l’harmonie : parce qu’il est lui-même l’harmonie. Et aussi l’harmonie entre le Père et le Fils : il est l’amour d’harmonie. Et avec l’harmonie, il crée ces choses, comme cette communauté si harmonieuse. Mais ensuite, l’histoire – ce même Livre des Actes des apôtres – nous parle de beaucoup de problèmes dans la communauté. C’est un modèle : le Seigneur a permis ce modèle d’une communauté presque « céleste », pour nous montrer où nous devrions arriver.
Mais ensuite commencent les divisions dans la communauté. Au second chapitre de sa Lettre, l’apôtre Jacques dit : « dans votre foi… n’ayez aucune partialité envers les personnes » (Jc 2,1) : parce qu’il y en avait ! « Ne faites pas de différences » : les apôtres doivent sortir pour avertir. Et dans la première Lettre aux Corinthiens, au chapitre 11, Paul se plaint : « J’entends dire que, parmi vous, il y a des divisions » (cf. 1 Cor 11,18) : il commence à y avoir des divisions internes dans les communautés. Il faut arriver à cet « idéal », mais ce n’est pas facile : il y a beaucoup de choses qui divisent une communauté, que ce soit une communauté chrétienne paroissiale ou diocésaine, ou de prêtres, ou de religieux ou religieuses… beaucoup de choses entrent pour diviser la communauté.
En voyant quelles sont les choses qui ont divisé les premières communautés chrétiennes, j’en trouve trois : d’abord, l’argent. Quand l’apôtre Jacques dit cela, de ne pas être partial entre les personnes, il donne un exemple : parce que « si, dans votre assemblée, arrive un homme portant une bague en or, aussitôt vous le conduisez devant et le pauvre, vous le laissez de côté » (cf. Jc 2,2). L’argent. Paul dit aussi la même chose : « Les riches apportent leur repas et mangent, eux, et les pauvres, debout » (cf. 1 Cor 11,20-22), nous les laissons là comme si nous leur disions : « Débrouille-toi comme tu peux ». L’argent divise, l’amour de l’argent divise la communauté, divise l’Église.
Très souvent, dans l’histoire de l’Église, là où il y a des déviations doctrinales – pas toujours, mais très souvent – derrière, il y a l’argent : l’argent du pouvoir, qu’il s’agisse du pouvoir politique ou d’argent liquide, mais l’argent. L’argent divise la communauté. C’est pourquoi la pauvreté est la mère de la communauté, la pauvreté est le mur qui garde la communauté. L’argent divise, l’intérêt personnel. Y compris dans les familles : combien de familles ont fini divisées pour une question d’héritage ? Combien de familles ? Et on ne se parle plus… Combien de familles… Un héritage. Cela divise : l’argent divise.
Autre chose qui divise une communauté : la vanité, cette volonté de se sentir meilleur que les autres. « Je te remercie, Seigneur, parce que je ne suis pas comme les autres » (cf. Lc 18,11), la prière du pharisien. La vanité, sentir que je… Et aussi la vanité de me faire voir, la vanité dans les habitudes, dans la manière de s’habiller : bien souvent – pas toujours, mais bien souvent – la célébration d’un sacrement est un exemple de vanité, celui qui s’y rend le mieux habillé, celui qui fait ceci, et cet autre… La vanité… pour la fête la plus grande… La vanité entre aussi là-dedans. Et la vanité divise. Parce que la vanité te pousse à faire le paon et là où il y a un paon, il y a la division, toujours.
Une troisième chose qui divise une communauté, ce sont les cancans : ce n’est pas la première fois que je le dis, mais c’est la réalité. C’est la réalité. Cette chose que le diable met en nous, comme un besoin de dire du mal des autres. « Mais quelle bonne personne !… – Oui, oui, mais… » : aussitôt le « mais » : c’est une pierre pour disqualifier l’autre et aussitôt je dis quelque chose que j’ai entendu, et ainsi j’abaisse un peu l’autre.
Mais l’Esprit vient toujours avec sa force pour nous sauver de cette mondanité de l’argent, de la vanité et des cancans, parce que l’Esprit n’est pas le monde : il est contre le monde. Il est capable de faire ces miracles, ces grandes choses.
Demandons au Seigneur cette docilité à l’Esprit pour qu’il nous transforme et transforme nos communautés, nos communautés paroissiales, diocésaines ou religieuses : qu’il les transforme, pour que nous avancions toujours dans l’harmonie que veut Jésus pour la communauté chrétienne.

2420

        pape François
         ( Homélie du 19 avril 2020 - 2ème Dimanche de Pâques - Dimanche de la Miséricorde Thomas/ la miséricorde)
Dimanche dernier, nous avons célébré la résurrection du Maître. Aujourd’hui, nous assistons à la résurrection du disciple. Une semaine s’est écoulée, une semaine que les disciples, bien qu’ayant vu le Ressuscité, ont passée dans la peur, « les portes verrouillées » (Jn 20, 26), sans même réussir à convaincre de la résurrection l’unique absent, Thomas. Que fait Jésus face à cette incrédulité craintive ? Il revient, il se met dans la même position, « au milieu » des disciples et répète la même salutation : « La paix soit avec vous !» (Jn 20, 19.26). Il recommence tout depuis le début. 
La résurrection du disciple commence ici, à partir de cette miséricorde fidèle et patiente, à partir de la découverte que Dieu ne se lasse pas de nous tendre la main pour nous relever de nos chutes. Il veut que nous le voyions ainsi : non pas comme un patron à qui nous devons rendre des comptes, mais comme notre Papa qui nous relève toujours. Dans la vie, nous avançons à tâtons, comme un enfant qui commence à marcher mais qui tombe. Quelques pas et il tombe encore ; il tombe et retombe, et chaque fois le papa le relève. La main qui nous relève est toujours la miséricorde : Dieu sait que sans miséricorde, nous restons à terre, que pour marcher, nous avons besoin d’être remis debout. Et tu peux objecter : ‘‘Mais je ne cesse jamais de tomber !’’. Le Seigneur le sait et il est toujours prêt à te relever. Il ne veut pas que nous repensions sans arrêt à nos chutes, mais que nous le regardions lui qui, dans les chutes, voit des enfants à relever, dans les misères voit des enfants à aimer avec miséricorde. 
Aujourd’hui, dans cette église devenue sanctuaire de la miséricorde à Rome, en ce dimanche que saint Jean-Paul II a consacré à la Miséricorde Divine il y a vingt ans, accueillons avec confiance ce message. Jésus a dit à sainte Faustine : « Je suis l’amour et la miséricorde même ; il n’est pas de misère qui puisse se mesurer avec ma miséricorde » (Journal, 14 septembre 1937). Une fois, la Sainte a dit à Jésus, avec satisfaction, d’avoir offert toute sa vie, tout ce qu’elle possédait. Mais la réponse de Jésus l’a bouleversée : « Tu ne m’as pas offert ce qui t’appartient vraiment ». Qu’est-ce que cette sainte religieuse avait gardé pour elle ? Jésus « lui dit avec douceur » : ‘‘Ma fille, donne-moi ta misère’’ » (10 octobre 1937). Nous aussi, nous pouvons nous demander : ‘‘Ai-je donné ma misère au Seigneur ? Lui ai-je montré mes chutes afin qu’il me relève ?’’ Ou alors il y a quelque chose que je garde encore pour moi ? Un péché, un remords concernant le passé, une blessure que j’ai en moi, une rancœur envers quelqu’un, une idée sur une certaine personne… Le Seigneur attend que nous lui apportions nos misères, pour nous faire découvrir sa miséricorde. 
Revenons aux disciples ! Ils avaient abandonné le Seigneur durant la passion et ils se sentaient coupables. Mais Jésus, en les rencontrant, ne fait pas de longues prédications. À eux qui étaient blessés intérieurement, il montre ses plaies. Thomas peut les toucher et il découvre l’amour ; il découvre combien Jésus avait souffert pour lui qui l’avait abandonné. Dans ces blessures, il touche du doigt la proximité amoureuse de Dieu. Thomas, qui était arrivé en retard, quand il embrasse la miséricorde, dépasse les autres disciples : il ne croit pas seulement à la résurrection, mais à l’amour sans limites de Dieu. Et il se livre à la confession de foi la plus simple et la plus belle : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (v. 28). Voilà la résurrection du disciple : elle s’accomplit quand son humanité fragile et blessée entre dans celle de Jésus. Là, les doutes se dissipent, là Dieu devient mon Dieu, là on recommence à s’accepter soi-même et à aimer sa propre vie. 
Chers frères et sœurs, dans l’épreuve que nous sommes en train de traverser, nous aussi, comme Thomas, avec nos craintes et nos doutes, nous nous sommes retrouvés fragiles. Nous avons besoin du Seigneur, qui voit en nous, au-delà de nos fragilités, une beauté indélébile. Avec lui, nous nous redécouvrons précieux dans nos fragilités. Nous découvrons que nous sommes comme de très beaux cristaux, fragiles et en même temps précieux. Et si, comme le cristal, nous sommes transparents devant lui, sa lumière, la lumière de la miséricorde, brille en nous, et à travers nous, dans le monde. Voilà pourquoi il nous faut, comme nous l’a dit la Lettre de Pierre, exulter de joie, même si nous devons être affligés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d’épreuves (cf. 1P 1, 6). 
En cette fête de la Miséricorde Divine, la plus belle annonce se réalise par l’intermédiaire du disciple arrivé en retard. Manquait seul lui, Thomas. Mais le Seigneur l’a attendu. Sa miséricorde n’abandonne pas celui qui reste en arrière. Maintenant, alors que nous pensons à une lente et pénible récupération suite à la pandémie, menace précisément ce danger : oublier celui qui est resté en arrière. 
Le risque, c’est que nous infecte un virus pire encore, celui de l’égoïsme indifférent. Il se transmet à partir de l’idée que la vie s’améliore si cela va mieux pour moi, que tout ira bien si tout ira bien pour moi. On part de là et on en arrive à sélectionner les personnes, à écarter les pauvres, à immoler sur l’autel du progrès celui qui est en arrière. Cette pandémie nous rappelle cependant qu’il n’y a ni différences ni frontières entre ceux qui souffrent. Nous sommes tous fragiles, tous égaux, tous précieux. Ce qui est en train de se passer nous secoue intérieurement : c’est le temps de supprimer les inégalités, de remédier à l’injustice qui mine à la racine la santé de l’humanité tout entière ! 
Mettons-nous à l’école de la communauté chrétienne des origines, décrite dans le livre des Actes des Apôtres ! Elle avait reçu miséricorde et vivait la miséricorde : « Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun ; ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun » (Ac 2, 44-45). Ce n’est pas une idéologie, c’est le christianisme. 
Dans cette communauté, après la résurrection de Jésus, un seul était resté en arrière et les autres l’ont attendu. Aujourd’hui, c’est le contraire qui semble se passer : une petite partie de l’humanité est allée de l’avant, tandis que la majorité est restée en arrière. Et chacun pourrait dire : « Ce sont des problèmes complexes, il ne me revient pas de prendre soin des personnes dans le besoin, d’autres doivent y penser !’’. Sainte Faustine, après avoir rencontré Jésus, a écrit : « Dans une âme souffrante, nous devons voir Jésus crucifié et non un parasite et un poids… [Seigneur], tu nous donnes la possibilité de pratiquer les œuvres de miséricorde et nous nous livrons à des jugements » (Journal, 6 septembre 1937). Cependant, elle-même s’est plainte un jour à Jésus qu’en étant miséricordieux on passe pour un naïf. Elle a dit : « Seigneur, on abuse souvent de ma bonté ». Et Jésus a répondu : « Peu importe, ma fille, ne t’en soucie pas, toi, sois toujours miséricordieuse envers tout le monde » (24 décembre 1937). Envers tous : ne pensons pas uniquement à nos intérêts, aux intérêts partisans. 
Saisissons cette épreuve comme une occasion pour préparer l’avenir de tous. En effet, sans une vision d’ensemble, il n’y aura d’avenir pour personne. Aujourd’hui, l’amour désarmé et désarmant de Jésus ressuscite le cœur du disciple. Nous aussi, comme l’apôtre Thomas, accueillons la miséricorde, salut du monde. Et soyons miséricordieux envers celui qui est plus faible : ce n’est qu’ainsi que nous construirons un monde nouveau.

2419

        pape François
         ( Homélie du 17 avril 2020 - en période de confinement - le danger de la foi virtuelle)
"Les disciples étaient des pêcheurs : Jésus les avait appelés pendant leur travail. André et Pierre travaillaient avec leurs filets. Ils laissèrent leurs filets et suivirent Jésus (cf. Mt 4,18-20). Jean et Jacques, pareil : ils laissèrent leur père et les jeunes qui travaillaient avec eux et ils suivirent Jésus (cf. Mt 4,21-22). L’appel s’est fait dans leur métier de pêcheurs. Et ce passage de l’Évangile d’aujourd’hui, ce miracle de la pêche miraculeuse nous fait penser à une autre pêche miraculeuse, celle que raconte Luc (cf. Lc 5,1-11) où il est arrivé la même chose. Ils ont pris du poisson, alors qu’ils pensaient ne rien avoir. Après sa prédication, Jésus a dit : “Avance au large” – “Mais nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre !” – “Allez”. “Sur ta parole – dit Pierre – je vais jeter les filets.” Il pêchèrent une telle quantité – dit l’Évangile – qu’il furent saisis d’“un grand effroi” (cf. Lc 5,9), par ce miracle. Aujourd’hui, dans cette autre pêche, on ne parle pas d’effroi. On voit un certain naturel, on voit qu’il y a eu du progrès, un cheminement dans la connaissance du Seigneur, dans l’intimité avec le Seigneur ; je dirais que c’est le mot juste : dans la familiarité avec le Seigneur. Quand Jean vit cela, il dit à Pierre : “C’est le Seigneur !”, et Pierre s’habilla et se jeta à l’eau pour aller vers le Seigneur (cf. Jn 21,7). La première fois, il s’était agenouillé devant Lui : “Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur.” (cf. Lc 5,8). Cette fois-ci il ne dit rien, c’est plus naturel. Personne ne demandait : “Qui es-tu ?”. Ils savaient que c’était le Seigneur, la rencontre avec le Seigneur était naturelle. La familiarité des apôtres avec le Seigneur avait grandi.
Nous aussi chrétiens, dans notre chemin de vie, nous sommes en marche, nous progressons dans la familiarité avec le Seigneur. Le Seigneur, pourrais-je dire, est un peu “sans façons”, mais “sans façons” parce qu’il marche avec nous, nous savons que c’est Lui. Ici personne ne lui a demandé “qui es-tu ?”: ils savaient que c’était le Seigneur. Le chrétien a une familiarité quotidienne avec le Seigneur. Ils ont sûrement pris leur petit-déjeuner ensemble, avec du poisson et du pain, ils ont certainement parlé de beaucoup de choses avec naturel. 
Cette familiarité des chrétiens avec le Seigneur est toujours communautaire. Oui, elle est intime, elle est personnelle mais en communauté. Une familiarité sans communauté, une familiarité sans le Pain, une familiarité sans l’Eglise, sans le peuple, sans les sacrements, est dangereuse. Elle peut devenir une familiarité – disons-le – gnostique, une familiarité seulement pour moi, détachée du peuple de Dieu. La familiarité des apôtres avec le Seigneur était toujours communautaire, signe de la communauté. Elle allait toujours avec le sacrement, avec le Pain. 
Je dis cela parce que quelqu’un m’a fait réfléchir sur le danger de ce que nous sommes en train de vivre en ce moment, de cette pandémie qui nous a conduits à tous communiquer même religieusement à travers les médias, à travers les moyens de communication ; même cette Messe, nous sommes tous en communion, mais pas physiquement ensemble, spirituellement ensemble… Il y a un grand peuple : nous sommes ensemble...mais pas ensemble. Le sacrement aussi : aujourd’hui vous avez l’Eucharistie, mais les personnes qui sont connectées avec nous n’ont que la communion spirituelle. Et ce n’est pas l’Eglise : c’est l’Eglise d’une situation difficile, que le Seigneur permet, mais l’idéal de l’Eglise est toujours avec le peuple et avec les sacrements. Toujours. 
Avant Pâques, quand est sortie la nouvelle que j’allais célébrer Pâques dans la basilique Saint-Pierre vide, un évêque m’a écrit – un bon évêque : bon – et il m’a réprimandé. “Mais comment cela, Saint-Pierre est si grande, pourquoi ne pas mettre au moins 30 personnes, pour que l’on voie du monde ? Il n’y aura pas de danger …”. Je pensai : “Mais qu’a-t-il en tête pour me dire ça ?”. A ce moment-là je n’ai pas compris. Mais comme c’est un bon évêque, très proche du peuple, il voulait me dire quelque chose. Quand je le verrai, je lui demanderai. Puis j’ai compris. Il me disait : “Attention à ne pas virtualiser l’Eglise, à ne pas virtualiser les sacrements, à ne pas virtualiser le peuple de Dieu. L’Eglise, les sacrements, le peuple de Dieu sont concrets. C’est vrai qu’en ce moment nous devons faire cette familiarité avec le Seigneur de cette façon, mais pour sortir du tunnel, pas pour y rester. Et c’est la familiarité des apôtres : pas gnostique, pas virtualisée, pas égoïste pour chacun d’eux, mais une familiarité concrète, dans le peuple. La familiarité avec le Seigneur dans la vie quotidienne, la familiarité avec le Seigneur dans les Sacrements, au milieu du peuple de Dieu. Ils ont fait un chemin de maturité dans la familiarité avec le Seigneur apprenons à le faire nous aussi. Dès le premier moment, ils ont compris que cette familiarité était différente de celle qu’ils imaginaient, et ils sont arrivés à cela. Ils savaient que c’était le Seigneur, ils partageaient tout : la communauté, les sacrements, le Seigneur, la paix, la fête.
Que le Seigneur nous enseigne cette intimité avec Lui, cette familiarité avec Lui mais dans l’Eglise, avec le sacrements, avec le saint peuple fidèle de Dieu.

2413

        Pape François
         (Discours préparé par le Pape pour la rencontre de Carême avec les prêtres de Rome - 27 février 2020 - liturgie pénitentielle - L'amertume)
Troisième cause d’amertume: les problèmes entre nous

Ces dernières années, les prêtres ont subi les coups des scandales, financiers et sexuels. Le soupçon a rendu les relations considérablement plus froides et formelles; on n’apprécie plus les dons des autres, au contraire, il semble qu’il soit devenu une mission de détruire, minimiser, faire soupçonner. Face aux scandales, le malin nous tente en nous poussant vers une vision «donatiste» de l’Eglise: à l’intérieur, les irréprochables, dehors ceux qui se trompent! Nous avons de fausses conceptions de l’Eglise militante, dans une sorte de puritanisme ecclésiologique. L’Épouse du Christ est et demeure le champ dans lequel poussent jusqu’à la parousie le bon grain et l’ivraie. Qui n’a pas fait sienne cette vision évangélique de la réalité s’expose à d’indicibles et inutiles amertumes.

Quoi qu’il en soit, les péchés publics et publicisés du clergé ont rendu tout le monde plus circonspect et moins disposé à instaurer des liens significatifs, surtout en ce qui concerne le partage de la foi. Les rendez-vous communs se multiplient — formation permanente et autre — mais on participe avec un cœur moins disposé. Il y a plus de «communauté» mais moins de communion! La question que nous nous posons, lorsque nous rencontrons un nouveau confrère, émerge silencieusement: «Qui ai-je vraiment devant moi? Puis-je me fier?».

Il ne s’agit pas de la solitude: elle n’est pas un problème, mais un aspect du mystère de la communion. La solitude chrétienne — celle de celui qui rentre dans sa chambre et prie son Père dans le secret — est une bénédiction, la véritable source de l’accueil aimant de l’autre. Le vrai problème ne réside pas dans le fait qu’on ne trouve plus le temps pour rester seul. Sans solitude, il n’y a pas d’amour gratuit et les autres deviennent un succédané des vides. En ce sens, comme prêtres, il faut toujours que nous réapprenions à rester seuls «de façon évangélique», comme Jésus la nuit avec le Père [2].
Ici, le drame, c’est l’isolement, qui est autre chose par rapport à la solitude. Un isolement, pas seulement et pas tant extérieur — nous sommes toujours au milieu des gens — qu’inhérent à l’âme du prêtre. Je commence par l’isolement plus profond, pour ensuite toucher une forme plus visible.

Isolés par rapport à la grâce: atteints par le sécularisme, nous ne croyons plus ni ne sentons que nous sommes entourés d’amis célestes — le «grand nombre de témoins» (cf. He 12, 1) —; il nous semble que nous faisons l’expérience que notre histoire, nos douleurs, ne touchent personne. Le monde de la grâce nous est devenu peu à peu étranger, les saints nous semblent être uniquement les «amis imaginaires» des enfants. L’Esprit qui habite le cœur — en substance et non en apparence — est quelque chose que nous n’avons peut-être jamais expérimenté, par dissipation ou par négligence. Nous connaissons, mais nous ne «touchons» pas. L’éloignement de la force de la grâce produit rationalismes ou sentimentalismes. Jamais une chair rachetée.

S’isoler par rapport à l’histoire: tout semble se consumer ici et maintenant, sans espérance dans les biens promis et dans la récompense future. Tout s’ouvre et se ferme avec nous. Ma mort n’est pas le passage du témoin, mais une interruption injuste. Plus on se sent spécial, puissant, riche de dons, plus le cœur se ferme au sens continu de l’histoire du peuple de Dieu auquel on appartient. Notre conscience individualisée nous fait croire que rien n’a existé avant nous et que rien n’existera après. C’est pour cette raison que nous avons tant de mal à prendre soin de ce que notre prédécesseur a commencé de bon, et à le protéger: souvent, nous arrivons à la paroisse et nous nous sentons le devoir de faire table rase, pour nous distinguer et nous différencier. Nous ne sommes pas capables de continuer à faire vivre le bien dont nous n’avons pas nous-mêmes accouché! Nous recommençons à zéro parce que nous ne ressentons pas le goût d’appartenir à un chemin communautaire de salut.

Isolés par rapport aux autres: l’isolement par rapport à la grâce et à l’histoire est une des causes de l’incapacité parmi nous d’instaurer des relations significatives de confiance et de partage évangélique. Si je suis isolé, mes problèmes paraissent uniques et insurmontables: personne ne peut me comprendre. C’est l’une des pensées préférées du père du mensonge. Souvenons-nous des paroles de Bernanos (dans le Journal d’un curé de campagne): «Il faut beaucoup de temps pour le reconnaître, et la tristesse qui l’annonce, le précède, est si douce! C’est le plus riche des élixirs du démon, son ambroisie!». Une pensée qui peu à peu prend corps et nous renferme en nous-mêmes, nous éloigne des autres et nous met en position de supériorité. Parce que personne ne serait à la hauteur des exigences. Une pensée qui, à force de se répéter, finit par se nicher en nous. «Qui masque ses forfaits point ne réussira; qui les avoue et y renonce obtiendra miséricorde» (cf. Pr 28, 13).

Le démon ne veut pas que tu parles, que tu racontes, que tu partages. Alors toi, cherche un bon père spirituel, âgé, «malin» qui puisse t’accompagner. Ne jamais s’isoler, jamais! Le sentiment profond de la communion ne se ressent que lorsque, personnellement, je prends conscience du «nous» que je suis, que j’ai été et que je serai. Sinon, les autres problèmes arrivent en cascade: de l’isolement, d’une communauté sans communion, naît la compétition et sûrement pas la coopération: il émerge le désir de reconnaissances et non la joie d’une sainteté partagée; on entre en relation, soit pour se comparer, soit pour s’épauler.

Souvenons-nous du peuple d’Israël lorsque, marchant dans le désert pendant trois jours, il arriva à Mara, mais ne put boire l’eau parce qu’elle était amère. Devant la protestation du peuple, Moïse invoqua le Seigneur et l’eau devint douce (cf. Ex 15, 22-25). Le saint peuple fidèle de Dieu nous connaît mieux que personne. Ils sont très respectueux et savent accompagner leurs pasteurs et prendre soin d’eux. Ils connaissent nos amertumes et prient aussi le Seigneur pour nous. Ajoutons à leurs prières les nôtres et demandons au Seigneur de transformer nos amertumes en eau douce pour son peuple. Demandons au Seigneur de nous donner la capacité de reconnaître ce qui nous rend amers pour nous laisser transformer et être des personnes réconciliées qui réconcilient, des personnes pacifiées qui pacifient, des personnes pleines d’espérance qui donnent l’espérance. Le peuple de Dieu attend de nous des maîtres en esprit, capables d’indiquer les puits d’eau douce au milieu du désert.
[2] C’est une solitude à moitié — disons-le sincèrement —, parce que c’est la solitude du pasteur qui est remplie de noms, de visages, de situations, du pasteur qui le soir, est fatigué et parle avec son Seigneur de toutes ces personnes. La solitude du pasteur est une solitude habitée des rires et des pleurs des personnes et de la communauté; c’est une solitude avec des visages à offrir au Seigneur.

2412

        Pape François
         (Discours préparé par le Pape pour la rencontre de Carême avec les prêtres de Rome - 27 février 2020 - liturgie pénitentielle - L'amertume)
Seconde cause d’amertume: les problèmes avec l’évêque
Je ne veux pas tomber dans la rhétorique ni chercher le bouc émissaire, ni même me défendre ou défendre ceux de mon entourage. Le lieu commun, qui voit dans les supérieurs les fautes de tout, ne tient plus. Nous avons tous des failles, petites et grandes. Au jour d’aujourd’hui, on a l’impression de respirer une atmosphère générale (pas seulement entre nous) de médiocrité diffuse, qui ne nous permet pas de nous accrocher à des jugements faciles. Mais le fait est que beaucoup d’amertume dans la vie du prêtre vient des omissions des pasteurs.
Nous faisons tous l’expérience de nos limites et de nos manques. Nous sommes confrontés à des situations dans lesquelles nous nous rendons compte que nous ne sommes pas préparés de manière adéquate… Mais en montant progressivement vers des services et des ministères de plus grande visibilité, les carences deviennent plus évidentes et font plus de bruit; et c’est aussi une conséquence logique que, dans cette relation, il y a un grand enjeu, dans le bien et dans le mal. Quelles omissions? Il ne s’agit pas ici des divergences souvent inévitables sur les problèmes de gestion ou les styles pastoraux. Cela est tolérable et fait partie de la vie sur cette terre. Tant que le Christ ne sera pas tout en tous, tout le monde cherchera à s’imposer à tout le monde! C’est l’Adam déchu qui est en nous qui nous joue ces tours.
Le véritable problème qui rend amer, ne sont pas les divergences (et peut-être pas non plus les erreurs: un évêque a aussi le droit de se tromper, comme toutes les créatures!), mais plutôt deux motifs très sérieux et déstabilisants pour les prêtres.
Avant tout, une certaine dérive autoritaire soft: on n’accepte pas ceux qui parmi nous pensent différemment. Pour un mot, on est relégué dans la catégorie de ceux qui rament à contre-courant, pour un «distinguo» on est inscrit parmi les mécontents. La parrhésie est enterrée par la frénésie d’imposer des projets. Le culte des initiatives se substitue à l’essentiel: une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu Père de tous. L’adhésion aux initiatives risque de devenir le critère de la communion. Mais elle ne coïncide pas toujours avec l’unanimité des opinions. Et on ne peut pas non plus prétendre que la communion soit exclusivement unidirectionnelle: les prêtres doivent être en communion avec leur évêque... et les évêques en communion avec leurs prêtres: ce n’est pas un problème de démocratie, mais de paternité.
Dans sa Règle — au célèbre chapitre iii — saint Benoît recommande que l’abbé, lorsqu’il doit affronter une question importante, consulte la communauté tout entière, y compris les plus jeunes. Puis il poursuit en répétant que la décision ultime revient uniquement à l’abbé, qui doit tout disposer avec prudence et équité. Pour Benoît, ce n’est pas l’autorité qui est remise en question, bien au contraire, c’est l’abbé qui répond devant Dieu de la conduite du monastère; mais il est dit que, pour décider, il doit être «prudent et équitable». Le premier terme, nous le connaissons bien: prudence et discernement font partie du vocabulaire commun.
L’«équité» est moins habituelle: équité veut dire tenir compte de l’opinion de tous et sauvegarder la représentativité du troupeau, sans faire de préférences. La grande tentation du pasteur est de s’entourer des «siens», des «proches»; et ainsi, malheureusement, la réelle compétence est supplantée par une certaine loyauté présumée, sans plus distinguer entre celui qui fait plaisir et celui qui conseille de manière désintéressée. Cela fait beaucoup souffrir le troupeau qui, souvent, accepte sans rien extérioriser. Le Code de droit canonique rappelle que les fidèles «ont le droit et même parfois le devoir de donner aux pasteurs sacrés leur opinion sur ce qui touche le bien de l’Eglise» (can. 212 par. 3). Certes, en ce temps de précarité et de fragilité diffuse, la solution semble être l’autoritarisme (dans le domaine politique, cela est évident). Mais la véritable sollicitude — comme le conseille saint Benoît — repose sur l’équité, et non sur l’uniformité[1].
[1] Un deuxième motif d’amertume provient d’une «perte» dans le ministère des pasteurs: étouffés par des problèmes de gestion et par des urgences de personnel, nous risquons de négliger le munus docendi. L’évêque est le maître de la foi, de l’orthodoxie et de l’«ortopathie», de la juste manière de croire et de sentir dans l’Esprit Saint. Dans l’ordination épiscopale, l’épiclèse est priée avec l’Evangéliaire ouvert sur la tête du candidat et l’imposition de la mitre redit extérieurement le munus de transmettre non pas les croyances personnelles, mais la sagesse évangélique. Qui est le catéchiste de ce disciple permanent qu’est le prêtre? L’évêque, naturellement! Mais qui s’en souvient? On pourrait objecter que les prêtres, en général, ne veulent pas être instruits par les évêques. Et c’est vrai. Mais ceci — même si c’était le cas — n’est pas un bon motif pour renoncer au munus. Le saint peuple de Dieu a droit à avoir des prêtres qui enseignent à croire; et les diacres et les prêtres ont le droit d’avoir un évêque qui, à son tour, enseigne à croire et à espérer dans l’Unique Maître, Chemin, Vérité et Vie, qui enflamme leur foi. En tant que prêtre, je ne veux pas que l’évêque me satisfasse, mais qu’il m’aide à croire. Je voudrais pouvoir fonder en lui mon espérance théologale! Parfois, on se limite à suivre uniquement les confrères en crise (et c’est bien) mais les «ânes en bonne santé» auraient aussi besoin d’une écoute plus ciblée, sereine et en dehors des urgences. Voici donc une seconde omission qui peut provoquer de l’amertume: le renoncement au munus docendi à l’égard des prêtres (et pas seulement). Des pasteurs autoritaires qui ont perdu l’autorité d’enseigner?

2411

        Pape François
         (Discours préparé par le Pape pour la rencontre de Carême avec les prêtres de Rome - 27 février 2020 - liturgie pénitentielle)
Première cause d’amertume: les problèmes avec la foi
«Nous espérions que c’était Lui», se confient l’un à l’autre les disciples d’Emmaüs (cf. Lc 24, 21). Une espérance déçue est à l’origine de leur amertume. Mais il faut réfléchir: est-ce le Seigneur qui nous a déçus ou bien est-ce nous qui avons confondu l’espérance avec nos attentes? L’espérance chrétienne, en réalité, ne déçoit pas et n’échoue pas. Espérer n’est pas se convaincre que les choses iront mieux, mais que tout ce qui arrive a un sens à la lumière de Pâques. Mais pour espérer de façon chrétienne, il faut — comme l’enseignait saint Augustin à Proba — vivre une vie de prière substantielle. C’est là que l’on apprend à faire la distinction entre attentes et espérance. 
Or, la relation à Dieu — plus que les déceptions pastorales — peut être cause d’une profonde amertume. Parfois, il semble presque qu’Il ne respecte pas les attentes d’une vie pleine et abondante, que nous avions le jour de notre ordination. Parfois, une adolescence jamais terminée n’aide pas à passer des rêves à la spes. En tant que prêtres, peut-être sommes-nous trop «bien comme il faut» dans notre relation à Dieu et nous ne nous hasardons pas à protester dans la prière, comme le psalmiste, le fait en revanche très souvent — non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour notre peuple; parce que le pasteur porte aussi les amertumes de son peuple —; mais les psaumes ont été eux aussi «censurés» et nous avons du mal à faire nôtre une spiritualité de la protestation. Nous tombons ainsi dans le cynisme: mécontents et un peu frustrés. La véritable protestation — de l’adulte — n’est pas contre Dieu mais devant Lui, parce qu’elle naît justement de notre confiance en Lui: celui qui prie rappelle au Père qui il est et ce qui est digne de son nom. Nous devons sanctifier son nom, mais parfois, les disciples doivent réveiller le Seigneur et lui dire: «Tu ne te soucies pas de ce que nous sommes perdus?». Ainsi, le Seigneur veut nous impliquer directement dans son Royaume. Non comme des spectateurs, mais en participant activement. 
Quelle différence y a-t-il entre attentes et espérance? L’attente naît quand nous passons notre vie à sauver notre vie: nous nous donnons du mal à chercher des sécurités, des récompenses, des promotions… Quand nous recevons ce que nous voulons, nous avons presque l’impression que nous ne mourrons jamais, que ce sera toujours ainsi! Parce que c’est nous qui sommes le point de référence. L’espérance est au contraire quelque chose qui naît dans le cœur quand il se décide à ne plus se défendre. Quand je reconnais mes limites, et que tout ne commence pas et ne finit pas avec moi, alors je reconnais combien il est important d’avoir confiance. Le théatin Lorenzo Scupoli l’enseignait déjà dans son Combat spirituel: la clé de tout se trouve dans un double mouvement simultané: se méfier de soi, faire confiance à Dieu. J’espère non pas lorsqu’il n’y a plus rien à faire, mais quand je cesse de me donner du mal uniquement pour moi. L’espérance s’appuie sur une alliance: Dieu m’a parlé et m’a promis, le jour de mon ordination, que ma vie serait pleine, de la plénitude et avec la saveur des Béatitudes; certes avec des tribulations — comme celles de tous les hommes — mais belle. Ma vie a de la saveur si je vis Pâques, pas si les choses vont comme je le dis. 
Et ici, on comprend autre chose: il ne suffit pas d’écouter simplement l’histoire pour comprendre ces processus. Il faut écouter l’histoire et notre vie à la lumière de la Parole de Dieu. Les disciples d’Emmaüs surmontèrent leur déception quand le Ressuscité leur ouvrit l’esprit à l’intelligence des Ecritures. Voilà: les choses iront mieux non seulement parce que nous changerons de supérieurs, ou de mission, ou de stratégies, mais parce que nous serons consolés par la Parole. Le prophète Jérémie confessait: «Ta parole était mon ravissement et l'allégresse de mon cœur» (15, 16). 
L’amertume — qui n’est pas une faute — doit être accueillie. Elle peut être une grande occasion. Peut-être est-elle même salutaire, parce qu’elle fait sonner le signal d’alarme intérieur: attention, tu as pris tes sécurités pour l’alliance, tu es en train de devenir «sans intelligence et au cœur lent». Il y a une tristesse qui peut nous conduire à Dieu. Accueillons-la, ne nous mettons pas en colère contre nous-mêmes. Cette fois peut être la bonne. Même saint François d’Assise en a fait l’expérience, il nous le rappelle dans son Testament (cf. Sources franciscaines, n. 110). L’amertume se changera en une grande douceur, et les douceurs faciles, mondaines, se transformeront en amertume.

2410

        Pape François
         (Discours préparé par le Pape pour la rencontre de Carême avec les prêtres de Rome - 27 février 2020 - liturgie pénitentielle - sur l'amertume)
Regarder en face nos amertumes et nous confronter à elles nous permet de prendre contact avec notre humanité, avec notre humanité bénie. Et ainsi, nous souvenir qu’en tant que prêtres, nous ne sommes pas appelés à être tout-puissants, mais des hommes pécheurs pardonnés et envoyés. Comme le disait saint Irénée de Lyon: «Ce qui n’est pas assumé n’est pas racheté». Laissons ces «amertumes» nous indiquer elles aussi la voie vers une plus grande adoration du Père et nous aider à expérimenter à nouveau la force de son onction miséricordieuse (cf. Lc 15, 11-32). Comme le dit le psalmiste: «Pour moi tu as changé le deuil en une danse, tu dénouas mon sac et me ceignis d'allégresse; aussi mon cœur te chantera sans plus se taire» (Ps 30, 11-12).

2395

    Pape François
     (
Homélie du 16 avril 2020 - jeudi dans l'Octave de Pâques - la joie - Lc 24, 35-48) :
"À cette époque, à Jérusalem, les gens avaient beaucoup de sentiments: la peur, l'étonnement, le doute. En ces jours-là, l'infirme que Pierre et Jean venaient de guérir ne les lâchait plus. Tout le peuple accourut vers eux au Portique dit de Salomon. Les gens étaient stupéfaits: il y avait un atmosphère inquiète, parce qu'il y avait des choses qui se passaient qu'on ne comprenait pas Le Seigneur est allé vers ses disciples. Eux aussi savaient qu'il était déjà ressuscité, Pierre le savait parce qu'il avait parlé avec Lui ce matin-là.

Ces deux-là qui étaient de retour d'Emmaüs le savaient aussi, mais lorsque le Seigneur est apparu, ils ont eu peur. «Bouleversés et remplis de peur, ils crurent voir un fantôme»; ils avaient fait la même expérience sur le lac quand Jésus était venu marcher sur les eaux. Mais à ce moment-là, Pierre, faisant le courageux, avait dit au Seigneur : «Mais si c'est Toi, laisse-moi marcher sur les eaux». Là, Pierre est resté silencieux, il avait parlé avec le Seigneur ce matin-là, mais personne ne sait ce qu'ils s'étaient dit, et donc là, Il s'est tu. Mais ils étaient si remplis de peur, bouleversés, qu'ils croyaient avoir vu un fantôme. Et Jésus dit: «Mais non, pourquoi êtes-vous troublés ? Pourquoi les doutes surgissent-ils dans votre cœur ? Regardez mes mains, mes pieds...", en leur montrant ses plaies. C'est le trésor de Jésus, qui l'a emmené au Ciel pour le montrer au Père et intercéder pour nous. «Touchez-moi et regardez; un fantôme n'a ni chair ni os.»

Et puis vient une phrase qui me donne tant de consolation et pour cette raison, ce passage de l'Évangile est l'un de mes préférés: «de joie, ils n'osaient y croire...", encore et toujours plein d'étonnement, la joie les empêchait de croire. Il y a eu tellement de joie que "non, cela ne peut pas être vrai. Cette joie n'est pas réelle, c'est trop de joie". Et cela les a empêchés de croire. La joie. Les moments de grande joie. Ils étaient pleins de joie mais paralysés par la joie. Et la joie est l'un des souhaits que Paul a adressé aux Romains : "Que le Dieu de l'espérance vous remplisse de joie", leur a-t-il dit. Remplissez-vous de joie, soyez plein de joie. C'est l'expérience la plus haute de consolation, quand le Seigneur nous fait comprendre que c'est autre chose que d'être joyeux, positif, lumineux... Non, c'est autre chose. Être joyeux, mais plein de joie, une joie débordante qui nous prend vraiment. Et c'est pourquoi Paul souhaite aux Romains que "le Dieu de l'espérance vous remplisse de joie".

Et ce mot, cette expression, “remplir de joie” est répétée, beaucoup, beaucoup de fois. Par exemple, lorsqu’en prison, Pierre sauve la vie du geôlier qui était sur le point de se suicider parce que les portes ont été ouvertes avec le tremblement de terre, Il lui annonce l'Évangile, le baptise, et le geôlier, était "plein de joie" d'avoir cru. Il en va de même pour le trésorier de la reine Candáce, lorsque Philippe l'a baptisé, Il a suivi son chemin "plein de joie". La même chose s'est produite le jour de l'Ascension : les disciples sont retournés à Jérusalem, dit la Bible, "pleins de joie". C'est la plénitude de la consolation, la plénitude de la présence du Seigneur. Car, comme le dit Paul aux Galates, "la joie est le fruit de l'Esprit Saint", elle n'est pas la conséquence d'émotions qui éclatent pour quelque chose de merveilleux... Non, elle est plus. Cette joie, cette joie qui nous remplit est le fruit de l'Esprit Saint. Sans l'Esprit, vous ne pouvez pas avoir cette joie. Recevoir la joie de l'Esprit est une grâce.

Cela me rappelle les derniers paragraphes de l'exhortation Evangelii Nuntiandi de Paul VI, lorsqu'il parle de chrétiens joyeux, de joyeux évangélisateurs, et non de ceux qui vivent toujours tristes. Aujourd'hui est une belle journée pour le lire. Pleins de joie.

Il y a un passage du livre de Néhémie qui nous aidera aujourd'hui dans cette réflexion sur la joie. Le peuple est retourné à Jérusalem et a trouvé le livre de la loi, il a été redécouvert - il connaissait la loi par cœur, mais il n'avait pas trouvé le livre de la loi - ; c'est une grande fête et tout le peuple se réunit pour écouter le prêtre Esdras lire le livre de la loi. Les gens émus pleuraient, ils pleuraient de joie parce qu'ils avaient trouvé le livre de la loi et ils pleuraient, ils étaient joyeux, ils pleuraient... A la fin, quand le prêtre Esdras a terminé, Néhémie a dit au peuple : "Soyez rassurés, maintenant ne pleurez plus, gardez la joie, car la joie dans le Seigneur est votre force".

2393

    pape François 
     (
Homélie du Dimanche de Pâques -16 avril 2017)
"Aujourd'hui, l'Église continue de dire : "Arrête-toi, Jésus est ressuscité". Et ce n'est pas une fantaisie, la Résurrection du Christ n'est pas une fête avec beaucoup de fleurs. C'est beau, mais ce n’est pas seulement cela, c’est beaucoup plus ; c'est le Mystère de la pierre écartée qui finit par être le fondement de notre existence. Et nous aussi, les cailloux sur le sol, dans cette terre de douleur, de tragédie, avec la foi dans le Christ ressuscité ont un sens, au milieu de tant de calamités. Le sentiment de regarder au-delà, le sentiment de dire : "Regarde, il n'y a pas de mur ; il y a un horizon, il y a la vie, il y a la joie, il y a la croix avec cette ambivalence. Regarde devant toi, ne t’arrête pas. Tu es un caillou, mais ta vie a un sens parce que tu es un caillou près de cette pierre, cette pierre que la méchanceté du péché a jetée". Frères et sœurs, voilà ce que je voulais vous dire. Rentrez chez vous aujourd'hui, en répétant dans vos cœurs : "Le Christ est ressuscité".

2392

    pape François 
     (
Audience générale du 17 mai 2017)
« Qu'il est beau de penser que la première apparition du Ressuscité - selon les Évangiles - s'est déroulée de façon si personnelle ! Qu'il y a quelqu'un qui nous connaît, qui voit notre souffrance et notre déception, et qui est ému pour nous, et nous appelle par notre nom.
C'est une loi que l'on retrouve sculptée dans de nombreuses pages de l'Évangile.
Autour de Jésus, il y a beaucoup de gens qui cherchent Dieu ; mais la réalité la plus prodigieuse est que, bien plus tôt, il y a d'abord Dieu qui prend soin de notre vie, qui veut la relever, et pour ce faire, Il nous appelle par notre nom, reconnaissant le visage personnel de chacun.
Chaque homme est une histoire d'amour que Dieu écrit sur cette terre. Chacun de nous est une histoire de l'amour de Dieu. Les Évangiles nous décrivent le bonheur de Marie : la résurrection de Jésus n'est pas une joie donnée au compte-goutte, mais une cascade qui investit toute la vie."

2391

    pape François 
     (
Audience générale du 24 mai 2017)
« Nous avons tous, dans notre vie, connu des moments difficiles et sombres ; des moments où nous avons marché tristes, songeurs, sans horizon, avec juste un mur devant nous.
Et Jésus est toujours à nos côtés pour nous donner de l'espoir, pour nous réchauffer le cœur et nous dire : "Allez-y, je suis avec vous. Allez-y".
Le secret de la route qui mène à Emmaüs est là : même si les apparences sont contraires, nous continuons à être aimés, et Dieu ne cessera jamais de nous aimer. Dieu marchera toujours avec nous, toujours, même dans les moments les plus douloureux, même dans les pires moments, même dans les moments de défaite : il y a le Seigneur. Et c'est ce que nous espérons.


Jésus disait à ses disciples : "Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai Aimés." (Jn 15, 12)